Mouiseuh, il avait tout pris au pied de la lettre. Certes, j’avais dit qu’on pouvait avoir des surprises, mais de là à me braquer une lampe dans la tronche ! Fallait pas abuser. Aveuglée dans un premier temps, le temps que je saisisse, ce qui se passait, je l’avais eu aucune réaction. Mais je finis par poser la main sur sa lampe pour lui faire baisser son arme de guerre, en veillant à ne pas toucher le moindre centimètre carré de sa peau pour ne pas avoir de réaction grotesque. Quel grand malade ! On ne braque pas des objets brillants dans une pièce sombre alors qu’il y avait un mec avec un masque difforme qui se baladait partout pour faire peur ! C’était un coup à faire une attaque !
Il m’attaqua peu après sur un sujet plus personnel. Je me contentais de boire et de grogner que je ne couchais plus. Il eut l’air véritablement surpris. Je ne savais pas ce qui se passait dans sa tête, peut-être qu’il ne pensait pas qu’une charmante créature telle que moi ne puisse pas coucher avec tout ce qui est de sexe masculin et bien gaulé. Il ricana avant d’avouer qu’il préférait mourir que de regarder ses potes le faire. Je haussais les épaules.
-Disons que ça ne m’intéresse plus. Au final, c’est toujours la même chose, personne ne peut me faire prendre mon pied, je dois être trop exigeante ! fis-je avec de l’amertume dans la voix.
En réalité, je me cachais derrière les apparences. Je ne voulais coucher avec des mecs après ce qui m’était arrivé. Seul Angel pouvait encore m’approcher et me toucher, mais pas intimement. Je me refusais désormais à tout contact. Sauf que ça, le Mather n’était pas obligé de le savoir. Je décidai donc de noyer le poisson en lui lançant une pique désinvolte. Il se vanta, mais un mot tiqua à mon oreille. « Eux ». Pas « elles », « eux ». Voilà qui m’apprenait soudain pas mal de choses. Mine de rien, je me détendis un peu : il ne tenterait pas de m’attirer dans son lit. Enfin vu comme il réagissait déjà… J’étais sûre, ou à peu près, qu’il ne m’aimait guère.
-Dois-je en conclure que tu es plus amicale avec eux qu’avec moi ? fis-je, faussement offusquée.
Je vais être vexée ! Remarque, ça montre que tu es capable d’une chose ! ajoutai-je avec un sourire moqueur qu’il ne pouvait pas voir.
Je n’avais pas lancée cette phrase sur le ton de l’insulte, tout comme la précédente, mais j’aimais bien lui envoyer des piques. Et puis il répondait assez bien, ce qui me donnait envie de continuer. J’eus soudain une révélation, et je ne pus m’empêcher de réfléchir à voix haute.
-Qu’est-ce qui pourrait bien être son type de mec ?Je posais un doigt sur mes lèvres et regardais vers le plafond noir. Oups… C’était indiscret comme question, et je ne le lui avais même pas posé directement. J’étais dévorée par la curiosité cependant. Je ne comptais pas faire de grandes discutions comme celles entre filles qui parlent de mecs, il devait avoir des goûts assez… différents des miens. M’enfin, la question était posée, il pouvait y répondre ou non.
Une lumière attira mon attention, il venait d’allumer son portable. Il semblait dépité car il le rangea quasi immédiatement. Il attendait le message d’une conquête peut-être ? Soudain, j’entendis un « Yes » qui me fit sursauter. J’aurais eu une poêle à la main, je l’aurais assommé avec en lui mettant un grand coup dans la tête. Il tenait à ma mort ce type ! Il me faisait encore plus peur que le mec au masque bizarre ! Il prit un cachet et
mon verre, le mien à moi, pour l’avaler. Mal de crâne ? Pas sûre que le rhum allait l’aider. Il me demanda si j’avais gagné un peu de fun, et la lumière ce fit en moi. Non, ce n’était pas un Doliprane ou quelque chose du genre, mais bel et bien un truc de Mather ! Il me présenta un cachet que je pris précautionneusement. Je le glissai entre mes lèvres et bus une gorgée de boisson, ou plutôt le fond qu’il avait daigné me laisser, qui me réchauffa la gorge. Un doute s’empara de moi : qu’est-ce que c’était.
-Au fait, c’est quoi ? Histoire que si ce soit bon, je me charge d’en reprendre pour te le rendre !A supposer que l’on se revoit. Mais je le sentais plus détendu. Après tout, il m’avait dit non pour son joint, mais il venait de me proposer son
truc sans que je n’ai eu besoin de le lui demander. C’était signe qu’il m’appréciait ? Ou au moins les piques que je lui balançais.
Je sentais l’alcool bu précédemment diffuser une douce chaleur dans mes veines. Effectivement, ça n’avait pas traîné, ça faisait tellement longtemps que je n’avais rien bu. Et puis avec ce cachet et ce fond de verre, je me faisais à l’idée que la soirée ne serait pas si mauvaise que ça. Je ne serais peut-être pas défoncée au point de tout oublier, à moins que j’en redemande, au risque de me taper u mur, mais j’avais le sentiment que j’allais pouvoir extérioriser un peu tout ce qui m’était arrivé comme merdes ces dernières semaines.
Je me relevai, un brin chancelante. Je ne pus m’empêcher de sourire à mon air empoté. J’étouffai un rire pour ne pas montrer à mon thon préféré que je commençais à être bien.
-Et si on allait mettre la misère à tous ceux qui ont peur ? Nous aussi on peut leur foutre la trouille de leur vie !Je lui tendis la main pour l’aider à se lever. Je me sentais comme une gosse, un brin rebelle à l’idée de faire « le mal ». Mais toute seule, ce n’était pas drôle, il me fallait un compagnon d’infortune !
- Spoiler:
Désolée pour le pavé ! >.< Tu m’as trop inspiré cette fois ! XD