Let's have some fun

Jules Ҩ Novalee

« Everybody knows there's a party at the end of the world. Well or just maybe across the campus who knows ? »

Dire que Jules avait bu avec modération serait le plus gros mensonge qui puisse exister. En même temps, il pouvait se le permettre puisqu'il venait de recevoir la note de son partiel qui compterait pour quatre vingt pour cent de sa note finale. Bien sur, il avait eu l'une des meilleures notes de son amphi, alors ce soir il avait décidé de le fêter à sa manière. Accompagné de Novalee, ils s'étaient rendus dans la maison des membres de Mather qui, comme à leur habitude, avaient prévus une soirée de folie. L’ambiance était digne d’un film représentant les débauches des étudiants sur les campus. L’alcool coulait à flot, et la musique rendait tout dialogue presque impossible. Au début, les deux meilleurs amis étaient restés ensemble, collés l'un à l'autre, le temps de prendre leur marques et de voir qui était présent. Mais bien vite, Novalee avait fini par lui faire faux bond et lui fausser compagnie pour un autre brun. Il ne lui en tenait évidemment pas rigueur, elle ne lui appartenait pas. Il avait fini par aller dans le jardin afin de voir les animations organisées, et avait fini par participer à un tournoi de beer-pong. Il avait pourtant conscience qu'il était terriblement nul à ce jeu, mais il préféra oublier ce détail bien vite. Après s'être pris une balle de ping pong dans l'un de ses gobelets, il avala cul sec son contenu et fut surpris de voir que la bière traditionnelle avait été remplacée par de la téquila. C'était surement pour ça que les gobelets rouges étaient moins remplis que d'ordinaire. Il avala un autre verre, puis encore un et ce fut le début d'une longue suite. Cependant contrairement à plusieurs personnes, plus il buvait, plus il était précis dans ses lancés, et bientôt son adversaire fut presque aussi saoul que lui. Ayant ingurgité beaucoup de tequila, il se rendit compte que ce jeu n'était plus très drôle, puisqu'il commençait à gagner à tout les coups. Puis au fond du jardin il vit un attroupement. Il s'avança et vit qu'il y avait un tonneau de bière qui attendait d'être bu. Il s'empara d'un des entonnoirs et le plaça illico dans sa bouche. Il allait regretter cette soirée demain, il le savait. Ou peut être plus tôt que prévu. A peine eut-il avalée sa longue gorgée que déjà il se sentit mal. Il avait perdu le compte de ses boissons, mais il savait quoi faire dans ce genre de situation: trouver Novalee.

Il s'avança en direction de la maison, et parti à la recherche de la petite blonde perchés sur des échasses. Il vit deux filles dans le hall d’entrée et s'avança vers elles pour leur demander si elles ne l'avaient pas vu par pur hasard. Er det du så Nova? (est-ce que vous avez vu Nova ?) Il les regarda en attendant leur réponse, qui se fit longue à arriver. Elles le dévisageaient comme s'il avait parlé une langue totalement inconnue comme... Le norvégien par exemple. Il avait eu, quand il était encore au lycée, un correspondant norvégien et ils s'amusaient à comparer la température respective de leur pays à l’époque. A force de parler l'un avec l'autre Jules avait demandé à son ami, Ulrich, de lui apprendre quelques petits mots pour se débrouiller si un jour il mettait les pieds dans ce pays au temps glacial. Evidemment, il ne s'était pas contenter de si peu, et avait fait des recherches de son coté. Le norvégien ne lui était donc pas totalement inconnu, mais tout cela c’était passé il y a si longtemps, qu’il était impossible qu’il s’en souvienne encore. Il avait forcément oublié les bases. Voyant que les deux filles avaient préféré l'ignorer, il changea de direction et se dirigea vers un endroit souvent fréquenté par Novalee: la salle de bain. Elle se rafraichissait souvent à coup d'eau froide sur le visage pour essayer de ralentir les effets de l'alcool. Comme si cela pouvait marcher. Il monta péniblement les marches, et se félicita d'être autant perspicace même en étant un peu trop imbibé d'alcool. En effet, sa meilleure amie se trouvait la, avec le même garçon qu'un peu plus tôt et en train de parler. Il l'attrapa par le bras se moquant bien du fait qu’elle puisse être en plein débat politique, et lui expliqua la situation. Jeg kom over to jenter som ikke ville svare meg og fortelle meg hvor du var, men jeg etterhvert få sine hender på deg. Jeg er for sterk. Vi gå? (Je suis tombé sur deux filles qui voulaient pas me répondre et me dire où tu étais, mais j'ai fini par te mettre la main dessus. Je suis trop fort. On rentre?) Novalee le regarda presque aussi curieusement que les deux filles du hall. Ce n'était pas possible, il ne pouvait pas être tombé dans une dimension parallèle dans laquelle personne ne le comprenait. Gå for det! Ikke liker jeg snakket kinesisk. (Allez réponds! Fais pas comme si je parlais chinois.) Il croisa les bras sur sa poitrine en attendant qu’elle sorte de cet état d’hilarité qui venait de la gagner. Quand elle avait besoin de lui, il se portait volontaire pour sauver ses cheveux d’une couche de vomi, mais quand la situation s’inversait, c’était tout autre chose.

