HAYTAM + I miss you Bro'

C’est dingue comme des personnes peuvent tout changer à votre vie en un éclair. Ce matin, j’avais décidé de rendre visite à Juliett, une de mes proches amies, pourquoi ? Parce que je voulais une nouvelle fois la féliciter d’avoir fait son entrée à Harvard. Entre cette fille et moi il y avait quelque chose, une sorte de lien indescriptible. En même temps, se connaître dans un hôpital, discuter des blessures et des pertes de mémoire, ça forge des relations. J’avais besoin de la voir, de lui parler, de voir son sourire car elle avait le don d’illuminer des journées où le soleil manquait. Je m’étais donc rapidement préparé et avais quitté la Dunster House au profit de la Lowell House. Je connaissais bien les lieux pour souvent y avoir foutu les pieds afin de voir Silver ou Milena. Je m’approchais alors de la chambre de la blonde et me raclais la gorge avant de frapper et d’enfouir mes mains dans mes poches, fidèle réflexe que je ne perdrais certainement jamais. La porte ne tardait pas à s’ouvrir et… ma mâchoire se décrocha presque. Mon regard dévisagea d’abord l’homme en face de moi puis je le baissais pour remarquer sa tenue légère. Je serrais les poings et les mâchoires un instant, la rage s’emparant de moi. Pourquoi IL était là, en PETITE tenue, dans SA chambre. Je fermais un instant les yeux et soufflais avant de les rouvrir sur sa personne avec un regard plus qu’interrogateur. « Où est-elle ? » Mon regard passait alors dans son dos histoire d’observer sa chambre, visiblement aucune trace de mon ami. Je reposais alors mon regard sur Roméo, c’est vrai qu’il était censé être son ami, mais quel genre d’ami se balade en boxer dans une chambre de demoiselle ? J’étais partagé entre plusieurs sentiments, le mépris, la déception, l’indignation et comme si ça ne suffisait pas, mon cerveau bouillonnait de questions.

Voir Roméo en boxer tenant cette foutue porte, c’était une goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Depuis quelque temps il n’arrêtait pas de me coller aux basques en annonçant une belle amitié que nous avions soi-disant perdus à cause de mon amnésie, et pourtant… plus je posais mon regard sur lui, plus tout semblait nous éloigner. Juliett était comme une sœur pour moi, une fille que je voulais à tout prix préserver du mal, il faut dire qu’elle en avait déjà suffisamment bavé, et voilà qu’un mec que j’avais du mal à sentir traînait dans sa chambre, autant dire que je n’étais pas vraiment de bonne humeur en voyant la scène. « Et j’ignorais que tu la connaissais. » Un ton froid, à la limite du neutre, du déni, qu’est-ce que je pouvais dire d’autre en même temps ? Sa surprise était partagée. Je mentais à moitié, l’autre fois au fast-food, Juliett m’avait confié qu’elle le connaissait, disons qu’elle avait juste oublié de me dire qu’il passait ses journées à l’attendre dans sa chambre en petite tenue. « Honnêtement j’ignore si l’attendre dans sa chambre avec… toi en boxer est une bonne idée. » Je fronçais les sourcils alors que mon regard soutenait le sien, que faire à part le dévisager ? Regarder sa tenue n’allait pas vraiment m’avancer au contraire. Je voyais alors son regard décontenancé alors qu’il s’écartait de la porte et je soufflais un moment pour me décontracter. Je commençais à comprendre pourquoi la blonde avait pris sa défense au restaurant. Ce jour-là j’avais également réalisé que je l’avais jugé trop vite, ce qui n’était pas dans mes habitudes, je m’étais dit que tout le monde avait le droit à une seconde chance également… Enfin tout ça pour dire que ma tête n’avait cessé de carburer. J’avalais alors ma salive et détendais les muscles de mon visage en passant la porte, m’introduisant pour deux bons dans la chambre de la jeune femme. « Mais soit… alors dis-moi, tu es qui pour elle ? »