all this time, after six months. (happy)

► Happy + all this time, after six months.

En réalité je n'étais pas une de ces filles les plus fans de la fête d'Halloween. Je la trouvais terrifiante, les gens se déguisés dans le but d'obtenir des sucreries, de faire peur aux gens. Cette fête n'apportait aucuns espoirs, elle était vide, fade et finalement, elle en devenait inutile. Cependant même si je ne portais pas particulièrement cette fête dans mon coeur, j'avais tout de même décidé de jouer le jeu. Je m'étais mis un peu de sang sur la robe, avec un maquillage qui me donnait un teint blafard et où nous avions l'impression que j'avais la bouche cousue, et voilà, le résultat était plutôt faible, simple mais j'avais fais des efforts, et dans un sens, ça représentait une petite victoire. Je ne savais même pas pourquoi je sortais de chez moi, peut-être avais-je l'espoir de croiser Phoenix dans les parages ? Peu importe, je savais qu'il avait une mauvaise influence sur moi et qu'il n'était pas spécialement la personne qui me ferait me sentir mieux et plus légère. Mais je n'y pouvais rien, je ne pouvais cacher des choses comme des " sentiments " que je pouvais éprouver pour la personne hautaine et froide qu'il aimait se représenter. Mais alors que je marchais d'une démarche presque trop lente à mon goût, je décidais de faire un tour sur le campus d'Harvard, observant les autres étudiants et même professeurs qui avaient des airs terrifiants et des dégaines répugnantes. Je me rappelais alors que je commençais à réellement monter la pente de ma dépression, doucement mais surement à la recherche d'un peu de bonheur. Je sortais de ma passade " épave " qui m'avait longtemps collé à la peau et avec laquelle j'avais du mal à m'échapper.

J’avais les mains dans les poches, je venais tout juste de sortir de la bibliothèque alors que la nuit était tombée depuis plus d’une heure. J’étais encore le mec qui avait fermé ce bâtiment au plus grand regret de la bibliothécaire d’Harvard qui faisait les yeux ronds à chaque fois qu’elle me voyait débarquer. Tout ce qui l’importait c’était de rentrer chez elle, tout ce qui m’importait, c’était de rester dans ce lieu pour réviser autant que je le voulais, voilà comment nous avions formé un compromis. Je marchais alors depuis ma sortie du bâtiment, sans réel but, ne regardant pas vraiment où j’allais, laissant les pensées envahir ma tête, et d’un coup, alors que je relevais le regard afin d’éviter un obstacle qui se présentait devant moi, je m’arrêtais net, presque autant choqué que lors d’un accident de voiture, j’étais sonné. Mes yeux se mettaient à papillonner et mon cœur bondissait à l’intérieur de ma poitrine, détruisant chacun de mes organes sur son passage. Je passais une main devant mes yeux pour être sûr qu’il ne s’agissait pas d’un fantôme car oui, durant ces six derniers moi j’avais cru, plus d’une fois, croiser Poppy, m’évitant, errant dans les couloirs. Mais à chaque fois que mon bras se posait sur le sien et qu’elle se retournait, je constatais que ce n’était pas elle et me mangeait une gifle monumentale. Un léger sourire s’emparait alors de mon visage, je ne la voyais que de dos et je n’étais pas réellement sûr que ça soit-elle mais ça me suffisait à me faire sentir à la fois mal et bien, tout ça parce qu’au fond, elle me manquait terriblement…

► Happy + all this time, after six months.

