tu m'gaves vraiment (jacey)

Les cours commençaient à me saouler, je n'aimais pas la routine et là, je ne pouvais pas faire autrement. J'étais obligée de suivre ce rythme parce que j'avais un but dans la vie et que je comptais bien devenir avocate, coûte que coûte. Certes, j'me donnais pas vraiment à fond dans mes études. Si je bossais vraiment, j'aurais des notes excellentes et je ferais partie des meilleurs élèves, je le savais très bien. Je n'en avais juste pas envie, car je voulais profiter de la vie, des sorties et non pas rester enfermer chez moi pour apprendre chaque soir. Bref, c'était encore une longue journée qui s'annonçait, alors que j'arrivais à l'université. Je disais bonjour à quelques amis, grand sourire aux lèvres comme pour montrer que tout allait bien, que j'étais entièrement heureuse et épanouis de me lever tôt pour suivre les cours. Je rentrais dans le hall, regardant rapidement mon emploi du temps. Il manquerait plus que je me trompe de salle et me retrouve dans un cours encore plus ennuyant et long que les miens, sérieusement ! Je soupirais, le rangeant dans mon sac et en relevant la tête, je me pris quelqu'un de plein fouet. Merde, il m'avait défoncé le bras ce connard. Il courait ou il avait juste trop de muscles ? Ce qui était probable, vu que je ressemblais à une brindille d'herbe. Je me tournais. Ce serait bien que tu regardes où tu marches parce que.. Je m'arrêtais de parler quand il releva la tête. Oh non, pas lui, pitié. C'était la dernière personne que je voulais voir. Ca m'étonne même pas du coup.. Surtout, reste éloigner de moi, j'ai pas envie de te parler. disais-je avec un sourire, tournant les talons pour aller en cours. Pitié, dites-moi qu'on a pas le même cours maintenant et qu'il ne va pas me suivre, pitié.

Jacey avait l’art de se poser trop de questions, l’art de se compliquer la vie quand les choses pouvaient être simples. Le jeune homme était du genre à apprécier les challenges, à toujours trouver une extra-motivation pour toucher toujours plus d’étoiles, mais parfois ça se retournait contre lui. Le jeune homme avait toujours vécu dans un cocon, couvé par les siens, bien qu’adopté, il avait appris les valeurs de la vie en les rendant fiers et ce perfectionnisme à rechercher et à atteindre le rendait plus vulnérable que ce qu’il le pensait. S’il se sentait fort dans son domaine, qui était le droit, il était bien moins sûr de lui en termes de sentiments. Les filles lui faisaient tourner la tête. Parfois c’est une et ses faiblesses qui l’envoutent, et parfois c’est un caractère explosif qui va le rendre tout chose. Ca va, ça vient, il s’attache puis se détache, jusqu’à trouver la bonne personne, mais pour l’instant, il n’a pas trouvé chaussure à son pied. Quand une fille lui plait, c’est toujours pour une bonne raison. Il a dernièrement jeté son dévolu sur Marley. Marley elle est si intrigante ! Il a l’impression qu’elle le déteste, parce qu’il est hautain en cours, parce qu’il étale sa science. Mais depuis, Marley, il ne fait que la taquiner. Il adore ruiner ses feuilles de cours par des dessins en tous genres, lui lancer des gommes dans la tête, la faire ricaner quand elle doit s’exprimer à l’oral, bref, il se plait à la rendre chèvre, et pas seulement. Parce qu’il a voulu lui faire comprendre qu’il n’était pas seulement question d’enfantillages. Une fois interrogée à l’oral, il a glissé sa main sur sa cuisse et n’a pas arrêté de la titiller pour lui faire perdre les pédales. Et évidemment, à chaque fois, elle s’énerve. Jusqu’au jour, où Marley a craqué. Elle l’a embrassé, et il n’a pas réagi tout de suite, bien trop fier de lui et de son petit effet. Il l’avait contemplée un instant, et puis, il l’avait embrassée à son tour, avant de la laisser en plan, seule, afin de la faire languir, de la faire réfléchir. Il avait cru qu’elle se serait pointée plus tard, mais elle n’en avait rien fait. En fait, elle avait mal pris ses agissements. Il fallait qu’il la croise, pour en être sûr. Et justement, ils avaient cours ensemble. Il choisit délibérément de la bousculer quand elle fut suffisamment proche de lui, afin de provoquer sa chance. Marley confirma ses pensées. Elle n’avait pas envie de le voir, il l’avait vexée, et avant qu’il puisse dire ou faire quoi que ce soit, elle tourna les talons pour se rendre en cours. Evidemment il la suivit et s’installa à côté d’elle. « Je te ferais pas ce plaisir. » Lâche-t-il alors à son attention en posant ses fesses sur le siège d’à côté. « Je t’ai manqué ? C’est pour ça que tu fais la tête ? » Il s’amusait inlassablement de la voir dégoupiller. Le cours commençait dans un quart d’heure, il avait un quart d’heure pour profiter de la situation.

