Je suis Eminem, t'es Mariah Carey. Je suis Orlando Bloom, tu es Justin Bieber. ×× Aaliyah

Élue présidente du Club des Voyages Humanitaires cette année suite au départ d'une étudiante en médecine que Naomi ne connaissait que très superficiellement, Naomi avait été désignée comme nouvelle présidente du Club, lui conférant ainsi de nouvelles responsabilités. Qu'on soit bien clair, Nao avait été ravie d'obtenir ce poste qu'elle convoitait depuis longtemps car elle trouvait qu'on n'était jamais assez impliqué dans ce genre d'oeuvres de bienfaisance, en revanche garantir la cohésion du groupe n'était pas chose facile puisque dans le groupe se trouvait Aaliyah alias l'ennemie jurée number one de Naomi. Tout le monde sur le campus le savait et s'en amusait, bien que les Cabot tentaient de démentir, assurant que tout se passait bien à la Cabot House les gens n'étaient pas dupes et on ne pouvait pas ne pas remarquer les tensions qu'il existait entre les deux femmes notamment lors des réunions. D'ailleurs, Naomi était actuellement en train de préparer la prochaine. Assise dans le bureau du club, un tas de papier étalés devant elle, son iPad et son Macbook Pro allumés et chargés à bloc, ouvert sur des dizaines de page l'étudiante en médecine cherchait inlassablement comment organiser leur prochain voyage. Quel pays, comment obtenir les visas, quels vaccins à faire, c'était un véritable casse-tête et personne du club n'avait pu se libérer un créneau pour l'aider. Enfin personne sauf Aaliyah à qui bien sûr Naomi n'avait pas demandé, elle savait qu'elle était tout sauf contente de la voir obtenir le poste de présidente sans doute car l'ancienne occupant ce statut était son amie mais l'amérindienne s'en foutait complètement prête à imposer sa loi et à faire bonne figure même quand elle était perdue au milieu de la paperasse comme aujourd'hui. Elle ne comprenait rien à rien, elle avait l'impression que son cerveau était en surchauffe complète et ne comprenait pas pourquoi aucun membre du club n'avait été foutu de la rejoindre. Cela faisait maintenant une heure qu'elle s'évertuait à essayer de calculer le budget mais sans comprendre pourquoi elle n'arrivait pas à trouver la bonne somme car établir le budget d'un voyage demandait toujours énormément de facteurs que Naomi ne connaissait pas tous. Sa prédécesseuse avait l'habitude mais elle… C'était vraiment un bordel sans nom. Soupirant, s'énervant, la jeune femme s'apprêtait à péter un câble et rentrer chez elle lorsque Aaliyah entra dans la pièce. Levant les yeux vers elle, Naomi la fixa quelques secondes. La belle brune dont le ventre commençait à se voir légèrement tout de même se dirigea droit vers la photocopieuse ne daignant pas lui adresser un seul regard. La dernière fois qu'elles s'étaient parlée, c'était réellement parti en live, ne s'épargnant aucun reproche et partageant le fond de leur pensée l'une sur l'autre cela avait été tout sauf agréable et bien que les choses étaient mises à plat, que Naomi avait changé de regard sur elle ce n'est pas pour autant qu'elles deviendraient un jour amies. Bien au contraire. Néanmoins là pour le coup Naomi avait l'air d'une conne au milieu de ses papiers et complètement perdue, mais hors de question de demander de l'aide à Aaliyah… Plutôt crever ouais.

J'étais perdue en ce moment. Entre ma rupture avec Darnell, ce qui ressemblait à sorte de mise en couple entre Andrew et moi, son père qui a tenté de nous tuer, ma grossesse qui me faisait horriblement ma par moment, j'en avais oublié mon rôle de présidente du journal étudiant. Il fallait que je remotive les troupes, que je relance des articles, mais avant tout, il fallait surtout que je me motive. Comment l'équipe en elle-même pouvait être motivée sans celle qui avait le rôle du leader ? Alors en me réveillant, j'avais fait en sorte de sortir sans réveiller Andrew, j'étais allée en cours et ensuite, direction le bureau de presse. J'imprimais déjà l'interview que j'avais fait de Cerceï. Celle qui parlait de son look, du baiser magnifique qu'elle avait donné au Doyen. De Cerceï quoi. Cette fille, c'est de la joie sur pattes. J'adorai tout ce qu'elle faisait, sa façon de parler, d'être, de penser... non pas de penser parce qu'elle peut être très négative par moment mais sinon, je l'adorai. Mais passons. J'avais donc des photocopies à faire. Une feuille, deux... puis merde ! Plus d'encre. La seule salle proche d'ici, c'était celle du club des Voyages humanitaires. Ma cousine Elia étant partie en tournée, ils avaient élus une nouvelle présidente. Rien que d'y penser, j'en riais intérieurement. Naomi quoi. J'entrais dans la salle pour utiliser leur photocopieuse, un sourire aux lèvres tant j'étais hilare intérieurement. Je ne l'avais pas vu et c'est en entendant un soupire que je tournais la tête vers... vers elle. Je soupirai à mon tour. Salut Braxton-Scott ! J'essayais d'être un minimum polie avec elle. On était dans la même sororité, on suivait les mêmes cours et surtout, on faisait partie des mêmes clubs. On était amenée à se voir toute la journée, tout les jours alors on pouvait au moins faire l'effort de se dire bonjour. Je me concentrais ensuite sur ma photocopieuse, lui parlant sans la regarder. T'as l'air un peu paumée nan ? Comme d'habitude en même temps mais lui faire la remarque me plaisait bien.

