SeelVer << a crash by night

Le destin nous tire parfois de drôles de choses, c’est ce que j’aurais pu dire à ce moment même, ou même penser. J’étais dans mon canapé, chez moi, isolé dans le noir. Ce soir pas de service, pas de caserne pour me faire penser à autre chose. Je me sentais seul, mais au fond, depuis combien de temps j’avais cette sensation ? Depuis que j’avais perdu Joanne sans doute. Depuis que Kary m’avait sauvé en Afrique, du moins en quelque sorte, j’avais repris un peu le contrôle de ma vie, malheureusement son départ n’avait fait qu’effondrer mon nouveau château de cartes. J’étais assis là, à contempler une bouteille à peine entamée qui me tendait presque les bras. Je soufflais longuement et alors que je craquais, alors que ma main s’approchait de celle-ci, je sentais mon portable vibrer sur ma cuisse. Silver. Si j’avais été en état un sourire se serait presque dessiné sur mon visage. Je réponds et mon visage devenait automatiquement lugubre. Un accident de voiture. Il ne m’en fallait pas plus pour descendre de chez moi et monter à bord de la mienne pour foncer jusqu’à la sortie de la ville. J’arrivais en quelques minutes, c’est ça l’avantage d’habiter dans un appartement miteux en plein centre-ville. Je me garais alors derrière elle et sortais tout en ne me souciant pas de la pluie qui fouettait mon visage. Je m’approchais alors en courant de la voiture, manquant de glisser à cause de la boue qui commençait à envahir le tarmac. « Silver, ça va ? Il s’est passé quoi ? »

Mon cœur s’était accéléré, je pouvais presque le sentir gicler dans mes tempes. J’avais l’habitude de faire des interventions sur des voitures accidentées, voir des morts toujours accrochés à leurs volants, mais là il s’agissait d’une personne que je connaissais et que j’appréciais. Silver était dans de beaux draps et le fait de constater ça faisait remonter de la bile dans ma gorge. J’avais peur d’être une fois de plus impuissant. Alors que je me dirigeais vers elle, la pluie fouettant mon visage, je commençais à paniquer, et si c’était trop tard, et si je ne pouvais rien faire, comme pour Joanne ? Je n’allais pas réussir à perdre quelqu’un à nouveau, je n’allais pas m’en remettre, il fallait qu’elle vive. Je l’appelais par son prénom et elle ne répondait pas pendant de longues secondes interminables. Je soufflais alors de soulagement alors que j’entendais sa voix frêle. « Pas étonnant, tu dois avoir une commotion étant donné ta plaie. » Je posais mes doigts sur les contours de la plaie afin d’examiner celle-ci, ce qui n’était pas évident à cause de la noirceur de la nuit accompagnée de la pluie. Je posais alors rapidement mes mains sur le corps de mon amie alors qu’elle tentait de bouger. « Non non ne bouge pas, je dois vérifier que tout va bien avant de faire quoi que ce soit ! » Les minutes d’après, j’examinais chaque recoin de son corps, sa jambe était coincée, sa tête saignait mais à part ça, pas d’autres dommages. J’observais alors un arbre qui commençait dangereusement à tanguer au-dessus de notre position à cause de la tempête. Je ne disais rien au sujet de celui-ci et frappais le plus fort possible dans la carcasse de la voiture en dessous du volant pour casser ce qui retenait la jambe de la blonde. « Bon très bien, tu vas passer tes bras autour de mon cou et t’accrocher le plus possible d’accord ? Je vais te tirer de là. »