Je voulais vraiment pas le voir. Je le supportais plus. Enfin, en fait, je ne l'avais jamais vraiment supporté. Fallait dire qu'il avait tout fait pour que je le déteste, clairement. Je ne savais pas trop ce qu'il cherchait à énerver une fille comme moi. Aussi impulsive, grande gueule, têtue, chiante. Il avait pas peur de mourir lui, ça, c'était clair. Mais bon, malheureusement, on avait les mêmes cours la plupart du temps vu que l'on faisait du droit tous les deux. Parfois, j'aimerais changer de cursus juste pour ne plus l'avoir avec moi. Il m'avait cherché, il m'avait poussé à bout et le jour où je l'embrasse, en pensant que ça aller le calmer, qu'il allait arrêtait, il.. Il s'est juste barré. Après m'avoir embrassé de nouveau, quand même, faut pas oublier. Ouais, tout en classe et en finesse. Alors pour quelles raisons est-ce que je serais retournée lui parler ? On ne foutait pas de plan dans ce style à Marley Jenkins. Parce que je supportais pas ça et que je pouvais être assez rancunière quand je le voulais. Après m'avoir bousculée, il m'avait suivis et.. Putain, il s'était assis à côté de moi en cours. J'allais devoir le supporter pendant plusieurs heures ? J'avais bien peur que ce soit au-dessus de mes forces ça.. Oh oui, bien sûr, tu m'as horriblement manqué ! Le large sourire sur mes lèvres le prouve. répondais-je en tournant la tête vers lui, lui lançant le plus hypocrite des grands sourires. Je crois que c'était pire que la dernière fois avec Brynn dans le cimetière. Tiens, je me demandais tout à coup si j'aurais pas préféré passer plusieurs heures avec la bimbo blonde.. Je soupirais, reportant mon attention sur Jacey. Sérieusement, t'as vu le nombre de places libres dans cette pièce ? Tu veux pas dégager ailleurs ? demandais-je avec un beau sourire, me demandant si cela ne pourrait pas l'amadouer mais.. Non. Bien sûr que non, ça ne marchera pas de toute façon..

Jacey était l’insouciance même. Parfois, on dirait que le petit garçon qu’il était n’a jamais grandi. Il ne se pose pas de questions, il agit spontanément, il fait tout ce qui lui passe par la tête et se soucie des répercussions ensuite. Il n’est pas comme ça dans son travail d’avocat, bien plus réfléchi. Il est un paradoxe à lui tout seul le pauvre garçon. Il ne sait jamais où il en est parce qu’il ne parvient pas à faire des choix, et c’est le cas avec tout le monde. La petite Marley, elle a l’air de savoir ce qu’elle veut contrairement à lui, et c’est peut-être pour ça qu’elle lui plait bien, qu’elle est parvenue à capter son attention, et qu’il semble s’amuser inlassablement de chacune de ses réactions. Il sait qu’il l’agace sans cesse, et il veut savoir pourquoi. Tant que Jacey provoque une réaction chez quelqu’un, il ne s’en opportune pas. Parce qu’il préfère être détesté qu’être ignoré, car les émotions peuvent changer, tandis qu’être ignoré est la pire des sensations pour lui. Alors qu’il s’est posé tranquillement à côté d’elle, elle le fusille du regard et emploie le sarcasme comme s’il était de rigueur à son attention, et le futur avocat se plait à jouer sur son attitude : « Il aurait fallu que tu ne souries pas pour que tes propos soient considérés comme véridiques. Là, tout ce que tu fais, c’est mon convaincre que je t’ai manqué. L’hypocrisie te va mal, cela dit ! » Et puis elle propose ‘gentiment’ au garçon de déguerpir ailleurs, voir si les places ne sont pas plus confortables ailleurs, et Jacey feint une étrange douleur en grimaçant : « Oh j’ai la flemme de bouger ! Je vois bien ici, j’ai une vue d’ensemble. » Balança-t-il en se tournant à tout va pour contempler la salle. Et puis, il se rapproche d’elle, lui souriant avec malice, renforçant le malaise en jouant sur la proximité, et il lui souffle proche de son oreille : « Avoues que t’as kiffé m’embrasser la dernière fois… » Il la contemplait avec défi, comme s’il se doutait bien qu’elle allait nier en bloc et qu’elle chercherait à s’échapper de ce moment gênant. Mais lui souhaitait savoir coute que coute. Ce qu’il souhaitait obtenir en jouant de la sorte ? Il ne savait pas bien, mais il irait jusqu’au bout quand même. Et puis, il la regarda interloqué, soudainement, comme s’il avait besoin de détendre l’atmosphère pour ne pas la faire fuir : « D’ailleurs, pourquoi tu m’as embrassé ? » Pour lui, c’était survenu à un moment où il ne s’y était pas attendu, et il aurait aimé saisir si c’était juste pour le faire taire, ou si elle avait eu de la suite dans les idées, auquel cas il comprendrait mieux sa rancune.

Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je devais le supporter ? J'étais devenue sa cible, clairement. Pourtant, il y avait énormément de gens et de filles ici ! Bon, très peu n'avait une aussi grande gueule et autant de réparti que moi, certes, mais ce n'était pas non plus une raison valable pour me faire constamment chier, non ? Je l'écoutais parler et je bouillais de l'intérieur. Il me gavait à me parler comme cela, sérieusement. Ca me donnait juste envie de lui en mettre une. Chose que je ne ferais pas, bien évidemment. Je n'étais pas du genre violente, je ne me battais pas souvent dans ma vie, donc ce n'était pas maintenant que cela allait commencer. Surtout pas avec lui. Ecoute, si ça peut te faire plaisir de croire que tu m'as manqué, tant mieux pour toi. disais-je en levant les yeux au ciel. Vivement que ce cours commence, qu'il me laisse tranquillement. Même si, en fait, je sentais qu'il allait me faire chier tout le cours. Surtout qu'on était bien au fond, tranquille, sans personne. Je risquais de commettre un meurtre, je tiens à le dire. Je le regardais contempler la salle, comprenant que ça n'avait pas marché et qu'il allait rester là. Il faisait quoi là ? Pourquoi est-ce qu'il se rapprochait autant de moi ? A sa question, j'eus une soudaine envie d'avoir le pouvoir d'invisibilité, vraiment. Prends pas tes rêves pour la réalité, c'est toi qui a dû kiffé pour m'embrasser de nouveau. rétorquais-je en tournant la tête vers lui, lui lançant un beau sourire. Il croyait qu'il allait réussir à me déstabiliser ? Certes, je l'étais, mais je ne le montrais jamais et je restais totalement impassible face à lui. J'arquais un sourcil concernant sa question. Très bonne question. Une chose était sûre, je ne risquais pas de le refaire, j'étais en couple maintenant. Et même si ça va être compliqué, même si Arès risque à tout moment de me tromper, j'ai aussi très peur de merder pour le coup. Je voulais que tu la fermes. répondais-je en haussant les épaules, comme si de rien n'était. Et je tournais ma tête vers lui, faisant mine d'être surprise. Tu n'as quand même pas cru qu'il y avait autre chose ? Je suis en couple maintenant en plus. rajoutais-je, avant de me concentrer de nouveau sur le reste de l'amphi. Dire clairement que j'étais en couple, ça me faisait bizarre. Mais surtout, je me demandais s'il allait me croire, parce que je ne sais même pas pourquoi je l'avais embrassé..

