Les plus courtes sont les meilleures. ×× Pandora

Baha Pretorius claqua la portière de sa voiture et sortit les courses de son coffre, sa colocataire lui emboitant le pas avec le restant des sacs. Vivre avec Pandora était un véritable bonheur, même si elle chantait un peu trop fort sous la douche et qu'elle avait tendance à toujours oublier d'éteindre la lumière, les deux bizuts vivaient leur colocation dans la joie et la bonne humeur. Baha avait tellement eu peur de tomber sur la coloc coincée de service et sans fantaisie que celle qu'elle appelait Panda était un véritable rayon de soleil et une crème à vivre. En bonnes bizuts, les deux jeunes filles avaient aujourd'hui étaient désignées comme de corvées de courses et Baha commençait à trouver que ça arrivait un peu trop souvent. "J'ai l'impression qu'ils trafiquent le panneau des corvées pour tout nous laisser sur les bras, tu trouves pas ?" Gravissant les marches du perron pour se rendre jusqu'au dortoir, Baha pensait déjà à rassembler tout le courage qu'il allait leur falloir pour ranger ces courses et les déduire du budget de la maison. Vivre en confrérie n'était vraiment pas chose aisée et Baha avait souvent un peu de mal avec les caractères des autres, et encore que les Quincy étaient de loin les plus faciles à vivre du Campus contrairement aux Cabots que Baha considéraient comme les pétasses de service hautaines et hypocrites ou les Mathers qui se croyaient tout permis et qui avait la débauche comme mode de vie. Alors oui Baha n'avait peut-être pas à se plaindre des humeurs de ses colocataires mais les corvées ménagères lui tapaient néanmoins sur le système même si elle y était habituée pour avoir vécu dans une famille nombreuse. Ici pas de gouvernantes, pas d'aides ménagères, tout était fait par eux-mêmes. Et généralement c'était les nouveaux qui trinquaient. Les filles mirent ainsi vingt minutes pour ranger la totalité des courses, se racontant les derniers ragots en date et profitant du calme de la maison avant que tout le monde rentre. Terminant de ranger un sachet de pain de mie dans le placard, Baha se retourna vers Pandora et lui proposa : "Bon maintenant que dirais-tu de deux chocolats chauds et d'une séance Netflix ? Scandal ou Orange is the new black ? Vas-y monte allumer l'ordi j'arrive." Il n'en fallut pas plus pour la jeune blonde qui s'empressa de leur préparer des chocolats chauds et des marshmallows lorsque soudainement Baha entendit Pandora hurler. Lachant la brique de lait qu'elle avait entre les mains, la jeune sud-africaine se précipita à l'étage. "Panda qu'est-ce qu'il se passe ?!!!" arrivant en courant jusqu'à sa chambre, Baha découvrit Pandora les mains sur la bouche. Oh non… Le bizutage.. Leur chambre était sens dessus dessous, des rouleaux de papier toilette avaient été déroulés par dizaines, recouvrant ainsi la chambre. Les matelas étaient retournés, leurs cours éparpillés dans toutes la pièce et partout au mur étaient accrochés des posters des One Direction, de Hannah Montana et bien d'autres conneries encore. "J'y crois pas… Les courses n'étaient qu'un alibi."

La séance de course était presque arrivée à son terme, il ne manquait plus qu'à ranger tous ces paquets dans les bons placards. S'en était presque fini de ma motivation mais quand je voyais Baha encombrée par tous ces sacs, je prenais encore un peu sur moi. "J'ai l'impression qu'ils trafiquent le panneau des corvées pour tout nous laisser sur les bras, tu trouves pas ?"lâcha ma colocataire apparemment aussi saoulée que moi. En y réfléchissant un peu, il n'était pas difficile d'admettre qu'elle n'avait pas tort... car c'était déjà au moins la troisième fois que nous étions chargés de cette corvée. " T'a raison... pour une fois " répondis je le sourire aux lèvres. " En même temps faut les comprendre, qui n'en profiterait pas... ? " Je me doutais bien qu'il pouvait être tentant de charger les nouveaux de certaines tâches rebutantes. Baha finissait de de ranger un paquet de pain de mie lorsqu'elle me proposa de lancer une série en me chargeant la confection de chocolats chauds. Vu la journée que nous avions passé, j'étais assez contente qu'elle puisse avoir le même genre d'envie que moi. " Avec plaisir ma louloute " répondis je en me dirigeant vers notre chambre. " Par contre ce sera Orange is the new black pour moi " criais je du haut des escaliers. Soudain, je me rendis compte en franchissant le pas de la porte que notre chambre n'était plus ce qu'elle avait été. Je criais. Sans complexe. Ma colocataire s'empressa de me rejoindre, sans doute inquiète par mon haussement de ton. Oui, comme elle me le fit remarquer, les courses n'étaient en vérité qu'un prétexte pour nous mettre la chambre sans dessus dessous. Je soufflais de colère et me baissai pour ramasser les objets qui jonchaient le sol. " J'crois que t'a raison... et que la série sera pour plus tard. Dis moi que tu étais au courant Baha... je commence à en avoir ras les fesses de leurs sales blagues... "

Spoiler:

