prête moi ta douche ft.jasper

« Ah putain de merde ! » Je tournai le bouton, de toutes mes forces, pour que l'eau devienne chaude. Mais les gouttes gelées glissaient le long de mon corps. Je me caillais clairement. L'eau chaude ne revenait toujours pas. J'ouvrai la vitre et sortis, énervée et glacée, pris ma serviette et sortis de la salle de bain, ma serviette autour du buste. Je sortis de la chambre et regardai autour, tout le monde passait, et repassait, moi il me fallait de l'eau chaude, enfin d'abord de l'eau, c'était juste obligé. Je sortis alors dans le couloir, ma serviette blanche volant un peu partout, les gens me regardaient d'une façon étrange, d'autres, que je connaissais rigolaient. Je ne me gênai pas de leur tirer la langue. Toutes les chambres étaient déjà fermées, sûrement parce que certains fraudaient et ne dormaient pas dans leur chambres, bande de coquins. J'arrivai alors devant la chambre des trois boys, Priape, Charlie et Jasper. C'était trop tentant, la porte était ouverte et j'avais juste à lui demander de me prêter sa douche, et je m'en irais de suite. Mais d'un autre côté, ma relation avec Jasper était hype bizarre depuis quelques temps, enfin plus précisément depuis cette soirée, quand il venait d'être élu président de la Dunster, où je m'étais réveillée au petit matin, peu habillée et surtout dans son lit. That was weird, comme dirait ma grand-mère. Je m'approchai à petits pas vers la porte, qui était légèremennt ouverte. J’ôtai une main de mon buste, l'autre tenant la serviette, et toquai.  « Les gars, s'il vous plait, j'ai vraiment besoin de vous. » C'était peut-être illégal vis-à-vis d'Harvard, mais je m'en foutais, il me fallait de l'eau et c'était les seuls à pouvoir m'ouvrir. Je continuai à toquer, essayant de me sécher un minimum pour ne pas tomber malade.

Charlie et Priape, ces lâcheurs, s'étaient décidés à passer un moment dehors. Jasper, le sérieux, choisissait de plutôt rattraper son retard inquiétant dans ses précieuses études. Avec Salomée qui s'était envolée à des milliers de kilomètres, il avait eu du mal à s'y mettre, et depuis quelques semaines additionnait les retards. Ah il est beau le dunster. Se bloquant donc la journée, le garçon restait les yeux fixés sur l'écran de son ordinateur, ne gardant qu'un mince contact avec la vie de la confrérie par une porte entre-ouverte. Juste de quoi ne pas déprimer complètement. L'esprit obnubilé par les lignes de chiffres, Jasper n'écoute qu'à peine le bruit contre le bois, et la voix de Jaelle ne représente qu'un fond lointain. Assez présent pour qu'il relève la tête néanmoins. Puis c'est le président, donc obligé de lever son cul de la chaise pour aller à l'entrée de sa chambre. « C'est pas 'les gars', y a juste moi ! Qu'est-ce que j'peux faire pour.. » Qu'il marmonne en ouvrant en grand la porte, s'arrêtant dans sa phrase en voyant Jaelle face à lui. Ses billes, qui étaient descendues jusqu'à ses pieds, se relèvent brusquement sur ses traits. En serviette en plus, ok génial. «..toi. » Finit-il, bêtement, avant de reprendre le visage fermé : « Qu'est-ce que tu veux ? » Il est pas toujours comme ça, j'vous rassure. C'est juste avec elle.  

Non pas que j'aimais pas être sale, mais disons que ça pouvait s'avérer ... compliqué. Et pourquoi ce n'est pas possible de se doucher en paix, après une bonne journée, de travail intensif. Une serviette autour de la taille, je me trimballais, sous les regards plus ou moins étonné de mes confrères Dunster. J'en profitai pour saluer certains d'entre eux et j'avais droit à des répliques débiles telles que « Fais gaffe Lafferty, on voit un bout de tes ovaires. » ou encore « Mais quelle dévergondée celle là. » J'en rirais, parce qu'il était vrai que je n'étais pas fine dans cette tenue. Puis, je vis une seule porte entre ouverte, celle des trois garçons. J'hésitai d'abord à m'en approcher, mais c'était la seule chambre ouverte, et il fallait absolument que je rentre dans une d'elles. Je finis par toquer à celle de Jasper, en espérant que Charlie ou Priape vienne ouvrir. Mais malheureusement, c'était le beau brun qui vint et pas très content. Son regard était mauvais et ce qu'il disait était froid, peu agréable. Je me redressai, et le regardai, gardant mon sourire malgré tout. Sa phrase avait vite changé de ton et de forme. Je fronçais les sourcils tout en le regardant. « Ouuh, t'as pas l'air content toi. » Je souris, puis vis qu'il n'avait vraiment pas l'air d'être content. « Heu ... à vrai dire, j'ai un problème de douche et je cherche, quelqu'un ... qui pourrait éventuellement me prêter la sienne. » Je fis un grand sourire. Et dans ma tête, ça faisait plutôt : « File moi ta douche et après on discute. » Parce que nous en avions vraiment besoin. Ca faisait déjà un moment qu'on s'évitait, enfin, surtout lui, et je ne savais pas pourquoi il en faisait tout un fromage, alors que c'était pas grand chose.