Jacey ne prêtait pas attention à ce que pensaient les gens de lui. Il se savait volage, il aimait bien flirter sans pour autant aller plus loin, même s’il était déjà engagé ailleurs. Il était comme ça, il papillonnait. Ca ne voulait pas dire qu’il n’était pas attaché à sa copine, bien au contraire, mais le garçon était incapable de faire des choix arrêtés. Il fallait toujours qu’il profite de toute situation. On dit souvent que c’est parce qu’il a été élevé comme un enfant roi, mais pas tous deviennent comme lui. Avec Marley, il profitait juste de la situation, parce qu’un quiproquo était né. A force de jouer, Jacey avait créé une situation embarrassante pour l’un comme pour l’autre, et si Marley ne savait pas comment faire pour s’en dépêtrer, Jacey semblait s’y trouver à sa place et prendre du plaisir à l’enquiquiner. Elle se demandait surement pourquoi elle ? Et il n’y avait pas plus de raisons que cela à son comportement. « Ah mais oui ça me fait carrément plaisir ! » S’amusa-t-il comme un enfant. Autant plaisir que d’avoir reçu un baiser de sa part la dernière fois. Sa surprise avait bien fonctionné. Marley l’avait mis sur le cul cette fois-là, mais elle n’avait plus aucune carte à abattre, ce qui était bien dommage. Il ricana. Elle avait de la répartie. C’était normal en droit, cela dit. « Non en fait t’embrasse tellement mal que je voulais te montrer comment on fait, tu pourrais me remercier ! » Il lui fit un clin d’œil en tirant la langue. Un vrai gamin, le jeune Brooks quand il l’avait décidé. A sa question, elle lui répond que c’était juste pour le faire taire, et il afficha une moue pour lui prouver qu’il y croyait moyennement. « Il y a d’autres moyens de me faire taire tu sais… » Sous-entendu qu’elle en avait juste envie, et qu’elle n’avait pas pu lui résister. Marley lui annonça être en couple, ce à quoi il répondit par un haussement d’épaules. « Et alors ? Moi aussi, et j’en fais pas tout un plat. » Avec Jade il y avait des hauts et des bas, ils faisaient des pauses, souvent, mais ça tenait la route. Ce qui ne l’empêchait pas de pousser le vice aussi loin qu’il le pouvait quand il avait besoin de se distraire. Il se doutait que Jade aille voir ailleurs quand ils mettaient leur couple entre parenthèses, et si ça l’énervait, il ne pouvait rien dire, parce qu’il faisait pareil, si ce n’est pire. Il se pencha vers Marley et il lui lança : « Je parie que t’arriveras pas à me résister une seconde fois, aujourd’hui. » Il était prêt à lui en faire voir de toutes les couleurs.

Je crois sincèrement que ce mec faisait absolument tout pour me rendre complètement dingue. Il avait l'air de ne pas avoir compris que j'avais le sang chaud, que j'étais impulsive et que je pouvais très vite démarrer. Ou alors, il avait compris et ça l'amusait, allez savoir, j'arrivais pas vraiment à comprendre ce mec. Ce qui m'énervait d'ailleurs, car j'aimais pouvoir comprendre chaque personne que je côtoyais. Je tournais ma tête vers lui, ouvrant légèrement la bouche. Pardon ? Je savais pas embrasser ? Il se foutait de ma gueule. J'embrasse très bien, c'pas ma faute si t'as pas l'habitude de ça. rétorquais-je en haussant les épaules. Non mais oh, il a cru quoi lui. Mais bon, il fallait que je reste calme, car il ne cherchait qu'à m'énerver de toute façon, donc ce n'était pas la peine de lui donner satisfaction. Même si ça allait être dur de garder mon calme.. Disons que j'ai essayé. Et ça avait plutôt bien marcher vu que tu m'as laissé tranquille quelque temps. disais-je en lui lançant un sourire. Après tout, j'avais quand même réussi à avoir la paix un peu. Malheureusement, ça n'avait pas duré, mais bon, c'était quand même mieux que rien, non ? Il m'annonçait ensuite que.. Il était en couple ? Comment ça ? Mais je savais pas que t'étais en couple ? Mais ça fait longtemps ? demandais-je en le fixant, avant d'arquais légèrement un sourcil. Tu m'as embrassé alors que t'es en couple ? Vous avez une relation étrange non ? demandais-je légèrement surprise. Autant dire que je ne m'y attendais pas du tout à celle-là et j'étais maintenant surprise. Puis merde quoi, j'avais embrassé un mec en couple ! Fin, en couple.. Ca avait l'air d'être un couple compliqué pour qu'il m'ait embrassé aussi. Je tournais la tête vers lui, riant légèrement. Oh si, crois-moi, je vais très bien tenir. Que tu sois proche ou loin de moi, ça changera rien, je craquerais pas. m'exclamais-je en lui faisant un clin d'oeil.

