« Papa… Maman… » Le petit garçon âgé de trois ans vient tout juste de se réveiller et se glisse dans la chambre de ses parents qui semblent encore profondément endormi. Lui par contre n’a plus sommeil et son petit estomac réclame un bon petit déjeuner. Il les observe un petit instant mais comme rien ne bouge, il ne tarde pas à venir s’installer entre eux deux en les appelant une nouvelle fois à tour de rôle.
« Papa ? » Mais papa soupire et se retourne de l’autre côté sans ouvrir les yeux. Matys tente alors sa chance du côté de sa mère.
« Maman ? »Cette dernière croit peut-être que le petit garçon a fait un mauvais rêve et qu’il souhaite venir chercher du réconfort auprès d’elle, ce qui expliquerait pourquoi elle le blotti tout contre elle… Mais ce n’est pas ça qu’il veut, lui. De toute évidence, il va devoir utiliser les grands moyens pour obtenir ce qu’il désire. Mais avant, il dépose des petits bisous sur la joue de sa maman pour la réveiller en douceur. Un peu de calme avant la tempête, eh oui, la petite tornade Matys s’apprête à faire parler d’elle et à tout secouer… Enfin, seulement le lit de ses parents. Doucement, il se détache des bras de sa mère et se mets debout pour sautiller sur place en réveillant ses parents comme lui seul en a le secret.
« C’est l’heure du petit déjeuner… Faut se lever… Allez… » C’est par ses paroles que ses parents le réveillent souvent les jours d’école et aujourd’hui, c’est le petit garçon qui les utilise contre eux. Papa se réveille enfin, ainsi que maman, pour le plus grand plaisir du petit garçon qui continue de sautiller sur place en leur adressant un large sourire qui se transforme bien vite en éclats de rire quand Papa se redresse un peu pour attraper son fils pour le tirer à lui et le couvrir de chatouilles. Avec le petit garçon, ça ne rate jamais. Il est extrêmement chatouilleux.
Quelques instants plus tard, tout le monde est dans la cuisine. Matys a demandé s’il pouvait avoir des crêpes au nutella pour le petit déjeuner, un petit plaisir que sa maman, très gourmande elle aussi, n’a pas pu lui refuser. Ce matin, c’est donc crêpes pour tout le monde. Lorsqu’il reçoit son assiette, Matys ne peux retenir un sourire à l’égard de sa maman : elle lui a dessiné deux yeux, un petit nez et un grand sourire en nutella sur sa crêpe. Le petit garçon est ravi et son père ne manque pas de lui ébouriffer les cheveux en s’asseyant à ses côtés.
« Ca te dirait de venir au travail de papa aujourd’hui ? » L’adulte est pompier et Matys rêve depuis un moment de pouvoir aller dans son camion. Une demande qui ne tarde pas à se faire entendre alors qu’il regarde l’adulte avec un regard enjoué.
« Je pourrais aller dans ton camion et faire aller le pin-pon ? » Son père acquiesse positivement, avec un sourire aussi grand que celui de son fils.
