Soyons extraordinaires ensemble plutôt qu'ordinaires séparément. ×× Ashton

Passant devant Ashton qui lui tenait la porte du cinéma, Naomi lui envoya un baiser en guise de signe de remerciement. Ils venaient de passer une soirée en amoureux tout ce qu'il y a de plus simple. Après avoir mangé dans un petit restaurant végétariens, ils étaient allé voir un film au cinéma à propos duquel ils s'étaient certes engueulés dix bonnes minutes mais en même temps, on ne pouvait pas trop leur en demander. Plus amoureux que jamais, les deux tourtereaux avaient passé la moitié de la séance à se provoquer une fois les lumières éteintes et Ashton avait même réussi à se prendre un coup de coude dans les cotes lorsqu'il lui avait tiré les cheveux sans faire exprès en mettant son bras au mauvais endroit. Bref, à force de chamailleries et de taquineries, les deux jeunes gens étaient dans de très bonnes dispositions ce soir-là. Naomi s'était fait belle pour son amoureux, et Ashton en avait fait de même, habillé tout de noir comme Naomi aimait tant. Elle l'adorait en tenue de basket mais ces jeans qui moulaient à la perfection ses fesses et ces grands pull à encolure en V qui soulignait sa carrure était un vrai régal pour les yeux de la jolie amérindienne qui ne pouvait ignorer tous les regards qu'ils attiraient lorsqu'ils sortaient tous les deux. Elle, perchée, sur ses talons, à côté de son homme de deux mètres quand ils étaient arrivés dans le restaurant toutes les tables s'étaient plus ou moins tournées vers eux. Et oui, le couple le plus inattendu de l'année dégageait un certain charisme. Leur idylle s'était répandue comme une traînée de poudre sur le campus et tout le monde était désormais au courant de leur amour naissant. Ce n'était encore que très frais mais Naomi ne parvenait déjà plus à imaginer un monde dans lequel elle n'aurait pas besoin de lui tant sa présence lui était indispensable. Pour ainsi dire, elle avait même repoussée sa date de départ en vacances à Trinité et Tobago pour rester un peu plus longtemps avec son homme.

Elle l'aimait. C'était certain elle l'aimait. Lorsqu'il prit sa main et qu'elle leva la tête vers lui, elle réalisa qu'elle aimait pour la première fois lorsqu'il croisa son regard et qu'il lui fit un clin d'oeil. Elle était complètement dingue de lui, en proie à des sentiments extrêmes comme si il était devenu son oxygène. Elle pensait tout le temps à lui et requérait souvent sa présence, seules ses gardes étaient à ses yeux une bonne raison de ne pas être avec lui. Durant celles-ci, elle ne voyait pas le temps passé et n'avait pas trop le temps de se demander comment son amant profiter de son absence. "Tu dors à la maison ce soir ? Dis ouiiiii, dis ouiiiiiiiii." Usant de tout ses charmes, Naomi trottinait devant lui avec son regard de biche, persuadée qu'il ne résisterait pas longtemps surtout vu la manière dont il s'était allumé pendant la moitié de la séance. Montant dans la voiture, la jeune femme mit sa ceinture et ils prirent la route, laissant le soin à Ashton de conduire son audio. Naomi ne stressait pas une seule seconde à l'idée de laisser son petit-ami conduire sa voiture, même si elle savait qu'il n'était pas le conducteur le plus aguéri de Cambridge; il avait une conduite sportive mais fluide que Naomi appréciait, savourant la vitesse. C'était ce à quoi la jeune femme était en train de passer lorsque quelques minutes après avoir rejoint la petite nationale qui rejoignait au campus de Harvard que le couple fut témoin d'une voiture loin devant eux perdit le contrôle, marquant des zig zag de droite à gauche pour enfin percuter la barrière de sécurité. "Merde, putain de merde, bébé arrête toi !"

