∆ cannot get away.

Je venais tout juste de déposer Robyn à la crèche pour l'après-midi, je ne recommençais pas avant deux bonnes heures mais j'avais décidé de faire un tour du côté des résidences d'Harvard et plus spécifiquement à la Lowell House histoire de passer dire bonjour et pourquoi pas de tomber sur Liz, ça fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vu. Je sais bien qu'elle est occupée avec son poste de vice-présidente, je le sais mieux que personne mais ça n'empêche qu'elle me manque ma rousse. En plus, j'avais vraiment envie de lui montrer mes nouvelles bottes, je savais qu'elle allait adorer, on a totalement les mêmes goûts jusqu'en matière de mecs, on choisit toujours très mal .. D'ailleurs ça me fait penser que je dois lui poser des questions sur son Antwan, j'aimerai bien en savoir plus sur ce gars, vérifier qu'il n'est pas un Kol bis quoi. Emmitouflée dans mon écharpe, je remontais les allées des résidences. J'avais voulu faire tout à pieds, mais j'aurai sans doute du prendre ma voiture, il commençait vraiment à faire foid mine de rien. Je n'étais plus très loin de la résidence des lowells, je connaissais l'endroit comme ma poche.

C'était enfin son tour. Il sait ce qui s'est passé lors de soirée du centre commercial, car il a fait partie du plan. C'est pas facile d'être étudiant dans une université et de faire comme si on était choqué de ce qui est arrivé à cette pauvre Cercei alors qu'on sait très bien qui a fait ça et pourquoi. Aujourd'hui, c'est son tour d'avoir son petit moment de gloire. Les gens vont certainement croire qu'il n'y a qu'un dingue à l'origine de tout ça, mais ils se trompent. On lui a prêté la même cagoule qu'à la soirée du centre commercial et c'est avec un sweat shirt noir qu'il sortait de sa confrérie avec sa cagoule dans les mains. Il repère alors une belle blonde qui remontait les rues de Résidences Hall, cachée dans son écharpe et un sourire malicieux se dessine sur ses lèvres alors qu'il enfilait sa cagoule. L'avantage avec l'hiver, c'est que dès 17h, il fait noir. Et à ce moment il, il faisait noir. En arrivant près de la Dunster House, le jeune homme accéléra le pas. Il le faisait exprès, pour susciter la peur chez la jeune femme, pour qu'elle se sente suivie. La traque, il aimait ça, c'est la partie la plus intéressante dans la chasse. Et la chasse était ouverte.  

Autant j'adore l'ambiance des fêtes de fin d'année, les feux de cheminée, les chocolats chauds et tout ce qui arrivent avec l'hiver, autant je ne supporte pas que les jours se raccourcissent, voir la nuit tomber plus tôt c'est tout simplement déprimant. Pourtant on pourrait penser que j'ai l'habitude avec la Pologne mais bon, ça n'est pas vraiment la partie qui me manque le plus. Bref, je me dépêchais de rejoindre mon ancienne résidence pour ne pas avoir à arriver congelée là bas lorsqu'un pré-sentiment m'envahit progressivement, vous savez ce genre de choses dont vous êtes convaincu mais que vous préférez refouler et mettre ça sur le compte de la paranoïa. Pas besoin de grandes études en psychologie pour savoir ça. Je jette quand même un coup d'oeil derrière mon épaule histoire de, parce qu'on ne sait jamais et là je ne sais pas si c'est mon esprit tordu ou pas, mais je suis presque certaine que ce gars n'était pas là il y a cinq minutes, en plus il est tellement sombre qu'il se distingue à peine du reste du paysage. Je ne suis pas du genre peureuse et puis je sais à peu près me défendre mais ça ne veut pas dire que j'vais m'jeter dans la gueule du loup pour autant. Après l'avoir fixé trentes secondes, je continuais de marcher à peu près normalement je crois, fixant droit devant moi et utilisant le moyen le moins efficace pour dissuader quelqu'un de venir vous chercher des ennuis, je déverrouillais mon Iphone et composa un numéro de téléphone que je connaissais bien en priant pour que Neva décroche, pitié décroche. Messagerie évidemment, c'est pas grave, je vais lui laisser un message en faisant comme si j'avais une conversation avec elle, parlant assez fort, on fait avec les moyens du bord. Hey Neva, tu vas bien ? [..] Ouai moi aussi, j'voulais te demander des conseils sur Robyn tu vois, j'sais pas elle est pas trop bien en ce moment ... Je me contentais ensuite de faire quelques Hm ou ok sauf que ça pourra pas durer éternellement mais peut-être assez pour que j'arrive à la résidence désirée.

