Let it go | POPPY & TALYA

JDe nos jours, qui ne passe pas au moins une fois par semaine au starbucks ? Pas moi en tout cas. Cet endroit est une bénédiction, j'y aime tout et je me fais un malin plaisir de commander des choses différentes qui ravissent mon palais tout le temps. Bien sûr, c'est toujours bondé et il faut attendre mais ce n'est pas un drame. En sortant des cours, c'est donc naturellement que j'avais pris la direction du starbucks avant de rentrer chez moi. La pluie s'étant abattue sur la ville depuis plusieurs minutes et assez fortement, je me précipitais à l'intérieur de l'enseigne connue et reconnue. Ne faisant pas particulièrement attention, trop occupée à plier mon parapluie, j'heurtai assez violemment une demoiselle qui sortait, sa boisson à la main. Échappant son gobelet dans la percussion il vint s'étaler à nos pieds. " Je suis désolée, je vais vous en repayer un. " J'avais dit cela avant de lever la tête et de reconnaître une personne que je devais voir pour parler : Poppy. " Ah Poppy ! Tiens ben ça tombe bien ... " Ma maladresse tombait bien pour une fois même si j'aurais préféré ne pas avoir gaspillé quelque chose, il n'y avait pas besoin de cela pour que nous parlions.

► Tapy + let it go.

Ce matin je m'étais réveillée avec une extrême lenteur, je n'avais pas envie de sortir de mes draps. Probablement parce que j'avais l'impression que ma vie s'écroulait un peu plus à chaque instants. Pourquoi, je devais être toujours la personne qu'on aime détruire ? Il y avait écrit " Achève-moi " sur mon front ou un truc dans le genre ? Quoi qu'il en soit, j'étais allée à mes heures de cours, bien évidement, je n'étais pas du genre à sécher pour quelconque raison. Puis j'étais partie au travail. Arrivant au Starbuck, je m'étais préparé avec rapidité, dans des gestes répétitifs que j'exerçais à chaque fois que je me rendais au boulot. Puis je pris mon service en main, j'avais une tête affreuse, et l'air de déprimée qui me collait à la peau, commençait sérieusement à me taper sur le système. Après tout, pourquoi je devais me rendre mal comme-ça à chaque fois ? Pourquoi je n'avais pas le droit de crier et de simplement dire FXCK au monde ? Après des heures de service, je me rhabillais avec mes vêtements de ville, j'attrapais un café latte vanille pour la route et alors que je m'apprêtais à sortir, une jeune femme me fonça dedans. Je lâchais alors un Putain. Agacée. Redressant finalement mon regard, j'arquais un sourcils avec perplexité, et soupirant légèrement je lâchais un. Tiens Talya. Je m'attendais pas à te voir avant mercredi. J'haussais les épaules comme pour appuyer mes dires et avec une serviette, j'essayais d'enlever le plus gros des tâches qui avaient fait leurs apparition sur mes vêtements.

« Je suis désolée je te payerai le pressing pour effacer les dégâts de ma maladresse. » Ma mère m’avait toujours dit que lorsqu’il nous manque quelque chose il faut compenser par une autre chose. Il me manquait de l’adresse, je pouvais heureusement compenser par l’argent qui était sur mon compte en banque pour réparer mes dégâts. Je n’aimais pas faire cela mais dans ce genre de cas je n’avais pas réellement le choix je ne voulais pas que la demoiselle reste crépis de la tête aux pieds et que ses vêtements soient foutus. « Moi non plus je ne m’attendais pas à te voir avant mercredi, mais on peut prendre un café ensemble si tu veux, j’ai un peu de temps ? » Maintenant que nous étions là elle et moi autant en profiter plutôt que de se retrouver dans quelques jours. C’était une question de logique et de pratique, enfin si la demoiselle n’avait rien de prévu ben sûr.

► Tapy + let it go.

Certes Talya m'avait foncé dessus et j'avais perdu la totalité de mon café sur mes vêtements, mais je ne voulais pas non plus qu'elle paye le pressing pour moi, je n'allais pas lui soutirer de l'argent pour ça, d'autant plus que j'en avais moi-même une bonne grosse somme. Oh non, ne t'en fais pas c'est rien. Sur le coup, j'ai juste été surprise. J'haussais les épaules en souriant légèrement, et lorsqu'elle me proposa de prendre un verre maintenant, j'esquissais un nouveau sourire. Oh oui si tu veux. J'ai du temps libre aussi. Je remettais alors les pieds dans le Starbuck où je travaillais et je m'avançais vers une table vide où nous pourrions nous poser toutes les deux.