Naomi et Ashton. Ces deux noms n’existaient quasiment plus l’un sans l’autre. Impossibles à dissocier comme enchainés l’un à l’autre pour l’éternité. Il n’y avait que deux endroits où ils n’étaient pas associés : l’hôpital, quand Naomi bossait, et le gymnase quand Ashton jouait. Sinon toute leur identité était basée sur leur vie commune. Ce n’était pas compliqué de vivre en couple, c’était même agréable, et le jeune homme de 20 ans en avait été assez surpris. Il n’y avait pas plus de contraintes que dans une vie de célibataire, sauf qu’au lieu de changer tous les soirs de conquête, la même personne se joint à vous dans votre lit. Et si les chamailleries faisaient partie intégrante de leur vie de couple, et que les disputes parsemaient parfois les moments de bonheur, ils savaient aussi profiter des instants magiques que leur procurait ce sentiment difficile à maitriser, mais terriblement jubilatoire qu’était l’amour. Depuis la dernière fois, alors qu’il songeait de plus en plus à le lui faire comprendre, Ashton n’avait toujours rien dit. Au fond, il ne savait comment s’y prendre, s’il devait le balancer comme un cheveu sur la soupe ou s’il devait voir les choses en grand. Il avait bien eu une petite idée, mais il n’était pas sûr qu’elle apprécie, alors il ne l’avait pas mise à exécution. Il avait souhaité le faire écrire sur le tableau des scores à la mi-temps, où toutes les dédicaces affluaient sans arrêt, mais il fallait qu’elle vienne voir un match en particulier et qu’elle regarde à ce moment-là, et il ne serait pas là pour voir sa réaction, car il serait dans les vestiaires. Il ne l’avait donc pas mis en place. En revanche, si au départ le jeune homme de Detroit faisait des efforts pour se comporter au mieux, tout était devenu naturel à présent. Il n’imaginait pas faire quelque chose sans elle, et ils étaient toujours fourrés ensemble. Comme aujourd’hui. Ils s’étaient organisé une petite soirée tranquille, resto, ciné, maison. Ils n’avaient pas fait dans l’original, mais c’était ce qu’ils faisaient de la soirée qui l’était. Leur relation était spéciale, il en était convaincu. Quand il la regardait, il savait qu’il avait trouvé son âme sœur. Il n’y avait pas plus belle fille pour lui, et son caractère que certains pouvaient qualifier de cochon, il l’adorait, même si l’abhorrait également parfois, ça faisait partie de son charme.
Il ne savait pas comment il réussirait à gérer l’absence de la belle amérindienne quand elle retournerait en vacances chez elle. Ashton avait pris la décision d’aller voir sa mère et de l’emmener jusqu’à un endroit majestueux qu’elle avait toujours rêvé de voir : le lac Louise. Il espérait qu’elle ne serait pas trop fatiguée pour y aller pour Thanksgiving, ça occuperait Ashton pour éviter de se languir du retour de sa petite-amie. A la sortie du cinéma, Naomi quémanda pour qu’Ashton passe la nuit chez elle, et si au départ il la regardait juste en souriant, avançant sans lui accorder de réponse, il finit par lâcher un petit rire conquis avant de l’imiter : « Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! » Ca le faisait rire de la voir aussi enjouée alors qu’il se rappelait sans cesse leur première rencontre où elle avait été d’une froideur sans nom et qu’elle n’avait fait que le dénigrer avant que les choses ne se bousculent et aillent dans leur sens. Au cinéma, il n’avait pas pu s’empêcher de la titiller, de la solliciter pour éveiller en elle ces sentiments de plaisir grisants qu’il adorait tant. Parce qu’avec elle, faire l’amour n’était pas que du sexe. Ca ressemblait bien plus à la parfaite manière de lui montrer qu’il l’aimait. D’ailleurs, il ne se passait probablement pas une