dunster is waiting for you - matthias & alexia

La compétition battait son plein entre les confréries pour le titre de confrérie du premier semestre, et Alexia et Jasper se battaient comme des lions pour donner de la visibilité aux jaunes, bien décidés à terrasser pour une fois les populaires verts et bleus, qui avaient la facheuse habitude de tout rafler. Du coup, Alex faisait de la propagande pour que des nouveaux membres les rejoignent, et on se serait cru dans une nouvelle religion prosélyte, le dunsterisme. J'exagère, j'exagère. Alex avait repéré un mec, pas très loin du chalet des dunsters, qu'elle avait déjà aperçu. Un gars bien apparemment, sérieux dans ses études, ambitieux, et plutôt doué, à ce qu'on disait. Exactement ce qu'il leur fallait. C'était peut etre un peu cavalier, mais bon, après tout, ça n'était pas pire que de faire du porte à porte, vous voyez. Elle sauta sur l'occasion sans même connaître son prénom. Alexia jaillit du chalet des dunsters alors qu'elle ne portait qu'un pull en laine et un jean noir moulant, avec des uggs, pour attraper le mystérieux jeune homme. "Hé ! Hé salut ! T'as déjà entendu parler de la dunster house ?" Drôle d'approche pour une première rencontre.

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Ce voyage au Canada me plaisait beaucoup. Je pense qu'il plaisait à tous les étudiants d'Harvard puisqu'il nous permettait de nous éloigner de notre quotidien, de nos habitudes, de nos problèmes. Le paysage changeait énormément - normal - et on avait l'impression de respirer. D'être dans une seconde vie où on va pouvoir profiter et s'amuser avant de reprendre le chemin des cours et des examens. Bref, ne parlons pas des sujets qui fâchent. La météo actuelle était assez agréable et je pensais aller faire un tour près du lac, pour me promener. Seul, ça fait un peu dépressif ou suicidaire mais parfois, se retrouver avec nous-même, c'est agréable. Ça fait du bien et cela nous permet surtout de faire un point sur notre vie.

Les mains dans les poches de ma veste, je marchais tranquillement vers ce fameux lac canadien lorsqu'un jeune femme m'accosta. Je cessais donc d'avancer, posant mon regard sur elle. « Salut.. » Une façon de saluer qu'elle n'avait pas dû entendre, ayant prolongé ses paroles en me posant une question. La Dunster House. J'avais beau être neutre, sans confrérie, j'en avais tout de même entendu parler. Eux qui se font la guerre - bêtement ? -, c'était un peu un feuilleton pour ceux qui n'en faisaient pas partie. On tournait la tête de gauche à droite et on admirait le spectacle.

Surpris par sa question, je répondais simplement. « Euh oui, je connais... Pourquoi ? » Je ne m'étais encore jamais fait accosté de cette façon et jamais personne n'avait tenté de me faire rentrer dans une confrérie. Il faut une première à tout, apparemment. Je ne la quittais pas des yeux, un léger sourire en coin, attendant une justification.

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Cool, il s'était arrêté déjà. Non parce qu'il aurait pu l'ignorer et se barrer, c'était comme dans la rue quand on essayait de distribuer un truc, les gens se barraient sans dire un mot et on se retrouvait seul comme un pingouin sur sa banquise. Bien, bien, il connaissait la dunster house. En même temps, qui ne connaissait pas les confréries de Harvard ? Fallait vivre sur une autre planète, même Mars c'était limite. Opération séduction in process. "Tu dois savoir qu'à la dunster, on prône des valeurs différentes des autres confréries, nous on aime l'excellence, l'ambition, le sérieux, les résultats, mais on sait aussi s'amuser, évidemment." Fallait arrêter de leur coller l'image d'intellos à lunettes plan plan. Ils étaient funs, y avait qu'à voir la bataille de boule de neige. "On m'a parlé de toi, et je me disais que tu pourrais peut etre tenter l'aventure ? Ma ... Matt ... Matthi ... désolée j'ai un trou sur la fin de ton prénom" La hooonte. Bon en même temps elle ne lui avait jamais parlé. "J'suis la vice-présidente, au fait. Alexia." Elle lui tendit la main. Genre on tendait la main à un mec maintenant.