« Seulement si tu manges bien. » Mais pour ça, il n’y avait pas de souçi, les crêpes de sa maman, Matys en a toujours raffolé. Machinalement, il adressa un regard à sa mère assise face à lui. Cette dernière lui fit un petit clin d’œil avec un sourire, clin d’œil que le petit garçon lui rend à sa façon : en clignant des deux yeux. Sa maman ne pu retenir un petit rire amusé par la réaction de son fils et alors que ce dernier dégustait sa crêpe, les deux adultes discutèrent entre eux de la journée qui les attendait : boulot pour le père de famille, et une journée seule à la maison pour la jeune mère au foyer qui profiterait très certainement, à l’en croire, du fait que ses deux hommes soient de sortie pour aller faire les boutiques et leur ramener quelques petites choses au passage. Matys a la chance d’avoir deux parents très unis qui ne se disputent jamais. Il mène une petite vie bien tranquille auprès d’eux et rien ne manque à son bonheur. Ou peut-être juste un petit frère et c’est vrai qu’il le réclame souvent… Mais ses parents ont toujours le chic pour lui répondre qu’ils ont déjà un petit garçon parfait et qu’ils ne veulent pas d’un second car il leur suffi amplement. Une réponse qui plaît toujours au petit garçon, mais ce dernier ne manque jamais de revenir à la charge. C’est d’ailleurs dans sa liste de cadeaux adressée au père Noel… Il tient vraiment à être grand frère un jour et si ses deux parents refusent gentiment, il sait que le Père Noel lui, pourra y faire quelque chose… Et c’est bien pour cela qu’il s’efforce de toujours être sage… Enfin, presque toujours…
***
Comment expliquer la mort a un petit garçon de quatre ans ? Enfin, si ce n’était que ça, ce serait sans doute plus simple que de lui expliquer qu’il ne reverra plus jamais ses parents. C’est une jeune infirmière qui a récolté cette tâche quand Matys s’est réveillé dans son lit d’hôpital. Au départ, dès son réveil, il s’est mis à pleurer, ne comprenant pas trop ce qu’il faisait là… Et puis, il a dit la phrase que l’infirmière redoutait. A savoir :
« Je veux mon papa et ma maman… » A ses yeux, il n’y avait qu’eux qui pouvaient le rassurer. Il voulait les voir mais il avait beau regarder autour de lui, de toute évidence, il était seul avec l’infirmière et une machine qui ne cessait de se faire entendre, avec ses Bip… Bip… Bip incessants. C’est d’ailleurs en l’entendant qu’il avait fini par ouvrir les yeux. Avec un regard bienveillant, l’infirmière s’était alors assise aux cotés de l’enfant, cherchant à le rassurer un peu avec un sourire.
« Tu te souviens de ce qui s’est passé ? Tu étais parti te promener en voiture avec ton papa et ta maman… » Le petit garçon hocha positivement la tête alors que ses larmes ne cessaient de couler sur ses joues. Pourquoi elle lui parlait de ses parents ? Lui tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle aille les chercher. C’est vrai, il se souvenait bien de ce voyage, ils étaient allés passer une journée à la mer et puis, ils avaient été manger au restaurant et sur le chemin du retour, Matys s’était rapidement endormi. Il s’était réveillé en entendant un grand bruit qui l’avait fait sursauter et avant d’avoir pu comprendre ce qui s’était passé, la voiture dans laquelle il se trouvait faisait des tonneaux pour se retrouver sur le bas-coté de la route… Sonné et fatigué, le petit garçon n’avait pas bougé. De là où il se trouvait, il pouvait voir son père qui saignait beaucoup. Il avait alors cherché à l’appeler, mais ce dernier était resté inconscient, et très vite, l’ambulance était venue. Les ambulanciers s’étaient pressés autour de la voiture pour en sortir le couple et le petit garçon qui, après quelques instants était parti en ambulance, direction l’hôpital. Sur le moment, Matys avait eu très peur : de parfaits inconnus l’avaient éloigné de ses parents et l’emmenaient il ne savait pas trop où. Heureusement, l’un des adultes présents autour de lui avait pris soin de le rassurer un peu en voyant son inquiétude.
« Ne t’en fais pas, on t’emmènes à l’hôpital, tout va bien se passer… » Le véhicule roulait vite, les adultes discutaient entre eux et de temps en temps, Matys sentait la fatigue l’emporter mais dans ces moments-là, il y avait toujours un adulte pour lui parler et lui poser une question… De toute évidence, Matys ne pouvait pas dormir dans le véhicule. Mais ce n’était pas facile de résister… Sans compter que la nuit était déjà tombée. A peine arrivé à l’hôpital et glissé dans un lit que des infirmiers glissaient dans un long couloir, le petit garçon n’avait pu se retenir plus longtemps et avait sombré dans le sommeil… Pour se réveiller à l’instant, encore un peu perdu. Une autre infirmière arriva alors dans sa chambre et coupa la parole à l’autre en s’adressant au petit garçon.
« Tu es réveillé ? Je m’appelle Loïs, et voilà Emma… » Mais cela n’intéressait pas vraiment le petit garçon qui repris doucement la parole.
« Ils sont où mon papa et ma maman ? » Loïs avait alors croisé le regard d’Emma en prenant un air grave, le même que celui de sa collègue. Quand à l’enfant, il les regardait toutes les deux intrigué, jusqu’à ce que Loïs prenne la parole.