journée sans qu’il n’ait envie d’elle. Naomi étant trop bien élevée, ils n’étaient pas passés aux choses sérieuses dans le cinéma, parce qu’elle ne voulait pas attirer l’attention sur eux plus que de raison, déjà qu’il était difficile pour eux de ne pas passer inaperçus. Alors il se promettait que ce soir, il l’enverrait toucher les étoiles, atteindre un summum jamais encore effleuré. Quand ils montèrent dans la voiture, il resta un instant à la contempler, et puis, il lui souffla : « Tu sais que t’es belle ? » Radieuse, lumineuse, rayonnante, il y en avait des qualificatifs pour la décrire. Il était heureux de voir qu’un sourire ne disparaissait pas facilement de ses lèvres, elle semblait nager dans le bonheur. Ashton se mit ensuite en route, conduisant la voiture de Naomi qui était bien plus appréciable que de conduire sa vieille guimbarde. Et puis, alors que la soirée aurait pu être parfaite, ils furent témoins d’un accident. C’était allé très vite, la voiture avait glissé après avoir perdu le contrôle et avait atterri dans la glissière de sécurité. Naomi lui ordonna de s’arrêter, et il soupira, déçu de ne pas pouvoir rentrer tout de suite. Il fallait que sa copine bosse aux urgences. Pour autant, alors qu’il s’arrêtait et qu’il sortit de la voiture, il resta immobile, choqué par le déroulement de la scène. Il aurait voulu se comporter en héros, mais il ne savait juste pas quoi faire, alors il regarda Naomi pour lui demander ce qu’il devait faire : « Tu veux que je fasse la circulation, que je le sorte de la voiture, que je fasse quoi concrètement ? » On lui avait fait des cours de secourisme au lycée, mais Ashton n’en avait pas écouté une bribe. Il s’en fichait, il ne pensait qu’au basketball. Alors là, il se sentait inutile, mais le type dans la voiture lui avait eu de la chance, parce que dans son malheur, il était tombé sur Naomi qui arrivait à sa rescousse.

Quelques minutes plus tôt avant que tout bascule, tout allait bien dans la voiture. Lorsque Ashton la regarda et lui déclara qu'elle était belle, Naomi éternua et le regarda d'un air désolé avant de passer ses mains sur son pull pour l'embêter. "Tu me trouves toujours jolie ?" lui demanda t-elle en éclatant de rire. De temps en temps, elle mettait de côté ses principes de princesse des îles pour redevenir la gamine plein de conneries qu'elle savait être. Leur complicité grandissait de jour en jour et de plus en plus souvent, Naomi laissait tomber son masque de glace pour se montrer tel qu'elle était réellement : drôle, attachante, affectueuse… Ashton réveillait sa pire et sa meilleure facette à la fois, c'était le propre de l'amour d'ailleurs. Cela vous faisait faire des folies mais aussi les pires insanités.. Mais l'heure n'était plus à l'amour, Naomi sentit son coeur s'arrêter de battre lorsqu'elle vit la voiture devant eux rentrer dans la barre de sécurité. Étudiante en médecine depuis sept ans maintenant, elle avait ordre de s'arrêter lorsqu'elle était témoin d'un accident, et de toute manière sa conscience personnelle ne pouvait la laisser agir autrement. La main sur la bouche, Naomi s'impatientait pendant qu'Ashton s'arrêtait au niveau de la voiture. