AMILLE ϟ c'est du propre

Fatigué, tu traînes dans les couloirs à ne rien faire. Le service d'hier soir a été particulièrement épuisant et cette nuit, tu n'as que très peu dormi. Le lit t'attend quelque part comme un aimant et sans t'en rendre compte, tu entres dans les toilettes. Bien qu'il soit midi, ton cerveau est déconnecté et s'épuise à suivre le même rythme des autres. Il ne t'alerte pas pour dire qu'il a faim. Non, car somme toute, tu n'en peux plus de cette journée. Ce matin, tu n'as croisé personne que tu connais, pas un ami à l'horizon. A croire qu'ils te fuient comme la peste... Pff, tu ne t'attardes pas plus longtemps dans les toilettes, pressé de retrouver tes draps. Subitement, tu fais face aux miroirs impeccablement nettoyés. Heureusement que des gens sont payés pour laver ces endroits empestant l'urine, armés de serpillières et de lave-vitres. Ton nez est instantanément attiré par l'odeur chimique mais bienveillante du produit qu'on a passé dessus. Fermant les yeux, tu t'envoles pour le pays des senteurs, à l'image de ces prairies verdoyantes à perte de vue que l'on voit dans les pubs de lessive qui passent à la télé. Tu as de la chance que les toilettes sont vides à l'heure où les étudiants déjeunent car ta position est franchement ridicule. On dirait que tu rêves d'embrasser le miroir et c'est effectivement le cas. Ce miroir t'attire, enfin pas à proprement parler. C'est ce monde qui t'envoûte et te laisse transporter. Tu oublies comment tu as pu t'entraîner là-dedans, tu ne cherches plus à comprendre. Tu rêves et pas qu'un peu ! Cajoline l'ourson est avec toi et vous vous baladez au milieu des hautes herbes avant qu'il ne t'abandonne près d'une silhouette familière, celle de Torrey. Elle est là, pendant son linge. Elle s'aperçoit de ton arrivée et te lance un sourire joyeux. Vous vous rapprochez, emportés par le vent soucieux de votre bonheur. Suffisamment proche de toi, Torrey se jette à ton cou. Tu lui réponds de la même manière, goûtant en réalité à la surface du miroir. D'un bond, tu t'écartes soudain en entendant une voix sortie de nulle part. Quel putain de rêve !

Enervée ? Peut être un brin. En même temps, qui resterait totalement calme après avoir été en garde de vue ? Sûrement personne. Et là, peut être qu'avec la fatigue et tout le reste, tu prenais trop les choses à coeur. Mais c'était clair que t'allais te venger. Tu savais pas qui avait pu te balancer avec Orlane mais tout tes soupçons se posaient sur Zita. Madame prout prout avait sûrement encore fait sa mijaurée et puisqu'elle avait décidée ne pas pouvoir te supporter, elle trouvait rien de mieux à faire que balancer ta petite soirée nocturne. Putain, en plus c'était même pas la fin du monde. Faire un tour de grande roue dans un parc d'attraction vide c'était pas la connerie du siècle si ? Bref, dans ton cerveau, ça criait vengeance de tout les côtés, à croire que des tonnes de voix insoupçonnés venaient de faire leurs apparitions. Sauf qu'il fallait juste que tu trouves quoi faire c'qui était un peu plus compliqué. En tout cas, t'avais le temps d'y réfléchir sur le chemin puisque bien entendu, t'allais solliciter Amyas, ton compagnon d'aventure. Impossible qu'il dise non. T'engouffrant dans le bâtiment, tu le cherchais des yeux sans pourtant réussir à l’apercevoir. Ouais, t'avais pas vraiment envie de jouer à cache cache pour le moment et ça allait vite te saouler si t'arrivais pas à lui mettre la main dessus. Et puis finalement, après avoir demandé gentiment l'information on t'indiquais les toilettes. Les toilettes des mecs bien sûr. Et t'y rentrais sans aucune gêne of course. Sauf que t'aurais peut être pu penser tomber sur des mecs à moitié rhabillé, sur des fesses exposés devant les urinoirs ou peut être même une bagarre de sabre laser puisque les mecs étaient parfois si peu intelligent mais, l'voir, lui, Amyas, en train de "rouler une pelle" au miroir tu t'y étais vraiment pas attendu pour le coup. « T'essaie de calmer tes pulsions ? La prochaine étape c'est te faire le lavabo ? »

