Il y avait des choses que l'on ne pouvait pas contrôler. On ne pouvait pas arrêter le temps pour sauver une personne ou revenir en arrière. Ni même contrôler quelque chose qu'une autre personne est entrain de contrôler. Léonora ne pouvait pas empêcher son accident de voiture causé par le véhicule de Grace. D'ailleurs, c'était le fameux soir où elle avait parlé à Priape par SMS. Elle savait qu'il serait dans les urgences cette nuit, mais elle ne savait pas qu'elle serait sa patiente. La jeune femme avait subit un accident de voitures suite à la drogue que Grace avait consommé. La brune ne pouvait pas bouger son bras dont la peau a été transpercé par un énorme éclat de verre du pare-brise. La jeune femme tentait de rester consciente tout le long du trajet. Mais elle perdit connaissance dans le camion de pompier. Ils essayaient de lui retirer quelques débris de verres, mais le sang coulait bien plus tout le long de son bras. Il y eut des petits morceaux de verres sur ses pommettes, mais ce n'était pas bien graves. Les pompiers arrivèrent enfin devant l'hôpital. Le camion se gara juste devant l'entrée des urgences et les portes s'ouvrirent, là où les pompiers emmenèrent Léonora à l'intérieur de l'hôpital de Cambridge. Léo' battit des paupières et rencontra les petites lumières blanches du lieu où elle avait l'habitude de travailler. Elle bougea légèrement la tête, et essaya de reconnaître les lieux. Mais elle n'y arriva pas, quelqu'un lui tenait la tête fixée. Elle n'arrivait pas du tout à discerner la personne. C'était assez bizarre, mais très énervant comme situation.
Garde de nuit aux urgences. On venait de m'annoncer qu'un accident de la route avait eu lieu. J’allais enfiler un masque, une surblouse et des gants avant de me diriger vers l’entrée des urg. Le son familier des sirènes m’annonça l’arrivée imminente de l’ambulance. « Accident de la route. Jeune femme d’une vingtaine d’années. Nombreuses contusions et coupures. Pertes sanguines estimées à 700cc. Tachycardie. Tension en chute. La sat se maintient pour le moment. Elle a perdu connaissance y’a 5 minutes dans le camion. » Voilà le résumé que me dressa le chef des pompiers tout en poussant le brancard. Je l’écoutais attentivement avant de reporter mon regard vers la patiente blessée. « Merde Léo… » soufflai-je en reconnaissant immédiatement mon amie, avec qui j’avais échangé quelques sms plus tôt dans la soirée… Je ne devais pas perdre mes moyens, je devais garder mon sang froid et tout faire pour sauver la jeune femme. On l’emmena de toute urgence en salle de soin. Je la vis commencer à s’agiter, comme si elle voulait bouger la tête, et je l’immobilisais alors plaçant doucement mes mains autour de son visage. On devait d’abord lui faire passer un scan, il ne fallait pas qu’elle fasse de faux mouvement avant de nous être assuré qu’elle n’avait pas de lésion de la moelle épinière, sinon elle pouvait se retrouver paralysée à vie. « Il lui faut une minerve ! » fis-je alors à l’infirmière qui plaça l’objet autour du cou de mon amie. « Léo, il ne faut plus que tu bouges maintenant, on doit d’abord te faire des examens complémentaires. » A présent le collier cervical immobilisait le cou et la tête de mon amie, je relâchai mon emprise. Son poul était toujours trop élevé alors que la pression artérielle ne cessait de chuter. « Passez lui de l’éphédrine et commandez lui 2 culots globulaires à transfuser dès que possible. » ordonnai-je alors avant de me concentrer sur son bras qui saignait abondamment à cause d’un morceau de verre. « Il faut s’occuper de cette plaie. » fis-je en attrapant mon kit de suture. Je retirai prudemment le débris de pare brise avant de réaliser les points cutanés pour arrêter l’hémorragie. Après tous ces soins, les paupières de mon amie se rouvrirent. Elle revenait à elle. Je m’approchais doucement de son lit, retirant mes gants pleins de sang histoire de ne pas l’effrayer, et je pris alors sa main dans la mienne. « Hey, comment tu te sens ma belle ? Je sais que je te manque, mais t’es pas obligée d’en faire autant juste pour venir me voir pendant ma garde aux urgences… » plaisantai-je pour masquer un peu mon inquiétude.