« Ils sont partis au ciel… Mais toi, tu dois encore grandir. Un jour tu iras là-bas toi aussi… Mais pas tout de suite… » Le ciel… C’était la première fois qu’il en entendait parler de cette façon. Pourquoi est-ce qu’un jour on doit aller au ciel ? Pourquoi ses parents avaient décidés d’y aller sans l’emmener avec lui ? Pourquoi il devait grandir sans eux ? Est-ce parce qu’il avait fait trop de bêtises et que quelqu’un là-haut avait décidé de le punir ? Et, le jour de l’enterrement de ses parents, pourquoi on avait mis leurs deux cercueils dans la terre ? La terre, c’est pas le ciel… Toutes ses questions, le petit garçon se les ai souvent demandées… Mais il n’a jamais interrogé les adultes pour obtenir des réponses… Dès le jour où Loïs lui a parlé du « départ » de ses parents, il n’a plus vraiment parlé à personne et s’est replié sur lui-même. Au fond de lui, il trouvait horrible cette épreuve qui se dressait sur son chemin : celle de devoir grandir sans ses parents. Et au fond de son petit cœur, il n’était pas certain qu’il allait y arriver.
***
Mary vient s’installer aux cotés de Matys seul dans son coin, comme à son habitude. A l’orphelinat, les enfants vont et viennent, les futurs parents potentiels également. Ils viennent discuter avec l’un ou l’autre enfant et puis un beau jour, ils peuvent repartir avec l’un d’eux. Pour leur offrir une nouvelle vie. Cela fait un an à présent que Matys est à l’orphelinat. Et pendant cette année, le personnel chargé de s’occuper des enfants n’a jamais entendu le son de sa voix. Au départ, quelques adultes ont essayés de le faire parler. La directrice également. Mais sans succès et ils se sont tous habitués à son mutisme. Les autres enfants également s’y sont fait. Ils se contentent dès lors de jouer entre eux et Matys lui, les regarde faire en restant de côté. Mary, c’est l’une des personnes qui s’occupent d’eux et face au mutisme du petit garçon, elle l’a pris sous son aile. La jeune femme n’a pas manqué de remarquer la façon dont, une fois de plus, l’enfant s’est montré silencieux alors qu’une personne avait semblé s’intéresser à lui dans l’après-midi. Mais c’était à peine si Matys avait accepté de la regarder. Pourtant, Mary, il la regardait, elle, quand elle venait lui parler. Mais c’était le seul contact qu’elle avait vraiment avec lui. Matys semblait rester une énigme pour elle. Mais elle ne voulait pas s’avouer vaincue. Elle voulait comprendre ce qui se passait dans la tête du petit garçon. Et elle ne désespérait pas d’y parvenir. Aussi, si les autres avaient décidés d’arrêter de tenter de le faire parler, elle continuait à tenter sa chance et ce plusieurs fois par jour en venant le voir à chaque fois que l’occasion se présentait. Comme en ce moment.
« Matys ? Pourquoi tu n’irais pas jouer un peu avec Hugo ? Regarde, lui aussi il est tout seul, vous pourriez bien vous amuser tout les deux… » Le petit garçon relève les yeux vers elle avant de les rabaisser après un petit instant dans un soupir. Il n’a pas vraiment envie de s’amuser. Ca le dérange pas lui, de rester dans son coin tout seul, et puis, il ne fait rien de mal. Pourquoi est-ce que Mary semble vouloir mettre un point d’honneur à changer cela ? Il ne comprend pas mais n’a pas envie de lui poser la question. Semblant se rendre compte que ce sujet de conversation n’allait la mener nulle part, Mary repris sur autre chose.