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait confronter à un accident de voiture mais le pire dans ces moments-là était que tant qu'elle ne serait pas arrivée à la hauteur de la voiture, elle ne savait jamais à quoi s'attendre. Parfois c'était juste une petite égratignure, d'autre fois c'était bien plus grave. Naomi la plupart du temps essayait d'oublier ses interventions lorsqu'elle suivait les ambulanciers et travaillait avec les pompiers, beaucoup l'avait traumatisé et elle ne s'était jamais habituée à la violence de ce type d'accident. Aujourd'hui elle était seule face à la situation, avec pour seul aide Ashton. D'ailleurs ce dernier avait l'air plutôt paniqué et Naomi ne savait pas si il serait capable d'affronter la violence du choc. Ce n'était pas aisé pour tout le monde que d'affronter la violence de la vision que donne un accident, surtout un accident de la route. C'était assez étrange de voir ce grand enfant de deux mètres pas du tout dans son élément, il lui demanda alors ce qu'il était censé faire. "La circulation ? Euh oui, putain très bonne idée, j'ai un panneau dans le coffre va le mettre." Ouvrant sa boite à gant elle en sortit deux gilets jaunes de secours et enfila un. Elle n'était pas du tout en tenue de combat, vêtue d'une robe ultra-serrée un gros manteau léopard et des talons, ce n'était pas du tout pratique mais Naomi n'y pensait pas vraiment. Accourant vers la voiture, celle-ci était complètement retournée et le conducteur était en réalité… Une conductrice. Elle avait l'air d'être âgée de la quarantaine, une belle femme qui plus est. Elle était à demi-consciente et s'était ouvert la tête, de ce qu'elle pouvait voir. Le sang coulait dans ses beaux cheveux roux, ce qui serra le coeur de Naomi. L'airbag s'était déclenché mais le bras droit de la femme était totalement tâché de sang, contraste flagrant sur son chemisier de soie blanc. "Bonsoir, Madame, je suis étudiante en médecine je vais essayer de vous aider, ça va bien se passer. Ashton, appelle les secours et viens m'aider !" Naomi n'était pas censée avoir le droit de dégager une victime de la voiture, mais la ceinture était en train de l'étrangler et elle ne pouvait rester sans rien faire. Si elle la manipulait trop, elle risquait de lui casser quelque chose mais en même temps si cette position risquait de lui ôter la vie à l'usure alors qu'elle était quasi-miraculée cela valait la peine de prendre le risque, quitte à se faire engueuler par les secours, elle savait ce qu'elle faisait. Naomi regarda alors Ashton, il avait l'air un peu plus confiant que toute à l'heure. C'était souvent ce que ça faisait lorsqu'on secourait quelqu'un, on se rends compte lorsqu'on voit la victime que nous sommes sa seule chance de s'en sortir, qu'il faut donc assurer, montrer qu'on a du courage et qu'on gère la situation. Naomi n'en trouvait son petit ami que plus sexy. Bien qu'elle soit étudiante en médecine, sa présence la rassurait et lui donnait du courage pour affronter la vision de cette pauvre femme. "Il faut que tu soulèves la voiture pour que je puisse ouvrir la portière et la dégager, mais faut que tu le fasses super délicatement. Tu peux, hein ?"

A l’éternuement de Naomi et à ses mains qui s’essuient sur son pull, le jeune Irving ricane et la taquine : « Jolie, mais crasseuse pour une urgentiste ! » Ce ne sont peut-être pas des manières pour une dame, mais il a vu bien pire par le passé, alors il ne s’en offusquait pas plus que de raison, surtout qu’il y avait bien plus urgent à traiter. Ashton n’était pas tétanisé, mais presque. Ca lui faisait froid dans le dos d’assister en direct à un accident, et il espérait qu’il n’aurait pas une fin macabre. Et puis, le garçon jugea plus judicieux de rendre service dans un premier temps sans s’approcher de la voiture accidentée, parce qu’il craignait de ne pas avoir le cœur suffisamment accroché. Alors, il laissa le soin à Naomi d’agir, mettant juste le gilet jaune bien trop petit pour lui qui craqua quand il l’enfila, mais il le laissa en prévention sur ses épaules, comme si ça le protégeait. La jeune femme lui indiqua avoir un panneau dans le coffre, et Ashton ouvrit la voiture, tâtonnant un peu