Après une journée forte en rebondissement, il était temps de laisser les livres de côtés et de penser "fête étudiante". Ca tombait bien, son meilleur ami vint la chercher à dix heures tappantes pour participer à la plus grande réunion du jeudi, là où les visages afficheraient un sourire rayonnant de bonheur. Alcool gratuit et à volonté. Que demander de plus si ce n'était pas une musique d'ambiance agréable avec des amis qu'elle connaissait sur le bout des doigts ou presque. Novalee ne se fit pas prier, arborant un débardeur rouge flashy et une paires de jeans très collée serrée sans oublier l'accessoire de choc qu'était sa nouvelle paire de chaussure à talon, trouvée avec l'aide de sa copine de shopping dans les basfonds de la ville. Au moins, personne ne porterait les même, un gage d'authenticité qu'elle appréciait à sa juste valeur. En premier lieu, la miss resta avec Jules au début de la soirée, attrapant quelques verres de jus d'orange au passage, en espérant qu'aucune liqueur incolore ne fut ajouter dedans sous peine de se retrouver dans les toilettes en fin de soirée et ce, durant plusieurs heures. Sans oublier la paleur de son visage et les maux de tête qui s'accompagnaient avec la "gueule de bois". pas très glamour tout ca. Et en parlant de glamour, un beau brun attira son attention, suffisamment pour perdre de vu son meilleur ami. Tant pis, elle se disait qu'une vie ne se vivait qu'une seule fois et si elle réussissait à s'amuser comme il se devait, elle n'allait certainement pas refuser sa chance. Le physique de l'inconnu ne la laissait pas indifférente, s'approchant de lui lentement mais surement, avant de tirer sur son tee shirt et l'amener à danser tout près d'elle. Pas de pris de tête, ni même de questions fondamentales à résoudre. Il était temps d'éteindre ses neurones et de se concentrer sur sa soirée. Seulement, au bout d'une vingtaine de minute, son visage devint livide alors que quelques vertiges se fit ressentir. Les prémices d'une ingurgitation trop importante d'alcool et des effets néfastes qui ne tarderaient pas à apparaitre sans crier garde. Novalee prit le temps de souffler à l'inconnu qu'il lui fallait un endroit un peu plus calme pour se rafraichir et discuter. Ce fut avec l'aide de ces seules paroles que la blondinette s'extirpa de la piste de danse, grimpa l'étage qui la séparait de la salle de bain et s'engouffra dans la pièce, se dépêchant d'ouvrir le robinet d'eau. Ses deux mains se tendirent en avant pour récupérer quelques mililitres du breuvage qu'elle déposa sans tacte sur ses joues.

Peu de temps après, elle sentit une pression sur son avant bras, assez forte pour l'amener vers l'extérieure de la pièce. A présent dans le couloir, elle pouvait sans mal reconnaître son vis à vis. Jules de retour ce qui marqua un petit sourire en coin. Mais la suite manqua de la faire s'étouffer, tant le rire était présent. Son abdomen n'arrivait pas à se détendre. Non mais dans quelle langue il lui parlait ? C'était parfaitement incompréhensible. Elle qui n'avait jamais étudié les langues du nord, c'était comme lui réciter du chinois ou du japonais. Novalee fit tout de même un hochement de tête en espérant que cette réponse fut la bonne. Le ton monta toutefois, comprenant que cette situation n'était pas si risible qu'elle n'y paraissait; La miss posa l'une de ses mains sur son épaule en guise d'affection. "Jules, mais quelle langue tu utilises ? Du suédois ? Polonais ? Russe ? Tchèque ? Ce n'est pas très mélodieux à entendre." Elle fit une pause quelques secondes, alors que ses sourcils s'élevèrent de surprise. "Tu ne serais pas cuit par hasard ? Oh non qui t'a fait boire ? Si je l'attrappe je vais lui en faire voir de toutes les couleurs. En premier je vais m'occuper de toi."Sa main glissa de son épaule jusqu'au creux de sa main qu'elle saisit sans lui laisser le choix de répliquer. Même sa mine déconfite ne réussirait pas à la faire changer d'avis. Et dans ce brouhaha, pas moyen de s'entendre ni même de se comprendre. Un peu d'air frais leur ferait le plus grand bien. L'étudiante, fit alors le chemin inverse, descendant les marches deux par deux sans perdre Jules au passage. Elle n'hésita pas à pousser quelques parasites qui tentaient de les faire rester dans la maisonnée; Avec leur look très hippies, ils ressemblaient à des figures emblématique "has been". Il fallait se recycler un peu les mecs. Ses pas finirent par l'amener jusqu'à la porte d'entrée qu'elle n'avait plus qu'à pousser pour sortir de ce monde aussi fou que proche de l'univers d'Alice au pays des merveilles. Sauf que le beau brun, présent u peu plus tôt à ses côtés, jouaient les pot de colle ambulant, la bloquant sur son passage. Novalee se retourna vers Jules pour s'assurer qu'il allait bien. "Est ce que tu m'entends ? Tu restes avec moi surtout on va sortir d'ici. Tout va bien se passer."