Baha savait qu'en intégrant n'importe quelle confrérie du campus, elle devrait faire ses preuves en traversant la dure épreuve du bizutage mais là c'était un peu trop pour elle. Elle était levée depuis 4heure du matin, était allée à trois entraînements de sport différents, venait de se taper les courses et à présent elle allait devoir jouer aux femmes de ménages juste parce qu'elle avait décidé de devenir une Quincy. C'était tout de même très frustrant de devoir laisser d'autres étudiants lui marcher sur les pieds avec la mentalité qu'elle avait, son côté compétitif, la facette hargneuse de sa personnalité n'allait point tarder à refaire surface et ça risquait de faire mal. Pandora commençait déjà à nettoyer tout ce capharnaüm tandis que Baha continuait de pester sur le pas de la porte. Elle se demandait bien qui avait pu faire ça, si Cody Bleeker n'avait pas fais partie de la Lowell House elle aurait dirigé ses soupçons vers lui mais définitivement, ce n'était pas lui l'auteur de ce crime. Imitant Pandora, la jeune sud-africaine commença à décrocher les affiches placardées à leurs murs tandis que sa colocataire lui faisait part de son ras le bol général vis à vis de ce foutu bizutage. "Comme je te comprends, je supporte pas ça non plus… On m'avait prévenu que ça serait pas tous les jours facile mais là franchement je suis saoulée. Je sais pas si on devrait pas se venger mais en même temps ça fait deux semaines qu'on tient j'ai pas envie de tout foutre en l'air.." Le soucis dans le bizutage c'est que si vous vous vengiez, vous ratiez votre intégration et Baha ne se sentait pas non plus assez autonome et indépendante pour évoluer seule au sein du campus. Les Quincy allait devenir sa maison de remplacement… Mais bref pour le moment, Baha et son amie devaient réparer ces conneries. "Bon bah comme tu l'as très justement dit on va pas regarder OITNB de si tôt hein.." déclara Baha en constatant la présence de confiture de fraise sur ses cours de la semaine dernière. La jeune femme soupira puis décida de se changer les idées en faisant la conversation : "Ça va toi sinon ? T'as passé une bonne journée ? Qu'est-ce que tu as de beau à me raconter ces derniers temps ?"

"Comme je te comprends, je supporte pas ça non plus… On m'avait prévenu que ça serait pas tous les jours facile mais là franchement je suis saoulée. Je sais pas si on devrait pas se venger mais en même temps ça fait deux semaines qu'on tient j'ai pas envie de tout foutre en l'air.." lâcha mon amie. Elle avait raison mais je commençais à en avoir marre de leurs blagues. Ok, la Quincy House était une maison à laquelle je souhaitais vraiment appartenir mais de là à me ridiculiser h24, je trouvais ça un peu abusé. " C'est vrai que tout gâcher maintenant serait un peu le pompon... mais imagine qu'en fait notre bizutage dure plus longtemps que prévu ? Je crois que je craquerais avant... pour moi les plus courtes sont de loin les meilleures tu ne trouves pas ? " J'avais cette envie de vengeance que m'avais suggéré Baha mais j'avais tellement peur que ça se retourne contre moi et que je sois obligée de me débrouiller seule durant toute ma scolarité à Havard. Les études étaient déjà assez difficiles alors j'avais envie d'être entourée. Alors que la confiture qui jonchait les cours de ma colocataire avait l'air d'être la goutte d'eau qui allait faire déborder le vase, cette dernière finit par vouloir nous changer les idées en me demandant les nouveautés dans ma vie . " Hum je ne sais pas trop.... les cours, le bizutage et c'est tout. J'ai pas trop le moral en ce moment mais ça doit être la saison non ? Et toi ? " demandais en retour afin qu'on ne s'attarde pas sur mes petits soucis. Je ne souhaitais surtout pas qu'elle sache que je me faisais de plus en plus vomir et que mon poids dégringolait.

Baha était vraiment le genre de fille qui s'énervait facilement mais allez savoir pourquoi, ce jour-là tout ça lui passait au dessus. Elle pensait plus aux examens de fin semestre et aux fêtes de fin d'année qui arrivaient et qui étaient toujours aussi douloureuses depuis la mort de son frère. D'ailleurs, elle ne savait pas encore si elle ferait l'effort d'aller jusqu'en Afrique du Sud car les fêtes dans sa famille étaient toujours devenues glauques et propices au deuil depuis la mort de Flash. S'ôtant ses mauvaises pensées de sa tête, la jeune fille se concentra sur sa colocataire qui était clairement dégoûtée de l'état de leur chambre et qui partageait la même pensée qu'elle : tout ça faisait beaucoup pour elles deux. "Faut serrer les dents, cette connerie se termina bien forcément un jour et on en rigolera n'est-ce pas..." soupira Baha en jetant ses cours à la poubelle et décrochant des posters. Elle avait hâte de terminer de ranger tout ça et de se foutre dans son lit avec un peu de rap us dans les oreilles. La journée avait été rude et cet événement imprévu traînait sur son système nerveux. Et à en entendre Pandora, elle non plus ne semblait pas péter la forme, Baha la trouvait étrange de temps à autre un peu secrète alors elle se permit de dire. "Tu sais Panda, si il se passe quoique ce soit dans ta vie qui te tracasse je suis là pour en parler, on va sûrement passer l'année dans la même chambre alors autant pouvoir se confier l'une à l'autre de temps en temps, je suis à ton écoute et si jamais t'as besoin de quoique ce soit ou de parler avant tout bah... Je suis là." Baha n'avait jamais été très douée pour trouver les mots justes, elle était souvent maladroite mais elle voulait vraiment laisser savoir à sa colocataire qu'elle pouvait être présente dans l'autre. Dans cette université tout le monde était loin de sa famille et il était important de savoir qu'on pouvait se reposer sur les bonnes épaules.