Je n'aimais pas spécialement Halloween, pour tout vous avouez, j'avais juste fais un effort vestimentaire afin de me fondre le plus dans la masse. Mais même avec tout les efforts fournis, on ne pouvait pas dire que c'était bien glorieux comme résultat. Alors que je marchais sans but précis, me demandant sincèrement où est-ce que je pouvais me rendre, j'inspirais profondément. Plus j'avançais et plus je me demandais ce que je pouvais bien faire ici, souhaitant un peu plus à chaque secondes, rentrer me terrer à la Dunster House. Je m'arrêtais alors finalement lorsque quelqu'un me sauta littéralement dessus en lâchant un " BOUH " rauque et sonore qui s'élevait dans le ciel. Je reculais alors de plusieurs pas, je n'avais pas trouvé ça vraiment drôle, et le sursaut que j'avais pu avoir témoignait parfaitement de mon état psychologique. Alors que j'inspirais profondément pour reprendre mes esprits, je passais une main dans mes cheveux et laissait mon regard noisette parcourir les environs. Mon regard se posa alors sur une silhouette que je ne connaissais que trop bien, Haytam. J'avais l'impression de voir un revenant, et il devait probablement avoir la même impression que moi. Nous ne nous étions pas vus depuis le bal de fin d'année, ce moment où ses lèvres s'étaient posés sur les miennes après lui avoir dit ce que je ressentais. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à ce moment et la boule qui était dans mon ventre paru prendre un peu plus de place dans mon organisme. Je déglutit alors difficilement, il me regardait et j'en faisais de même. C'est comme-ci je n'osais pas m'approcher de lui par peur de le faire souffrir une fois de plus. Je détournais alors un court instant mon regard, mon coeur eu un raté ce qui me fit grimacer. Si j'avais pris l'initiative de m'éloigner de lui, ce n'était que dans le simple but de l'éloigner de la malédiction que je pouvais faire abattre sur toutes les personnes de mon entourage. Je ne voulais plus qui souffre parce qu'il était proche de moi, je ne souhaitais que son bonheur. Je me décidais néanmoins à prendre une grande inspiration puis reposant mon regard sur lui, je m'avançais dans sa direction, les mains moites, le coeur battant à toute rompre, est-ce qu'il allait me dire d'aller me faire voir ? Je me postais alors devant lui, je voulais dire quelque chose mais le noeud qui se trouvait dans ma gorge m'empêchait de prononcer quoi que ce soit. Je me sentais interdite face à lui, ne sachant pas comment me comporter à son égard.

HAPPY ৩ all this time, after six months.

Je devais être blanc à cet instant, oui blanc comme un linge, comme un malade atteint d’un truc incurable, en y repensant, c’était mon cas. J’éprouvais quelque chose pour Poppy et je ne pouvais pas imaginer ma vie sans elle, c’était elle ma maladie… Au final, j’étais presque habillé pour Halloween, quelques égratignures sur le visage dues à mes récentes chutes, mes cicatrices de pantin fait et refait, j’étais fin prêt pour apeurer chaque personne. Mon regard ne pouvait se détourner du sien alors que mon cœur me compressait le corps de l’intérieur. Désormais, lorsque je posais mon regard sur Poppy, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer Phoenix poser une main sur son épaule, me souriant sournoisement. J’avalais ma salive avec difficulté, la bile barrant presque le passage à celle-ci, comme si mon subconscient voulait que j’étouffe et meurs à petit feu. C’est dingue, même dans cet accoutrement, et même après plusieurs mois, je la trouvais toujours aussi somptueuse, j’avais parfois le fantôme de ses lèvres sucrées sur les miennes. Plusieurs nuits j’y avais repensé et j’y songeais toujours, ce baiser était une preuve de quelque chose de fort de ma part, mais de quoi ? Je l’ignorais et ce soir-là je l’avais vu disparaître comme un ange dans la brume. Je serrais les mâchoires et les poings, pourquoi m’avait-elle évité ? Encore une chose qui me sortait de l’esprit, et si au final s’était moi qui l’avais ignoré ? Je secouais doucement la tête pour me défaire de tous ces démons nocifs. Je coupais ma respiration alors que je la voyais s’approcher à pas lent, qu’est-ce que j’allais bien pouvoir lui dire ? Hey salut, comment ça va depuis le temps ? On s'fait une bouffe ? Tout ceci était ridicule… « Hey… » J’essayais de sourire mais celui-ci se transformait visiblement en un rictus effrayant à voir sa tête. Le silence s’installait alors à nouveau autour de nous et je soufflais de bonheur, je reconnaissais cette sensation que j’avais lorsque j’étais avec elle, cette bulle qui s’installait autour de nous afin de nous inculquer : ‘c’est vous, contre le monde’. Je levais mes doigts vers une de ces mèches pour vouloir la remettre tout en caressant sa joue comme j’avais l’habitude de le faire, mais je me ravisais la seconde d’après, elle allait sûrement trouver ce geste déplacé, peut-être me gifler, à vrai dire je n’en savais rien…

► Happy + all this time, after six months.