Cette situation semblait immuable, les deux jeunes femmes ne pouvaient décidément pas s'encadrer et si Naomi aimait bien rire de la situation en général aujourd'hui elle n'était pas du tout d'humeur à subir les provocations d'Aaliyah. Elle ne parvenait toujours pas à comprendre comment cette fille pouvait réussir à faire l'unanimité parmi les autres alors qu'elle était souvent détestable, Naomi était bien placée pour le savoir puisqu'elle vivait avec elle et croyez le ou non la plupart des gens pensait qu'elle était à l'origine de leur conflit mais Aaliyah faisait toujours tout pour réussir à lui taper sur le système. Claquer la porte de la salle de bain qui se trouve juste en face de la chambre de Nao, faire exprès de ne pas essuyer la vaisselle car elle sait pertinemment que Naomi détestait ça et l'amérindienne en guise de réponse s'arrangeait toujours pour que ce soit elle qui se retrouve coincée chez elles lorsque le plombier, l'électricien ou n'importe qui d'autre devait passer. C'était une jolie guerre froide qui faisait le bonheur des commères du campus mais à la longue c'était carrément chiant à vivre. Naomi aimerait parfois passer une trève avec celle qu'elle considérait comme son ennemie number one mais hélas Harvard ce n'était pas le pays des bisounours.. Relevant la tête vers Aaliyah lorsque celle-ci lui fit remarquer qu'elle avait l'air un peu paumé, Naomi poussa un petit soupir excédé. "Ça te gave hein que j'ai été élue présidente ? Bah tu vas devoir faire avec Kovalevski. Quoiqu'avec ce qu'il t'arrive en ce moment tu vas pas nous suivre bien loin les prochains mois..." Un petit sourire affiché sur son joli visage, Naomi se fit la reflexion intérieurement qu'elle était bien conne de la jouer comme ça alors qu'elle avait réellement besoin d'un peu d'aide alors elle décida de retourner la situation. Aaliyah était loin d'être idiote et peut-être y verrait-elle quelque chose mais qui ne tente rien n'a rien et Naomi n'avait plus le temps d'attendre. "J'aimerais bien savoir comment tu t'y prendrais à ma place." Hahahaha quel vice.

Cette fille avait de sérieux problèmes mentaux. Je ne sais pas. Ils devaient certainement être plusieurs dans sa tête car je ne comprenais pas trop son attaque soudaine alors que je l'avais seulement saluée. Après on dit que c'est moi qui la provoque sans arrêt. J'aimerai savoir où j'ai lancé les hostilités pour le coup, car je ne sais pas, je ne vois pas et je ne comprends pas. Maintenant, je ne peux même plus être poli et la saluer. Je pense qu'il faut qu'elle redescende un peu et qu'elle évite de monter sur ses grands chevaux avec moi, pour rien qui plus est.  Excusez-moi Miss Monde, je ne savais pas que je n'avais plus le droit de vous saluer. J'en ai strictement rien à foutre que tu sois la nouvelle présidente du club. C'est cool pour toi mais m'agresse pas d'entrée de jeu pour rien, tu seras gentille ! Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'elle galérait avec son boulot mais vu comment elle me parlait, elle pouvait se foutre le doigt dans le nez, juste bien au fond. J'ai souvent aidé l'ancienne présidente donc... mais t'as l'air de tellement apprécier ma présence dans la pièce que je ne vais pas en plus de ça utiliser ton espace respiratoire ! Oeil pour oeil, dents pour dents ma cocotte. Si elle voulait de l'aide, elle avait qu'à me le demander et directement. Elle avait qu'à me parler comme un être humain normal le ferait aussi au lieu de me rentrer dedans comme elle l'avait fait.

