Cody&Alexia - les vacances sont finies

Ca faisait deux mois qu'Alexia avait embauché Cody, et concrètement, ça faisait un bon mois qu'elle avait l'impression qu'il n'en foutait pas une rame. Surtout à côté de Niels, qui, lui, bossait comme un malade, alors qu'il avait plus de responsabilités. Et puis elle ne savait pas du tout où en étaient ses relations avec le président Lowell. Elle n'était même pas au courant que Danae et lui, c'était fini, en fait. Elle en était resté à sa dernière conversation un peu houleuse avec lui, et puis Danae qui se terrait quelque part et avait disparu des écrans radars. De toute façon, elle ne voulait plus se meler de leurs histoires. Aujourd'hui, elle avait envoyé un sms à Cody pour lui demander de venir dans son bureau pour un motif entièrement professionnel. Oui, parce qu'elle s'était enfin décidée à louer des locaux pour Tecwave. Ca ne pouvait pas continuer à la dunster house pour l'éternité. Elle louait donc un étage complet dans un immeuble à côté de central square. Et du haut de sa robe rouge et de ses talons noirs, elle attendait Cody de pied ferme.

Voilà que Cody ne vivait pas, que Cody ne vivait plus, qu'il errait dans ce monde comme Michael Jackson hante son ranch au Texas. Il était dans une lente lente lente dépression, la tête en bas dans le siphon. Il n'avait plus goût à rien et pourtant, il ne pouvait s'en vouloir qu'à lui-même ; il avait quitté sa petite amie qu'il aimait tant, il n'avait donc pas le droit d'être aussi triste. Malheureusement, son coup de blues commençait à se faire ressentir dans son travail. Oh, lui, il le voyait, ce désintérêt profond pour les comptes de résultat et les bilans de l'exercice. L'analyse financière ne le stimulait pluuus, Ô rage, Ô désespoooooooir. Malheureusement, Alexia s'en rendit compte, à en juger par le SMS aussi chaleureux qu'un mister freeze qu'il reçut. Il soupira et se prépara donc à cet entretien avec sa patronne. Il s'agissait là d'une des premières fois où il se rendait dans les nouveaux locaux de Tecwave et, mine de rien, c'était assez impressionnant. Si Cody n'était pas au bout du rouleau, il serait fasciné par tout ce nouvel environnement. Il fut guidé par la secrétaire jusqu'au bureau où il entra sans frapper. Elle avait brisé son cœur sans délai de rétractation, il pouvait bien entrer chez elle sans signaler sa présence, hein. « Tu...Vous...Tuuuuu .... Vous, vous ... Vous ? Madame la présidente voulait me voir ? » demanda-t-il en restant droit comme un piquet dans l'entrée, les yeux bouffis par la fatigue. On faisait impasse sur son gros beuggg, Alexia le perturbait déjà bien assez.

Pendant qu'elle attendait le président Lowell, Alexia commença à bidouiller un programme sur excel pour lui simplifier la vie et ses calculs, vu que madame était multi-tâche, et il la fit sursauter en rentrant dans son bureau sans prévenir. "Madame la présidente aimerait bien que tu frappes avant d'investir son bureau, ça lui épargnerait des crises cardiaques et augmenterait fortement son espérance de vie." Elle s'était levée d'un bond, sérieusement, il voulait sa mort ou quoi ? "C'est tu Cody, on est tout seul dans ce bureau, c'est moi, Alexia, je ne vais pas te manger" Quoique, la dernière fois qu'ils s'étaient vus, elle l'aurait bien envoyé à l'abattoir. Mais bon, mieux valait ne pas y penser, Danae ne lui parlait plus, Sienna dirait ce qu'il y avait à dire, et puis c'est tout. Au lieu de se mêler des bêtises du Lowell, elle allait plutôt roucouler tranquillement avec Niels sans se prendre la tête, c'était ce qu'il y avait de mieux pour tout le monde. "Assieds toi Cody. Il faut qu'on parle." Ce foutu il faut qu'on parle qui vous donnait les chocottes à chaque fois que quelqu'un le prononçait, genre on va m'annoncer la fin  du monde je vais mourir au secours. Alexia en profita pour se rassoir sur sa chaise. Chaise avec des roulettes, du cuir noir et tout et tout, attention. "Tu peux me faire un point sur tes dernières avancées ?"