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C'est vrai qu'il était rare que je me fasse accoster, comme ça, en pleine rue. Mis à part pour des flyers pour des établissements ou des soirées, bien sûr. Mais là, je sentais qu'on voulait me vendre quelque chose ou m'inciter à m'inscrire dans une association. Et à priori, on voulait me convaincre d'intégrer la Dunster House. Ils me faisaient tous rire à se taper dessus, à vouloir gagner chaque titre de confrérie. Mais c'était tout un travail de défendre son groupe et c'est bien pour cela que j'avais décidé de rester neutre. J'étais déjà bien trop occupé dans ma petite vie pour, en plus, prendre du temps et de l'énergie pour défendre une confrérie qui me semblait inutile. Enfin, je respectais les gens qui en faisait partie hein. Mais ce n'était pas pour moi.
Sagement, j'écoutais cette jeune femme me noyait de qualités. Plutôt agréable. Je me demandais bien qui avait pu lui parler de moi. Je n'avais jamais montré d'intérêt aux confréries mais il est vrai que j'étais sérieux, bosseur, ambitieux. Elle voyait juste. Et elle connaissait même mon prénom. Enfin, presque. Elle me tendait la main pour se saluer, faire connaissance, quoi. Alexia, j'avais enfin un nom pour ce visage. « Matthias. » Je souriais en reprenant. « La vice présidente. Je vais bientôt être gêné d'être accosté par la vice présidente d'une confrérie. » Bon, oui, je jouais sur l'humour. Je ne pensais pas qu'ils continuaient tous à rechercher des membres tout au long de l'année. « C'est gentil de remarquer que mon profil peut correspondre à vos valeurs mais... Si je ne fais partie d'aucune confrérie, c'est parce-que c'est un choix personnel. Et je ne pense pas changer d'avis du jour au lendemain, malheureusement. » Et j'imaginais qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire aussi facilement. C'était des mordus ces gens là, des courageux, des ambitieux.

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Elle y était presque sur le prénom, on n'allait pas chipoter voyons. C'est vrai que c'était étrange qu'elle essaie de recruter quelqu'un comme ça, ça ne passait pas comme ça d'habitude. Puis ils avaient déjà leur quota de membres. Mais, c'était l'instinct, son sixième sens, quelque chose qui lui disait que Matthias aurait été un parfait dunster et elle ne pouvait pas ne pas essayer. Plus on était de fous, plus on riait pas vrai ? "Oh non, faut pas être gêné, c'est qu'un titre, on est des humains comme les autres" dit elle en riant. Et qui risquaient la peau de leurs casiers judiciaires en cas de dérapages, mais il n'y avait pas de dérapage à la dunster et ils y veillaient. Président mather était un titre plus à risques. "Je comprends ton choix. Les confréries, tout ça, ça a l'air un peu ... bizarre." Elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui tombe dans les bras en disant qu'il voulait être dunster, forcément, elle allait quand même tenter. On ne sait jamais. Cent pour cent des gagnants ont joué, vous voyez ? "Mais honnêtement, faire partie des dunsters, c'est juste appartenir à une grande famille, te sentir super bien avec eux, sans te couper des autres pour autant, et je suis sure que tes valeurs sont aussi les nôtres. Prends le temps d'y réfléchir. On ne propose pas à tout le monde de nous rejoindre."

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Si cette jeune Alexia connaissait mon prénom et savait déduire que mes valeurs étaient identiques à celles de la Dunster House, elle devait aussi savoir que j'étais en huitième année. Et si je n'ai jamais fait partie d'une confrérie en huit ans à Harvard, pourquoi est-ce que ça commencerait maintenant, alors que je termine - si tout se passe bien - mes études dans un an et demi ? Bonne question. Peut-être qu'après réflexion, j'étais vraiment un élément. Un héros. Indispensable à la vie de chacun. Non, je déconne. Je ne comprenais pas pourquoi elle s'intéressait tant à moi pour que j'intègre son groupe. Et surtout, je me disais qu'ils étaient bien malins tous ces présidents ou vice-présidents de chaque confrérie : on ne dirait pas mais ils nous observent tous. Ce n'est pas rassurant tout ça.