Elle riait aux éclats, alors que lui ne comprenait vraiment pas ce qu’il y avait de risible dans toute cette situation. Il comprenait parfaitement ce qu’elle lui disait, et d’après ses paroles, il ne parlait plus anglais du tout. On lui avait déjà dit que lorsqu’il était saoul il parlait une autre langue, mais il n’avait jamais voulu y croire. Cependant, là il était bien obligé de constater les faits. Novalee lui demanda donc s’il était cuit, et il hocha la tête pour lui confirmer ses doutes. Personne ne l’avait fait boire, il l’avait fait tout seul. Sachant qu’elle ne comprendrait rien s’il se mettait à reparler maintenant, il resta dans son mutisme, et se laissa guider par sa meilleure amie. Il n’était vraiment pas dans son assiette ce soir. Il titubait, et la descente des marches s’affaira être une tache bien difficile. Il essaya de se convaincre que si les gens présents ce soir ce retournaient sur leur passage, c’était majoritairement pour admirer la tenue de la jeune femme qui le conduisait dehors. Il ne l’avait pas complimenté sur son choix de vêtements, mais c’était surtout car les compliments allaient de soi avec elle. Elle savait toujours tout coordonner. Et puis, tout lui allait aussi. Peu importe pourquoi les gens les regardaient, tant qu’il était avec Novalee il savait que ça se passerait bien, et même si ce brun qui était avec elle un peu plus tôt leur bloquait le passage.

Il hocha une nouvelle fois la tête lorsqu’elle lui demanda s’il l’entendait. Il avait du mal à tenir debout, mais ses capacités pour entendre étaient intactes, même malgré la musique. Il ne comptait pas partir sans elle, il avait tellement besoin qu’elle l’aide que non, il ne partirait pas. Si seulement ce pot de colle pouvait partir, Jules avait vraiment besoin d’air frais. Il avait même besoin de plus que ça. Sans même s’en rendre compte, il se pencha en avant, se tourna vers le garçon et lui vomit sur les chaussures. Il n’avait évidemment pas contrôlé ce geste, mais au moins cela avait eu pour résultat de le faire déguerpir, en poussant quelques insultes envers Jules. Il s’en moquait royalement. Il repris appui sur Novalee, et poussa la porte d’entrée afin de finir dans le jardin. L’air frais de la soirée s’engouffra dans ses poumons et eu pour but de le dessaouler un peu. Au moins maintenant, il avait un peu plus les idées claires. Il fallait qu’il test quelque chose. Il se tourna vers Novalee après avoir repris pleinement position sur ses pieds et ouvrit la bouche. Mon héroïne. Au moins cette fois, il s’était fais comprendre car Novalee avait abandonné le regard plein d’interrogation pour laisser place à un sourire enfantin. Non mais sérieusement, sans elle il serait surement actuellement en train de comater dans une pièce de la maison. Demain, tout le monde parlerait de lui c’était certain. Hvordan er det at… (Comment ça se fait que…) Il vit le sourire de sa meilleure amie s’agrandir de nouveau et il comprit qu’il avait une nouvelle fois changer de langue. Il inspira profondément et recommença. Comment ça se fait que c’est toi qui me sauve aujourd’hui. C’est l’inverse en temps normal. T’as pas bu toi ? Il s’avoua bien qu’un peu tardivement, qu’il aurait du y aller un peu plus doucement. Il avait voulu commencer sur les chapeaux de roue, et le résultat n’avait pas été fameux. Il eut un nouveau haut-le-cœur, plaça sa main devant sa bouche mais ce n’était qu’une fausse alerte. Il haussa les sourcils et décida de s’assoir un instant dans le jardin, invitant Novalee à en faire de même. Si l’air frais était son seul moyen pour lui d’être un minimum sobre, alors il faillait qu’ils restent ici.

Il attendit qu’elle s’asseye et repris la conversation, reprenant une grande inspiration afin de chasser toute once de norvégien qui se serait perdu dans son esprit. C’était qui le gars ? Enfin, si tu le connais, dis lui que je suis désolé pour ses chaussures. Mais il aurait du se pousser aussi, je suis pas le seul fautif là. Il était loin d'être le genre d'ami possessif, mais il aimait se tenir au courant. Évidemment, il ne lui demandait pas de compte rendu à chaque fois, mais comme il fallait qu'il trouve un sujet de discussion... Ils n'allaient quand même pas parler de cours, alors qu'ils étaient venus ici ce soir pour oublier un peu leur condition d’élèves sérieux.