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Depuis la fin du summercamp et son retour à Cambridge, les évènements s'étaient déroulés à une vitesse folle pour Camille. Elle n'avait pas eu un instant de répit avec son nouveau statut de nouvelle présidente de la Cabot House, vivant à cent à l'heure, toujours en forme et dynamique. Mais depuis quelques temps, elle redoutait de plus en plus les moments où elle se retrouvait seule, livrée à elle-même et surtout à ses pensées moroses. Elle était toujours souriante, avenante et joyeuse.. mais tout ça au fond, c'était que des conneries. Un beau cinéma auquel tout le monde mordait sans se douter qu'en réalité, ça n'allait pas. Tout partait de travers. Andy qui avait quitté le campus, son couple avec Walter qui battait de l'aile, Demyan qui sortit de l'hôpital lui avait à peine donné quelques nouvelles pour retrouver sa Roxanna.. Mais surtout le manque. Cette pensée qui la rongeait tous les soirs quand elle se blottissait dans ses draps sans sentir le corps rassurant de Walter à ses côtés. Ne pas sentir son odeur, sa peau contre la sienne. Ses beaux yeux plonger dans les siens. Son regard en coin qui la faisait se sentir si amoureuse. Cette prise de conscience des sentiments réels qu'elle avait pour lui avaient été aussi déroutant que de ne plus avoir de nouvelles de sa part. Il lui manquait. Atrocement. Il lui manquait la nuit, quand elle se réveillait en le cherchant à côté d'elle sans le trouver. Le jour, quand chaque paroles, chaque lieu, chaque objet lui faisaient penser à lui.. Elle n'en pouvait plus de cette situation mais le pire, c'est qu'elle ne savait pas quoi faire pour que ça cesse, pour que tout ça s'arrange. Si ça pouvait s'arranger. Quand elle pensait au fait que Walter allait la quitter, elle avait envie de vomir. Alors elle avait craqué, elle lui avait envoyé un message en lui disant qu'il lui manquait. Sa réponse s'était fait tarder, la rendant de plus en plus nerveuse. Et qu'elle réponse.. Maintenant elle avait juste peur qu'il ne vienne la trouver pour rompre. Elle n'avait pas répondu, préférant fuir la chose que d'affronter cette vérité qu'elle refusait.
Ce soir là elle était sortie après les cours, s'arrêtant au bar du coin avec ses amies du cours de langues mais contrairement à elles qui étaient parties assez tôt, elle avait prolongé la soirée en solitaire avec son verre de whisky coca. Ou ses verres. Elle s'était faite draguer par un gars et le pire, c'est qu'elle ne l'avait pas repoussé. Le genre de gars bien relou qu'on déteste. Elle se sentait nulle, pitoyable. En fait, elle ne savait même pas pourquoi elle s'était laissée aller à boire comme ça, toute seule en pleine semaine et même pas en soirée. La nuit commençait à tomber au moment où elle s'était décidée à rentrer à la Cabot House. Elle avait traversé le salon avec un sourire forcé, ne croisant presque personne à son grand soulagement avant de grimper les escaliers menant à son étage en titubant à moitié. Fouillant dans son sac à la recherche de sa clef, elle ne remarqua pas tout de suite son petit ami qui se tenait là, devant sa porte. Leur regard se croisèrent et elle resta muette, partagée entre la joie de le voir et l'angoisse à l'idée qu'il la voie saoule à une heure pareille. Salut je.. j'allais entrer.. entre dit-elle en essayant d'avoir une voix posée et normale tout en déverrouillant la porte. Elle galéra quelques secondes avec ses clefs avant de réussir à ouvrir sa chambre, sentant le rouge lui monter aux joues. Une fois à l'intérieur, elle posa son sac de cours dans un coin avant de se tourner vers lui, ses mains rangées maladroitement dans les poches de son jeans avant de les retirer aussi rapidement qu'elle les avait mises. Ne pas paraître bourrée, ne pas paraître bourrée.
Maladroite, Camille jetais des regards fuyants à Walter, tentant de cacher son état d'ébriété qui la faisait se sentir aussi mal. Ou alors était-ce la peur d'entendre ce qu'il avait à lui dire ? Le voir ainsi devant elle, seule, avait presque quelque chose de bizarre tellement ils s'étaient peu vus en ce moment. Elle avait envie d'aller vers lui, de le toucher, de se blottir dans ses bras.. Mais elle resta à sa place, ne sachant comment agir, ayant bien trop peur qu'il la repousse. T'es sûre que ça va ? demanda-t-il finalement en rompant le silence qu'il y avait entre eux. Oh non, il avait compris qu'elle était bourrée ? Camille déglutit en regardant ailleurs, se tenant au bureau derrière elle pour ne pas perdre son équilibre. Oui oui ça va dit-elle rapidement en se passant la main dans les cheveux. Son rythme cardiaque s'accéléra lorsqu'elle le vit s'approcher avant qu'il ne lui prenne doucement la main, déclenchant des frissons le long de son bras. Son regard croisa une nouvelle fois le sien et si elle n'avait pas eu de quoi se tenir, elle aurait certainement défailli. Ce regard, ces yeux.. tout ça lui manquait tellement. Je.. oui, si tu veux dit-elle en rougissant de nouveau. Pourquoi se sentait-elle aussi mal ? Elle appréhendait tellement ce qu'il allait lui dire et malheureusement, l'alcool semblait décupler toutes ses émotions. Tu veux me quitter c'est ça ? demanda-t-elle sur un ton incroyablement calme, presque résolu avant d'avoir pu tourner sa langue sept fois dans sa bouche.
