T'en mêles pas. || Kennedy.

J'étais pour le moins pressée. Pour la première fois de ma vie, j'étais en retard pour rendre un devoir important que l'on m'avait donné sur l'économie du pays et qui comptait énormément pour cette année. Je n'arrivais pas à le croire. Moi ? Hayden Poloski ? En retard ? Je m'étonnais moi même, mais il y avait de nombreuses causes qui pourraient l'expliquer. Enfin, peut-être pas tellement. J'avais repris les cours, je tentais comme je pouvais de me faire à l'idée que je resterai loin de mon père pendant pas mal de temps et que donc, laissai libre court à ma belle-mère de le manipuler comme elle savait bien le faire.
Et puis j'avais rencontré ce gars dont il n'était même pas utile d'en parler mais à qui je pensais tout de même. Cependant, je le sortais bien assez vite de la tête avant d'entrer dans la salle informatique.

Mon ordinateur ayant subis une défaillance suite à un malheureux choc, je n'avais pas eu le temps d'en racheter un. J'utilisais alors pour ce devoir, l'un des ordinateurs de l'université par lequel j'allais transposer tous les dossiers dans un clé USB. Je m'installai brusquement et démarrai l'engin sans plus atteindre avant d'écarquiller les yeux. WHAT THE HELL ? C'était quoi ça ? Face à moi, l'ordinateur ramait et tentait avec courage de s'allumer. Mon pc me manquait déjà.

Un quart d'heure plus tard, il était fin prêt. Je lançais donc internet et une page Word, mais mon inaptitude à gérer ce genre de fossiles technologiques se manifesta encore une fois. Tout se figea à nouveau et je posai les yeux sur ma montre. Il me restait encore quelques minutes avant que j'enregistre le tout et traverse l'université pour le rendre à mon prof d'économie et c'était loin d'être gagné. Kurwa ! Fait chier ce putain de..! D'accord, je perdais patience, quelque chose qui m'arrivait que trop peu souvent. Mais là, j'étais au bord de la crise.

Aujourd'hui, entre deux cours, je voulais faire un peu d'informatique car j'avais un devoir à rendre dans une bonne semaine, c'était un devoir avec du SQL et de la programmation à faire. Alors une fois dans la salle informatique qui est un peu mon antre à Harvard, l'endroit où j'aime aller en dehors de ma chambre où j'ai mon ordinateur super performant pour hacker ou chercher pas mal d'informations presque top secrètes. En effet, mon rêve serait de travailler en tant qu'agent de renseignements pour le FBI alors autant vous dire que les cours d'informatique où la programmation est reine font partie de mes cours préférés de tous les temps. Je me trouvais donc depuis quelques minutes en salle informatique sur un ordinateur peu performant, il fallait bien le reconnaitre mais pour préparer un cours de programmation, tant que le programme de programmation est dans le pc, cela me va pour ma part. Même si j'avancerais dix fois plus vite avec mon propre ordinateur mais je n'avais pas le temps de rentrer dans ma chambre car dans une heure, j'avais de nouveau un cours non loin de là. C'est alors que je vis la personne qui s'était installée à côté de moi commencer à s'énerver après son ordinateur qui n'avançait pas du tout, notamment le simple fait de l'allumer prenait un certain moment. Ce n'est qu'un quart d'heure plus tard que son pc s'allume enfin et la laisse aller dans le traitement de texte mais voilà qu'il se fige à nouveau et là la jeune femme commence à perdre patience alors je me permis une petite remarque en guise de soutien.

Ah les ordinateurs peuvent être de petites choses bien capricieuses pas vrai ? J'avoue que mon pc me manque à l'heure actuelle mais ayant un cours dans une heure pas loin d'ici, je ne peux pas rentrer dans ma chambre. Je compatis avec votre perte de patience car cela m'arrive aussi et même souvent.

Je lui adresse un léger sourire en prenant le risque de me faire appeler "Arthur" vu son niveau d'énervement mais je voulais juste lui apporter mon soutien. Il me semble avoir déjà croisé cette jeune femme à la Dunster House mais peut-être je pouvais me tromper après tout.