Son père lui avait toujours dis qu'elle avait beau réussir à obtenir ce qu'elle voulait la plupart du temps grâce à son mauvais caractère, elle se heurterait forcément un jour ou l'autre à plus fort qu'elle. Et cette personne semblait être la belle Aaliyah. Cette rivalité, cette mésentente, c'était presque si Naomi n'avait pas oublié comment est-ce qu'elle était née. Même étude, même sororité, même histoire compliquée : la logique aurait voulu que les deux jeunes femmes s'entendent à merveille grâce à leurs nombreux points communs mais le jour de la réconciliation ne semblait pas encore se profiler. Pique sur pique, joutes verbales à tout va, lorsqu'elles se retrouvaient confronter l'une à l'autre tous les coups étaient permis. Et c'était bien ça le problème, elles se chicanaient tellement que tout Harvard en avait oublié pourquoi. Naomi la première. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui même, Aaliyah faisait preuve d'un répondant sans faille qui laissait douce-amère sa rivale. Ravalant sa fierté, Naomi laissa un blanc d'une bonne minute, tâtant le pour et le contre de lui demander de l'aide. La jeune femme en avait mal à la langue, ne serait-ce qu'en y pensait mais elle ne parvenait vraiment pas à organiser ce foutu voyage. « Bon écoute... J'ai... J'ai besoin que tu m'aides. J'y comprends rien, j'arrive pas à entrer sur le logiciel qui gère les comptes des associations d'Harvard et j'ai pas le bon numéro de la nana chargée des budgets associatifs. Donc... Si t'as une ou deux minutes à accorder à la femme que tu détestes le plus au monde pour lui accorder un peu de ton aide, je te propose d'une trève de dix minutes tout au plus avant de repartir sur notre bonne vieille gueguerre sans queue ni tête. Ça te dit ? » Essayant de détendre l'atmosphère, Naomi se laissa même aller en sortant de son sac un sachet Starbuck dans lequel se trouvaient deux cookies. « J'ai même de quoi te payer, il paraît que les femmes enceintes ne peuvent pas résister au sucré ? » Trois pas en avant, deux pas en arrière Naomi tentait le tout pour le tout et accompagnait même sa proposition d'un sourire presque amical quoiqu'un peu crispé.

A force, je me disais que notre guère ne rimait plus à rien. On se détestait pour se détester. C'était limite un passe temps. Selon Darnell, on se ressemblai beaucoup niveau caractère. Ouais mais non. Franchement, je ne savais pas comment prendre cette remarque. Je m'approcha d'elle en soupirant. Comme quoi, c'était pas si compliqué de demander de l'aide poliment, gentiment. Surtout que si tu veux que la personne accepte, c'est beaucoup plus facile si tu la joues cool. Ouais, attends je te montre ! Je pris place devant l'ordinateur. M'exécutant mais lentement pour qu'elle puisse voir ce que je faisais en même temps. J'avais l'habitude d'aller très vite sur un ordinateur. L'habitude des dossiers à rendre rapidement, des articles à écrire pour le journal et j'en passe. Je ne regardais même plus le clavier ou ma souris. Je pris une pause de quelques secondes pour la regarder droit dans les yeux, ayant quelque chose à dire. Je pris au passage l'un des cookies qu'elle me tendait. Merci Naomi. Et au passage, tu n'es pas la femme que je déteste le plus au monde ! Il est vrai qu'elle peut parfois être agaçante. Il est vrai aussi que sa voix m'insupporte au plus haut point, mais ce n'est pas tout le temps. Il est vrai aussi qu'on adore se livrer une continuelle bataille qui ne rime à rien et pourtant, je n'arrive pas à la détester. J'ai pu voir qu'elle avait vraiment un bon fond et que si elle se montrait froide parfois, c'est parce qu'elle avait simplement du mal à faire confiance. Ce que je comprenais parce que je suis tout simplement pareille... Et merde ! Faut croire que Darnell a raison. Penser à ça me fit soudainement... peur on va dire alors je préférais me concentrer sur l'ordinateur juste devant moi. J'ai souvent aidé ma cousine avant qu'elle ne s'en aille alors si t'as besoin, n'hésite pas ! Je savais qu'elle allait longuement hésiter avant de me demander de l'aide mais au moins, c'était dit. La balle était dans son cas. J'essayais de faire un pas vers elle. Mais à chaque fois que l'une de nous deux faisait un pas en avant vers l'autre, l'autre faisait en sorte de tout gâcher en reculant de trois pas.

