Darnell ► Oublie-là !

La danse, une grande partie de ma vie. Je dirai même, toute ma vie. Elle me permet de m'évader. De vivre une autre vie que la mienne. Loin de tout mensonges et honte du paternel. C'est ainsi que j'avais rencontré ce type, couleur ébène, tatoué de partout, sacrément beau et surtout, magnifique danseur. Je dansais dans la salle de danse prévue pour le club et il était là, il me regardait et sans dire un mot, il s'est joint à moi, accompagnant mes mouvements. Je faisais de même avec lui. C'est comme s'il me complétait, comme s'il me connaissait alors que pas du tout. J'ai eu un coup de foudre artistique et de fil en aiguille, nous avons fait connaissance, nous nous sommes liés d'amitié. Je me suis confiée à lui, allant jusqu'à lui parler de mon père, mais je n'ai jamais évoqué mon nom de famille ou l'identité de ma soeur. Surtout pas maintenant que je sais qu'il est l'ex de celle-ci. Il faut dire que pour en connaître un rayon sur les étudiants d'Harvard, il vous suffit de lire le journal de l'université ou le blog de Cambridge's Secrets. On a beaucoup parlé du petit couple dernièrement et puis, elle est également présidente du club du journal alors j'entends également parler d'elle grâce à ça. Je ne sais toujours pas comment l'approcher et lui en parler alors, en attendant, je prends de ses nouvelles du mieux que je peux. Je venais d'ailleurs d'apprendre par Darnell qu'ils venaient tout deux de rompre. Je l'invitait alors à boire un café avec moi au Starbucks, histoire de parler un peu et de le laisser insulter Aaliyah s'il le souhaitait sans que qui se soit entende. Je l'attendais donc avant d'entrer dans le café. On allait commander nos boissons ensemble, tant qu'à faire.

La danse faisait partie de mes nombreux secrets. Mélangée au chant, la peinture, ma vie avant Harvard, mes parents. Ne parlant pas énormément de moi et ne montrant surtout jamais mes sentiments, ça me permettait de m'exprimer et à l'abris de tout regard. Mais je ne sais pas pourquoi, en voyant Jade danser pour la première fois, je l'ai rejoint. Je ne la connaissais pas et elle ne m'a pas rejeté, au contraire, elle a fait comme si tout était normal. Je pense que c'est son naturelle ou alors sa gentillesse qui m'a tout de suite attiré chez elle. Puis, on ne va pas se mentir, elle est loin d'être laide. Je me suis lié d'amitié assez facilement et elle s'est confiée à moi sur pas mal de chose, alors j'en ai fait de même mais je n'ai jamais réussi à lui parler de mes parents, malgré qu'elle ne cesse un peu plus chaque jour de me parler de son père, de la façon dont il se comportait avec elle et sa mère. C'est beau et triste à la fois.
Elle m'avait donné rendez-vous au Starbucks. Je ne savais pas trop si c'était par envie ou par pitié vu qu'elle savait présent que j'étais célibataire. Mais je me rendais quand même sur les lieux, toujours content de la voir. Elle était là, contre le mur du café à m'attendre. Je pensais qu'elle serait à l'intérieur à boire son café mais non. C'était gentil de sa part. Je m'approcha d'elle après être descendu de ma voiture et je la pris dans mes bras. La serrant fort, comme si ça faisait une éternité qu'on s'était pas vu. Bella, comment tu vas ?

Je pensais à tout, à rien. A son couple avec ma soeur. Son couple qui n'était plus à présent. Et je me disais que je pouvais bien le réconforter à ma façon, qu'elle n'en saurait rien et surtout, qu'elle ne pourrait pas m'en vouloir vu qu'elle ne me connaît pas et pourtant, je n'ai pas envie car on a tout de même le même sang. C'est étrange cette position dans laquelle je me trouve. Je ne sais pas si je dois me laisser aller à mes envies, si j'en ai même le droit. Mais je préfère ne pas y penser. Ce qui devra arriver, arrivera, tout simplement. Il arriva, je le reconnu de loin. Avec son chapeau, comme si on s'était accordé pour en porter un tout les deux. Ses vêtements noirs et blancs. J'adorai tellement sa façon de s'habiller, de danser... Oh lala ! Je devais arrêter d'aimer tout de lui, c'était mal, terriblement bon... et mal. Il me prit dans ses bras, me serrant aussi fort que possible. Comme s'il avait peur que je prenne la fuite. Mais non, j'étais là pour lui, je ne comptais pas partir tout de suite. « Je vais bien maintenant que tu es là, et toi ? Depuis tu sais quoi, comment tu vas ? ». Je ne voulais pas prononcer le mot rupture. J'avais l'impression de remuer le couteau dans la plaie en le disant. Je suis étrange comme fille mais j'ai quelques petites manies comme ça et encore, ce n'est que le début.
J'étais bien au chaud dans ses bras et pourtant, je rompais cette étreinte entre nous, pour lui proposer d'entrer dans le café. J'avais envie de me poser un peu pour discuter et ne pas rester dehors au milieu des passants, des voitures, du vent, etc... « On rentre chou ? ». J'attendais sa réponse, même si je savais qu'il me dirait oui et j'entrais, lui tenant la porte derrière moi afin qu'il me suive. Et comme d'habitude, je regardais en haut, réfléchissant à ce que j'allai bien pouvoir commander, même si au final, je finissais toujours pas hésiter entre les mêmes boissons. Compliquée je vous ai dit.