Je souriais lorsqu'elle m'assura qu'ils étaient des humains comme tout le monde. Elle est charmante et obstinée à ce que je vois, ou plutôt à ce que j'entends. « Je ne dirai pas bizarre mais... Particulier. On nous met dans des cases et on doit se battre pour y rester. C'est l'inverse que ce que l'on nous apprend en société. » C'est vrai, ça. Un Dunster est un intello, un Mather est un drogué, une Cabot est quant à elle une belle femme un peu facile. Et chacun d'entre eux se bat pour faire partie de la case qui lui est dédié. Alors que j'étais toujours face à elle, un sourire en coin et les oreilles grandes ouvertes, Alexia continuait d'argumenter, tentant le tout pour tout. Et sa dernière phrase me considérait comme un privilégié : on ne propose pas à tout le monde de nous rejoindre. « Je suis persuadé que mes valeurs sont aussi les tiennes et celles de ta confrérie, je n'en doute pas. Et je te promets d'y réfléchir... Mais je ne suis pas certain de changer d'avis, hein. Juste d'étudier cette charmante proposition. » Je lui souriais toujours. Ca faisait du bien de parler à d'autres filles que celles qui trainent en mini jupe ou qui ne prennent pas les études au sérieux. Cette Alexia semblait être une fille bien et puisqu'elle faisait de la Dunster House, je n'en doute pas non plus.

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Particulier. Intéressant comme conception des confréries. Alexia ne voyait pas ça de la même manière. Les gens qui les mettaient effectivement dans des cases étaient ceux bourrés de préjugés et pas très ouverts, en tout cas, des gens qui ne les fréquentaient pas trop. Beaucoup de personnes pouvaient finir dans plusieurs confréries. Par exemple, Alex aurait pu aussi appartenir aux Lowells, aux Eliots ou même à la rigueur aux Quincys. Même si bien sur, après une petite prise d'ambiance, c'était chez les dunsters qu'elle avait trouvé sa vraie famille. Puis elle avait vite, très vite, grimpé les échelons. "C'est l'impression que ça peut donner, mais c'est plus complexe que ça. Si tu trouves la bonne confrérie, t'as pas besoin de te battre. Il faut que tu trouves l'endroit où tu te sentiras comme un poisson dans l'eau, où tu pourras etre toi même." Quant à savoir ce qu'on devait faire ou pas en société, c'était difficile de le dire. Alexia voulait croire qu'on était libre de faire ce qu'on voulait et qu'on n'avait pas de réelle contrainte, tant qu'on ne faisait de mal à personne. "Par exemple, un dunster n'est pas un intello. C'est quelqu'un qui a de l'ambition, qui aime la réussite, qui se donne les moyens d'atteindre ses objectifs, qui est pacifique, qui est en général chaleureux, investi, responsable, et loyal." Même que certains dunsters ne savaient pas se servir d'un ordinateur ah ah. "Mais y a pas de problème. Penses y bien. Et si t'as des questions, n'hésite pas. Déjà, j'suis contente que tu trouves la proposition charmante." Elle baissa la tête et sourit.

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D'un point de vue extérieur, c'était mon opinion : mettre les gens dans des cases, en fonction de leur confrérie. Mais j'imagine bien que ceux qui en font partie ne voient pas les choses de cette manière là. Et je respecte complètement les étudiants ayant trouvés une seconde famille dans une confrérie. Certains aiment ce concept et ont trouvés leur place. Mais moi, je n'avais jamais ressenti ce besoin. J'étais neutre et cela pouvait agacer certaines personnes mais tant pis. Pourtant, la jeune femme à moi, au nom d'Alexia tentait réellement le tout pour le tout, définissant les confréries de diverses qualités et qu'on pouvait trouvé le bien si on intégrait la bonne. Une chose est certaine : elle, elle a trouvée sa confrérie et elle s'y sent bien. Quand on voit de la manière dont elle défend les confréries, notamment la Dunster House, elle aimait cela. « Et toi, la Dunster, ça a été une évidence ? » Et oui, si on doit se sentir comme un poisson dans l'eau, c'est que pour elle, c'était la Dunster et quitte à argumenter, autant avoir son point de vue et son expérience. C'est davantage intéressant et ça me donnera des arguments encore plus constructifs. Alexia ne cessait de faire briller la réputation de sa confrérie. « Ça, c'est l'image de la Dunster qu'ont les étudiants faisant partie de cette confrérie. Mais les autres ont peut-être une autre image de vous, non... ? Quelque chose de moins "fun" ? » Je cherchais la petite bête mais c'était cela qu'il fallait faire, non ? Comme lors d'un entretien, sauf que pour ce cas, c'était moi l'employeur. Je souriais en la regardant, qu'elle comprenne que je posais tant de question pour rire ou du moins, de façon sympathique. Je n'allais pas autant dans les détails sérieusement, pour l'embêter. D'avoir qualifié cette proposition de charmante semblait lui faire plaisir et c'était honnête. Malgré mon humour et mes questions farfelues, j'étais conscient qu'être un candidat potentiel n'était pas la chance de tout le monde. Je la regardais donc toujours, ne quittant pas mon léger sourire. « Pas de souci, alors. »

