LEONORA AIYANA LOCKHART ► Odette Yustman Annable

Le 4 juillet 1991, Léonora et Théa Lockhart naquirent à l'hôpital de Phoenix dans une ambiance pas très chaleureuse. Les parents ne s'adressaient pas la parole, seuls les regards parlaient à leur place. La veille de leur naissance, leur père, Alexander Lockhart a apprit que son épouse Kestrel O'Hara-Lockhart l'a trompé avec son frère Jack Lockhart. Voyez-vous, cette famille se brisait déjà avant même que les deux filles naissent. Le père de Léonora a suggéré une comparaison d'ADN avec les enfants. Il s'avérait que Léonora et Théa étaient ses filles et non celles de Jack. Elles n'étaient que nourrisons lorsqu'elles ont été séparés. La mère des filles a fait un choix assez simple, elle a prit la plus jolie des petites filles avec elle, Théa, et ne s'est pas occupée une seule fois de l'autre. Le divorce s'est « bien passé », Théa vivait avec sa mère à New York tandis que Léonora habitait avec son père et une nourrisse anglaise à Dillon.

Tout le long de sa vie, Léonora s'est réconfortait avec cette fameuse phrase que la déesse Athéna a récité : « « Je n'ai pas eu de mère pour me donner la vie ». Elle vivait auprès de sa nourrisse, Mary , et son père qui était rarement à la maison de Dillon au Texas. Alexander avait préféré que sa fille aille vivre au Texas pour mieux connaître la nature. Il a eu raison, Léonora adorait la nature, mais pas au point de faire carrière dans un centre vétérinaire.
Depuis toute petite, Léonora rêve de devenir chirurgienne orthopédique. Ce n'était pas le rêve de son père qui souhaitait qu'elle devienne vétérinaire, infirmière ou encore neurochirurgienne comme lui. Même si sa fille aimait les animaux, elle préférait les humains et les inventions des hommes.
Si elle pouvait marcher, les handicapés en seraient capables. La vision de Léonora était comme ça. Elle souhaitait réalisé le rêve de chaque personne. Tout le monde pouvait marcher. Pas de la même façon, mais les gens pouvaient marcher. Un exemple ? Oscar Pistorius a bel et bien courut avec des prothèses en carbone. Elle aimerait aussi réduire les fractures et recoudre les plaies de grandes tailles, et d'autres choses. Mais elle désirait pratiquer tout cela dans les urgences d'un grand hôpital ou dans les pays où les soldats des États-Unis combattaient pour défendre leur pays.

Plus jeune, Léonora était cette sale gosse qui crachait sur les chaussures de ses professeurs. Elle les insultait de tous les noms pour faire réagir son père qui opérait des cas de tumeur du cerveau à l'hôpital de Phoenix. Elle avait besoin de son père, mais ce n'était pas en se battant dans la cour de récréation avec les garçons qu'elle gagnerait le retour de son paternel.
Au fil des années, Léo', un surnom que sa meilleure amie Romy lui a attribué, devint patiente. Elle observait autour d'elle et réussissait à trouver un point faible chez quelqu'un. Il suffisait d'écouter les autres pour tirer un trait de caractère chez ses interlocuteurs. Léonora était ce genre de filles qui patienter, mais quand elle recevait un coup de poing, elle répondait aussitôt. Mais elle se montrait protectrice envers Romy qu'elle considérait comme sa propre sœur. C'était sa seule amie à l'école et en dehors. Elle ne pouvait pas s'empêcher de faire les quatre cents coups avec elle. La première cuite et les fameuses cigarettes qu'elles volaient dans le pot de cigarette d'Alexander lorsqu'il était chez lui. Léonora était comme ça, une vraie amusette. Elle faisait tout pour croquer la vie à pleine dent. Romy était la même personne que Léonora. Les disputes ont commencé quand Romy a commencé à sortir avec un garçon qui se droguait sans cesse. Les jeunes filles n'avaient que seize ans et ne touchaient pas à la drogue. Léonora était trop protectrice envers Romy et lui a conseillé plusieurs fois d'arrêter. Mais Romy a cru que c'était de la jalousie et était très possessive envers son petit ami et l'aimait tellement au point de lui offrir sa virginité sans se protéger. Un acte qu'elle a regretté puisque le petit copain est partit du jour au lendemain. Léonora lui avait pardonné et l'avait soutenu lors de cette galère. Elle s'était promise de ne pas s'attacher avec qui que ce soit. Léo' aimait les hommes, elle séduisait sans le vouloir puisqu'elle restait tout simplement naturelle envers eux. Elle ne se maquillait jamais et riait souvent des blagues des garçons. Bref, un vrai garçon manquait qui se battait sans cesse avec les filles de sa classe.