Elle allait bien depuis que j'étais là ? Je ne savais pas comment je devais prendre ça. C'était assez étrange à entendre. Elle disait ça amicalement ou bien ? Je ne savais pas et c'était bien ça le plus dérangeant. Puis surtout, je ne me voyais pas lui poser la question, se serait tellement déplacé de ma part. Depuis la rupture bein je vais bien. Je n'ai plus à me soucier de ce qu'elle pourrait me cacher donc je vais bien ! C'était dur de vivre dans le secret et le mensonge permanent. Je pouvais vivre ma vie comme je l'entendais à présent, sans me soucier de ce qu'elle pouvait faire dans mon dos et surtout avec qui elle pouvait le faire. Je lui souriais pour lui montrer que tout allait vraiment bien et que ça n'avait rien de quelques paroles en l'air, dites comme ça seulement pour la rassurer. Elle vint rompre notre étreinte par la suite, me demandant si nous pouvions entrer dans le café. Evidemment, on était un peu là pour ça. Pour parler autour d'un café. Je la laissais passer devant, posant ma main au bas de son dos comme pour accompagner son entrée dans le café et je tenais la porte de l'autre. Je ne savais pas quoi prendre. A dire vrai, je n'avais pas l'habitude de venir ici contrairement à elle. Disons que dépenser 7$ dollars dans un café, je n'ai pas souvent l'occasion de le faire vu qu'il y a peu, je dormais dans ma voiture. Mais sans commentaire ! Je n'allai très certainement pas lui parler de ça. Ou peut-être que si, si elle me posait la question. Chose que je savais qu'elle finirait par faire. Je m'approcha de son oreille, y chuchotant un petit quelque chose. Je sais pas quoi prendre. Tu commandes pour moi s'il te plaît ? C'était une question déguisée en... en je sais pas. Je voulais simplement qu'elle le fasse à ma place, qu'on puisse passer à autre chose. Je lui faisais confiance pour ça après tout. Ce n'était que le choix d'une banale boisson.

Comme toute les personnes le pensaient autour de lui, il était bien mieux sans elle, sans tout ses mensonges. En bref, il était bien mieux sans Aaliyah. Je ne voulais pas cracher sur le dos de ma soeur, mais je ne cautionnais pas du tout ce qu'elle avait fait. Putain, il s'était quand même remis en couple avec elle alors qu'elle était enceinte d'un autre que lui. Il était prêt à s'en occuper alors que le père lui-même était parti on ne sait où avant d'apprendre qu'elle avait tenté de se suicider. D'ailleurs, en repensant à cette tentative de suicide, je me disais qu'il vraiment que je saute le pas et tenter de me rapprocher d'elle ou tout simplement de l'approcher. On ne sait jamais de quoi demain est fait. Et après 4 ans à Harvard, il était temps, très certainement. Mais je m'égare énormément. « Si tu te sens bien à présent, je suis contente ! ». Une fois à l'intérieur, il me demanda tout en chuchotant de choisir sa boisson pour lui. Choix encore plus simple. Je pris deux Mocha en tall, donnant en même temps nos deux prénoms avec deux mi-cuits parce que ces trucs c'est juste bandants. Je payais pour nous deux. Je sais pas, j'agissais machinalement, sans lui poser de questions et une fois nos boissons prêtes, nous prîmes place sur deux fauteuils libres. C'est bon, on pouvait discuter calmement, sans se soucier des gens autour de nous. Sans se soucier de quoique se soit. « Tu dors où maintenant ? ». Si je comprenais bien tout ce qu'il m'avait dit, il dormait et surtout, il vivait avec elle avant leur rupture et n'ayant aucune confrérie, je me demandais vraiment où il dormait tout les soirs. Je ne comprenais pas. Il n'avait pas l'air de quelqu'un qui dormait à la rue alors, je ne sais pas, il fallait que je sache.

