C'était l'heure d'assumer ma grosse période de blanc. Anya avait toujours eu du mal à accepter les périodes où je ressentais le besoin, parfois, de me ressourcer en me coupant du monde extérieur. Et dieu seul savait combien j'avais pu en avoir besoin ces dernières semaines. Depuis son mariage en Russie, ma présence auprès de la belle russe avait été en pointillée jusqu'à devenir quasiment inexistante. Au point qu'elle avait été jusqu'à demander de mes nouvelles à Briony, mmh. Pensivement, mais toujours fièrement, je traversai la route pour me rendre chez le fleuriste à proximité du nouvel appartement que je venais de me payer, non loin du précédent, pour acheter un bouquet de fleurs tellement énorme que le fleuriste avait un sourire jusqu'aux oreilles quand j'en ressortis. Tu m'étonnes, je venais de remplir sa caisse, pour le coup. Jetant un coup d’œil à ma montre, je pressai un peu le pas pour ne pas arriver en retard, jusqu'à franchir le seuil du Lord Hobo un peu après 18h. Du regard, je cherchai Anya jusqu'à finalement la repérer, m'approchant d'elle avec mes innombrables roses pour les lui mettre sous le nez. On m'a dit de remettre ce présent à la plus belle fille de la ville et il ne fait aucun doute que vous en êtes la destinataire, dis-je sur un ton impersonnel, tel un serviteur.

J'en étais rendue à demander des nouvelles de mon meilleur ami, à sa copine, cette femme que je n'apprécie pas, que je ne porte pas dans mon corps et autant dire les choses clairement, que je déteste. J'étais tombée bien bas et comme le plus grand des hasards, il s'était manifesté le même jour. J'avais du mal à croire aux coïncidences, je n'étais pas une de ces femmes à spéculer sur la magie de l'impondérable. Il m'avait donné rendez-vous à 18heure au Lord Hobo. J'étais à l'heure. 18h02. Il avait le culot d'être en retard. Je pensai qu'il aurait pu être là à mon arrivée, qu'il n'aurait pas eu l'audace de me faire attendre même deux minutes. Mes ongles claquaient contre le verre de la table, j'attendais, j'étais impatiente, jusqu'à ce qu'un énorme bouquet de roses ne vienne se mettre devant moi. Je le regardais, je reconnaissais la voix de mon meilleur ami. Par chance, je ne l'avais pas oubliée. Je tournais le visage vers lui, alors que je claquais des doigts pour faire venir le serveur en lui demandant de mettre les roses dans un vase du temps de notre rendez vous. Elles étaient magnifiques et je n'avais pas envie qu'elles puissent se faner. J'avais afficher un sourire, un tout petit, profitant d'avoir le dos tourné afin qu'il ne me voit pas et lorsqu'il se posait , en face, je repris une expression des plus neutres. Je lui en voulais de ne m'avoir donner aucune nouvelle, il m'avait manqué et j'avais toujours eu besoin d'avoir ne serait-ce qu'un petit contact avec cet homme. C'est ce que t'as dis à toutes celles à qui tu n'as donné aucune nouvelle ? demandais-je en levant mon regard vers le sien.  J'ai attendue .. , c'était un bon pas et il le savait, j'avais attendue, parce que j'avais envie de le voir.