(niels) + tic tac, tu craques.

Tu étais venu ici juste pour rire, pour voir la tronche horrible que pouvait bien avoir le mec. Mais bizarrement c'était plutôt toi qui t'étais fait posé un lapin. Alors tu t'étais empressé de lui renvoyer un message par le biais du site de rencontre en lui disant que tu avais eu un empêchement et que tu ne pouvais pas venir. Parce qu'il n'y a que toi qui peut foutre des vents. Ouai c'était ton petit jeu quand tu t’ennuyais ferme comme maintenant. Bien évidemment tu n'avais pas mis une vrai photo de toi dans ton profil, ni indiquer ton vrai prénom. Tu avais une réputation à tenir , t’étais quand même une princesse. (a) Tu regardes à nouveau ton petit écran, fronçant de plus en plus les sourcils. Vazy à tous les coups c’était un mioche de trois ans avec pleins d’acnés qui était entrain de te parler. Tu regardes à nouveau sa photo de profil, c’est qu’il n’était pas grand quand même, on aurait dit un des nains de blanche neige, le grincheux avec sa barbe. Tapotant rapidement sur ton clavier, tu lui réponds avec diplomatie qu’enfaîte dans la vraie vie t’es obèse, chauve, que tu as très récemment changé de sexe, que tu n’as pas d’emploi et que par-dessus tout tu as quatre enfants à charge. Bref, de quoi couper court à votre conversation. Enfaite, tu adores faire ça, tu trouves ça drôle, jouissif et très divertissant, même si tu brisais le rêve de certains. C'était bien plus drôle que d'étudier les molaires pleines de caries.
Par précaution tu éditas ton profil, ajoutant dans tes tues l’amour que tu ne comptais pas refaire un remake de fort boyard & que tout homme ressemblant de loin ou de près à passe-partout, passe-temps & passe-muraille pouvait aller voir ailleurs. D’ailleurs tu hésitais à faire quelque autre modifications à celui-ci. Tu avais la très nette impression que d’avoir mis ‘American Pie’ et ‘Keeping up with the Kadarshians’ dans tes films/séries préférées attiraient tous les pervers de la ville, Kim avec ces grosses fesses avait le don de pourrir ta vie. Puis tout le monde sait que les siennes sont botoxés, tu l'avais déjà rencontré dans la vie et franchement c'était humainement pas possible. Relevant la tête, tu t’aperçois que la queue a avancé, alors tu commandes ton café et tu vas poser tes fesses de princesse plus loin en attendant. Puis c'est là que tu le vois. Niels. Aka ton premier presque époux, aka le plus moche et le plus con, oui ça va souvent de pair. Dire que tes lèvres ont touché les siennes, que vous avez partagé votre salive, vasy tu as grave envie de vomir là. Alors tu te gènes pas, tu vas vers lui. "Tu sais c'est drôle hier j'ai pensé à toi! J'étais dans le train, et j'ai cru voir ta copine. Mais tout va bien, ce n'était qu'une vache dans un champ." ajoutas-tu amère, toujours prête à lâcher ton venin, ou comment bien commencer une conversation de manière des plus amicales.