avant de récupérer le panneau et de le poser en évidence à une centaine de mètres de l’accident pour prévenir les autres automobilistes du danger, faisant des signes aux voitures qui passaient par là. Et puis, il revint d’un pas rapide, après avoir pris une bouffée d’oxygène prêt à affronter ce qui l’attendait dans cette voiture, ne souhaitant pas laisser sa copine toute seule, parce qu’elle avait beau être urgentiste, elle aurait surement besoin d’aide. Et une fois à sa hauteur, évitant de regarder la dame, toujours pas rassuré, il se reprit quand Naomi lui ordonna avec assurance d’appeler les secours, lui redonnant le courage nécessaire pour poser les yeux sur la personne accidentée, regardant tout en composant le 911 les endroits touchés afin de pouvoir fournir le plus de précisions à l’opérateur ou l’opératrice qu’il aurait au bout du fil. Ce fut une voix féminine qui répondit, et il mit ses idées en place avant de s’exprimer : « Oui bonjour, je m’appelle Ashton Irving, je suis sur Massachusetts Avenue un peu avant l’angle qui mène à Harvard, où il y a un accident. Une femme d’une quarantaine d’année a perdu le contrôle de son véhicule et s’est encastrée dans la glissière de sécurité. » La dame au bout du fil lui posa des questions, lui demandant des précisions sur l’état de la dame, si elle saignait, si elle était consciente ou inconsciente. Prenant le temps d’observer une fois de plus, quoique choqué, il se passa une main sur le visage et continua sa description. « …Oui euh oui, elle saigne de la tête et au niveau du bras… Elle a l’air consciente mais je pense, pas pour très longtemps, la ceinture l’étouffe… Ma copine est urgentiste, elle essaye de la secourir… » L’opératrice lui demanda d’attendre les secours qui venaient d’être avertis, et surtout de ne pas tenter de geste inconsidérés, qu’il valait mieux ne pas toucher la victime, juste de dégager la ceinture sans bouger la victime si c’était possible. Elle lui signala avoir enregistré son numéro afin de le contacter si besoin, et l’autorisa à raccrocher. Ashton la remercia avant de finir l’appel. « Oui, entendu, merci, au revoir. » Puis, il se tourna vers Naomi, qui commençait à s’affairer et ça l’inquiétait, alors il essaya de la dissuader de faire un geste inconsidéré : « Bébé, ils veulent pas qu’on la touche ! » Mais évidemment, il n’avait pas le dernier mot dans l’affaire, elle savait bien mieux ce qu’elle faisait dans ce cas, et il fallait qu’il apprenne à lui faire confiance. D’ailleurs, il était impressionné par la capacité qu’elle avait à agir vite, même dans une tenue loin d’être appropriée, et si le contexte l’avait permis, il lui aurait probablement sauté dessus, mais il fallait sauver une vie, et il était hors de question de se laisser distraire par la belle Braxton-Scott. Elle lui demandait de soulever la voiture, et s’il était un peu réticent de peur de faire une bêtise, il s’avança quand même, s’apprêtant à soulever une charge qu’il n’avait pas forcément l’habitude de soulever, puisque même s’il soulevait des charges énormes en salle de musculation, une voiture, c’était autre chose. « Ok…j’espère que je vais pas avoir d’emmerdes… T’es prête ? » Il attendit son aval et puis il saisit la voiture en s’accroupissant un maximum pour soulever autant qu’il pouvait, grimaçant, contractant tous ses muscles qui se raidissaient tant le poids était énorme. Et tandis que Naomi extirpait la dame, serrant les dents il finit par s’exclamer : « Putain ça pèse trois tonnes ! » Avant de reposer la voiture avec fracas au sol, s’écartant au maximum, à bout de souffle. Ses muscles le brûlaient, et il fut soulagé d’entendre le gyrophare des secours arriver au loin.