« T'essaie de calmer tes pulsions ? La prochaine étape c'est te faire le lavabo ? » Cette voix... qui a coupé court à ce monde trop enchanteur à ton sens ne t'est pas inconnue. En l'entendant, tu t'es brusquement sorti de ton imaginaire pour retrouver un semblant de réalité. Ton esprit encore confus, tu mets du temps à te remettre de tes émotions. Ce baiser, bien que factice, t'a retourné. Argh, tu n'arrives à croire ce qui s'est réellement passé dans ces toilettes, que tu as embrassé avec passion un miroir. Purée, tu finiras par devenir fétichiste si ça continue. Tu essayes de garder ton calme car tout cela te dépasse. Tu es déstabilisé d'en arriver là. Comment as-tu pu te laisser emporter par ton inconscient ? Bordel Amyas, tu t'es fait surprendre et pas par n'importe qui. Te tournant vers où la voix est partie, tu survoles le regard de Vanille avant de fixer le sol, carrément embarrassé. Une fille te fait tourner la tête, or tout le monde sait qu'elle attend un bébé. Tu crois qu'elle va se libérer pour toi ? Non Amyas, tu te fais des illusions, encore... La preuve, tu as pris ce miroir pour Torrey. La honte si Vanille l'apprend. Les lèvres serrées, tu relèves tes yeux pour défier ceux de Vanille. Pas question de perdre la face, ce n'est pas Vanille qui va te faire peur alors tu lui réponds dans le même ton. "Nan, paraît que le tuyau est trop étroit. Je ne prends pas le risque de me coincer." Tu te forces à sourire, montrant tes dents. C'est peut-être trop poussé, pas ta faute si ce baiser te trouble autant. Écartant rapidement ce sujet particulièrement gênant, tu te questionnes sur la présence de Vanille dans les toilettes pour hommes. "Qu'est-ce que tu fous chez les mecs ? Les dames dans ton genre, c'est en face." Non, tu n'es pas énervé contre Vanille. Juste pas d'humeur... faut te comprendre !

Ahaha, tordant. T'aurais presque pu te faire rire toute seule avec ta répartie. Mais la grande question était, POURQUOI ? Pourquoi est ce qu'il embrassait aussi langoureusement un miroir ? C'était franchement bizarre et t'aurais certainement pu exploser de rire à t'en rouler par terre si t'avais pas trouvée ça plus qu'étrange en même temps. Tu croisais donc les bras sur ta poitrine attendant un semblant d'explication même si peu importait ses arguments au final. Ca changerait pas le fait qu'il venait de lècher un miroir dans les chiottes des mecs. C'était dans ses moments là que tu regrettais fortement de ne pas avoir de caméra sur toi. Une petite vidéo et t'aurais eu un moyen de pression énorme -et des tonnes de fou rire les jours de déprime-. Bref, ça aurait été le pied. « T'essaie de me faire croire que t'as un python là ? » Ew, c'était vachement pervers ça. Mais drôle en même temps. Tellement que ça te faisait presque oublier la raison première de ta présence ici. Pourquoi tu le cherchais à la base ? Ah oui, t'avais besoin de lui. Mais pour faire quoi ? Plop, ça te reviendrais certainement plus tard tiens. « Bah peut être que je m'appelle Vanillo et que j'en ai une grosse. Me sous estime pas. » Ok, là t'avais du prendre un sérieux coup sur la tête pour dire un truc pareil. C'était tellement... Pas toi. Ok, fallait que tu te ressaisisses. « Bref, j'ai besoin de toi. »

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