Le truc que j'aime aux USA, c'est la surabondance de Starbucks. On était pas en reste à Stockolm, certes, mais j'sais pas, c'est une autre ambiance ici. Je me suis levé tôt ce matin, c'est que j'ai du boulot, entre ma thèse et Tec Wave, en ce moment, je vois plus le jour. Ou très peu... Et quand je le vois, c'est pour ma merveilleuse copine. Sérieusement, ça doit faire hyper longtemps que je suis pas sorti boire un coup dans un bar, ou en boîte... J'devrais passer un coup de fil à Marshall ou Royce un de ces jours. Je me trouve donc dans la file du Starbucks et à quelques mètres devant moi, j'aperçois le diable en personne. Cette Brynn, cette nana avec qui j'ai bien failli passer ma vie. Est-ce que je la déteste ? Oui, eh bien plus que cela encore... C'est bien la seule blonde que j'ai jamais voulu avoir dans mon lit, alors que j'ai réellement un énorme faible pour les blondes. Mais elle... J'me rappelle qu'au lycée, j'faisais croire à tout le monde qu'elle mettait des chaussettes dans ses soutifs ou alors qu'elle portait une perruque, qu'elle était maniaco-dépressive, obsédée par les pieds et tout ce genre de petites rumeurs agréables à porter... Cela dit, elle me faisait le même coup. Elle avait pas son pareil pour foutre en l'air mes plans drague ! Et quel bonheur quand je l'ai recroisée à Harvard. Du genre : "Vous ici ? Quel bonheur !" J'envisage secrètement de sortir de la file et de repasser plus tard. Mais l'appel du café est plus fort. Je sais que quelque part derrière cette nana se cache mon irish cofee et je décide de rester, coûte que coûte. Heureusement, on est assez éloignés et elle est occupée à faire je ne sais quoi sur son téléphone donc elle devrait pas me voir, si ? Quand vient mon tour, je m'aperçois que j'ai pas trop repéré où elle est allée s'asseoir, donc j'espère ne pas passer près d'elle. Une fois servi, je me dirige vers la seule et unique place vide dans ce café bondé. Et je suis apostrophé par une voix charmante et mélodieuse. Nan, en vrai, cette voix me donne envie d'assommer sa propriétaire. Je sers les dents en m'asseyant à cette foutue table qui se trouve être placée juuuste à côté de celle de Brynn. "Aaaah la reine des garces. J'suis heureux de te voir, tu sais ? J'me disais bien que ma vie manquait d'un peu de venin en ce moment..." Sourire faux et ton ironique. J'fais comme si elle n'avait pas fait une allusion à Alexia. Elle doit bien être au courant que j'ai une copine : CS n'a pas manqué de le révéler à tous ses lecteurs. Et y a vraiment beaucoup de gens qui aiment fourrer leur nez dans les affaires des autres. Nul doute que la blondasse en fait partie. "Tu sais t'aurais pu prendre le train jusqu'en Alaska, t'aurais fini par croiser tes semblables : les gros ours poilus dans ton genre."

Tu l’observes ne sachant pas trop si tu es contente de le voir parce que ça te manquait de ne plus voir sa tronche de babouin dans le coin, ou parce que ça te donnait une bonne raison de l’enfoncer. C’est peut-être puéril et mesquin de ta part, mais tu jubiles. Il fait toujours ce petit effet-là sur toi. Dès que tu lui parles un goût sucré de satisfaction empli ta bouche. Oui parce qu’à chaque fois qu’il bouge ses lèvres, tu te dis que c’est pas possible, comment mère nature a pu se louper à ce point. Dire que dans la pub de tampax elle fait genre elle gère, c’est triste quoi. Note à toi-même, lui poser la question. Au fond il t’a manqué, un tout petit peu. Quand il est pas là c’est pas la même chose, car tu n’as personne sur qui t’acharné. « Reine des garces et fière de l’être. Je sais que ta vie est chiante, c’est pire que les feux de l’amour on pourrait s’endormir en la regardant…j’y peux rien si elle est aussi plate que tes fesses. » répondis-tu avec une nonchalance non feinte, un graaaand sourire de focu comme tu sais les faire. Oui vous pouviez être deux à jouer à ce petit jeu. Même si monsieur n’avait pas répondu à ta pique, tu étais persuadé qu’une petite part de lui avait été touché. Les hommes sont pires que des bébés quand ils s’y mettent. « Au moins les ours poilus sont un minimum baraqué, eux ont ne les prend pas pour des filles. » réponds-tu cinglante. Tu passes une main dans tes cheveux, analysant la situation. Il n’avait pas changé depuis la dernière fois, aussi moche, et aussi con. Peut-être même plus. Tu ne cilles pas devant sa remarque, respirant un grand coup. C’était pas la première fois ni la dernière qu’on tente de te remballer, mais tu as l’habitude. « Bon sérieux t’es dans mon espace vital, tu veux pas aller foutre tes gros nichons ailleurs ? Je sais que tu peux pas vivre sans moi, mais si on continu cette conversation ça va devenir gênant pour toi tu vois ? » ajoutes-tu froide, levant les yeux au ciel. C’est pas comme s’il y avait pas de place tout autour de vous. [/color]