« Tu sais, un jour je suis certaine que tu trouveras une nouvelle maman et un nouveau papa pour s’occuper de toi. La dame de tout à l’heure qui est venue passer un peu de temps près de toi, elle était gentille, non ? Tu serais bien chez elle, je… » Mais Matys ne veux plus l’écouter… Si généralement il écoute les adultes sans vraiment les entendre, avec Mary, c’est différent. Il lui montre qu’il entends bien et réagi en fonction de ce qu’elle lui dit… Mais là, il n’a pas envie d’une autre maman et d’un autre papa pour s’occuper de lui. Il veut les siens, tout simplement. Pour lui, ils sont irremplaçables. Cette discussion ne le mènera à rien, il le sait très bien. Et c’est pour cela qu’il se lève sans un regard pour Mary qui vient de s’interrompre pour le suivre du regard alors qu’il s’installe dans le coin coussin, là où les enfants aiment venir s’asseoir pour regarder un livre d’images. C’est d’ailleurs ce que lui propose de faire une petite fille installée là en lui donnant celui qu’elle vient de lire. Et c’est avec l’esquisse d’un petit sourire que le petit garçon accepte son offre pour se plonger dans les divers dessins illustrés au fil des pages.
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« C’est aujourd’hui le grand jour… » Mary l’aide à refermer sa petite valise contenant ses quelques affaires et adresse un sourire au petit garçon. C’est vrai, aujourd’hui, c’est son jour à lui. Celui où Elia vient le chercher pour l’emmener vivre avec elle. Elia est venue le voir très souvent et ne s’est pas laissée démonter par le fait qu’il ne parlait pas. Mieux encore, elle a fait toutes les démarches pour pouvoir l’adopter et grâce à elle, le petit garçon va pouvoir retrouver une vie normale. Elia, il sait qu’elle est très gentille, mais quelque part, il appréhende de quitter l’orphelinat pour rester avec elle. C’est une nouvelle vie qui commence pour lui… Et tout ce qui est nouveau, ça fait toujours un peu peur. Mary le sait. Et c’est pourquoi, elle essaye de le rassurer.
« T’inquiète pas, tout va bien se passer… » A ces mots, le petit garçon se retourne vers elle et pour la première fois, vient se blottir dans ses bras. Cela fait un an qu’il connait Mary. Un an qu’elle vient lui parler tout les jours, plusieurs fois au cours de la journée. A présent, il ne la reverra plus. Et s’il est sûr d’une chose, c’est qu’elle va lui manquer. Mais il n’arrive pas à le lui dire. C’est trop difficile. A la place, il la sert tout contre lui aussi fort qu’il le peut et fond en larmes alors qu’elle lui caresse doucement le dos pour l’apaiser. Matys profite de la présence de Mary auprès de lui et bien qu’il aimerait lui dire quelque chose, ses sanglots l’en empêchent. Pendant plusieurs minutes, ils resteront là tous les deux, jusqu’à ce que la directrice ouvre la porte du dortoir pour venir les rejoindre en s’adressant à Mary.
« La personne qui vient chercher Matys est là. Il est prêt ? » Sans la regarder, Mary repose doucement le petit garçon au sol et fait mine de refermer la valise.
« Encore dix petites minutes s’il vous plait... On vous rejoindra dans votre bureau. » Les deux ont encore des larmes dans les yeux… C'est difficile de dire aurevoir. Mais Mary sait que ce qui arrive au petit garçon est la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Alors, même si elle est triste, elle s'efforce de sourire et lorsque la directrice referme la porte, elle s'adresse à nouveau au petit garçon.
« Ca va être super, tu verras. Tu vas pouvoir avoir une chambre pour toi tout seul... Et des jouets rien qu'à toi... » A l'orphelinat, il devait tout partager, et ça aussi, ça va faire un changement dans la vie du petit garçon. Mais ça aussi, ça ne serait que du positif pour lui. Elle le savait.
« Et puis, tu auras droit à des câlins tant que tu en veux... Tu paries combien qu'elle aimera t'en donner pleins, pleins, pleins? » En disant cela, elle le chatouilla un peu pour le faire rire, ce qui ne manqua pas d'arriver, et de l'entendre, cela avait suffi à la faire sourire pour de vrai. C'est donc plus convaincante qu'elle avait repris la parole.
« Allez, c'est parti...» Elle le redépose alors au sol et pris sa valise d'une main, avant de lui tendre son autre main pour qu'il la prenne. Leurs deux mains enlacées, ils quittèrent le dortoir et Mary se tourna une dernière fois vers lui. Remarquant son petit air tout sérieux et un peu inquiet, elle resserra un peu sa main dans la sienne ce qui attira l'attention du petit garçon sur elle. Il avait croisé son regard et c'est alors qu'elle lui avait demandé une dernière requête.