Screugneugueuuuu. Cody faisait don de sa présence à Alexia et elle trouvait moyen de se plaindre, genre qu’il réduit son espérance de vie … Qu’est-ce qu’il en avait à faire ? Elle avait abrégé la vie de son couple, elle avait mis un coup de hache dans le Codae, séparer le Cod du Ae et, aujourd’hui, Cody avait l’impression d’avoir perdu une part de lui. Et pas seulement son Y auquel il tenait affectueusement. « Désolé. » fit-il en baissant la tête comme un enfant puni. Elle lui demanda de s’asseoir et il s’exécuta, même s’il avait légèrement l’impression d’être inférieur face à elle qui avait dégainé le fauteuil de ministre, la voix sinistre et tout le toutim qui faisait peuuur. Mais Cody n’avait pas peur d’elle, il n’avait plus peur. Elle pouvait lui faire quoi de plus, de toute façon ? Le virer ? AHAHAHA, laissez-moi rire. « Je t’écoute. » lâcha-t-il d’une petite voix. A présent, elle demanda de lui faire un point sur son travail, euuuh … L’humoriste en lui avait envie de sortir une feuille blanche et de dessiner un point dessus, AHAHA. Mais l’appel du comédien fut plus fort et il tomba dans les lamentations, reniflant par intermittence ; « Je, euh … J’ai réussi à sortir de mon lit, et c’est une belle avancée. J’ai dû passer 66 heures au fond de ma couette, jusqu’à ce que … J’ai certains besoins physiologiques à satisfaire. Et je me suis remis à manger. Avec des couverts. Parce que oui, je mangeais, mais c’était pas propre et ma mère commençait à désespérer. Donc elle a commencé par me donner une cuillère en plastique à Jess et je me suis re-habitué à manger correctement comme ça. C’est pratique. » Voyant la mine démontée d’Alexia, il conclut avec une petite grimace ; « Mais je suppose que tu ne parlais pas de comment je gère ma rupture … » Quelle amie indigne, bouuuuh ! Ses super potes avaient rompu mais elle ne pensait qu’à sa start-up pourrie et son copain pourri et sa vie pourrie. Tout est pourri quand ça vient d’Alexia Dickins.

D'accord, donc aujourd'hui au menu, c'était Cody-je-suis-malheureux-aie-pitié-de-moi-s'il-te-plait. Et pourquoi pas les yeux de chat potté tant qu'on y était. Il lui baragouina un truc improbable, genre l'histoire de sa matinée quoi, tout ça pour essayer de lui dire qu'il n'avait rien foutu. D'accord, au passage, elle apprit sa rupture d'avec Danae. Elle fut surprise, parce qu'elle n'était pas au courant et prit quelques secondes de silence pour réfléchir. Cody et Danae avaient rompu, ils n'étaient plus ensemble, nada. Quelque part, tant mieux pour Danae. Ca lui éviterait de souffrir un peu plus avec ce clown. Les clowns joyeux c'est cool, mais les clowns tristes c'est déprimant. Ok, ça devait être dur pour Cody. Maaais il l'avait un peu cherché. Puis en plus, des filles, il en retrouverait d'autres. Alexia n'aimait pas convaincue qu'il ait réellement été amoureux de Danae. Bon, bon, de toute façon, ça n'était pas ses oignons, on avait dit qu'elle ne s'en melait plus. "Je suis désolée pour toi. Mais je suis sure que tu vas vite t'en remettre." Avec Jessie. Quoi, elle l'avait à voix haute ? Ah, non, vu la tête de Cody, elle l'avait juste pensé. Ouuuf. Des fois ses pensées lui échappaient, c'était fou. "Je ne suis pas douée pour comprendre les messages subliminaux mais celui là, je l'ai eu." Ouais, à savoir salut patronne j'ai rien foutuu. "C'est pas parce que t'es mon ami que je ne peux pas te virer. Niels est déjà quasiment prêt pour l'introduction en bourse. Et toi t'as pas avancé. En entreprise, il y a des délais à respecter, tu ne peux pas laisser ton job de coté comme ça." Alexia pas contente du tout. Elle commençait à regretter de l'avoir embauché. "Rattrape ton retard Cody."