Je retire ce que j'ai dit sur les Starbucks. Ca craint, c'est toujours plein, y a jamais de place et on y fait des mauvaises rencontres. Franchement, je rêverai de pouvoir trouver une autre place où m'asseoir, une autre table, bieeeeen plus loin de Brynn, beaucoup plus loin. Ma vie n'est pas passionnante ? Mais elle est très bien ma vie ? J'ai une copine en or, un boulot de rêve et bientôt fini mes études. What else ? (du café, justement.) Ah non, Niels ne soit pas vexé par les paroles de cette garce. Je vaux mieux que ça et j'ai l'habitude de ses méchancetés à répétition. "Peut-être qu'elle est plate ma vie, mais pas autant que ta poitrine." Bon sang, quelle idée ont eu mes parents de me refourguer une nana aussi mal foutue... Y avait de l'argent en jeu, c'est pas possible autrement. Bon ok, ils l'ont vue enfant, mais même à cette âge-là ils ont bien dû remarquer qu'il y avait un souci ? Franchement, c'est dans ces moment-là que je me dis que mes parents ne m'aiment vraiment pas. Je tambourine sur ma petite table, je veux pas fuir, lui laisser l'opportunité de gagner. Le compteur de points est remis à zéro, il faut que la partie continue et fuir, ça lui ferait gagner un point. J'veux pas lui faire ce plaisir. "Donc comme tu ressembles à un ours poilu, t'es pas une fille ?" Je fais mine d'avoir la révélation du siècle : "Aaaaaah mais tout s'explique !! T'es pas une fille en vrai ! J'me disais bien qu'y avait un truc bizarre chez toi aussi..." C'est clairement pas sympa de dire ça. Clairement. Je lui souris tout en allant même jusqu'à changer de table pour venir m'asseoir à la sienne. Oups, à peine je me pose qu'un mec vient prendre ma place. On dirait qu'elle va vouloir me supporter ! Quand je vous disais que ce café est bondé... "Qu'est-ce que tu dis ? Je suis indispensable à ta vie ? Tu voulais que je vienne plus près pour que tu puisses mater mon corps parfait ?" Je lui fais un graaaand sourire hypocrite. S'il faut que je sois avec elle pour l'embêter, aucun souci, je fais ce sacrifice.

Voilà vous n'aviez pas tourné autour du pot pendant bien longtemps. Non vous aviez une manière bien à vous de vous saluez et vous dires à quel vous vous étiez manquez. Des insultes sortaient aussi rapidement de ses lèvres que des tiennes. C'était un tourbillon de parole plutôt drôle à écouter. Un vrai couple de divorcé. De même pas marié d'ailleurs. Alors oui, vous agissiez comme des enfants, développant des trésors d'imagination dans l'espoir d'avoir le dernier mot. C'était triste à voir, surtout venant de deux adultes un peu près mature, toi c'était sûr, lui on pouvait toujours se poser la question. Tu soupiras levant les yeux au ciel, sérieux c'est tout ce qu'il pouvait faire? Il n'avait rien de mieux à dire? Le pire c'est qu'il semblait fier de lui. "Au moins j'ai pas eu besoin d'utiliser la chirurgie esthétique pour qu'ils aient l'air vrai....pas comme tes abdos en mousse....laisse tomber tu auras pas la carrure de superman, faut pas rêver." réponds-tu sarcastique. Il ne t'apprenait rien de nouveau. Ton corps tu le connaissais, et ouai tu étais aussi plate qu'une planche à pain, mais tu t'en foutais. Au moins toi tu avais d'autres atouts dans sa manche contrairement à lui. Chez monsieur il n'avait rien à sauver, tout était pourri, que ça soit son corps ou son âme. "Mais ouai tu le sais pas? J'suis un mec enfaite, et j'aime bien m'habille en fille, tu vois j'me travesti c'est mon trip dans la vie....puis bientôt j'montrais mon show à broadway."  Nan mais il me prenait vraiment pour une débile ce mec. Puis il te semblait bien lui avoir montré quelque avant goût de votre relation à l'époque où vous deviez vous marier, alors il savait bien qu'en dessous ce trouvait tout ce qu'il a de plus normal pour une fille. Enfin voilà quoi. "Le seul truc bizarre chez moi c'est mon incroyable beauté et intelligence...c'est normal que tu trouves ça bizarre puisque tu connais pas." Tu agrémentas le tout avec un sourire machiavélique. Puis bon tu allais pas en rajouter une couche mais il avait dit tu cites 'chez toi aussi' ce qui voulait dire qu'il y avait un truc louche chez lui. Pour ne pas dire tout. "Mais ouai t'es tellement indispensable à ma vie que regarde bien, quand je te regarde je souris." expliquas-tu. "Enfin non, je regarde juste mon reflet dans le miroir juste derrière toi, et je me trouve belle tu vois?". Ça c'était fait, retourne chez ta mère wesh.

