Faith ▲ good morning

C'est le week end. Pseudo week end à cause de toutes les revisions que la fac nous offre en cadeau, mais osef. J'aime bien me dire que je suis libre pendant deux jours. C'est jouissif deux secondes. Après avoir profité de ce dimanche matin pour rattraper des heures de sommeil qu'il me manquait, je pratique le rituel matinal, celui de me laver itout. Enfilant un gilet simple par dessus un t-shirt blanc colorés de diverses manières, je checke mon portable une dernière fois. Je chope mon skate et empreinte le couloir de la EH le plus discrètement possible. Le skate n'est pas toujours apprécié par les bourgeois de la EH jugeant ce sport comme minable ; pour les pauvres. Sur ce point je ne suis pas d'accord. V'voyez j'suis un Eliot rebelle. Ca fait mon charme ehe. Je monte dans ma voiture et me dirige vers un skate parc reculé et souvent vide. J'ai donné rendez vous à ma meilleure amie là bas.

hj : mince je pensais que c'était à toi de répondre, j'étais persuadée d'avoir posté sur le coup sorry

La limousine de mon chauffeur n'était vraiment pas discrète. Pourquoi ? Ben c'était une limousine. Je lui avais déjà dis de prendre des bagnoles plus normales quand c'était moi qu'il venait chercher mais il ne m'écoutait pas. Il m'avait dit que c'était sa voiture de fonction et qu'il n'avait pas le droit d'utiliser la sienne. On arrivait enfin en face du skate parc où Antwan m'avait donné rendez-vous. Rien de tel qu'une matinée, voire une journée avec mon meilleur ami pour se détendre. Le chauffeur me sortit le fauteuil du coffre, le déplia en face de ma portière qu'il venait d'ouvrir et s'avança pour me porter pour me mettre dedans. Je secouai la tete et mis mes mains devant moi.
Non attends ! J'vais essayer. Normalement je peux au moins tenir debout une minute le temps de m'asseoir dedans. Les exercices de rééducation marchent.
Je réussis donc à me lever en exerçant de la force sur mes bras. Je ne fis pas long feux debout, j'étais même presque tombée dans le fauteuil, mais mon chauffeur m'avait aidé à m'installer prudemment en voyant que je galérais un peu. Je me mis à rouler vers le skate parc en apercevant Antwan. Je m'arrêtais à l'entrée et lui fis un grand signe de main. Avec un peu de chance, il me verrait et m'aiderait à avancer en venant me pousser. J'avais mal aux bras, j'avais fais un trop gros effort en voulant me lever.

J'ai commencé avant l'arrivée de Faith... tout simplement parce qu'elle est toujours en retard. Cette fois elle a une excuse. Elle est en fauteuil roulant et je conçois bien qu'ça ne doit pas être simple niveau organisation. C'est donc en attendant la lowell que je fais quelques figures pour m’entraîner. Une limousine interpelle mon attention. C'est celle du chauffeur de mademoiselle Hoover. Sourire aux lèvres, j'abandonne ma planche en plein milieu du terrain. Je trottine pour la rejoindre à l'entrer du parc. Je fais signe au chauffeur de Faith afin qu’il s’en aille. « La meilleure handicapée du monde est parmi nous » Je ris doucement puis saisit les poignées du fauteuil pour la faire avancer. Une fois le siège placé correctement, la série de question peut commencer. « Pas de trop mal ? »