« Tu me fais un sourire? » Matys lui en adressa un et posa la main sur la poignée de la porte d'entrée du bureau de la directrice. Sa nouvelle vie allait commencer maintenant.
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Elia a toujours tout mis en œuvre pour que Matys ne manque de rien, et si le jour du départ le petit garçon avait appréhendé de devoir vivre avec elle et de perdre le peu de repères qu’il avait, en l’espace de quelques semaines, l’enfant s’est très vite adapté à sa nouvelle vie. Tellement qu’il est rapidement redevenu un petit garçon de cinq ans comme tous les autres : muni d’un sens aigu pour les bêtises à faire. Ou pour les catastrophes. C’est ainsi qu’un beau matin, alors que sa maman adoptive dormait encore, Matys avait quitté sa chambre avec l’idée de préparer lui-même son petit déjeuner. Toujours dans son mutisme, il aimait se débrouiller lui-même plutôt que de demander. Il en est donc venu à prendre l’une des chaises de la salle à manger pour la mettre devant l’armoire où étaient rangées les céréales et est grimpé dessus avant de prendre un bol… Jusque-là, pas de catastrophe… C’est seulement en courant avec le paquet de corn-flakes et son bol en vue d’aller regarder la télévision dans le salon qu’il est tombé, renversant au passage les céréales par terre alors que le bol, lui, se retrouvait réduit en une dizaine de morceaux. Alertée par le bruit, Elia était sortie d’un bond de son lit alors qu’elle entendait pleurer son petit garçon. A son arrivée, il n’avait pas bougé : il était resté assis là, au milieu des cornflakes et des morceaux de bol cassé, et heureusement pour lui, il n’avait rien. Plus de peur que de mal, mais Elia avait tout de même voulu s’en assurer après s’être précipité vers lui pour le prendre dans ses bras, examinant ses mains et ses genoux en l’interrogeant en même temps.
« Tu t’es fais mal quelque part ? » C’est vrai que l’entendre pleurer en sachant qu’il ne répondrait pas forcément à sa question avait quelque chose d’inquiétant. Si encore il disait qu’il s’était fait mal au bras, au genou, à la jambe, ça pourrait la rassurer, mais là, à part ses pleurs, Elia n’obtenait pas de réponse. Dès lors, elle avait un peu insisté.
« Il faut me dire, tu sais… Pour que je puisse te soigner... » A première vue, Matys n’avait rien mais restait inconsolable et s’accrochait à Elia autant qu’il le pouvait. Elle chercha alors à l’apaiser en se promenant un peu avec lui dans la pièce en reprenant doucement la parole.
« Tu as eu peur ? » A ces mots, le petit garçon essaya de calmer un peu ses sanglots pour lui répondre un
« Ouiiii » d’une voix tremblante à cause de ses larmes. C’est vrai, il avait eu peur, peur de se faire mal à cause des petits morceaux de bol, peur en tombant, peur que Elia vienne le gronder, car il savait qu’il avait fait une bêtise, mais de toute évidence, elle ne semblait pas lui en vouloir. Au contraire, tout ce qui comptait pour elle, c’était de le rassurer.
« C’est fini. Tu n’as rien, c’est le principal. » C’est vrai que ça aurait pu plus mal finir. Il aurait pu s’ouvrir une main ou l’un de ses genoux et là c’était parti pour les urgences. Matys avait eu beaucoup de chance de s’en sortir sans dommage. Toutes fois, Elia avait tout de même voulu le raisonner un peu et pour cela, elle s’installa sur une chaise en posant Matys sur ses genoux et posa son regard sur le sien, alors que ses larmes s’arrêtaient petit à petit.
« Tu sais bien que tu ne peux pas aller dans les armoires tout seul. Encore moins pour prendre des choses qui cassent. Tu aurais pu te faire très mal… » Le petit garçon le savait bien. Et comme à chaque fois qu’il avait fait une bêtise, le petit garçon lui adressa un petit regard confus et désolé entre deux sanglots.