Mais son bonheur toucha à sa fin lorsqu'elle apprit que Romy était atteinte du virus du SIDA. La peur dévorait l'intérieur de l'âme de Léonora, mais elle ne montrait rien à l'extérieur. Elle faisait comme si de rien était. Elle savait fort bien que sa meilleure amie était condamnée et voulait la traiter comme une personne normale. Une personne qui n'était pas malade. Avec un peu de chances, on trouverait un remède.
Deux ans plus tard, Léo' a aidé sa meilleure amie à obtenir son diplôme. Elles l'ont reçu, elles étaient promus toutes les deux à l'université Harvard. Mais l'état de Romy s'aggravait sans cesse. Les chimiothérapies défilèrent et la peur de Léonora s'était agrandit en elle. Elle ne pleurait jamais. Pour elle, pleurer était pour les lâches. Au contraire, c'était le sentiment de tristesse et de soulagement qui partaient, mais elle ne voyait pas la chose dans ce sens. Léonora la soutenait durant cette terrible épreuve et gardait tout pour elle. Même son père n'était pas au courant avant de savoir que Romy était arrivée à la dernière phase de la maladie.
Elle n'avait que vingt ans. Léonora trouvait que le destin était le pire des salauds. Elle voyait sa meilleure amie remplit de tâches sur le visage et autres parties du corps qui dévoraient sa peau. Il y avait des jours où Léonora était tentée de craquer et d'en finir, mais elle évitait tout ça.
La brune se souviendra toujours que sa meilleure amie l'avait supplié de l'emmener à Harvard juste pour visiter son appartement. Léonora n'a pas cherché loin, elle a réalisé le rêve de son amie. Les deux jeunes filles ont prit le vol Phoenix-Cambridge et ont atterrit sur place. Romy est décédée le soir-même dans l'appartement de Léonora. Elle dormait dans le lit de cette dernière et Léonora sur le canapé. Mais la soirée s'était bien déroulée, elles avaient regardé un film en mangeant un tout petit peu et Romy a prit ses médicaments comme d'habitude. Mais le lendemain matin, Léonora avait retrouvé son amie complètement endormie dans son lit. La jeune Lockhart avait essayé de la réveiller, mais elle comprit qu'elle était morte. C'était le seul moment où elle s'est autorisée à pleurer. Il n'y eut pas d'autres moments que celui-ci. Léonora était sans doute prête à subir une lourde dépression, mais elle s'est réfugiée dans le travail et buvait toujours chaque soir, un double whisky au bar de la ville. Le père de Léonora a été mit au courant de la mort de Romy et a suggéré aux responsables de changer de chambre sa fille.Elle en avait sacrément besoin. De plus, Alexander a demandé à un ancien ami d'université, qui était un psychologue pour suivre le dossier de sa propre fille.

Un an plus tard, Léonora continuait de voir le monde en noir et blanc. Il n'y avait plus de couleur. Elle s'enfichait limite de tout sauf de la médecine. Elle ne sortait presque plus, on aurait dit un véritable ermite. La jeune femme restait souvent seule dans sa chambre au lieu de sortir avec ses camarades de classe. À quoi bon sortir avec des personnes qui ne sont que des connaissances aux yeux des autres ? Une fois par semaine, la brune allait voir le psychologue, mais elle ne parlait que des cours. Jamais de Romy. Elle était morte, enterrée, il ne fallait plus parler d'elle. Voilà ce qu'elle pensait. Léonora évitait toujours le sujet « La mort de Romy » ou « La rencontre de Romy », mais encore « Les fêtes avec Romy ». Le sujet « Romy » était clos et classé aux oubliettes.
Un autre problème ? La jeune femme a rencontré sa mère biologique. Celle qui l'a abandonnée pour vivre à New York au lieu de rester à Phoenix. Celle qui avait aimé son père, mais pas assez pour coucher avec son beau-frère. Super comme maman. Léonora l'a considérée comme une véritable catin. Pourtant, un célèbre philosophe a dit un jour : « Les enfants commencent par aimer leurs parents. En grandissant, ils les jugent, quelquefois ils leur pardonnent. » Léonora n'a jamais aimé sa mère, elle l'a toujours jugé comme une catin et elle n'était pas prête à lui pardonner. D'ailleurs, le dîner qu'ont organisé les parents des jumelles a viré au désastre. Léonora a apprit que sa sœur jumelle Théa Lockhart se trouvait à l'université de Yale. Mais cette fille était censée être un ange, elle s'est comportée comme une véritable peste envers Léonora. Léo n'a pas cherché, elle lui a collé son poing sur la figure. Encore une fille à papa qui a besoin d'un chirurgien plastique parce qu'elle avait le nez cassé. Depuis ce jour, les deux jeunes femmes se détestent mutuellement.

Aujourd'hui, Léonora est une jeune femme qui étudie la médecine à l'université Harvard. Elle voit souvent son psychologue, mais on va éviter se répéter : C'est toujours la même chanson. Médecine. Médecine. Médecine. Elle ne mentionne jamais à son psychologue qu'elle boit un double whisky chaque soir ou va à certaines fêtes qui se terminent en bagarre. D'ailleurs, on la retrouve toujours dans une bagarre entre filles.Quand on lui demande si elle a un petit ami, elle répond simplement qu'elle ne cherche pas. Elle n'en a pas besoin puisqu'elle ne s'attache à personne. Au fil des années, elle a enfin apprit à respecter ses professeurs et parle très rarement en cours. Elle ne parle quasiment pas. Elle est sans doute prête à aider les autres, mais il faudra qu'elle réapprenne à faire confiance à quelqu'un.
Tout ce qu'elle souhaite c'est de réussir ses études, devenir chirurgienne orthopédique et survive dans sa vie en sauvant celles des autres.