Le temps depuis le bal de fin d'année, me semblait être passé à une vitesse éclair, cependant lorsque mes yeux noisette se posèrent sur Haytam, je ne pouvais m'empêcher de remettre en question cette idée. Le temps était passé en réalité, d'une manière lente, une mise en route avec des secondes qui s'écoulaient doucement. Lorsque j'avais enfin posé mes yeux sur cet homme qui avait compté et qui comptait encore énormément pour moi, mon cœur eu un loupé, mais je décidais de ne pas le prendre compte. Je me demandais comment il avait été possible d'être aussi longtemps éloigné de lui, ne respirant pas le même air que le sien, ne pouvant le prendre dans mes bras afin de me rassurer qu'il était bien présent. Ne pas plonger mon regard dans le sien afin d'essayer de deviner ses émotions. On aurait presque pu croire qu'il était devenu un étranger, un étranger dont j'ignorais tout et avec qui je n'avais pas spécialement d'affinités. Et pourtant, la vérité en était toute autre, il avait été présent dans les moments les plus sombres de ma vie et il comptait terriblement pour moi. Mais depuis que nous étions rentrés de notre escapade à Paris, la seule chose qui me préoccupait, c'était son bonheur. Et je savais qu'il ne pouvait atteindre ce sentiment qu'en étant loin de moi. Je n'apportais que la tristesse et le malheur, et je ne voulais plus mettre Haytam dans mes escapades loufoques, je ne voulais plus qu'il souffre par ma faute. J'ignorais s'il avait pris mon éloignement de cette manière ou s'il pensait simplement que j'avais voulu m'éloigner de lui juste parce que je ne l'appréciais plus. Mais après le baiser que nous avions échangé au bal de fin d'année, je repassais sans cesse cette scène dans ma tête, me demandant encore comment j'avais fait pour disparaitre aussi furtivement de sa vie. Aussi lorsque je m'étais dirigé vers lui ce soir, le regard légèrement perdu dans le vide, je m'étais arrêté non loin de lui. Maintenant, j'étais gênée, et je mordais ma lèvre inférieure, faisant travailler mon cerveau pour savoir ce que je pourrais lui dire. En ce temps, je ne trouvais rien à dire, je ne savais pas comment lui montrer qu'il m'avait manqué. Je ne pensais même ne pas être en droit de le faire après ma disparition soudaine. Il prononça finalement le premier mot, et je redressais instantanément mon regard dans sa direction. J'avais une boule dans la gorge, les papillons dans mon ventre ne cessaient de me transporter. Je devais répondre, oui, je devais absolument lui dire quelque chose. Mais quoi ? C'était la question que je me posais, alors que j'entrouvrais les lèvres pour lui répondre, j'inspirais profondément. Tu es là... Je devais être à plus d'un mètre de lui et je n'osais pas plus m'approcher. Cependant, si ça ne tenait qu'à moi, pour me rendre compte de sa réelle présence, j'aurais posé une main douce sur son torse, son bras, son épaule, sa main, n'importe où, afin de m'affirmer que je n'étais pas en plein rêve.

HAPPY ৩ all this time, after six months.

Comment oublier son rire, ses étreintes, son sourire ou ne serait-ce même le goût de ses lèvres sucrées qui avaient tout de même le goût des perles salines qui avaient coulé de ses yeux. J’avais beau n’avoir partagé qu’un infime baiser en posant mes lèvres sur les siennes, c’est comme si ce soir-là, elle m’avait enchanté, oui elle m’avait totalement envouté jusqu’à me retourner tout à l’intérieur, jusqu’à laisser planer le doute et le manque. C’est donc ça ce que ressentent les toxicos, les gens perdus sur cette Terre ? Je les comprenais mieux désormais, je comprenais pourquoi certaines personnes s’attachaient à une personne afin qu’elle ne parte pas, afin de ne pas rester seul quitte à en souffrir de voir la personne que l’on aime réellement se faire enlacer par quelqu’un d’autre. J’avalais ma salive avec difficulté alors qu’elle s’était rapprochée de moi, j’aurais tout fait pour faire un bond en avant, pour oublier tout cela et la prendre dans mes bras. Notre relation était à l’état de poussière aujourd’hui. Après le drame de Paris qui m’avait totalement chamboulé, il y avait eu le bal qui m’avait également retourné et depuis… plus rien. Aujourd’hui j’avais l’impression d’être sur un tas de cendres, sur une ville de souvenirs totalement décomposée, détruite par les coups du destin. Mon regard glissait sur son visage, sur son corps, sur tout ce qui pouvait faire partie d’elle, tout ce que j’avais rêvé de toucher ces derniers mois. Son doux parfum m’avait manqué, sa présence à mes côtés, encore plus lorsque j’étais parti au Danemark pour tourner une nouvelle page de ma vie. C’était sûrement pour ça que je n’avais pas eu l’occasion de la voir, je n’avais pas eu une minute à moi depuis le bal, et faut dire qu’elle m’avait évité, je n’étais pas dupe, sûrement à cause de tout ce qui avait fait que nous étions… nous. Un sourire naissant venait transpercer mon visage, je ne rêvais pas, elle était enfin proche de moi-même si elle laissait une distance entre nous. Je voudrais la toucher, lui dire tant de choses, mais au final, rien, c’était comme si notre bulle nous avait mis sur pause le temps que l’on souffle et digère cette nouvelle. « Oui je… » Ma voix s’étranglait l’instant d’après et j’expulsais tout l’air de mes poumons pendant que je bouillonnais à l’intérieur. J’avais peur de sa réaction, de ce qu’elle pouvait bien avoir en tête alors qu’elle posait son regard sur moi. Je l’observais un long moment et je cédais à la tentation quitte à me brûler les doigts, les ailes ou je ne sais quoi. Je franchissais cette barrière invisible qui nous séparait et je la prenais dans mes bras en la serrant sans lui faire mal. Je fermais alors les yeux et inspirais son odeur en déposant un baiser sur ses cheveux. « Tu m’as manqué… »