J'ai entendu cette voix accentuée aux origines grecs de mon ami. Une douce voix qui m'empêchait de m'agiter et me garder en vie. Je sentais ma tête bouillir tandis que Priape tentait de me réconforter. Il me maintenait pour que l'infirmière puisse mettre ma minerve. Mes tempes battit contre mon front. Et cette lumière blanche qui m'aveuglait, ces odeurs inodores qui vous donnez l'envie de vomir sur place ou prendre vos jambes à votre cou. J'avais envie de fuir telle une prisonnière désirant la liberté. Je ne pouvais rien contrôler à ce moment là. Plusieurs personnes, dont Priape, me contrôlaient. Priape était là. Les autres ne l'étaient plus. Il faisait partit de ma vie comme s'il était mon frère. Je ne pouvais pas changer cela. Comment puis-je faire dans ces moments où je ne peux rien contrôler ? Ma tête me faisait souffrir. Je ne pouvais plus sentir la douleur qui me lançait au bras gauche. J'ai l'impression de perdre l'équilibre sur ce brancard. Voir même de perdre conscience. J'ai l'impression de mourir. Pourquoi me plains-je en sachant que d'autres personnes dans le monde entier meurent de faim et n'ont pas le droit de dire ce qu'ils ressentent parce qu'ils sont pauvres ? Je ne comprenais plus rien. J'étais perdue. Les battements de mon cœur frappaient à un tempo rapide. Il eut plusieurs questions qui tournaient dans ma tête. Grace, comment allait-elle ? Et son enfant ? Je ne savais rien. C'était comme si que je regardais ce film IF I STAY ! Vous savez quand la fille a un accident de voitures et tombe dans le coma puis elle voit son corps à l'hôpital et tout le long du film, on apprend à la connaître au point de s'en attacher ? Bah j'ai l'impression d'être la même ! Je déteste parler de moi, mais je me sens toujours obligée de me justifier. Mais là c'est pire. J'ai peur ! Je ne sais pas comment m'en sortir. Et là, il y a un de mes amis qui faisait tout pour me sortir de là. Il a réussit à me calmer un peu avant même que l'on m'injecte cette fameuse dose d'endorphine. Je sentis les battements de mon cœur ralentir et mes paupières se fermaient petit à petit. Mais je réussis à ouvrir la bouche. - Pri...Pri, dis-je d'une voix mal assurée et très faible vu mon état. J'avais peur. J'allai repartir dans les pommes d'ici quelques minutes. Je ne savais plus où je me trouvais. C'était un cauchemar. Vous imaginez ce que vous pouvez ressentir dans ces moments là ? Moi pas.. Du moins, je l'avais imaginé quand Romy était morte dans ma chambre étudiante. J'en faisais des cauchemars et une part de moi voulait que j'abandonne tout pour la rejoindre, mais une autre ne désirait qu'une chose : Rester. Ce n'est pas comme si que j'allai dormir pendant des années. J'allai dormir le temps que l'on me fasse des soins même si je déteste que l'on s'occupe de moi. Les autres personnes ont toujours été plus importante que moi-même. De plus, je ne vois pas en quoi, je mérite leur intention. Je me battais depuis toujours pour obtenir ce que je voulais. Je ne demandais jamais l'aide de personne et là, on m'aide. Une gentille attention que l'on me donnait alors que les trois quarts me détestaient ou n'aimeraient pas me connaître. Je le savais. J'avais entendu les bruits de couloirs à mon sujet, mais je faisais toujours abstraction. Après tout, on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Mais au moins, ça me plaisait que plusieurs personnes ne pouvaient pas me voir en peinture, ça fera du monde en moins à mon enterrement. Maintenant, je plongeai dans une marée noire. Un monde où j'avais peur de me retrouver depuis trois ans. J'ai toujours du mal à dormir. Ce n'était pas bon pour une jeune femme de mon âge. Du moins, si l'on pouvait m'appeler comme une femme. Mais je me faisais harceler par mes propres remords. Si j'avais pu sauver Romy, rien ne serait arrivée. Imaginez aussi pour cette bombe. Les cadavres m'ont terrifié... Et pourtant, j'adore l'orthopédie. J'adore les films de guerre et les reportages. C'est dingue... Le noir se transforma en plusieurs images qui formèrent une bobine de film. Cette bobine défila et je vis toute ma vie passée devant moi. Ça fait peur... J'ai l'impression de mourir... Mais soudain, je me sentis propulsée par quelque chose. Quoi ? Qu'est-ce que c'était ? Je me retrouvais dans le monde obscur. Super comme lieu ! Je pouvais faire la fête toute seule sans une bouteille de whisky à la main ! J'entendis des bruits de machines qui font BIP BIP. Ah bah bien sûre, c'était la