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Une évidence ? Ouais. Elle avait rencontré Jasper, Ludwick à l'époque, et ça avait suffit, elle avait su que sa place était là, elle avait arrêté d'hésiter. "J'ai essayé de parler un peu aux membres des confréries avec lesquelles j'avais des idées en commun. J'ai rencontré des dunsters, et oui, ça a été une évidence, bam, une révélation. J'ai attendu avec impatience d'être définitivement acceptée dans la confrérie, je savais que ça allait me faire voir Harvard autrement." Ca avait tellement bien marché, qu'aujourd'hui elle était vice présidente. Mais mieux que ça, elle faisait partie d'une famille. Elle ne s'était pas présenté spontanément, on l'avait inscrite, mais finalement, ça se passait très bien. Matthias évoqua leur image un peu coincée. Mais Alexia ne se laissa pas abattre pour autant, elle avait l'habitude d'en entendre parler, d'ailleurs avec Jasper ils se battaient contre ce préjugé. "C'est vrai, pas mal d'étudiants pensent qu'on est des intellos coincés derrière leurs ordinateurs sans vie sociale et sans autres amis que nos bulletins, mais tu avoueras que c'est une jolie caricature." Au moins elle disait les choses franchement. "Tu devrais venir à un de nos événements, en général on organise des petits trucs sur le campus, comme ça tu verras par toi même ce qu'il en est." Il fallait qu'il se fasse sa propre opinion après tout. Elle lui souriait. Elle aimait bien parler de sa confrérie, on sentait qu'elle était passionnée par son poste.

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J'aimais entendre les arguments que cette fameuse Alexia me citait à chaque fois que je le lui demandais. Cela prouvait qu'elle aimait et qu'elle connaissait sa confrérie. Bon, vu son statut de vice-présidente, il était évident qu'elle était l'une des personnes les mieux placées pour en parler et pour en défendre leurs valeurs. Pourtant, au fil de la conversation, j'étais toujours surpris de cette proposition, de cette invitation. Je ne comprenais pas comment il m'avait repéré. Moi, populaire ? Une douce blague. Bon, même si mon statut est assez discret et des plus sympathique, il est vrai que j'étais tout de même en huitième année et que depuis tout ce temps, une bonne partie des étudiants avait pu croiser ma tête à une ou à plusieurs reprises. Et on souhaiterait m'intégrer à la Dunster House. Je ne savais pas si c'était un compliment ou non. Bon, cela dit, je préfère qu'on me catégorise comme un intello que comme un drogué. Mais à chacun ses préférences. Respectons nous ! Vivons dans la différence ! Ok ok, calmons nous.

Je l'écoutais me raconter sa propre expérience. Elle la vivait et on sentait qu'elle parlait sincèrement. Un sourire en coin, j'étais presque touché de l'attention qu'elle me portait à ce moment précis. Au temps qu'elle m'accordait pour me convaincre de laisser une chance à sa confrérie de me convaincre. « J'imagine. » Disais-je simplement lorsqu'elle me disait qu'elle avait de suite su que cette confrérie allait lui faire voir Harvard autrement. Par la suite, Alexia confirmait cette réputation, tout en avouant aussi qu'il y avait pire, ce qui me faisait décrocher un léger rire. « Ça, c'est sûr. » J'avais vraiment cette sensation d'être à un entretien d'embauche, où j'étais l'employeur et où on devait me convaincre d'accepter la proposition. Pourtant, à l'heure actuelle, c'était elle la vice-présidente et moi le "sans-confrérie". Et me voilà inviter à l'un de leurs futurs événements. C'est sûr que c'était la meilleure solution pour que je me fasse ma propre opinion. D'un signe de tête en guise de oui, et sans quitter mon sourire, je répondais. « Ce sera avec plaisir. Je viendrai. » Je sentais que cette conversation arrivait à sa fin mais cette petite Alexia, je comptais bien la revoir à Harvard. Mignonne mais surtout intelligente, ambitieuse et passionnée. Des filles bien, il en reste. C'est certain.

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