Jacey souriait avec malice, comme s’il avait fait une bêtise dont il était fier. Au fond, il n’avait pas fait grand-chose de mal à part enquiquiner son monde comme il savait si bien le faire. Marley n’était pas son souffre-douleur, mais il y avait un truc chez elle qui lui plaisait suffisamment pour qu’il fasse le couillon et qu’il la provoque jusqu’à ce qu’elle sorte de ses gonds. Elle devait savoir que Jacey n’était pas un mauvais garçon, qu’il n’irait pas jusqu’au bout pour la détruire comme il pouvait le laisser penser en faisant son plaidoyer à chaque cours de droit. C’était comme avoir deux personnalités, le travail c’était du sérieux, la vie au contraire, c’était une bonne partie de rigolade. « Mais te vexe pas comme ça, c’est pas grave si tu sais pas embrasser ! Y a des geeks pleins de boutons avec appareils dentaires qui y trouveront leur compte ! » L’image était quand même hideuse. Le jeune homme se moquait gentiment, mais au fond, il disait bien n’importe quoi. Il l’avait embrassée tout de suite après son baiser comme une réponse machinale, pour la laisser dans le flou, parce qu’il était persuadé qu’elle avait craqué face à ses multiples provocations toujours plus suggestives, et qu’elle craquerait encore s’il s’amusait à recommencer. Marley était persuadée d’avoir eu la paix parce qu’elle l’avait embrassé, et il arqua un sourcil, surpris qu’elle pense une telle chose. « Attends, attends, tu crois vraiment que t’as réussi à te débarrasser de moi un temps ?! Mais c’est juste parce que j’avais mieux à faire que passer du temps avec une fille qui ne sait pas embrasser, c’est tout ! » Il leva les yeux au ciel, feignant l’aberration avant de lui faire un clin d’œil accompagné d’un léger tirage de langue. La suite des révélations poussa Marley à croire à un mirage. Oui, il était en couple. Aussi surprenant que ça puisse paraitre. Il fit la moue. Il n’aimait pas parler de son histoire avec Jade parce qu’elle était complexe et que les gens se plaisaient à juger leur façon de faire. Il avait déjà les amis de Jade sur le dos, il n’avait pas envie que Marley s’y mette aussi. « Si on omet les pauses régulières, ça fait deux ans. » Deux ans, ça semblait presque impossible. Marley semblait surprise qu’il ait poussé le vice jusqu’à en embrasser une autre, et il rectifia immédiatement : « TU m’as embrassé. Moi je n’ai fait que répondre. » Mais il entretenait bien une relation surprenante aux yeux de tous, mais il n’avait pas envie de se justifier, parce que personne ne comprendrait. Il haussa les épaules. « Ce que je fais avec ma copine c’est pas censé te regarder ! » C’était à lui de gérer. Personne ne pouvait remettre en question son amour pour Jade. Il était sincère. Faire un choix pour la vie lui posait cependant problème, faire un choix pour finalement se retrouver en carafe, aussi. Alors il profitait de tous les plaisirs de la vie sans se soucier de sa bonne conscience. Jacey posa le regard sur Marley, et puis pour changer de sujet, il balança : « Tu préfères être cocue ou que ton mec le soit ? » A choisir, autant ne pas être celui qui recevra des roses jaunes. Sauf que dans le cas de Jacey, les deux membres du couple pouvaient recevoir des tonnes de bouquets.