Contre toute attente, Ashton était parfaitement en mesure de gérer la situation. Et honnêtement, lorsqu'on était confronté par ce genre d'événement il était rassurant d'être en présence de quelqu'un qui ne cédait pas à la panique ou se laissait gouverner par ses émotions. Il était au top. Lorsqu'il prit son téléphone pour appeler les secours, elle pensa alors qu'elle avait une chance folle d'être tombée sur lui ce fameux soir de pyjama party chez les Cabot. Bien sûr elle ne s'était pas douté de la tournure que prendrait les événements mais aujourd'hui elle n'avait plus aucun doute sur les sentiments qu'elle ressentait pour lui. Il faudrait qu'elle songe à lui dire un jour.. Lorsqu'elle en aurait le courage. Mais pour le moment il n'était pas question de leurs problèmes de couple mais plutôt de cette pauvre dame qui venait de fracasser sa bagnole. Le couple se débrouillait à merveille, si l'on peut dire. Prenant en main les opérations, coopérant parfaitement, Naomi changea tout de même d'avis lorsque les secours insistèrent sur le fait de ne pas déplacer la victime. "Faut quand même que je détache cette putain de ceinture…" Impatiente que Ashton soulève légèrement la voiture pour parvenir à ouvrir la portière, elle attendit son signal pour ouvrir la portière d'un coup sec. La victime émit un petit grognement et la Braxton ne put s'empêcher de s'excuser. "Je suis vraiment désolée mais il fallait impérativement dé-serrer votre ceinture." Vérifiant qu'il y avait désormais du jeu, Nao décida finalement de ne pas la bouger par peur d'empirer les choses et se chargea de lui faire la conversation en attendant que les secours arrivent. La femme semblait commencer à reprendre ses esprits. "Je m'appelle Naomi, vous vous appeler comment ?" La femme lui répondit qu'elle s'appelait Sharon Crawford et qu'il fallait absolument qu'elle prévienne ses enfants qui l'attendaient chez elle, cela déchira le coeur de Naomi. Les pauvres petits devaient attendre leur mère avec impatience sans se douter qu'il ne la verrait pas de si tôt vu la gravité des blessures qu'elle s'était infligée.. "Ça va aller, on va les appeler, les secours vont le faire. Vous respirez bien ?" Elle avait un peu de mal à parler, mais cela restait intelligible. Naomi fut rassurée de sentir la main de son petit-ami dans son dos, ce soutien lui redonna un peu de baume en coeur mais ce n'est non sans soulagement qu'elle entendit les sirènes arriver au loin.

Rapidement, Naomi fut écartée de la voiture et la jeune femme se dirigea vers son petit-ami. La température avait nettement baissée et une odeur de pneu brûlé flottait dans les airs. Les voitures étaient de moins en moins nombreuses, l'heure avait bien tourné depuis leur sortie du cinéma. Elle tremblait de froid et se glissa alors dans ses bras, le regard toujours dirigé vers les secours qui venaient enfin en aide à la pauvre dame qui avait failli voir sa vie totalement basculer en une fraction de seconde. Il suffisait d'être au mauvais endroit, au mauvais moment pour que tout bascule. Naomi savait à quel point la vie pouvait être fragile, depuis qu'elle travaillait aux urgences elle avait compris qu'il fallait profiter de chaque moment qu'il nous était donné de vivre parce que définitivement notre temps était compté et que la vie ne nous faisait pas toujours de cadeau. Et bizarrement, depuis que Naomi était tombée amoureuse d'Ashton elle avait d'autant plus peur qu'il lui arrive quoique ce soit. Un adage dit que chaque personne qu'on décide d'aimer, c'est une personne que l'on risque de perdre et le lien qui unissait les deux jeunes gens étaient seulement uniquement brisable par un destin funeste. "J'espère que ça ira pour elle… On devrait remonter dans la voiture, je leur ai laissé mon numéro au cas où mais ils n'ont plus besoin de nous." Fixant encore quelques secondes le triste spectacle qui se déroulait devant ses yeux, Naomi prit finalement la main de son copain pour regagner la voiture. Une fois assise à l'intérieur, elle le laissa s'installer puis quelques secondes après se jeta sur lui pour un baiser passionné, comme si c'eût été le dernier. "J'ai tellement de chance de t'avoir.. Tu sais parfois je me demande ce que je faisais avant de te connaître, si j'étais vraiment heureuse… Si jamais je devais te perdre, je sais pas comment je ferais. T'es.. T'as vraiment, vraiment changé ma vie Ashton Irving." Elle n'aimait pas les grandes déclarations ni mettre des mots sur ses sentiments mais ce qu'il s'était passé ce soir avait été comme un électrochoc pour elle et elle avait besoin d'un peu de réconfort et d'affection après ce qu'ils venaient de vivre tous les deux.