Elle l’avait vu. Il le sentait. Pas besoin qu’elle se retourne pour qu’il ressente la légère peur qu’elle devait ressentir elle aussi. Quand elle tournait la tête pour vérifier si quelqu’un était derrière lui, un sourire se dessinait sur son visage. Sourire peu visible de un, à cause de la cagoule mais aussi à cause de l’obscurité du chemin qu’ils empruntaient. Il pouvait sentir, même de loin, que la jeune femme se crispait et il ne pouvait pas s’empêcher de sourire un peu plus en la voyant sortir son téléphone. Est-ce qu’elle appelait quelqu’un ? C’était excitant, ça ajoutait du piquant mais il espérait qu’elle n’appelle pas quelqu’un à l’aide. Hey Neva, tu vas bien ? [..] Ouai moi aussi, j'voulais te demander des conseils sur Robyn tu vois, j'sais pas elle est pas trop bien en ce moment ... Il fronçait les sourcils et tourna dans une petite ruelle pour passer sur le chemin derrière les maisons. Il accéléra le pas pour passer au dessus de la jeune femme et décida de revenir sur le chemin d’origine, arrivant pile face à la blondinette. D’un geste rapide, il attrape son téléphone et la tire avec lui sur le côté de la Dunster House, la poussant contre le mur de la maison en posant sa main sur sa bouche, « Si tu cries, j’te tue, okay ? » Les choses intéressantes pouvaient enfin commencer.

J'aurai sans doute du appeler quelqu'un d'autre ou du moins, tenter d'appeler quelqu'un d'autre quand j'ai entendu la voix de ma meilleure amie sur son répondeur. J'aurai aussi pu aller dans n'importe quelle résidence, ça n'aurait pas été pire que le fait d'être plaquée contre un des murs de la Dunster House et sur le point de se faire violer. Quand je pense qu'à l'intérieur, il y a probablement Haytam ou Leyna et que je suis juste seule, toute seule. Forcément, je pense à Robyn, elle va se retrouver sans mère et probablement placée étant donné qu'Alex n'a plus la garde. J'espère sincèrement que Neva et Alek prendront soin d'elle. J'ai vécu sans ma mère biologique et je ne voulais surtout pas que Robyn ait à vivre ça, malheureusement, on ne choisit pas toujours .. Il avait beau me dire que si je criais, il me tuerait, je n'en avais rien à faire, crier c'était mon seul moyen de défense. Je lui mordais la main avant de le frapper au visage, j'ai pas énormément de force mais je me débrouille quand même. Ne me touche pas ! Puis je criais à l'aide, en essayant de prendre la fuite, je dis bien essayer parce que j'avais tellement peur que mes jambes tremblaient sans que je ne puisse les contrôler.

Sa proie pensait vraiment-elle qu’elle allait s’en tirer comme ça ? En appelant sa copine, elle pensait qu’il allait laisser tomber et se trouver une autre proie ? Hors de question. Il veut celle-là. Il l’avait déjà repéré sur le campus plusieurs fois, et il s’était plusieurs fois dit qu’il la voulait elle, et personne d’autre. Alors qu’il l’attirait avec lui pour la plaquer contre la façade de la Dunster House, il voyait la peur dans ses yeux. Et c’est ça, qui rendait les choses tellement plus intéressantes. Elle mord sa main et il se recule en grognant, non mais c’est que c’était une sauvage celle là !  Ne me touche pas ! Elle commençait à faire du bruit et ça, c’était pas cool. Elle allait s’échapper mais il attrapa son manteau pour la tirer à nouveau vers lui, levant son poing pour la frapper au visage avant de la claquer plus violement contre la façade, reposant sa main sur sa bouche. Sa respiration était plus rapide et il disait, « Oh alors comme ça on se tutoie toi et moi ? » S’ils se tutoient, ils pourraient passer aux choses sérieuses non ? Il sort un petit couteau de sa poche et il le montre à la blondinette pour qu’elle évite de vouloir s’enfuir et il attrape la fermeture de son manteau pour la baisser. Les choses sérieuses allaient commencer.