machine qui montrait mes battements de cœurs pendant chaque minutes. Je sentis mes paupières battre et j'ouvris tout doucement les yeux. Je découvris une chambre blanche avec un homme vêtue d'une blouse de la même couleur. C'était Priape. Il venait de plaisanter sur notre conversation de quelques heures auparavant. Le problèmes c'était que j'avais la gorge sèche et la tête qui refaisait des BOUM. C'était atroce ! Mais je parvins à sourire doucement. - Salut... J'ai mal à la tête, j'ai soif... Et je me plains. Mais pour le mal de tête c'est sûrement dû à mon second coup que j'ai reçu cette année... Je fermai les yeux pendant quelques instants avant de les rouvrir. - Si un jour, on se trouve personne, je te demande en mariage et on ira se marier à Athènes, t'as compris ? Ne réponds pas, je sais que je suis la femme de ta vie et entre-autre ta tortionnaire favorite ! Bon je vais arrêter de jouer les Divas, ça ne me va pas, dis-je sur un ton remplit de plaisanterie. Mais je crois que j'ai perdu ton cadeau de noël, il était dans mon portefeuille... Bah ouais, je commençais à flipper par rapport au cadeau de mon ami. Je pensais réellement l'avoir perdu ! Bon quitte à ce qu'il regarde et le prenne le jour même, au moins il a son cadeau ! C'était un billet d'avion pour la Grèce. Au moins, il pourra revoir sa famille. Je savais un petit peu ce que ça faisait quand on ne voyait pas ses proches. Il fut un temps où j'ai eu l'impression d'être abandonnée, c'était pendant cette période que je me suis rebellée contre le monde entier. Mais je me consolai souvent à une pensée particulière. Mon père était neurochirurgien et les patients étaient biens plus importants que sa propre fille, c'était Superman...Et il le sera toujours. D'ailleurs, où était-il ? Non, il ne fallait pas s'inquiéter pour lui ! Tout ira bien !
J’étais installé au chevet de mon amie, ma main glissée dans la sienne. Je l’observais avec inquiétude. Décidément, Joanna, à présent Léo, j’allais devenir le médecin officiel de toute la famille. Enfin, quand je m’étais occupée de la Lowell j’ignorais encore qu’elle était la cousine de ma petite Léo. Le bip sonore du scope résonnait dans sa chambre alors que ses paupières se soulevaient doucement. Elle prit la parole, elle avait mal à la tête et soif. Un petit sourire étira mes lèvres. Entendre sa voix était quand même drôlement rassurant, même si elle referma très vite les yeux et qu’elle ne semblait pas au top de sa forme. Elle manifestait ce qui n’allait pas et ça s’était bon signe. J’avais mille questions sur les lèvres : que s’était-il passé et comment s’était-elle retrouvée dans cet état ? Mais pour le moment, je réservais ces interrogations pour plus tard, préférant soulager mon amie. Je lâchai un instant sa main, me levant pour attraper sur le chariot de soin une poche d’antalgique que je vins brancher au bout de la perfusion. « Je te passe 1g de perfalgan ça devrait soulager tes maux de tête. » Par contre, si elle voulait boire, ce n’était pas possible ou l’anesthésiste allait me taper sur les doigts. Elle venait de recevoir une série de soins assez lourds, elle allait devoir rester à jeun encore un petit temps. J’accélérais la poche de perfusion censée l’hydrater en lui expliquant : « Par contre tu vas devoir attendre encore un peu avant que je puisse te payer une bonne bière… Ou même un verre d’eau. Faut que tu restes à jeun encore plusieurs heures. » Je lui adressai un nouveau petit sourire compatissant. Je savais combien c’était difficile pour elle, habituée à être celle qui dispense les soins, de se retrouver de l’autre côté de la barrière, dans un lit d’hôpital… Les paroles suivantes de Léonora m’arrachèrent quand même un petit rire, malgré les circonstances qui ne s’y prêtaient pas et l’inquiétude que son état provoquait en moi : je la reconnaissais bien là. Voilà que mon amie retrouvait son humour, parlant de mariage, c’était qu’elle allait déjà mieux. « Ok très bien, je ne dis rien Madame Zacharias. » Je m’approchai de nouveau de son lit, attrapant sa main pour l’apaiser et la rassurer : « Et ne t’en fais pas pour ça Léo. Là, tout ce qui importe c’est que tu ailles mieux, c’est la seule chose que je souhaite pour le moment. » Je jetai un coup d’œil à la perfusion qui s’écoulait : « Est-ce que tu sens que ça agit ? Tu as moins mal ? » m’inquiétai-je alors.
Spoiler:
Pourquoi je me moquerai ? T'inquiète c'est très bien, moi j'utilise tout le tps le point de vue de Pripri alors