De la musique à s'en faire péter les tympans, un joint coincé au bord des lèvres et une osmose parfaite avec la vie à cet instant précis. Emportée par le rythme infernal de la chanson défilant en boucle depuis des heures, j'tournoyais encore et encore avide de la sensation de liberté que je pouvais ressentir. Mais comment avais-je pu me passer de tout ça ? De la décadence, de l'ivresse, des sensations ? C'était comme exister à nouveau que replonger dans tout ça. Retrouver mon ancienne vie, mes mathers, ma maison. Parce que tout ça, c'était à moi. Peu importait ce que pensait Apple, ce que voulait Kenny. Fallait arrêter de vouloir me changer comme si quelque chose était cassée en moi. J'avais pas besoin d'être réparée. J'allais très bien. Parfaitement bien même. Et il avait été stupide de croire que je pouvais devenir la petite fille parfaite que tout le monde avait cherché à ce que je devienne pendant trop longtemps. J'étais pas Charline Kovalevski, riche héritière. J'étais Charlie, juste Charlie. Charlie la droguée. Charlie la croqueuse d'homme. Charlie la bitch. N'importe quel autre surnom. Je m'en foutais. Et la porte s'ouvrait laissant apparaître Cordell. Il était cool lui, vraiment cool. Assez pour que je ne râle pas de son impolitesse soudaine. Assez pour que je lui adresse un sourire.
Tu t'avances dans les couloirs de la Mather House que tu connais par coeur. Tu leur ressembles beaucoup, aux Mather, avec ton côté fêtard, et tu te demandes même parfois ce que tu fous chez les Winthrop et pas chez les Mather ? Peut être que t'as pas envie d'être associés aux faux marginaux qu'ils sont, t'en sais rien. T'as besoin de fumer ce soir, et ton appart est vide. Plus rien. T'as bien profité faut dire, hier soir, avec tes potes. Les gros bâtards t'ont rien laissé. Tu te dis qu'à la MH, doit surement y avoir de quoi toucher. Plus tu t'avances et plus tu penses que t'as envie de joindre l'utile à l'agréable. Alors tu t'poses devant la porte de Charline et l'ouvre sans vraiment taper. T'es pas vraiment polie, comme type. " Yoh, ç'va ? "
" Yoh, ç'va ? " Techniquement, il avait vraiment de la chance que je ne sois pas d'une humeur massacrante. Parce que son impolitesse aurait vraiment pu m'inciter à lui dire des jolis noms d'oiseaux pour lui signifier à quel point il pouvait m'exaspérer par moment. Sauf que là, non. J'souriais juste rallumant un joint que j'avais mis de côté. « Toujours. » J'le connaissais tellement que s'il était là, c'était pas seulement pour prendre de mes nouvelles. J'étais d'ailleurs persuadée qu'il avait strictement rien à foutre de mon état du moment. Peu importe, j'étais comme lui. C'était d'ailleurs pour ça que je lui retournais pas la question. « T'as besoin de quoi ? » Autant en venir au but directement non ? Moi, j'voyais déjà la scène. Il allait me demander de lui dépanner deux trois trucs à fumer et ça s'finirait dans des ébats sexuels jusqu'à la prochaine fois. Chouette programme en somme.
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De la musique à s'en faire péter les tympans, un joint coincé au bord des lèvres et une osmose parfaite avec la vie à cet instant précis. Emportée par le rythme infernal de la chanson défilant en boucle depuis des heures, j'tournoyais encore et encore avide de la sensation de liberté que je pouvais ressentir. Mais comment avais-je pu me passer de tout ça ? De la décadence, de l'ivresse, des sensations ? C'était comme exister à nouveau que replonger dans tout ça. Retrouver mon ancienne vie, mes mathers, ma maison. Parce que tout ça, c'était à moi. Peu importait ce que pensait Apple, ce que voulait Kenny. Fallait arrêter de vouloir me changer comme si quelque chose était cassée en moi. J'avais pas besoin d'être réparée. J'allais très bien. Parfaitement bien même. Et il avait été stupide de croire que je pouvais devenir la petite fille parfaite que tout le monde avait cherché à ce que je devienne pendant trop longtemps. J'étais pas Charline Kovalevski, riche héritière. J'étais Charlie, juste Charlie. Charlie la droguée. Charlie la croqueuse d'homme. Charlie la bitch. N'importe quel autre surnom. Je m'en foutais. Et la porte s'ouvrait laissant apparaître Cordell. Il était cool lui, vraiment cool. Assez pour que je ne râle pas de son impolitesse soudaine. Assez pour que je lui adresse un sourire.