[HJ : ton sauveur peut intervenir ]

J’avais un peu de temps libre devant moi et j’avais pris la sage décision de l’occuper en révisant. Les gardes à l’hôpital étaient de plus en plus chargées, on nous donnait de plus en plus de responsabilités et cela nous laissait guère le temps d’assimiler l’intégralité de nos cours. Mais après plusieurs heures enfermé dans ma chambre, le nez dans mes bouquins, le besoin de prendre l’air se fit pressant. Je descendis alors sur le porche de la dunster, j’allumai une cigarette et en tirai pensivement une bouffée, l’esprit encore obnubilé par mon cours de parasito que je venais d’abandonner lâchement sur mon bureau. Pourtant, bien vite, des éclats de voix me tirèrent de mes pensées. Je me dirigeai vers le côté du bâtiment, de là d’où semblait parvenir le bruit. Le jour était déjà tombé et dans l’obscurité ambiante, je ne distinguais d’abord que deux silhouettes plaquées l’une contre l’autre sur le mur extérieur de la dunster. Merde, je venais peut être d’interrompre des amoureux en plein ébat ? Bizarrement, je ne fis néanmoins pas demi-tour, pressentant que quelque chose clochait. « Y’a un problème ? » fis-je en continuant de m’approcher de l’étrange couple. Et une fois plus proche de la scène, mon regard s’habituant à la pénombre, il s’arrêta un instant sur le visage de la jeune femme qui semblait paniquée puis sur la main de l’homme plaquée sur sa bouche, son autre main s’activant sur la fermeture de son manteau. Le gars était vêtu de noir et avait enfilé une cagoule pour masquer son visage, et aussitôt, je compris. J’avais parcouru plusieurs articles relatant l’incident du centre commercial et ce fut immédiatement ce que me revint en tête. Mes traits se crispèrent alors que je me ruai vers l’agresseur cagoulé avec une énergie vindicative. « Lâche la tout de suite ! » ordonnai-je avec fermeté en le poussant avec force pour tenter de le faire lâcher son emprise sur la jeune femme.

Spoiler:

En fait tout ce qu'on voit dans les films ou séries, tout ce qu'on nous dit sur le self-defense c'est que des conneries. On peut pas se défendre face à quelqu'un de plus fort que soi, peu importe la couleur de votre ceinture au judo, enfin peut-être pas si vous avez la noire m'enfin. Je savais pertinemment que ma tentative d'évasion n'aboutirait pas, mais je pense que ça doit être l'instinct de survie qui m'a fait faire ça. Comme je m'y attendais, il me rattrapa bien trop vite, la suite est un peu flou, j'ai juste senti plusieurs chocs au visage et je me sentais sonnée, probablement à deux doigts de perdre connaissance et quand on est diabétique ça n'aide pas vraiment la chose. Après j'vois plutôt mal quelque chose dans sa main, on dirait un couteau mais allez savoir ce que ce malade peut avoir dans ses poches. Il marmonne quelque chose mais pareille je n'entends pas vraiment quoi, à vrai dire, je pense que c'est mieux comme ça, que je sois sonnée, que je le vois pas, que je ne l'entende pas, j'aurai moins de souvenirs auxquels repenser pendant de futurs cauchemars à venir. Je crois que je pleure, même ça je n'en suis pas sûre. J'ai juste cette odeur masculine émanant de cet homme qui me donne envie de vomir. Je ne comprenais pas bien ce qui se passait, tout ce que je vis, c'est quelqu'un d'autre arriver et je priais pour qu'il ne soit pas un complice de mon agresseur mais non, je sentis l'emprise sur moi se défaire et naturellement, je me laissais glisser le long du mur pour m'assoir par terre, je n'avais juste plus de force, plus rien du tout. Maintenant j'en suis certaine, je pleure, mais je le contrôle pas. J'espère que mon sauveur ne se fera pas tuer, parce que ce mec cagoulé c'est un psychopathe .. D'ailleurs je n'ai pas la force de fuir alors que je devrais mais je peux pas.