« Pardon Elia… » Il ne savait pas s’il n’irait plus dans l’armoire pour prendre des céréales ou un bol, mais ce qu’il savait en tout cas, c’est que plus jamais il ne courrait avec ce genre de choses dans les mains.
***
« Bon anniversaire Matys... Oublie pas de faire un vœu avant de souffler tes bougies… » Aujourd’hui, c’est son anniversaire, et pour l’occasion, toute la famille et les amis sont venus pour couvrir le petit garçon de cadeaux. Aujourd’hui, s’il fête ses sept ans en famille, dès le lendemain, il remettra ça avec tous ses camarades en classe. Après tout, sept ans, c’est important. Et puis, s’il peut manger du gâteau au chocolat deux jours d’affilée, lui, ça lui convient très bien. C’est toujours gai de pouvoir faire la fête en plus. Et pour Matys qui aime être au centre de l’attention, il ne peut pas être plus heureux qu’en ce moment. Son souhait dans sa tête, le petit garçon souffle ses sept bougies sous les applaudissements des convives. Cela fait deux ans déjà qu’il comble de bonheur sa maman adoptive et tout deux sont plus proches que jamais. Bien des choses ont changées depuis son arrivée à la maison : de un il parle beaucoup plus, tellement que par moment on aimerait qu’il y ai un bouton off pour l’arrêter et de deux, il est devenu un vrai petit chenapan et tout est prétexte pour lui à s’amuser. Bien sûr, de temps en temps il repense encore à ses vrais parents, mais cela ne le rends plus aussi triste qu’avant : il ne manque pas d’amour grâce à Elia et à son entourage. Cette dernière s’occupe de couper le gâteau sous le regard gourmand de son fils.
« Je veux une grande part… » Quand je vous dit que Matys est un vrai gourmand… Mais c’est tellement bon le chocolat. En tout cas, lui, il adore. Et même s’il a eu double ration, il a dégusté son morceau jusqu’au bout. Le gâteau avalé, l’heure est venue aux cadeaux, et le petit garçon trépigne d’impatience. Il se souvient de l’an dernier où il a été plus que gâté. Et cette année encore, à la vue des quelques cadeaux déposés sur la table basse du salon, ce sera encore le cas. Un par un, le petit garçon les déballe tous, sans oublier de remercier à chaque fois par un bisou chacune des convives. Il a reçu un tas de jouets avec lesquels il a hâte de pouvoir s’amuser. Il ne lui reste plus qu’un cadeau à ouvrir. Celui d’Elia. Ce dernier n’était pas dans la pile de cadeaux figurant sur la table du salon, elle l’avait laissé ailleurs pour qu’il puisse le déballer après tous les autres et c’est maintenant qu’elle le lui amène alors que les morceaux de papiers cadeaux jonchent le sol. Elle connait son goût pour la musique et ce qu’il s’apprête à déballer n’est rien d’autre qu’un petit synthétiseur pour débutants, un cadeau qui le ravi d’autant plus que ça faisait longtemps qu’il en voulait un. D’ailleurs, il n’a pas manqué de courir dans les bras de sa mère pour la remercier avec un énorme câlin alors que quelqu’un lui demande.
« Alors, cette année, c’est quel cadeau que tu préfères ? »La réponse ne se fait pas attendre.
« Tous… » C’est vrai, il a tout aimé, mais l’adulte insiste avec un sourire amusé.
« Ah non, tu dois en choisir qu’un seul… » Matys n’aime pas trop choisir, mais s’il ne devait choisir qu’un seul cadeau parmi tout ceux qu’il a reçu, il saurait lequel il garderait plus facilement. Et c’est après un regard complice à Elia qu’il repris la parole avec un sourire.
« Celui de maman. » Il avait mis le temps avant de l’appeler maman. Mais à présent, c’était tout à fait naturel pour lui de l’appeler de la sorte. Elle n’était peut-être pas celle qui l’avait mis au monde, mais elle le comblait de tout son amour et s’il était aussi épanoui, c’était bel et bien grâce à elle. Elle était ce qui ressemblait le plus à une maman à ses yeux, et c’était après tout grâce à elle également qu’il en avait une autre à présent.