Leur rôle était fini. Ils avaient assuré ensemble, ils avaient secouru du mieux qu’ils le pouvaient la quarantenaire, qui, ils l’espéraient s’en sortirait sans dommage et pourrait retrouver sa petite famille tranquillement, laissant derrière elle ce mauvais souvenir et remerciant dieu d’avoir été toute seule dans cette voiture ce soir-là, et non avec un de ses enfants. La vie ne tenait qu’à un fil. Ashton ne l’avait pas compris ce soir-là puisqu’il vivait avec la peur au ventre que sa mère passe l’arme à gauche dans peu de temps et qu’il savait donc l’importance du profit de chaque instant, mais ce soir, il avait pris conscience d’autre chose : il fallait dire aux gens que vous les aimiez, parce qu’il se pourrait que ce soit la dernière fois que vous lez voyiez, et vous n’aurez peut-être jamais le temps de leur dire au revoir. Ashton ne veut pas que ça arrive. Si demain ne vient jamais, il veut être sûr d’avoir dit à sa mère qu’il n’aurait pas pu avoir meilleure mère, qu’elle a été son pilier et qu’elle continuera de l’être pour l’éternité. Il voudrait dire à son père qu’il n’a pas à s’en faire, que même sans lui, il a réussi, et qu’il ne lui aurait rien apporté. Il voudrait dire à Naomi au combien il l’aime et qu’il voudrait qu’elle ne l’oublie jamais, lui promettant de veiller sur elle. Mais il espérait que ce jour n’arriverait jamais. Ou du moins qu’il survienne le plus tard possible. Il avait de nombreuses choses à accomplir en ce monde, et il voulait profiter de ses jeunes années pour devenir quelqu’un de meilleur dans le futur. Il s’imaginait presque avoir des enfants avec Naomi et les voir grandir parmi eux, entre les matchs de NBA et l’emploi du temps chargé d’une cancérologue. Et tout ça, à seulement vingt ans. Naomi se rapprocha de lui, et il l’enlaça pour la réchauffer, posant sa main sur sa tête qu’il posa doucement contre son torse, se voulant rassurant au possible. Il était fier d’elle. Cette fille avait vraiment tout pour devenir un médecin hors pair. Elle était dévouée et n’avait pas hésité à rendre sa soirée plus morose pour sauver quelqu’un. Naomi, elle avait un potentiel incroyable. Elle avait su garder son sang-froid quand Ashton avait commencé à paniquer, et c’était elle qui lui avait insufflé un second souffle pour le pousser à agir avec courage. Elle avait bien fait les choses, elle voulait s’assurer que tout irait bien, mais ils avaient rempli leur tâche, ils avaient fait leur bonne action, il était temps de rentrer pour souffler et ne plus y penser. « T’as été héroïque princesse… Elle a eu de la chance de tomber sur toi. » Et lui aussi, et il se vanterait toujours d’avoir su la conquérir le premier soir de leur rencontre. Parce que bien des choses avaient changées depuis, et que sa vie ayant pris un tournant, elle lui apparaissait encore plus belle. Ils marchèrent un court instant jusqu’à la voiture, où Ashton prit le volant une fois de plus, convaincu qu’il était plus en état qu’elle de conduire, même si ses avant-bras le brûlaient encore tant la charge avait été monstrueuse à supporter. Et puis, il eut à peine le temps de poser le regard sur elle que Naomi fondit sur lui, se jetant dans ses bras pour l’embrasser passionnément, comme jamais elle n’avait pu le faire auparavant. Elle avait eu peur. Ca se sentait. Cet accident l’avait faite réfléchir, il en était persuadé. Là, se détachant légèrement de lui, elle lui fit une déclaration à laquelle il ne s’attendait pas, et qui illumina son regard, comme si des milliers d’étoiles brillaient là. Pourtant, il ne voulait pas qu’elle commence à s’inquiéter, alors il la poussa à venir sur ses jambes en la saisissant, et en cherchant à la rassurer en la prenant dans ses bras : « Hey… il va rien m’arriver mon cœur. Je suis là, regarde. Tout va bien. Et je compte pas t’abandonner. » Il lui sourit avant de reprendre ses lèvres dans un baiser plein d’amour, caressant sa joue avant de prolonger le baiser et de lui souffler : « Je croyais ne jamais aimer qu’une femme dans ma vie, et je me suis rendu compte que je me suis trompé… » Il n’y avait pas que l’amour pour sa mère, il y avait aussi cet amour surpuissant qui était né entre eux.