LEYNAXYM ┼ « You can tell a lot about a person by their shoes. »

911, urgences, j'ai un problème d'importance capitale ! Demain c'était la veillée de Noël et j'avais toujours pas choisis ce que j'allais mettre. C'est l'esprit des fêtes qui m'avait atteint le cerveau c'était clair, je veux dire normalement mon ensemble pour ce genre d’événements est près presque un mois d'avance. J'étais donc là, sur le sol de la chambre que je partageais avec Maxym, à sortir les plus belles robes que j'avais rescapée de notre maison à Cambridge. Lorsqu'elle entra finalement, je regardai ma meilleure amie, une robe sur la tête que je tenais fermement avec un air triste dans le genre chat poté « J'ai rien à me mettre. »

Revenant de sa petite escapade avec les chiens de traîneaux organisée par les Eliots, Maxym était partagée entre la surexcitation dû à cette rencontre avec les toutous, et l'épuisement. Elle passe la porte, et son regard est évidemment tout de suite attiré par l'espèce de masse parterre, perdue au milieu des robes. « J'ai rien à me mettre. » En enlevant l'essentiel trio manteau-bonnet-gants, la demoiselle grimace d'un air désolée tout en se mettant à rire. « Ouais, et en plus c'est une de mes robes que t'as sur la tête. » Puis, elle s'approche de la désespérée. « J'sais pas non plus ce que je vais mettre, on s'fait une cession essayage ? » Du bout des doigts, elle attrape déjà la robe qui sert de chapeau à sa meilleure amie.  

Humiliée, dépassé, voilà comment je risquais de me sentir en cette soirée de Noël qui approchait. Leyna Ellington ne peut pas être mal habillée, c'est comme un été sans bikini. Heureusement que l'Eliot entre à temps pour lui sauver la mise. « C'est la seule que je trouvais jolie...» Une tentative de petit sourire en coin avant de se jeter sur le dos au sol comme une pauvre baleine échouée sur la plage. Être pauvre c'était la honte, elle avait même pas pu faire les boutiques comme toutes les autres années et allait devoir se contenter de réutiliser une vieille robe souillée. Puis enfin voilà l;a voix de la lumière, soit la voix de sa meilleure amie qui lui redonne un peu d'espoir de ne pas ressembler à un sac de déchet. « Oh ouiiiiii !!! » Que je m'exclame en me levant debout sans plus attendre. Les séances essayages avec Max, le bon vieux temps quoi.

Leyna semblait désespérée. En même temps y avait de quoi, ne pas savoir quoi mettre pour l’un des jours les plus importants de l’année était proche du désastre. Surtout pour elles. Oh, Max avait bien vu que sa meilleure amie accordait un peu moins de temps au shopping que d’habitude, mais n’en avait fait aucune déduction. Après tout, elle avait assez de tenues pour tenir trois ans sans mettre un pied dans un magasin. Bref, sa proposition semble avoir redonné vie à la jolie Leyna, qui bondit sur ses pieds. C’est vrai que ça fait longtemps qu’elles ne se sont pas accordées un moment entre elles, juste à parler de choses futiles. « Bon, on déballe tout et on a le droit de piocher dans les robes de l’autre ? » Établissons des règles, d’abord. Max se dirige déjà vers son armoire, prête à tout balancer sur le lit.

À l'époque où j'étais chez les Eliots, on faisait très régulièrement ce genre de journée séance d'essayage avant les grands événements. C'était la base quoi, quand on est l'élite, on se doit d'être une carte de la mode. J'avais perdu un peu cette tradition chez les Dunsters mais surtout quand je m'étais brouillée avec Max. Elle était la meilleure dans cette situation, comme dans plusieurs autres il va s'en dire. Elle est carrément un deuxième moi. Alors ça me faisait plaisir de revenir au bon vieux temps. « Bien sur. Faudrait pas prendre la chance de se faire photographier deux fois dans la même robe. » Je savais que ma meilleure amie comprendrait le désastre que ça pouvait entraîné, la phobie de toutes les divas de la mode. Je la laissais faire exploser le placard et les cartons tandis que je mettais en place de la bonne musique et sortait la bouteille de champagne du mini-bar. Les bonnes traditions ne se perdent jamais.

Maxym avait parfois peur de tomber dans cette espèce de caricature de l'Eliot superficielle, qui pense surtout aux fringues et au maquillage, voyez ? Elle n'était pas comme ça. On la voyait même souvent habillée n'importe comment ou traîner en tenue de sport, mais demoiselle savait être jolie. Elle aimait plaire. Comme Leyna. Ce n'était pas un mal n'est-ce pas ? Les autres ne comprenaient pas forcément. Avec la belle brune, elle se sentait acceptée, pas jugée. Du coup, elle hocha la tête très sérieusement aux propos de la dunster. Les gens qui ressortaient toujours les mêmes tenues étaient signes de mauvais goût. Alors vite, Maxym s’attelle à sortir les robes une à une pour les exposer sur le lit, pendant que sa meilleure amie s'occupe de l'ambiance. « T'emmerdes pas avec les coupes, on se la joue direct au goulot ! » Dit-elle en la voyant sortir le champagne du frigo. On est des princesses, mais pas des cabots. « Bon.. J'ai tout sortit je crois. » Jette un œil sur les vêtements. « Thématique .. sexy mais classe, comme d'habitude ? » Sourire complice à la belle.

On range les coupes, Max a dit direct au goulot ! « Madame se la joue hardcore aujourd'hui ! » Je rigolai pour la taquiner. On est pas des petites filles prudes qui boive dans leur coupe en faisant attention de ne pas déplacer notre rouge à lèvre ; nous étions deux filles pleine de classe qui avait bien besoin d'une séance d'essayage pour les fêtes tout en décidant de rendre tout ça le plus amusant possible. Max sortait les vêtements pendant que moi... je la regardais. Chacun ses talents diront nous. « Évidemment, c'est la règle numéro 1. On montre nos atouts sans toutefois donner l'impression d'être une pro du porno. » Oui la règle numéro un du livre qu'elles avaient écrit sur "comment bien se présenter dans une soirée". Pour avoir déjà participé à de nombreuses soirées mondaines ensemble, elles étaient devenues des expertes là-dedans. « Je commence par celle-là ! » dis-je en tendant de ma main droite la bouteille de champagne à ma meilleure amie alors que ma main gauche s'était approchée d'une robe rouge moulante avec un collet blanc. Pas de timidité à avoir, je me changeai directement devant elle en prenant ensuite mes pauses mannequins pour mettre la tenue en valeur.