De la provocation. Je ne rêve pas, elle est en train de me faire de la provocation. Et bordel, qu'est-ce que c'est bon, comme provocation. J'essaie de m'en empêcher mais je ne parviens pas à arrêter mon regard, qui s'empresse rapidement de la regarder de haut en bas. Belle. Elle est belle, c'est un fait, indéniable, qui plus est ... Et pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'entendre cette petite voix au fond de ma tête qui me dit de me tempérer. Joe, t'es un homme, agis en conséquence, me dit-elle. Et elle n'a pas tort. Alors je ne réagis pas réellement. Je réponds par politesse, plutôt qu'autre chose, légèrement gêné, légèrement embarrassé.
- Non, ça devrait aller. Je te fais confiance, tu as l'air de savoir en prendre soin correctement !
Lorsqu'elle semble être sur le point d'ôter son haut, une goutte de sueur commence à perler sur mon front. Putain, non, elle ne va quand même pas ... Noooooon ... ! Siiii ... ? Nooooon ! Siiii ? Oh putain, c'est pas possible, non ... Je me mords alors la lèvre, détournant nonchalamment mon regard, comme si de rien n'était, mais également, au cas où - tout simplement parce que me connaissant, je sais que je ne serais pas capable de me contrôler si elle essayait de me tenter de trop, et, à ce qu'on en dirait, les choses approchent de trop de mon point de non retour.
Puis, elle baisse ses bras à nouveau ... Et bien que nerveusement, je reporte mon regard sur son visage à nouveau, évitant au maximum de laisser mes yeux s'attarder sur ... D'autres parties de son anatomie ... Afin de lui envoyer un léger sourire. Nous nous remettons alors à discuter, comme si de rien n'était. Encore quelques secondes, et tout ce moment étrange et inattendu est entièrement oublié - ou presque. Elle me demande si je cherche des réponses. Moi, je réfléchis.
- Tu ne les cherches pas, toi ? Personne ne se connaît réellement, après tout. Certains passent parfois une vie entière à se trouver ... Et rares sont ceux qui semblent s'être trouver avant leurs décès. La conversation continue. Elle reparle alors de son corps, évidemment. On dirait qu'elle ne sait faire que ça. On dirait qu'elle n'a qu'une envie : celle que mon regard aille caresser ces courbes qu'il n'a qu'envie d'oublier afin de ne pas avoir à y penser. Celle que mes yeux s'arrêtent sur ces formes, sur ces cercles, bien dessinés, parfaitement bien dessinés ... Celle que je sois tenté, de tout mon être, au point de ne plus savoir me retenir.
Malheureusement pour elle, j'ai vu clair à travers son petit jeu, à présent ... Et je ne compte plus me laisser avoir aussi facilement. Je ne lui réponds donc pas, cette fois-ci. Je me contente de rire, légèrement, avant de soupirer.
Puis, je lui propose de changer d'air. Un café. Starbucks. Un café. Elle. Moi. Un café. Le désir, la désirer. Un café. Je ne sais pas ce qui a bien pu me posséder, ce qui me pousse à lui proposer une pareille idée, mais je lui propose de me suivre pour aller boire un putain de café. Et une fois que je me rends compte de l'étendue de ma connerie, je m'aperçois qu'il est également trop tard pour que nous puissions revenir en arrière.
Cette femme m'agace, cette femme me provoque, cette femme charmante me tente avec le plus cruel des démons - et bien que cela fait une bonne dizaine de minutes que j'essaie, tant bien que mal, presque en vain de lui résister, voilà que je lui propose de me suivre, uniquement pour aller boire un café. Je crois que je dois être masochiste, sur les bords. Il n'y a aucune autre explication possible !
Et pire que tout, voilà qu'elle me répond que ce serait avec plaisir. Merde. Double merde. Triple merde. Elle me déclare même que nous pouvons aller à celui situé non loin de là, près de l'entrée du parc ... Ou que nous pouvons aller plus loin, si j'ai envie de pouvoir profiter pleinement de sa présence encore un petit instant. Mais dans quoi est-ce que je me suis encore embarqué ? La regardant d'un regard ahuri, je lui demande alors :
- Tu me détestes au point de vouloir me faire marcher alors que je n'ai plus d'énergie à épargner ? Bon, je n'avais pas tant couru que cela, ce matin, c'est vrai. Mais elle n'a pas besoin de le savoir, non plus. Moi aussi, je peux jouer. Moi aussi, je peux avoir des secrets.
- Allons au plus proche, c'est plus censé. Je n'ai pas besoin de te faire marcher pour te retenir près de moi, après tout. Je lui adresse alors un clin d'oeil avant de me mettre à marcher en direction de l'entrée du parc. Il y a quelques années, j'en aurais profité pour lui donner une légère claque sur le cul, au passage. Heureusement que je suis maintenant un homme changé.