Spoiler:

Et dire que la meilleure université du pays arborait encore de tels engins, ça me rendait folle. Je jetai un œil aux alentours et remarquai avec aberration que j’étais la seule à rencontrer ce genre de problème.  Ca me rassurait tout de même dans l’idée qu’Harvard n’était pas totalement perdu et j’aurais bien changé de place si tous les sièges n’étaient pas déjà pris. J’agitai mes doigts en les tapant nerveusement sur la table. J’allais rater l’heure limite du ramassage de devoirs et pour moi et la parfaite élève que j’étais, c’était simplement inconcevable.

Alors une voix, tout près de moi se fit entendre. Elle était claire et douce, digne d’une gentille petite studieuse, amicale et chaleureuse. Je levai les yeux au ciel. Oui, il ne manquait plus que ça. Qu’avaient les Dieux contre moi aujourd’hui ? Je tournai la tête vers la fameuse jeune femme et découvrais une jolie blonde, concordant parfaitement avec l’image que je m’étais fis d’elle. Elle avait l’air bien mignon et son petit minois ne demandait qu’à être aimé. J’écoutais son monologue en vérifiant du coin de l’œil que l’ordinateur ne se réveille pas.

-Je suis contente pour toi. Ta mère n’est pas là pour lui raconter tes mésaventures ? J’en suis désolée ma pauvre petite.

Je me concentrai à nouveau sur mon écran comme si la jeune fille n’était jamais intervenue.  Comme si elle n’existait pas, et c’était bien le cas pour moi. Si elle voulait se faire des amis, elle était tombée sur la mauvaise personne.

Il est vrai que la meilleure université au monde était dotée d'ordinateurs datant de la Préhistoire, c'était totalement indigne de sa réputation et de son honneur selon mon humble avis. Car de ce que je me souviens de mon lycée de Dublin ou même des ordinateurs de la base militaire où j'ai vécue jusqu'à mes dix huit ans, ils valaient beaucoup plus ceux d'Harvard. Enfin je ne veux pas critiquer le matériel d'Harvard, je dis seulement qu'il laisse à désirer pour une si prestigieuse université. Alors que je venais de m'installer à mon poste informatique depuis quelques minutes, je remarque une jeune femme aux cheveux légèrement roux en train de perdre patience face à son ordinateur alors je tentais de compatir à cela mais elle se mit à tourner la tête vers moi et comme je m'y attendais à moitié, elle me fit comprendre que si je désirais parler, ma mère en serait ravie. Sans doute mais elle ne fait plus partie de ma vie depuis mes douze ans car elle a foutu le camp pour vivre sa vie de romancière avant de retourner face à son écran. Alors je lui répondit.

Oh je suis désolée de t'apprendre que cela me ferait bien plaisir de parler à ma mère sauf que je ne sais plus où elle est depuis mon adolescence. Mais je ne t'en veux pas, tu ne pouvais pas savoir après tout. Et pardon de t'avoir perturbée mais ce n'est pas en s'énervant sur l'ordinateur qu'il avancera plus vite en tout cas.

Je me mis à la tutoyer car elle venait de faire de même avec moi alors qu'elle me connaissait à peine voire pas du tout. Alors je retourne à mon écran en attendant une nouvelle réponse de la jeune femme.

Mon devoir était foutu. Je fermais les yeux un instant, tentant de retrouver mon calme en fourrant une main dans ma longue chevelure rousse. Et puis cette jeune blonde qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas, c'était quelque chose qui, en cette situation, avait le don de me mettre sur les nerfs. Elle me répondit sans plus attendre en parlant de la disparition de sa mère. Je levai une nouvelle fois les yeux au ciel. Les gens affectionnaient particulièrement jouer les victimes, n'attendant que la pitié des autres et leur faire éprouver de la compassion. Mais ce n'était pas mon cas. Je ne compatissais pas. Je ne demandais rien. Parce que là vie ne se reposait pas sur ça. C'était marche ou crève, il n'y avait rien d'autre à comprendre. Je tournai à nouveau la tête vers elle, exaspérée et prise par un fond de colère.

-Oh, ma pauvre, la mienne est morte il y a quatre ans. Dis-je d'un air sinique, histoire qu'elle se rende compte qu'elle n'avait pas la vie la plus pourrie de l'histoire.

Il fallait arrêter de s'apitoyer sur son sort, en tout cas, c'était une chose que je ne supportais pas.