Il m'énervait. D'où j'embrassais mal ? Je savais que c'était faux, je le savais très bien et il ne risquait pas de me faire croire le contraire, mais alors vraiment pas. Le problème, c'est que ça avait l'air de l'amuser quand je m'énervais et j'avais beau essayer de rester calme, j'avais beaucoup de mal. J'ai le sang chaud, j'ai vraiment du mal à me contenir, ce qui était un problème, sans aucun doute. T'es gentil, mais mon copain est loin de ressembler à ça, il a plus la tête d'un mannequin qu'autre chose. disais-je en affichant un large sourire. Arès était vraiment canon, je n'avais absolument pas honte de lui car il est clair je ne savais pas si je pourrais avoir un copain aussi beau que de lui dans le futur. Dans l'optique où notre relation ne durerait pas, bien évidemment. Je tournais la tête vers lui, arquant un sourcil. Il était bien sérieux là ? Bien Marley, tu gardes ton calme, tout va bien, il le fait exprès pour te rendre dingue. Je ne voulais pas lui donner satisfaction non plus. Oh, vraiment ? Mais alors qu'est-ce que tu fous là ? Retournes à tes occupations et lâche-moi, que tout l'monde soit heureux. répondais-je en fronçant les sourcils. Ouais, j'essayais d'être impressionnante, mais bon, je ne ferais même pas peur à une mouche donc. Whaaaat ? Deux ans qu'il était en couple ? J'étais choquée. Non pas parce que c'était lui et que je ne pensais absolument pas qu'il était en couple, mais surtout parce que deux ans, c'était énorme à mes yeux et jamais l'une de mes relations n'avaient duré autant de temps. Bah félicitations, parce que deux ans, c'est réellement énorme pour moi tu vois. m'exclamais-je en faisant une légère grimace. Si un jour, l'une de mes relations durait aussi longtemps, j'en serais carrément fière. T'étais pas obligé de répondre et pas de soucis, j'vais pas te forcer à parler. répondais-je en haussant les épaules. Je tournais la tête vers Jacey, lui faisant les gros yeux. C'était quoi cette question ? Et vu comment était Arès avec la fidélité, autant dire que cette question me bloquait carrément. Je préfère que personne le soit, c'est mieux. répondais-je doucement, reportant mon regard sur ma feuille où je gribouillais légèrement.

Il adorait taquiner Marley. La jeune fille était si impulsive qu’il n’était pas difficile de la faire dégoupiller. Elle se justifiait tout le temps, et Jacey ne cessait de l’embêter, juste pour rire. Elle était jolie comme fille, il était bien normal que son copain ne ressemble pas à l’un de ces jeunes peu gâtés par la nature, même s’il fallait dire que parfois on peut aller au-delà du physique, et c’était justement l’argument dont il se servirait : « Ah donc si j’ai bien compris, tu t’en fiches qu’il ait un cerveau ou pas. Toi pour te conquérir, il faut être mannequin ! C’est bon à savoir ! Ca marche les mannequins dans les vitrines des magasins ? » Il ne disait que des bêtises, Jacey était comme ça. Un boute-en-train capable de se tourner en dérision et d’apparaitre ridicule, c’était comme ça qu’il concevait la vie : pourquoi faire bonne impression dans la vie de tous les jours quand vous pouvez faire rire tout le monde ? Faire bonne impression c’était bon pour son métier, dans lequel il était on ne peut plus sérieux. Jacey éclata une nouvelle fois de rire quand Marley prit la mouche. Elle partait si vite au quart de tour, qu’il n’avait même pas besoin de forcer son talent. « Ooooh pauvre petite Marley, je t’ai vexée ! T’aurais voulu être le centre de mon monde ? C’est mignon ! » Acheva-t-il en lui pinçant la joue comme on le ferait à un enfant. Le sujet complexe fut ensuite abordé, et Jacey ne savait pas s’il était judicieux de s’aventurer sur ce terrain-là. Marley semblait impressionnée par la longévité de son couple, et il haussa les épaules parce qu’il ne trouvait pas ça extraordinaire. « Tu sais pas garder une relation parce que tu te lasses, ou il y a d’autres raisons ? » Jade et Jacey tenaient la distance parce qu’ils avaient développé un sentiment immuable qu’était l’amour et que malgré les disputes, celui-ci les ramenaient toujours l’un vers l’autre, du moins tant que les disputes étaient futiles. « C’est pas que j’ai pas envie d’en parler, c’est que j’ai pas envie que les gens jugent et transforment à leur sauce ce que je peux dire. » Mais c’était surtout qu’il n’avait pas envie de parler de la peur de l’engagement qui l’animait sans cesse. « Tu crois pas que ça arrive un jour quand même ? Ca doit être pour ça que les couples ne durent pas. On est toujours tenté de tromper. Et on le justifie souvent par la citation d’Oscar Wilde : « La meilleure façon de résister à la tentation c’est d’y céder. » Il partait dans des réflexions philosophiques un peu étranges, allez savoir pourquoi ! Et Jacey fronça légèrement les sourcils constatant que la question avait gêné Marley. « J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? » Susceptible ou soucieuse, Marley ?