Honnêtement, il n'espérait pas une once de pitié de la part d'Alexia. Pas une seconde elle n'avait hésité à mettre en péril son histoire avec Danae, pas une seule seconde elle s'était dite 'merde, ce sont tous les deux mes amis, puis-je vraiment me permettre de me mêler de leurs affaires au risque de les détruire ?' Et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle se montrerait compatissante. Toutefois, c'est vrai qu'il aurait aimé retrouvé l'Alexia maladroite des premiers jours, naïve et pleine de vie. À croire que son copain l'avait totalement perverti car elle n'avait rien de la fille que Cody avait rencontré un soir au bar. Il se leva de sa chaise et haussa les épaules. « Ton ami … ? De quelle époque parles-tu exactement ? De la fois où tu me faisais boire pour m'extorquer des infos sur des applications ? Ah non, peut-être que tu fais référence au Summer Camp où tu battais des cils pour savoir si mon équipe était maudite. Ou … Ouais, y a aussi le jour où tu as décidé de tuer mon couple. C'était pas mal aussi. Je me suis jamais autant amusé avec une amie. » lâcha-t-il froidement. Il voulait la jouer fine mais finalement, c'était plus dur qu'il ne le pensait. Il perdait son sang froid mais, prenant une profonde inspiration, parvint à garder un semblant de calme. « Tu … Devrais me virer. Je n'arriverais pas à être opé' dans les jours à venir, je vous fais perdre du temps, de l'argent, et j'en suis sincèrement désolé. » Il se pinça la lèvre et se dirigea vers la porte … Sauf qu'il revint sur ses pas, juste le temps de glisser à demi-mot ; « C'est vraiment dur de travailler pour toi. Et j'dis pas ça parce que t'es une patronne légèrement tyrannique, ni parce que tu m'as blessé et ni parce qu'on n'est plus amis. C'est vraiment difficile d'être proche de toi et d'être juste … À côté de toi. » ça, c'était la première étape de son plan d'action 'retourner le cerveau d'Alexsatan'. Des sous-entendus d'homme blessé, d'homme paumé, comme ça. Au pire elle ne noterait pas et tant pis, il avait d'autres cordes à son arc, d'autres complices. Tant qu'elle retenait ses premières paroles les plus honnêtes, où il disait qu'elle avait été une putain d'amie. Ah oui. Alexia passe souvent pour la fille pleine d'entrain, candide, un peu naïve … Mais c'est faux. Elle est calculatrice, manipulatrice, sans pitié.

En fait cette réunion improvisée était en train de virer au règlement de compte personnel, et Alexia avait été suffisamment naïve pour croire que les choses allaient relativement bien entre eux. Loupé. Numéro un au banc des accusés, Alexia Dickins. La fille qui se rendait malade dès qu'elle se prenait la tête avec quelqu'un. Alors qu'un type qu'elle considérait comme son ami lui balance en pleine tête qu'a priori elle n'avait rien d'une amie, imaginez le grand huit dans son estomac. Elle en resta scotchée sur place, complètement désarçonnée. Elle ne savait pas si elle devait s'énerver ou se sentir coupable. Le virer ou bien s'excuser. La pauvre ne savait jamais quelle attitude adopter dans ce genre de situations. Puis Cody commença à lui demander de le virer. Et à dire que c'était dur de bosser pour elle. C'est vrai qu'elle était exigeante, mais Niels y arrivait. Mais Niels en même temps c'était son petit ami, si ça se trouve il souffrait et il ne disait rien pour ne pas la vexer. Et merde, elle se sentait coupable maintenant. "Cody attends !" Elle se leva. "Je suis désolée. Je ..." Tu quoi, blondie ? "Je vais te mettre en congé pendant quelques jours, d'accord ?" Non, elle ne le virait pas. Un coeur en éponge cette fille. "Je me rendais pas compte, je pensais ... Excuse moi d'avoir été trop dure dans le travail." Ils n'étaient plus amis. Merde quoi. Elle se sentait blessée. Horriblement blessée. "Cody j'ai toujours été ton amie, je te le jure ! Tu te souviens quand on s'est balancé du pop corn et du café à la figure au cinéma ? Et quand tu m'as étalé de la crème solaire sur la plage comme un gentleman ?" Un gentleman ouais. C'est fou comme on transformait les choses dans ses souvenirs avec un peu de temps qui avait coulé sous les ponts. "J'ai jamais voulu tuer ton couple, je voulais la même chose que toi, que Danae ne souffre pas en apprenant l'info par CS ! Parce que vous étiez tous les deux mes amis !" Elle baissa la tête. Elle sentait sa gorge se nouer. Comment elle en était arrivé là ?