Prenait deux Cabot au fort caractère, foutez les dans une pièce avec un ordinateur, un bureau et une photocopieuse : on vous laisse faire le pari de savoir quel objet elle se foutrait dans la tronche en premier ! Et bien que nenni. Bizarrement aujourd'hui ça se passait bien, les débuts avaient été difficiles pour l'une comme pour l'autre mais il semblait que le climat de tension pépertuel qui régnait entre elle s'amenuiser au fil des minutes passées ensemble. Et honnêtement, cette trève faisait du bien à Naomi. Elle en était sûre, dans une autre vie elle et Aaliyah auraient pu être les meilleures amies du monde, certaines personnes lui avaient souvent dis qu'elles se ressemblaient assez ce qui faisait lever les yeux aux ciels à la jeune amérindienne. Mais il paraît que lorsqu'on déteste quelqu'un c'est parce que la personne nous ressemble tellement qu'elle nous reflète nos propres défauts. Était-ce le cas pour les deux jeunes femmes ? Sûrement. Naomi apprécia l'aide que lui donna la future maman, soudainement elle ressentit une vague de sympathie inégalée pour sa pseudo-rivale. "Ah ok, donc c'était cette manip' là que Jade m'a expliqué mais que je n'arrivais pas à retenir ! Merci beaucoup Aaliyah c'est gentil." Maintenant, elle se sentait presque mal à l'aise en face d'elle. Elle avait envie de se montrer sympathique à son tour et cette envie redoubla lorsque Aaliyah lui déclara qu'elle n'était pas la personne qu'elle détestait le plus au monde. "Tu sais... Parfois dans des moments de perdition total, je me dis que si ça trouve on pourrait être très bonnes copines." Naomi marqua un temps d'arrêt puis reprit. "Je tenais à te dire que je suis désolée de t'avoir agressée dans la cuisine l'autre fois et de t'avoir jugé. C'était pas mes affaires, quoiqu'il en retourne c'est à Darnell de gérer et j'aurais pas du m'immiscer je pense qu'à présent je suis bien placée pour savoir que la vie ne tourne jamais comme on s'y attend et qu'on choisit pas forcément la tournure des évenements." Wow, Naomi n'en revenait pas mais elle l'avait dit, elle s'était excusée. Elle venait de faire table rase du passé en quelques secondes et honnêtement elle ne s'attendait pas à un grand sourire d'Aaliyah ou de la compassion, c'était une guerre d'ego après tout... N'est-ce pas ?

Je venais d'aider la femme qui me détestait plus que tout, quoique je fasse, c'est à dire Naomi. Bon, je ne la portais pas spécialement dans mon coeur non plus, mais je savais qu'elle me détestais plus que je ne la détestais, ça, c'était sûr et certain, il n'y avait qu'à voir sa façon d'être avec moi, sa façon de me parler ou de me regarder quand je ne suis pas loin d'elle. Si elle pense réellement que je ne vois pas et ne sens pas son regard froid sur moi, elle se trompe. Impossible de ne pas garder un oeil sur la femme qui ne vous aime pas quand elle est tout près de vous. Dorien, c'est normal ! Normal, j'en suis pas sûre, mais j'essayais de me persuader du contraire. Oui, c'était normal d'aider son prochain, peu importe la tête qu'il avait, peu importe le lien qu'il y avait entre vous. Peu importe si elle te sortait par les yeux ou pas. Puis, je me retenais de rire en entendant ce qu'elle me disait. Dans un monde, à des milliards de kilomètres du notre, peut-être bien, et encore. Même quand j'essayais d'agir dans son propre intérêt, elle m'envoyait bouler, alors pourquoi j'essaierai d'imaginer un monde où tout va bien entre elle et moi. Il n'y a qu'à revenir quelques minutes en arrière, au moment même où je l'ai saluée et qu'elle m'a envoyée voir ailleurs, comme si dans "Salut !" elle entendait "Sale pute !". C'est vrai que ça se ressemble un peu, mais faut pas pousser non plus. Puis elle ouvrait de nouveau la bouche pour me surprendre une fois de plus. J'étais bouche bée, je ne savais pas quoi dire, quoi faire, ni même comment la regarder. Des excuses de sa part. Si je m'attendais à ça. Euuh... merci, je crois... Ouais, merci ! Elle m'avait prise de cours là. Franchement, je m'y attendais pas du tout et du coup, je ne savais pas quoi dire en guise de réponse. Pour une fois que je n'ai rien à lui répondre. Il fallait qu'elle soit gentille avec moi pour qu'elle réussisse enfin à me clouer le bec. Sinon, c'est tout ce que t'avais besoin de savoir ? Oui, disons qu j'avais la sensation qu'elle avait ça pour m'amadouer, comme son soudain élan de gentillesse, son cookie, ses excuses après que je l'ai aidé à régler son petit soucis. J'avais du mal à voir une fille sincère en Naomi après toute les saletés qu'elle m'avait balancées à la figure il y a peu.