« Surprise ou énervée tu as le droit. Mais ce n'est pas négociable, je te payerai le pressing, je déteste être redevable et ne pas réparer mes dégâts. » Je détestai en devoir une à quelqu'un et si elle me laissait passer cela je lui en devrais une, il allait donc falloir qu'on puisse compenser. « Ou je te paye le café ? » Elle était d'accord pour avancer notre petit rendez vous alors ma foi, autant sauter sur l'occasion. Je me mis dans la file d'attente et me tournai vers elle. « Alors tu voulais qu'on parle ? »

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Croiser Talya ici était plutôt chose surprenante. Ben oui je m'attendais pas à tomber sur elle ce matin, d'autant plus qu'il y avait quelque jours je lui envoyais un texto pour lui dire qu'il fallait qu'on parle de ce qu'elle avait vu dans le cabinet de mon psychologue. Un café c'est bien. Je souriais alors légèrement, si elle voulait vraiment me payer un café, je n'allais pas plus longtemps m'y opposer. Elle se plaça devant moi et j'observais le café où j'avais enfin fini mon service. Oui en effet. De ce que tu avais vu chez le psychologue. Je posais alors mes prunelles noisettes sur elle.

Elle n'avait pas résister au café très longtemps ce qui m'avait soulagé car je n'avais pas eu à insister trop longtemps non plus. Parfait, nous allions pouvoir parler puisque c'était ce pourquoi elle m'avait écrit il y a de cela quelques jours. Une fois nos deux boissons chaudes commandées et servies, je lui demandai. « On va s'asseoir? » Elle voulait parler de sa séance chez le psychologue, cette fameuse séance à laquelle j'avais assisté sans savoir que cela pouvait la déranger puisqu'elle ne l'avait pas dit, enfin j'allais savoir le fin mot de l'histoire maintenant. « On parle de cette séance si tu veux, t'es la principale intéressée donc je peux le faire, sinon ça aurait été secret professionnel. » Dès le départ je voulais qu'elle se sente en confiance qu'elle ne prenne pas peur et qu'elle sache que même si je n'étais qu'une petite étudiante je respectais les engagements que ma future profession me demandaient.

► Tapy + let it go.

Talya me proposa de me payer un café et je me voyais mal refuser une fois de plus cette requête de sa part. Aussi j'avais accepté, et une fois nos boissons commandés, cette dernière me proposa qu'on se trouve une place, j'hochais alors positivement la tête comme réponse à sa question et m'avançait déjà vers une table libre. Une fois parfaitement installées, le moment de parler de la séance que j'avais eu chez le Psy en compagnie de Talya, venait d'entrer dans la conversation. Je savais que je devais en discuter avec cette dernière, histoire de mettre les choses à plats sur ce qu'elle avait pu voir ou entendre pendant ces quelques séances où elle avait assisté. Oui, je voulais en parler... T'as du penser que j'étais vraiment pas bien dans ma tête à avoir des problèmes aussi débiles... Je l'observais un instant puis baissais finalement mon regard vers mon gobelet de café que j'entourais de mes deux mains. Inspirant profondément, je savais que j'avais pu dire plusieurs mots que je serais incapable de ressortir aujourd'hui, mais je savais aussi qu'à cette période de ma vie, j'étais particulièrement perdue.

Je n'étais pas le genre de fille à porter un jugement facilement sur les gens, alors lorsque c'était dans l'apprentissage de mon travail encore moins. La remarque de Poppy sur son état de santé mental me fit sourire, est ce que je l'avais trouvée plus dérangée qu'une autre ? Non surement pas ! En attendant le fait que j'ai assisté à cette séance et le regard que je pouvais porter sur elle, avaient l'air de lui importer alors j'allais tenter de la rassurer comme je le pouvais... Oui la psychologie et moi cela faisait deux, j'avais effectué ce stage dans le cadre de mon enseignement parce qu'on me l'avait demandé, autrement je n'y serais jamais allée de moi même car je préférais être à l'hôpital dans le rush lorsqu'il y a un gros accident et des blessés par dizaines qui arrivent aux urgences et auprès des bébés la plupart du temps, oui l'obstétrique c'est ce que je voulais faire, j'en étais sûre maintenant après avoir longuement hésité avec la chirurgie cardiaque je ne pensais pas rechanger d'idée de spécialité d'ici là que je doive m'orienter vers elle. « Déjà si tu viens voir un psy c'est que tu ressens le fait que t'es pas bien dans ta tête ou qu'il y a un truc qui ne va pas non ? Pour tout te dire, je ne t'ai pas trouvé plus dérangée que les dix patients que j'ai vu passé dans la journée ! » Ce n'était pas vraiment rassurant comme parole, voilà pourquoi je n'étais pas faite pour ce métier ! « Enfin t'as vécu des choses, on ne peut pas te reprocher de vouloir les évacuer ! »