J’étais ravi qu’elle accepte pour les bonbons et les décorations. J’aimais garnir notre maison pour Halloween autant que décorer le sapin pour Noel. C’était quelque chose qui nous tenait à cœur à maman et moi et j’aimais l’idée que l’on fasse ça rien qu’à nous deux. Parfois aussi, il nous arrivait de faire des gâteaux ensembles, et ça aussi j’adorais. Ca me plaisait d’être juste avec elle, qu’on ai des petits moments rien qu’à nous. Et la préparation des fêtes, c’était chaque fois une occasion supplémentaire de faire quelque chose à nous deux. J’étais très complice avec maman, autant que je l’avais été avec ma mère biologique lorsqu’elle était encore en vie. On l’était autant qu’une mère et son fils peuvent l’être. La plupart de mes copains ignoraient d’ailleurs que j’avais été adopté par Elia. Je ne voulais pas leur en parler, non pas parce que j’en avais honte, mais simplement parce que je ne ressentais pas le besoin de leur confier ce genre de chose. Pour eux, Elia était ma maman. Pour moi aussi à présent. D’ailleurs, je ne parlais plus jamais de mes parents biologiques. Non, je ne les avais pas oublié, mais Elia à elle seule avait comblé le manque que j’avais eu d’eux. J’avais retrouvé une maman grâce à elle, et j’étais content qu’elle soit la mienne. Je le lui disais d’ailleurs très souvent. Je n’avais pu me retenir de rire un peu alors qu’elle me grattait le ventre, et je m’étais un peu reculé pour échapper à son emprise avec un petit air amusé. Je savais bien qu’elle n’aimait pas trop que je sois gourmand, mais je ne pouvais cependant pas m’en empêcher. Plutôt que devoir manger cinq fruits et légumes par jour, j’aurais préféré remplacer cela par des bonbons, ça aurait été beaucoup plus simple à respecter. Et vachement meilleur aussi.
« Si c’est bon pour mon ventre, lui il se plainds jamais des bonbons, c’est que mes dents qui sont pas contentes après quand j’en mange trop, mais le dentiste lui il aime bien quand j’en mange, ça lui donne du travail. D’ailleurs il me donne toujours un bonbon après si j’ai été sage… Et si mes dents sont belles aussi. Comme ça elles s'abîment et lui il est content. » Et ça, je l’avais bien compris. Même si je détestais aller chez le dentiste, je savais que si je me montrais courageux, j’avais droit à mon bonbon après. Et ça, ça comptais beaucoup pour moi.
« Mais promis, j’en mangerais pas de trop, j’en laisserais pour ton bidou à toi aussi. Et je ferais attention de pas trop faire peur aux autres, même si c’est Halloween… » Et que c’est le jour de se faire peur… Je sais bien que c’est pas gai de pas arriver à dormir le soir ou de se réveiller à cause d’un mauvais rêve. J’ai horreur de ça aussi, enfin bon, souvent j’invente cette excuse pour pouvoir dormir avec maman. J’en fais pas si souvent que ça des cauchemars, mais ça elle le sait pas, c’est mon secret.
« Ce sont les monstres de mon placard qui me font faire des cauchemars. Mais ils viennent jamais quand je dors avec toi, ils osent pas. » J’aime bien lui faire croire qu’ils ont peur d’elle, comme ça, elle reste parfois plus facilement près de moi pour que je dorme. Et moi je profite de sa présence comme ça. Eh oui, je suis un profiteur et ça risque pas de changer, surtout avec maman. Ca manque une maman quand on en a pas, et je compte donc bien profiter pleinement de la présence de la mienne.
L’avis de maman était toujours très important pour moi. Même si parfois je pouvais me montrer têtu quand je voulais quelque chose, j’aimais bien avoir ses idées sur ce que je voulais porter. Parfois je n’en faisais qu’à ma tête par contre, parfois non, ça dépendait des jours, mais généralement je me pliais à ses exigences. Du haut de mes sept ans, je savais que c’était elle qui décidait, même si j’essayais parfois d’avoir le dernier mot. Pour ma part, j’étais vraiment emballé par le costume que j’avais trouvé… Elle en revanche semblait l’être beaucoup moins et j’avais perdu un peu de mon enthousiasme sur le moment en l’écoutant.
« Je l’aime bien moi… »Mais celui qu’elle me montrait, le squelette, était sympa aussi. Quand à celui de la momie et du loup-garou, il ne m’inspirait pas trop confiance. Et je regardais maman avec un petit air indécis.
« Eux, ils ressemblent aux monstres de mon placard. Ils sont trop moches, je veux pas leur ressembler. » J’hésitais donc entre mon costume à moi et celui que maman avait trouvé. Bon, le sien n’avait pas de couteau, mais personne saurait que ce serait moi dessous, ça avait donc un coté sympa aussi. Je pourrais jouer au petit monstre, personne me reconnaîtra et je devrais pas me maquiller non plus. J’aurais juste à mettre le costume pour être prêt. Il y avait beaucoup de bons cotés dans celui qu’elle m’avait déniché. Mais je restais indécis un petit moment, allant de l’un à l’autre avant de voir LE détail qui allait m’aider à me décider : j’avais trouvé le déguisement de la salopette et du pull rayé empaqueté et je l’avais pris, de même que celui de squelette de maman et je comparais les deux photos représentées sur l’image… Et le déguisement que j’avais choisi moi, était en fait celui d’une poupée tueuse… Bon, le coté tueur me plaisait bien, mais la poupée… Je voulais pas être une poupée moi…. Hors de question. Aussi, sans un mot, je m’étais empressé de remettre le déguisement bien à sa place avant de revenir près de maman avec le déguisement de squelette.
« T’as raison, le tien il est beaucoup mieux, je veux pas être un jouet de filles… » Et puis quoi encore ??? Finalement, j’aurais pas de couteau cette année non plus, mais au moins, j’aurais pas l’air bête devant mes copains. Et ça aussi c’est très important. Bon, on a trouvé pour moi. Chouette, à maman maintenant.
« Je peux t’aider à trouver le tien ? » En l’interrogeant, je l’emmenais vers les déguisements adultes et comme pour les enfants, y’avait tous les choix possibles… De la
pirate fantôme à la zombie en passant par la
diablesse… Et les traditionnelles sorcières aussi. Entre autres.
« Tu voudrais quoi ? Tu pourrais être une sorcière si tu veux, même si t’es jolie. » Oui, j’aime bien faire des compliments à ma maman, c’est d’ailleurs la seule pour le moment pour laquelle j’en fais autant. Celles de mon âge m’embêtent et plus je les évite, mieux c’est.