Surprise ! | Prudence

Ce matin, dès mon arrivée, mon patron était venu me voir pour m'indiquer que cette semaine j'aurais une stagiaire avec moi lorsque je serais au bureau. Cela ne me dérangeait pas outre mesure, en effet il fallait bien passer par là, moi même j'y étais passer pour en arriver là, à écrire ma propre rubrique dans le journal, faire un truc qui me plait sans personne pour me casser les pieds. Cependant, cela n'allait pas être très confortable pour elle car elle allait être balladée à droite à gauche comme je n'étais pas tout le temps au bureau, suivant mes cours en parallèle de mon travail ici. Après m'avoir averti il avait filé à son poste et je m'étais mis au mien. C'est à neuf heures tapantes, un peu avant peut être qu'on avait frappé à ma porte m'obligeant à lever le nez de mes affaires. " Oui entrez ! "

Arpentant les couloirs du journal, je foulais la moquette de mes talons, observant avec attention ceux qui m’entourait. Prendre un stage en même temps que mes études était là une bonne solution pour m’occuper l’esprit. Le stage à la Maison Blanche m’avait permis de me recentrer sur mon avenir. Je devais faire abstraction de ma vie personnelle. Pour l’instant, c’était le mieux à faire. Pour cet important rendez-vous, je m’étais vêtue d’un tailleur noir chanel accompagné d’une chemise fluide bleu canard. Arrivé à la réception, je demandais le bureau de mon tuteur. Une fois l’information en tête, je me dépêchais d’atteindre son bureau. Plissant une dernière fois, ma chemise, je frappais légèrement à la porte. Sur mon visage, on ne pouvait voir aucune trace de nervosité. Ici, je faisais la démonstration du parfait contrôle. " Oui entrez ! " Poussant cette dernière, je rentrais dans le bureau, avant de parler d’un ton  qui se voulait professionnel. « Mr Clifford, je suis… » Je m’arrêtais net en voyant l’homme qui me faisait face. Je me souvenais de lui pour avoir partagé une nuit et maintenant, il était mon tuteur. Voilà, pourquoi je faisais tout pour devenir sainte : pour éviter les ennuis. Cependant, je décidais de faire comme si de rien n’était. Avec un peu de chance, il ne se souvenait pas de moi. « la nouvelle stagiaire »

Ce qui m'arrivait là était tout à fait le genre de poisse habituelle qui ponctuait ma vie. J'y étais abonné et cela n'avait pas l'air de changer quoi qu'il arrive. La stagiaire venait de faire son apparition devant moi, dans l'encadrement de la porte et à peine l'avait elle passé que je l'avais reconnu. J'allais avoir en stagiaire une fille avec qui j'avais couché il y a quelques mois. Oui les filles passent dans mon lit mais quand même je me souviens d'elles, de leur visage et avec un peu de chance de comment ça s'est passé et de leur prénom. " Prudence... La nouvelle stagiaire... Ok... Ca n'a pas l'air d'être une blague. " Je me serais bien pincé pour voir si je ne rêvais pas mais ce n'était pas la peine, je n'avais pas un brin de sommeil en moi qui pourrait me le faire penser. " Ferme la porte et assis toi ma foi... Je pense qu'il va falloir qu'on évoque deux trois petites choses pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. " Je n'étais pas gêné par rapport à elle mais je sentais qu'elle pouvait l'être alors autant évacuer les mauvaises ondes de suite.

" Prudence... La nouvelle stagiaire... Ok... Ca n'a pas l'air d'être une blague. " L’espoir qu’il est oublié mon existence était peu réaliste et il me montrait clairement qu’il me connaissait. Super. Si j’avais été lâche, j’aurais surement démissionné, mais je n’étais pas une lâche. Là était le problème. " Ferme la porte et assis toi ma foi... Je pense qu'il va falloir qu'on évoque deux trois petites choses pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions. " Quelles choses ? Pitié, je n’avais pas besoin d’un petit serment. Refermant la porte correctement, je venais m’assoir en face de lui. Avant qu’il ne reprenne la parole, je décidais de prendre les devants. « Ecoute, on a couché une fois ensemble. Il n’y a aucune gêne et je suis là pour travailler. Alors, autant faire en sorte que tout se passe bien » Mon ton n’était pas intime. Au contraire, il était franc voir lasse. Pour concrétiser le tout, je laissais un sourire étirer mes lèvres. De mes yeux verts, j’analysais la silhouette d’Ezra. Il était clair, qu’en tant que tuteur, il était beaucoup mieux que ce que j’avais imaginé. Autant travaillé avec quelqu’un de jeune et d’agréable. Un vieux con aurait fait l’affaire, mais cela n’aurait pas rendu ce stage intéressant.

Alors que j'allais mettre les points sur les i à propos de cette fameuse nuit pour que ni elle ni moi ayons à nous en faire pour cela, elle prit les devants. C'était plutôt pas mal mais sur un autre ton ça aurait été mieux. " On est d'accord. Il va juste falloir me parler sur un autre ton parce que je ne suis pas sûr que ça le fasse autrement. T'es genre stagiaire ici, ça serait bien d'être crédible par rapport à moi si tu veux qu'on oublie ça et que les autres ne se doutent pas d'un truc. " Ma vie personnelle ne regardait personne ici et ce n'était surement pas elle qui allait changer cela. J'espérais donc qu'elle se comporte comme si ce n'était jamais arrivé oui, ce serait mieux, mais pour cela il fallait qu'elle se montre moins à l'aise dans ses paroles avec moi. " Tout se sait ici, si ça pouvait être le premier truc qui ne se sait pas, ça serait cool ! Et puis ça serait dommage pour toi de devoir changer de tuteur pour ton stage tu as le meilleur en face de toi! " Un large sourire monta jusqu'aux oreilles d'un coup. J'aimais me lancer des fleurs parfois surtout lorsqu'on ne le faisait pas. Cependant il y avait tout de même de l'ironie dans mes paroles.