► Happy + all this time, after six months.

Ce moment incertain, cette bulle dans laquelle je me trouvais à cet instant précis, m'emmenait dans un monde à part, une région encore inexploré et des sentiments profondément enfouis qui refaisait enfin surface. Poser enfin mes yeux sur Haytam après ce laps de temps qui avait semblé être une éternité, me faisait me sentir bien et à la fois mal. Je ne savais pas si je pouvais l'approcher, si je pouvais le toucher, si je devais même lui parler. Alors dans une timidité que je ne me reconnaissais pas avec lui, je restais légèrement éloigné, gardant de la distance entre nos deux corps. Distance raisonnable qui montrait que j'étais perdue, que je ne savais plus où j'en étais quand je me trouvais à ses côtés. J'aurais aimé lui dire que je regrettais de mettre éloignée de la sorte avec lui et pourtant mes lèvres ne voulaient pas s'ouvrir, comme-ci elle se protégeaient d'une bêtise sortie à l'aube. Je ne pouvais pas lui dire qu'il m'avait manqué et pourtant j'en mourrais d'envie, j'avais envie d'entendre sa voix, de le toucher afin de me rendre compte que non, ce n'était pas un rêve, comme de ces nombreux que j'avais pu faire par le passé, mais que nous étions bien dans un moment vrai. Dans notre moment vrai. Je l'avais quitté trop rapidement au bal de fin d'année, après un baisé échangé qui pourtant signifiait beaucoup pour moi, j'étais partie, m'envolant dans la brume tel un voleur qui ne veut pas être vu. Ma respiration étant lente, peut-être trop, même si cette fois je pensais à bien respirer quand je posais mes yeux noisettes sur le corps de cet homme qui avait encore aujourd'hui, une place importante dans ma vie. Il avait réussi à me transporter, à faire de moi une personne meilleure, mais au final, nous nous étions perdus, et je savais que ça remontait bien avant le bal de fin d'année. Sa voix s'élevait dans les cieux, il avait dit quelques mots et c'est comme-ci à cet instant précis, il m'avait déclaré des sentiments bien trop enfouis. Je le sentais défaillir, je le voyais aussi perdu que moi, la voix brisé, légèrement tremblant. Vu de l'extérieur, ces retrouvailles auraient pu être comiques et pourtant je me fichais totalement de ce que pouvait dire les gens de notre entourage. J'étais là, planté comme un piquet devant son corps frêle, et il était là, les yeux cherchant les miens. Je me sentais soudain défaillir, perdre pieds, manquer d'air, il venait de réduire la distance entre nous et d'un coup, il m'attrapa dans une étreinte. Je m'autorisais à respirer son parfum et laisser mon visage reposer dans le creux de sa nuque. J'avais tant de fois rêver de ce moment, que je me sentais dans un rêve et je savourais ce silence et cette étreinte comme-ci c'était la dernière. Il m'avoua que je lui avais manqué, une boule dans ma gorge se forma et je compris à cet instant précis qu'il m'avait terriblement manqué aussi. Je... Ma gorge se noua d'avantage, comme-ci aucuns sons ne pouvait s'échapper de mes cordes vocales. Je m'autorisais finalement à lâcher prise, enroulant mes bras autour du corps du jeune homme, le gardant ainsi dans mes bras et avouait dans un souffle incontrôlé. Tu m'as manqué aussi... Je fermais les yeux alors, et si ça ne tenait qu'à moi, je resterais dans ses bras. Je resterais à jamais dans ses bras pour ne plus jamais me défaire de cette étreinte.