Elle avait l'habitude de ce genre d'endroit, ça se voyait tellement. Moi je n'avais même pas de quoi me payer ce genre de café. Trop cher le bazar. Mais apparemment, elle l'avait fait pour moi, sans que je lui demande. Je la remerciais en lui déposant un baiser, mais sur la joue. Une fois les boissons et pâtisseries en main, on alla s'asseoir sur des fauteuils. C'était tout de même mieux que de manger et dormir dans ma voiture. Mais il fallait que j'arrête d'y penser et d'en parler. Même si de toute façon, je n'en avais parlé à personne à part Caitlyn. Chez Caitlyn, la prof responsable des Cabot. J'pense qu'elle me l'a proposé parce qu'elle sortait avec mon oncle avant et elle s'est senti un peu obligée de me proposer ça, par pitié quoi ! Je savais qu'elle avait fait ça parce qu'elle avait de la peine pour moi et parce qu'elle le voulait tout simplement mais je me cherchais des excuses. Je cherchais en quelque sorte des excuses bidons qui justifieraient la gentillesse soudaine de Caitlyn envers moi. Ca se passe comment avec... Jacey j'crois ? Si je comprenais bien, aux dernières nouvelles, ils venaient de se remettre ensemble, après une énième dispute. Malsain le truc, j'avais l'impression d'être en face du couple que je formais avec Zara. On se mettait ensemble, puis deux semaines plus tard on rompait et ainsi de suite. Ca a quand même duré pas mal de temps, jusqu'à ce que la miss aille beaucoup trop loin avec mon pire ennemi qui plus est. Je pris une gorgée de mon café tout en attendant sa réponse. J'avais besoin comment leur couple étrange se portait.

Il vivait donc avec cette prof. Il paraît qu'elle a eu un enfant avec un étudiant il y a un an ou deux, je ne sais plus. Darnell était peut-être sa prochaine proie ou alors elle s'était calmée. Je riais intérieurement en y pensant. Ces profs je vous jure. Et ils osent nous juger après. Mais elle ne devait pas être si mauvaise que je me l'imaginais, sinon, elle ne l'aurait pas accueillis chez elle, qu'elle soit l'ex de son oncle ou pas. « Comme tu l'as dit, c'est son ex alors elle ne voulait pas t'héberger, elle ne l'aurait pas fait, sachant qu'elle est prof, que t'es élève et que ça pourrait peut-être lui causer des problèmes professionnellement parlant ! ». Je voulais savoir où il résidait avant tout ça. Il n'a pas pu passer d'une maison à l'autre aussi rapidement. Il ne s'attendait pas à rompre avec Aaliyah aussi rapidement donc, je voulais savoir. J'avais vraiment besoin de savoir certaine chose à son sujet. Pour me rassurer, savoir comment mon confident et voire même, mon meilleur ami se portait, vivait. « Tu dormais où avant qu'elle ne t'accueille chez elle ? ». Il est tellement du genre à éviter ce type de questions que je le fixais droit dans les yeux. Comme si je le défiais de ne pas détourner le regard et d'y répondre honnêtement. « Avec Jacey oui, comme le disait un chanteur français aujourd'hui décédé, ça s'en va et ça revient, c'est fait de tout petits riens ! ». Un tonnerre d'applaudissements pour la superbe Jade et ça chanson datant des années 80. Paye ta référence. Mais ça résumait assez notre couple actuellement.

Impossible de faire semblant avec Jade, elle avait toujours réponse à tout. C'était ce que j'aimais chez elle. Je devrais peut-être être plus ouvert avec elle. Aucun risque de fuite avec elle. Apparemment, elle savait garder les "secrets" pour elle étant donné que tout ce que je lui avais dit pour le moment ne s'était pas ébruité. Je l'écoutais attentivement. Elle me posait des questions, j'y répondais, sans aller plus loin. Mais elle vint me poser LA question. Où je dormais avant que Caitlyn ne m'accueille chez elle. Je haussais les épaules tout en soupirant. Dans ma voiture, je me douchais dans les vestiaires, je mangeais sur le pouce ! En parlant de nourriture. Je pris une cuillère de la pâtisserie qu'elle m'avait emmenée. Je riais en entendant sa référence. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien écouter comme chanson quand elle vivait en France. J'avais compris l'essentiel des mots mais bon, c'était pas trop ça. Quelle poète ma belle ! Tu me le dirais au fait si ça allait mal avec lui ? Il est vrai que je m'emporte très vite quand il s'agit de mes proches et que je peux me montrer parfois violent quand on leur fait du mal, mais pas tout le temps alors je voulais qu'elle sache que j'étais là pour elle s'il se comportait mal avec elle. J'étais là pour tout les miens, tout simplement et elle en faisait partie.