C'est dingue de voir à quel point on démarre au quart de tour à chaque fois elle et moi. On peut pas s'empêcher de se jeter les ires saletés. En face ou par derrière d'ailleurs. D'aucun pourrait trouver ça ridicule, immature. Et ça l'est. Vraiment. Mais pour le coup, je pensais vraiment avoir découvert le lourd secret de Brynn. Même si je la connais depuis trop longtemps pour pouvoir nier l'évidence. Brynn est une femme. Des abdos en mousse, moi ? Attendez, y a peu de femme qui se sont plaintes de mon corps. Voire même aucune, demandez à Alexia ce qu'elle en pense, je doute qu'elle s'en plaigne. "De toute façon, c'est Superman qui sera jamais à ma hauteur..." Là j'suis fier de moi, un peu de narcissisme ne fait de mal à personne. Je bois une gorgée de mon café, observant la salle se remplir encore plus, si c'est possible, en tout cas, la jeune femme ne se débarrasser de moi. Je lève les yeux et réponds : "Je viendrai te voir. Quoique... J'aurais trop peur de vomir pendant ton show..." On ne sait pas, imaginez qu'elle se dévêtisse un peu, j'aurai du mal à retenir mon dégoût...J'avais déjà eu droit à un aperçu, et ça m'avait laaaargement suffi. "Belle, peut-être dans le genre mal coiffée et sans personnalité. Par contre, intelligente rêve pas Poupée... Ouvre-les yeux, tu peux pas continuer à te mentir. Les points de Q.I. ça se gagne pas comme ça." Qu'est-ce que je donnerai pour être avec Alex' plutôt qu'avec cette sorcière. Mais en même temps, ça m'amuse un peu de jouer à ce petit jeu de répartie. Je redoute juste un peu que ça signifie la réouverture des hostilités entre elle et moi. A l'époque, on jouait sur tous les tableaux, sans aucunes règles, mais pas sans conséquences. Je sais jusqu'où on est capables d'aller, elle comme moi. Ou du moins, jusqu'où on était capables d'aller avant. Sommes-nous devenus plus mauvais l'un envers l'autre en vieillissant. Rien n'est moins sûr." Ca fait au moins une personne à qui tu plais."Je hausse les épaules, au moins elle s'aime, ça lui éviteras des déceptions dans la vie.

« Ouai enfin le jour où tu feras ne serait-ce que sa taille, tu me fais signe. » pouffas-tu de rire. Comme si monsieur pouvait réellement plus haut que Superman, sachant que lui il avait une cape et un slip rouge pour voler. Enfin si monsieur voulait vivre dans un monde rempli d’illusion tu allais le laisser faire.  Puis bon ce n’était pas comme s’il était en train de se comparer à un personnage fictif qui n’existe même pas dans ce monde hein. Bref, ce mec avait un sérieux grain dans la tête, à croire qu’il n’était pas tout seul dedans, à se faire des compliments à lui-même. « Vomir pour quoi ? Parce que c’est l’envie que tu ressens quand tu te regardes dans la glace ? T’inquiète pas ça me fait pareil quand je te regarde, j’me demande comment ton miroir ne se brise pas sous l’effet. » répondis-tu nonchalante en haussant les épaules. De toute façon tu ne comprenais pas pourquoi il s’entêtait à te parler, il n’avait toujours pas compris que dans cette joute verbale toi seule pouvait être la gagnante ?  C’était déjà le cas à l’époque où vous jouiez à vos petits jeux, gâchant avec un malin plaisir la vie de l’autre. Développant des trésors d’imagination pour foutre la merde. Pas qu’il soit mauvais, mais tu étais meilleure, voilà la différence. « Dixit le mec qui passe ses journées à vouloir ressembler à Ken, à se mettre du gel dans les cheveux. Pas étonnant que tu saches à quel point c’est dur de récupérer des points de QI, avec le tien ça doit  être ton passe-temps favori. Tu sais certains vont croire que deux ou trois ce sont les numéros des pages, mais dans ton cas c’est juste une réalité tu vois ? T’es débile ce n’est pas de ta faute. » sifflas-tu mauvaise entre tes dents. Sérieux pourquoi le fait d’être blonde et de ressembler à Polly Pocket devait toujours ramener ce genre de conversation à table. Bien évidemment monsieur avait sauté dans ce préjugé, parce que c’était l’angle le plus simple pour t’attaquer. Il te faisait de la peine. Dire que tu avais failli te marier avec ce mec, et partager ta salive avec lui jusque la fin de ta vie. « Ouai écoute au moins moi je ne tombe pas amoureuse d’un cochon. » expliques-tu en buvant une gorgée de ton café.