-Et t'es bien gentille, mais de toute façon, c'est foutu, je ne vais pas pouvoir rendre mon devoir à l'heure... Des heures de travail pour rien.

Je me trouvais depuis quelques minutes dans la salle informatique afin de réaliser un travail sur un programme pour dans quelques jours. Ayant le programme de l'ordinateur de la salle informatique sur mon propre pc, ce sera facile pour moi ensuite de le continuer dans ma chambre. En train de travailler, je fus perturbée par une jeune femme qui commence à s'énerver contre son ordinateur alors je lui fais savoir que ce n'est pas en s'énervant que son pc va marcher plus rapidement mais elle me demande si je n'avais pas une mère pour parler, je comprenais bien que je la dérangeais et que cela l’agaçait de pas avoir fini son devoir ou je ne sais trop quoi. Quand je lui fis savoir que ma mère avait disparue à mon adolescence, elle me répondit ironiquement que la sienne était morte. Sans doute pour me montrer que je n'étais pas la seule avec un passé pourri. Enfin, elle me fit savoir qu'elle n'allait pas pouvoir rendre son travail à temps. Alors je lui répondit.

Si tu veux, tu peux prendre mon ordinateur, il va un peu plus vite que le tien, enfin si tu veux hein.

Elle venait de me parler assez ironiquement et je lui proposais mon aide, c'était tout moi cela, j'aurai pu finir chez les Quincy avec toute ma générosité à revendre parfois. Mais non, j'avais choisi les Dunsters car la réussite est ce qu'il m'importe le plus. Alors je lui adresse un léger sourire, attendant sa réponse à ma proposition.

A ma grande surprise, elle ne me répondit même pas, à propos de ma mère. Pas une excuse rien, comme elle s'attendait surement à ce que je le fasse. Et je n'en attendais pas, d'ailleurs. Ca m'allait même très. La dernière chose dont j'avais besoin, c'était la pitié des gens. Je ne le supportais pas.

Pire ! Elle me proposait de l'aide. Je tournai la tête vers elle, incrédule. J'avais toujours été habituée au chacun pour soi et donc, à la lutte solitaire. Toute fois, son ordinateur pourrait bel et bien me sauver la vie. Je réfléchissais un instant. Je n'étais pas si écoeurante que ça. Je ne me sentais de profiter de la jeune fille alors que je venais, avec la plus une simplicité sans pareil, de la remballer avec la froideur qui m'était propre.
Et puis sa naiveté me touchait presque. Enfin, elle m'attristait. Comment espérait-elle percer dans un monde égoiste tel que le notre avec un comportement si bon et si innocent ?

-Pourquoi tu me le passerais ? Tu es censée me détester, là. Lui dis-je, avec un voix plus calme, plus douce. Mais ça m'arrangerait beaucoup... Merci.

Pourquoi parler de sa mère alors que je ne la connais pas ? Et puis elle ne semblait pas vouloir en parler donc je pouvais parfaitement le comprendre car je n'aime pas spécialement parler de la mienne. Elle devait penser que j'avais pitié d'elle et cela me fit penser à une vieille amie qui aujourd'hui croit que je la prends en pitié alors que ce n'est en aucun cas ma façon d'être. Certes, je veux réussir dans ma vie professionnellement mais de là à écraser les autres non merci. Alors je venait de lui proposer qu'elle finisse son travail sur mon ordinateur ou du moins celui que j'utilisais dans la salle info car il était un peu plus rapide que le sien. Elle me demande pourquoi je lui passerais car je devrai la détester en ce moment mais que cela l'arrangerait en fait. Alors je lui répondit.

Pourquoi devrais je te détester ? Tu es en colère après ton ordinateur et je suis un dommage collatéral, ce n'est rien car cela arrive à tout le monde de passer ses nerfs sur quelqu'un. En plus, si cela peut te permettre de terminer ton devoir, c'est avec plaisir.

Je lui adresse un léger sourire, tout en déconnectant ma session afin qu'elle vienne sur sa session sur mon poste. Après tout, qu'on passe ses nerfs sur moi, j'avais un peu l'habitude avec mon père à l'époque où il était alcoolique et puis aider quelqu'un qui a besoin de mon aide, je ne dis jamais non.