Ça ne devait pas tourner rond dans sa tête, sérieusement. Elle redoutait qu'il lui dise qu'il en avait marre, qu'il voulait arrêter là et elle ? Elle mettait les pieds dans le plat, les deux en avant ! Mais peut-être qu'au fond c'était pas plus mal. Elle préférait entendre tout d'un coup pour pouvoir le laisser partir plutôt que de patienter indéfiniment avant qu'il ne lui dise qu'il voulait rompre. Peut-être qu'elle le méritait, aussi. Après tout, c'était elle qui avait tout fait foirer en lui disant ce qu'il s'était passé avec Demyan. Sa main tremblait mais en se tenant à son bureau, elle parvenait plus ou moins à le cacher. Elle vit la surprise sur le visage de Walter, et elle même perdit toute cette fausse assurance en le voyant se rapprocher d'elle pour la serrer contre lui. Non je veux pas te quitter non, je t'aime espèce d'idiote. Ses bras pendant le long du corps, ses yeux s'écarquillèrent un instant de stupeur alors que son coeur lui partait au quart de tour. Il.. quoi ? Sans qu'elle ne puisse se retenir, les larmes lui montèrent aux yeux. Ça va pas ça. Pourquoi était-elle aussi émotive quand il s'agissait de Walter hein ? Pourquoi est-ce qu'elle ne parvenait pas à contenir tout ça comme elle l'avait toujours fait ? Continuerait-il indéfiniment à la chambouler de la sorte ? Et lui il lui balançait ça, comme ça. Mais en réalité elle savait très bien pourquoi. Serrant ses lèvres entre elles, elle finit par poser sa tête contre son épaule en passant ses bras dans son dos pour le serrer contre lui. Moi aussi je t'aime dit-elle d'une voix qui trahissait ses pleurs. Idiot. Là, c'était dit. Et même si là tout de suite elle pleurait, elle sentait au fond comme ces mots la rendaient heureuse, autant qu'ils la surprenaient. Il l'aimait. Lui, Walter Kovalevski. Je veux plus qu'on s'éloigne... dit-elle sans toujours oser le regarder.
Camille inspirait lentement pour essayer de se calmer, se laissant enivrer par l'odeur si rassurante du t-shirt Walter.. qu'elle était en train de tremper. Me fais pas chialer Dickens dit-il en riant légèrement, utilisant son nom de famille comme avant. Camille rit à son tour en séchant ses larmes avec sa main, se reprenant petit à petit alors qu'il venait l'embrasser sur la joue et caresser doucement ses cheveux. Elle se serra contre lui, sentant le poids qui pesait sur elle depuis plusieurs semaine s'envoler doucement. Depuis quand est-ce qu'elle se sentait aussi heureuse à ses côtés ? Depuis quand est-ce qu'elle ressentait cette sensation si enivrante lorsqu'il venait embrasser ses lèvres ? Elle l'aimait, elle l'aimait tellement. Et avoir posé des mots sur ses sentiments lui faisait un bien fou. Je veux pas m'éloigner de toi d'accord ? Hey.. Camille leva enfin les yeux vers lui, plongeant dans ses yeux bleu avant d'hocher la tête doucement. Je t'aime d'accord ? Je t'aime pour ce que tu es, ce que tu as été, tout ton passé, je t'aime toute entière. Excuse moi de ma réaction, j'ai beaucoup de fierté. Ne doute jamais de mes sentiments, mon coeur murmura-t-elle à son oreille. Sans qu'elle puisse se retenir, les larmes lui montèrent à nouveau au yeux, avant de rouler sur son visage dans un sanglot. Pardon.. ce sont des larmes.. de joie dit-elle, réellement émue. Putain mais pourquoi est-ce qu'elle n'arrivait pas à arrêter de pleurer ? Si elle s'était vue, elle se serait trouvée ridicule. Mais voilà, les mots de Walter parvenaient à la toucher au plus profond d'elle-même, et l'alcool devait certainement amplifier tout ça. Elle lâcha un petit rire avant d'essuyer ses larmes pour la énième fois. Elle se mit alors légèrement sur la pointe des pieds pour embrasser ses lèvres doucement. A cet instant, elle se sentait tellement bouleversée parce qu'il venait de lui dire qu'elle avait l'impression de ne plus tenir sur ses pieds.