Spoiler:

Il avait l’impression que son heure de gloire allait enfin arriver. C’était son pote qui a eu le sien avec l’autre grosse au centre commercial l’autre jour, et ce soir, c’est son tour. Elle essayait de s’enfuir mais elle ne semblait pas comprendre que ça rendait les choses tellement plus intéressantes et excitantes pour lui. Si elle se laissait faire, ça serait beaucoup moins drôle et moins bon aussi. Il la plaquait donc à nouveau contre le mur, ouvrant son blouson en arrivant pas à penser à autre chose qu’à ce qui va se passer ensuite. Sauf que sans qu’il ne s’y attende, une autre voix masculine se fit entendre, le coupant dans sa frénésie. « Y’a un problème ? » Il tourna la tête vers le gars et manque de soupirer longuement. Merde, il va se barrer ce con ? Certainement pas, le fait qu’il porte une cagoule va forcément le pousser à vouloir jouer le héros. « Lâche la tout de suite ! » , cria-t-il en se ruant vers lui. Il le pousse et il fronce les sourcils, « Ouais.. c’est ça, elle est à toi abruti ! », cria-t-il à son tour avant de tourner le dos aux deux étudiants pour s’enfuir le plus vite possible. Il ne faudrait surtout pas que le gars le rattrape et qu’il lui enlève sa cagoule. C’est donc frustré qu’il s’enfuit, espérant ne pas retomber sur un crétin de ce genre la prochaine fois. Parce qu’il y aura, une prochaine fois.


[J'vous laisse continuer (a)]

Alerté par le bruit, j’étais arrivé sur la scène et après l’avoir rapidement analysée, je compris ce qui était en train de se passer. J’avais poussé l’agresseur avec fermeté en lui ordonnant de lâcher la jeune femme. Je n’avais pas réfléchi, agissant impulsivement, par instinct. Il fallait que j’aide cette fille. Pourtant, lorsque je vis la lame d’une arme scintiller, je sentis un frisson me parcourir. Merde, le type avait un couteau… Mais visiblement, mon intervention suffit et le dissuada de s’en servir. Il nous tourna le dos et disparut dans l’obscurité. Je résistai à l’envie de le poursuivre, de lui coller mon poing dans la figure… L’acte qu’il avait tenté de commettre sur cette pauvre fille, cela me dégoutait. Et si ça se trouve, c’était un récidiviste et il n’était certainement pas étranger à l’agression au centre commercial… Ma rage n’en était que plus accrue. Mais je renonçai à assouvir mes pulsions vindicatives. Ce mec était armé, moi je n’avais que mes poings et ma fureur, pas sûr que ça fasse le poids face à son canif. Et puis me faire trancher la gorge ne risquait pas d’aider la victime. D’ailleurs, des pleurs étouffés attirèrent mon attention. La jeune femme agressée… Ma colère s’effaça un instant, remplacée par une inquiétude profonde. Je me tournai vers elle. Elle avait glissé le long du mur et était recroquevillée par terre, secouée de sanglots. Je m’approchai doucement, m’accroupis devant elle pour être à sa hauteur et m’inquiétai de son état : « Il est parti… Mais on ne devrait pas rester ici. Il t’a frappée ? » demandai-je en observant le visage marqué de la jeune femme. Elle était en état de choc, rien d'étonnant après ce qu'elle venait de vivre... « Comment tu te sens ? Tu crois que tu peux marcher ? » J’étais prêt à la conduire aux urgences, mais la priorité était de la mettre à l’abri au cas où ce malade resurgirait…