hg : j'ai cru que tu ne répondrais jamais

hj : pardonnes moi Lisonounette d'amuuuuuur

Antwan. Aaaah Antwan. Antwan était bien un des seul rare Eliot que je pouvais voir en peinture. Avec mes frères, Antwan était même LE seul. Il avait ce privillège ahah. Non mais c'est vrai, les trois quart des Eliot sont arrogants, pas drôle, bien trop snob et n'ont aucun sens de ce qui s'appelle "la fête" puisqu'ils ont un balais coincé dans leur culs trop flasques. En tout cas, Antwan lui n'était pas comme ça. Et d'ailleurs, quand il allait apprendre que dès que je pouvais passer Mather je le ferais, je savais vraiment pas comment il allait réagir. De toute façon ce ne sont sûrement pas des confréries qui allaient briser nos amitiés. N'est-ce pas ?
La meilleure handicapée du monde est parmi nous. furent les premières paroles de mon meilleur ami à mon égard. Alors là, je bombais presque le torse, me sentant puissante.
Ouais je sais. J'suis la meilleure de toutes. Tu devrais m'appeler Roulette-Woman.
Comme je l'esperais, il prit les poignets de mon fauteuil et me fit rentrer à l'intérieur du parc. Une fois bien installée, je lui adressais un sourire.
Merci.
Puis, il commença à me questionner. En général, je ne cautionnais pas ce genre de choses, mais quand c'était Antwan, c'était différent. Il n'y avait que face à lui que je pouvais montrer mes faiblesses. Et il n'y avait VRAIMENT que face à lui que je le faisais. Pas de trop mal ?
Ben.. Ca va. J'ai quelques courbatures à cause des excercices de rééducations sinon, ça peut aller.
Je sentais que l'interrogatoire avait commencé.

« Ouais je sais. J'suis la meilleure de toutes. Tu devrais m'appeler Roulette-Woman. » Ahaha, l’héroine du future, j’ai nommée Roulette-Woman. S’il y a une série avec un type qui tire des flèches, alors il devrait y en avoir une avec une fille en fauteuil roulant. Ou alors carrément un film. Biopic de Faith Hoover. Succès assuré. « Ben.. Ca va. J'ai quelques courbatures à cause des excercices de rééducations sinon, ça peut aller. » J’hoche doucement la tête en fixant son siège. Ca doit être vraiment embetant c’truc. « C’est quand que tu seras sur pied déjà ? » Elle me l’a déjà dit, mais sa réponse n’a pas dû me marquer. Shame on me.

Parfois, j'me sentais trop drôle. Ahah, surtout là. Roulette-Woman. J'aimais beaucoup me moquer de moi même, faire rire les gens en se moquant de moi-même. Ca m'aidait un peu à me sentir mieux dans un sens. C'était peut-être étrange dit comme ça mais c'était vrai. Car oui, au fond, j'étais mal. Antwan savait à quel point je me sentais dépendante et à quel point je détestais ça. Je détestais ça et mes progrès qui n'étaient que moindres. Je détestais donc, en fait, ma faiblesse. Hors je déteste être faible.
Il me posa la pire des questions qu'il aurait sûrement pu me poser. Alors là, un léger rire sortit de ma bouche. C'était presque un rire noir qu'on voyait là. Enfin, qu'on entendait là. C’est quand que tu seras sur pied déjà ?
Quand je suis sur pieds ? A ce rythme-là, jamais mon beau.

Faith a horreur d'être dépendante, c'est une fille libre, presque une mather dans l'âme sans le côté pathétique qui va avec. Je suis convaincu qu'elle souhaite changer de confrérie l'an prochain. Ma foi, elle fait ce qu'elle veut. Je suis Eliot, certes, mais avec elle je ne m'engouffrerai pas dans la rivalité vert/bleu. J'tiens trop à elle pour cela. Enfin. La voir dans ce fauteuil m'attriste réellement. Je la sens énervé et frustré, mais elle l'a accepté. Quand je suis sur pieds ? A ce rythme-là, jamais mon beau. Je grimace doucement en fixant ses prunelles. « Et l’optimiste là dedans ? » Je ris doucement puis m’écarte de Faith. « Et sinon, quoi de beau dans ta vie ? »

C'était vrai que je me sentais prisonnière de ce fauteuil et de ces jambes statiques qui me servaient de bas du corps. En tout cas, je voyais bien qu'Antwan était triste pour moi et qu'il n'aimait pas le côté défaitiste qui ressortait en ce moment. Mais je n'y pouvais rien, j'étais parfois trop pessimiste mais je ne le montrais qu'à mes deux meilleurs amis, je n'avais pas le droit de paraître comme quelqu'un de faible. Et l’optimiste là dedans ? m'avait-il balancé droit dans les yeux. J'haussai les épaules sans répondre à sa question. Ca voulait tout dire.
Après s'être éloigné, il me demanda Et sinon, quoi de beau dans ta vie ? Alors là, un autre sourire morose se dessina sur mon visage.
D'la merde, des bonnes notes et d'la merde. Pas d'amant ou amante en vue pour l'instant. Et toi ? Racontes moi tout.