[FLASHBACK] moonlight

Un jour comme un autre. Ou plutôt, une nuit comme une autre, à te pavaner seule, au bras d'un fantôme, faisant claque tes talons contre le sol, comme si t'étais de ces putes de rues qui n'attendait que d'se faire un client. Tu aurais pu. Tu avais l'accoutrement pour, et le style aussi, mais surtout, t'avais tous les atouts pour te faire passer pour une prostituée de trois heures du mat. Tu te promenais lentement, un peu pompette ; t'avais quatre ou cinq shooters dans le corps et ça commençait déjà à faire son effet. Faut dire qu'ils étaient bien puissants, ceux que t'avais pris. Mais bon, trop tard pour les vomir, t'étais bien. Plus que bien, même. Tu marchais à l'horizon sans aucune indication precise. Si tu finissais à l'autre bout du monde, alors tu te retrouverais là, un point c'est tout. Pourquoi certains se rendaient la vie plus compliquée qu'elle ne l'était déjà? Il fallait la rendre simple et tout allait pour le mieux. Et ça, pour n'importe qui sur cette putain de planète. Mais quand même, la vie était à chier. Et tout l'monde le savait, ça. C'est un peu sous l'effet de l'alcool que tu t'arrêtas en plein milieu de la rue pour crier, du plus fort que ta gorge et tes poumons te le permettaient : " LIFE SUUUUUUUUUCKS! " Tu ne t'arrêtas que lorsqu'il te manquas de souffle, puis tu t'écrasas au sol, te laissant aller à regarder les étoiles. Pourquoi t'avais fait ça? Pour aucune raison, mais t'étais bien. Vraimen bien.

C'est le genre de soirée qui ne me laissera aucun souvenirs, contrairement à ceux qui m'auront croisé. J'étais dans un état déplorable, moi qui était si fier et arrogant, je pouvais aller me rhabiller, j'étais juste bon à jeter à la poubelle. Je sortais de ce bar que je ne reverrai peut-être plus jamais et essayait tant bien que mal de me rendre vers l'Université. J'étais perché sur mes talons, me cassant la gueule chaque fois que c'était possible, et avait la tête d'un déterré. D'ailleurs, message à ceux qui pensaient avoir croisé un figurant de Thriller, ce n'était pas le cas. L'alcool avait sûrement prit le dessus sur mon sang, j'avais jamais autant ingurgité de boisson. Une chose était sûre : j'étais hydraté. Sur mon chemin que je comparerai à une épreuve de koh lanta, je croise quelqu'un, dont il me sera impossible d'en déterminer le sexe vu mon taux d’alcoolémie. Alors que je venais de trouver un certain équilibre, voilà qu'elle se met à gueuler comme une vache folle. En moins d'une seconde j'étais le cul au sol, les quatre fers en l'air. Pourquoi crier comme ça ... Disais-je avec une voix de torchée. Il était loin le Motya sophistiqué et snob.

Dans ta solitude, tu entendais le son de hauts talons percuter le sol avec vigueur et acharnement. Quoi? Tu étais si saoule que ça que t'en perdais les pédales et que tu t'entendais en écho, comme si tu vivais les quelques secondes passées, alors que t'étais à présent couchée? Et si tu n'étais pas vraiment couchée... Et si tu étais sur le point de tomber, et que tu visualisais couchée? Non, trop de pensées pour rien, surtout qu'elles n'avaient aucun sens. Aucun. Rien que du ridicule, purement et simplement. Pourquoi crier comme ça ... Une voix un peu étrange, faible, impossible à bien distinguer, parviens à tes oreilles. " Mmh... " Tu tournes la tête à gauche. Rien. Puis à droite. Tu fermes les yeux avant de les rouvrir, car tu voyais flou, mais pas trop, non plus. Y'avait quelqu'un... un homme. Ou bien une femme. Ou quelqu'un qui passait Halloween en retard. Enfin, p'têtre que cette personne avait trop adoré Halloween aussi et avait préféré garder son costume. Qui sait? Bon, non. Tu galérais, t'étais conne. " Faut s'faire entendre, dans la vie. ", dis-tu d'une voix plus faible, comme si tu te contredisais. C'était un murmure et t'étais même pas certaine qu'on t'ait entendu. " Wah... Ces talons.. J'les kiffe! Tu les as pris où? ", demandes-tu dans un sujet totalement autre, comme un enfant qui ne se souvient plus de ce qu'il vient de dire il y a à peine deux secondes.