Talk ! | ACE & TALYA

Depuis que j'étais arrivée en ville et surtout à l'université, je devais dire que j'étais plutôt bien intégrée. Je m'étais rapidement faite des amis et j'avais donc du monde avec qui sortir lorsqu'il y avait l'occasion qui se présentait. J'étais une jeune maman, endeuillée certes mais ma fille me faisait avancer, je ne pouvais pas baisser les bras notamment pour elle et il fallait que j'avance. J'avais donc pris le taureau par les cornes, n'hésitant pas à accepter toutes les propositions de sortie laissant la petite Charlie à mes parents chez qui j'habitais encore, et oui vivre avec eux avait au moins cet avantage. Ce soir, Charlie était une nouvelle fois avec ses grands-parents et moi de mon côté après avoir passé le début de soirée dans un bar branché avec plusieurs amis, nous avions pris la direction d'une boîte de nuit branchée de la ville pour finir la soirée. Rapidement, plusieurs verres s'étaient enfilés, je savais tenir plutôt bien l'alcool puisqu'en Ukraine manger à la vodka n'était pas rare alors cela ne me dérangeait pas. Mais au bout d'un moment cela me fit tout de même voler les dernières brides de timidité restant en moi. Ma cible ? Ace. J'avais remarqué qu'il avait pris de la distance alors que d'habitude, un petit jeu de séduction se tramait entre nous aussi bien de son côté que du mien. Je ne comprenais donc pas sa totale ignorance à mon égard. Les autres soirées j'avais laissé passé, attendant de voir le lendemain mais aujourd'hui l'alcool m'aidant, j'étais décidée et je me dirigeais déjà droit vers lui. Je me plantais juste en face de lui alors qu'il était avec une fille, faisant comme si elle n'était là, ce que je n'aurais jamais fait en temps normal et sans l'aide de la boisson. " Eh mon coeur, alors on vient pas danser ? " Je jettais un regard noir à la fille non loin de là qui dû comprendre que sa place n'était plus là. Je l'avais enfin pour moi pour démêler cette histoire de distance.

Je n'étais pas folle, j'avais vu clair dans le jeu d'Ace il était distant, il avait un problème. En fait il n'était même pas distant, il ne m'approchait tout simplement plus comme si j'avais la pire des maladies contagieuses ce qui n'était pas le cas ou comme si je lui avais fait la pire des crasses du monde et alors là ce n'était à nouveau pas le cas. Je n'étais pas ce genre de fille à passer d'un garçon à l'autre, du lit d'un garçon à l'autre plutôt, j'aimais en profiter en soirée, séduire mais je n'allais jamais trop loin, jamais jusqu'à des choses que je pourrais regretter. J'aimais la complicité, l'amitié que j'avais créé en si peu de temps avec Ace et ce petit jeu de séduction entre nous, il me voyait comme une femme et cela faisait clairement du bien car depuis la naissance de Charlie je n'avais plus l'impression de n'être qu'une mère, pas facile d'accepter cela à mon âge. Sauf que les choses avaient changées et j'en avais la confirmation de suite. Il me lançait un regard noir alors que je venais de faire fuir sa conquête de la soirée ce qui d'ordinaire le ferait plutôt rire doucement et il n'était pas du tout accueillant son ton étant des plus froid. Le petit truc qui pouvait scintiller dans mes yeux se stoppa de suite lorsque j'entendis sa voix et mon sourire se dissipa, j'allais être plus sérieuse, aussi sérieuse et froide qu'il pouvait l'être s'il voulait qu'on joue à cela. "Ce que je veux ? Passer du temps avec toi comme ça fait près d'un mois que tu ne me calcules pas ! " Je n'étais aucunement en train de lui faire une crise de jalousie, ni lui ni moi n'étions liés par un contrat avec l'autre. " Si tu lui plais vraiment elle reviendra la prochaine fois... parce que moi je ne compte pas te lâcher ! " Il ne pourrait pas dire qu'il ne savait pas à quoi s'en tenir au moins. Ce soir, il allait devoir conjuguer avec moi qu'il le veuille ou non comme il ne l'avait pas fait depuis trop longtemps.

Le sourire sur mon visage venait de disparaitre d'un coup avec les phrases assassinent que Ace venaient de me sortir. J'étais sur le cul, complètement choquée, non pas choquée qu'il sache pour Charlie puisque je ne la cachais pas, mais plutôt choquée qu'il me parle ainsi alors que je ne pensais pas l'avoir mérité... que je ne l'avais pas mérité, c'était sûr, en fait, il faisait juste parti de ses nombreuses personnes qui jugeaient sans savoir, mais il avait voulu faire mal, c'était réussi. Malgré les larmes qui me piquaient les yeux à cause de sa réplique assassine, les nerfs montaient en moi et lorsqu'il eut terminé je ne pus que lui répondre des plus froidement et sèchement : " Alors c'est ça ? T'es un de ces connards qui jugent sans savoir ? Qui pensent que j'abandonne ma fille à une pauvre nourrice pour sortir tous les soirs ? Qui pensent que j'ai eu mon gosse après une coucherie d'une soirée parce je suis une salope qui couche tous les soirs et qui ne sort que dans le but de se faire prendre ? " J'étais franche, directe, et pas du tout délicate dans mes propos mais je n'en avais rien à faire. " Tu me répugnes, je me barre c'est bon, Charlie est d'une bien meilleure compagnie tu as raison ! " J'allais partir mais avant cela je pris tout de même la peine de me retourner pour lui préciser : " Ma fille est avec ses grands-parents à l'heure actuelle, elle dort paisiblement dans son lit après avoir été couchée par sa maman, sa maman qui sera là demain pour lui donner le biberon au réveil et s'occuper d'elle, sa maman qui n'a pas d'autre choix que d'assumer seule sa vie d'étudiante et de mère parce que son mari est décédé un mois avant son accouchement ! " Je ne pris pas la peine de terminer mon verre mais lui envoyai plutôt à la figure avant de reprendre la direction de la sortie, les larmes coulant maintenant sur mes joues alors que je tentais de les essuyer au fur et à mesure pour que personne ne les voient.