Même pas Jasper prend la peine de simuler un quelconque entrain. Non, il n'était pas content de la voir là, et ses traits trahissent chacun de ses ressentiments. Surement aurait-il préféré la visite de n'importe quel autre dunster, même le plus inconnu. Parce que c'est bien là le problème : il la connaissait, et pas forcément de la manière dont il l'aurait voulu. Enfin.. si, sur le moment. C'est compliqué. Face à la demoiselle, c'est surtout le goût des regrets qui teinte sa langue et renferme son visage. « Non c'est... j'suis fatigué. » Oh le mauvais menteur. C'est mal joué en plus. Le pire, c'est qu'il y a même pas à avouer ou non, il la fuyait tellement depuis des mois que ça en devenait risible. Mais non, monsieur Ellington essayait toujours de sauver les apparences. Parce qu'avouer son « pas content », c'est devoir expliquer pourquoi. Alors il essaye, s'embourbant dans un semblant de réponse crédible : « Ca serait mieux que tu trouves une chambre de filles, par rapport au règlement toussa.. enfin, tu comprends. » Car les chambres ne sont pas mixtes, et par déduction, les douches non plus. Franchement, ça se tient non ? En gros : non. Pas possible. Sauf que.. ça siffle dans le coin. Une demoiselle perdue dans le couloir en serviette, dunsters ou pas, ça restent des mecs. Et, y a des réflexes qui restent. L'attrapant par le poignet, il l'attire à l'intérieur et claque la porte derrière elle. « Ok c'est bon, prends ta douche ici. » Qu'il renonce un peu malgré lui. Y avait beau y avoir une distance instaurée, il ne se voyait pas la laisser faire toutes les chambres de la DH dans cette tenue.   

Pourquoi je restais là encore, même quand je voyais sa tête de déterré, absolument pas content de me voir. Ça me faisais mal au coeur que ça se passe comme ça, même si j'avais l'air détachée face à lui. Parce que oui, au fond, ça me faisait du mal tout ce qui arrivait. Fatigué, fatigué, on dit tous ça quand ça nous arrange, alors qu'on est tous prêt à faire la fête quand ça nous tombe dessus. J'étais conte l'encadrement de la porte, à me faire siffler. Mon regard insistait. « Ah, je suis désolée ... » Non, j'en avais pas du tout rien à foutre, mais bon... Enfin bref, il n'avait pas tort lorsqu'il disait que si quelqu'un de haut niveau passait, j'allais sûrement me faire virer. « Je suis assez rebelle.. » Je lui souris, j’espérai qu'il le fasse avec moi, mais il était bien décidé, à être froid. On continuait à me siffler, à me vanner, je leur tirai la langue, puis, il m'emmena brusquement dans sa chambre, m''ordonnant de prendre ma douche. Ah bah enfin il s'était décidé à me faire rentrer. Je le remerciai grandement, pris mes quelques vêtements sous mon bras et allai dans la douche. Une vraie douche de mec. J'en sortis quelques minutes plus tard, me séchai, m'habillai et revins dans la chambre de Jasp'. « C'est bon, j'ai ... j'ai fini et ... j'ai laissé la rideau ouvert. Heu ... encore merci, pour ... pour ne pas m'avoir laissé sur le palier, c'est ... c'est vraiment cool. » Je souris, j'allais pas l'embêter encore longtemps, il avait tellement l'air content de me voir. Je pris alors la direction de la porte. Après, ça faisait quelques mois qu'il m'évitait et j'aurais quand même bien aimé en savoir un peu plus. Je me retournai vers lui. « Avant que je parte, j'aimerais quand même savoir pourquoi ça fait un bout de temps que tu es fatigué quand tu me vois ? » Je le regardai, dans l'attente.

L'excuse de la fatigue est facile, même pas digne de lui. Jasper aurait pu faire un effort d'originalité, d'imagination. Mais non, prit au dépourvu le pourtant bon menteur se révèle mauvais dans sa débacle. Elle n'en croyait pas un mot, et il la connaissait suffisamment pour le lire sur son visage. C'est comme ça, on a beau s'éloigner on en oublie pas ce qui faisait de nous des amis. Un peu meilleur par la suite, le garçon rebondit sur la règle de non mixité des chambres. Ce qui ne semblait pas la freiner. « Je suis assez rebelle.. » « J'suis pas sur que ça soit quelque-chose à dire à son président. » Tu parles, on fait pire comme tyran à la tête d'une confrérie. Mais président, c'est bien tout ce qu'il était encore pour elle. Et quand on y réfléchit, c'est de là que tout est partit. Un peu trop de joie, d'adrénaline, moins de conscience, et une amie dans son lit. Sa petite protégée, qui n'en est plus une mais qu'il tire tout de même du pallier. Elle file sous la douche, lui, erre dans sa chambre. Il essaye vainement quelques minutes de se concentrer sur ses cours, mais renonce rapidement. De toute façon, Jaelle revient vite, de ses mots balbutiants. Triste, c'est juste triste. Le remercier de ne pas l'avoir laissé planté là, ils en sont à ce niveau. « C'est de mon.. devoir, je crois. Prendre soin des Dunsters, tu sais.. » Il grimace. Conneries. Il entend ses propres conneries, voit s'étaler devant lui le gâchis. Faut qu'elle se barre avant qu'il regrette. Mais non, elle se retourne, et se demande. Pourquoi ? Il s'appuie contre son bureau. La porte va tarder à se refermer, c'est sur. « C'est pas.. » Ca ? Si, c'est un peu ça quand même. Le garçon relève ses billes foncées vers elle. « Tu sais très bien pourquoi, j'vais pas te faire un dessin. » Qu'il lâche, fatigué oui, mais de ses propres histoires.