Prudence & Amber || Need to talk ?

Bordel Amber concentres toi un peu ! Me criai-je à moi-même lorsque je renversai le carton rempli de nombreux vêtements pour l’une des actions que je menais avec plusieurs harvardiens et autres citoyens de Cambridge. C’en était trop. Je le déposai sur l’un des grands étalages après avoir rattrapé ma connerie et décidai de souffler deux secondes. J’aurais étrangement tout donné pour une cigarette, pourtant, j’étais loin d’être une grande fumeuse, au contraire. Je sortis d’un grand entrepôt retapé pour grand nombre d' œuvres caritatives menées dans la ville et m’appuyai sur le pare choque de ma voiture. Je soupirai en posant les mains sur mes yeux, comme si ce geste anodin allait régler tous mes problèmes. J’avais trop de choses auxquelles penser en ce moment. La grossesse de ma sœur, la colère de mon ex meilleure amie, ma colère envers mon meilleur ami et Drew. Surtout Drew. Il s’était fait tirer dessus et je pensais pourtant que lui rendre visite me ferait du bien, me conforterait dans l’idée qu’il ne risquait plus rien. Mais quelque chose me tordait encore l’estomac, quelque chose me brûlait encore la gorge.

Peut-être devrais-je un jour m’avouer que j’aimais Andrew. Et peut-être qu’à partir de ce moment là, les choses me sembleraient plus claires. Plus simples. Mais je n’arrivais pas à m’y résoudre. A vrai dire, je n’y avais jamais réussis de toute ma vie. Avais-je un problème d’égo ? Au fond, en y réfléchissant bien, je pense que tout ce contrôle se résumait à la peur de souffrir, d’avoir mal et… de retomber. Je dois avouer que je n’aurais pas dit non à la présence d’un de mes amis, Lavender qui ne me parlait plus, Matthew, à qui je ne parlais plus… Je crois que j’avais envie de voir Akira, right now pour qu’il me kidnappe et me ramène à ce quotidien de débauche qu’on avait affectionnait tant autrefois. Tout était si facile à cette époque.

Vêtue d’une robe fourreau couleur prune et de haut talon noir, j’arpentais la salle où aurait lieu une vente de charité. Un calepin en main, je donnais des instructions aux hommes et aux femmes qui arrangeaient la pièce. Hors de questions de m’occuper de la manutention. Organiser des évènements caritatifs, n’était pas une chose que je pratiquais souvent. Non, ce soir, j’avais fait une exception, car la presse serait là. Mon père étant franchement sénateur suite à un départ, allait quand même se représenter aux élections de novembre. Pour lui faire un peu de pub, j’avais décidé de jouer les bienfaitrices. Cela plairait fortement aux peuples américains, qui avaient tendance à vouloir connaitre les moindres détails des hommes politiques de ce pays. Sans compter que cela pourrait amortir le scandale qui me menaçait d’exploser. Depuis plusieurs jours déjà, Nolan et moi étions sous la coupe d’un maitre chanteur, à propos d’une partie de jambe en l’air. Cette vidéo pourrait attirer le personnel de l’hôpital qui avait assisté à ma fausse couche. Et je savais mieux que quiconque, qu’ils seraient capable de vendre la mèche pour de l’argent.

A bout de souffle, je m’appuyais sur une table vide. Le tournis c’était emparé de mon être, me faisant perdre conscience de ce qui m’entourait durant quelques secondes. On ne pouvait pas dire que j’allais très bien et j’en avais parfaitement conscience. Même si je ne le montrais pas, cette fausse couche avait détruit une part de ma personne. L’avoué à Andrew avait été l’une des choses les plus difficiles à faire. Après tout ce que nous avions traversé, j’avais osé tomber enceinte d’un autre pour finalement faire une fausse couche. Peu importe ce que disait les sondages… Faire une fausse couche était différent d’un simple avortement. Surtout, lorsqu’on n’avait pas conscience d’être enceinte. Pour une fanatique du contrôle comme moi, c’était dur de se dire que je n’avais pas pu faire de choix. « Je reviens » Ses mots avaient traversés mes lèvres sans que je m’en rende compte. Sans plus attendre, mes pas franchissaient le seuil de l’arrière porte à ma place. Laissant la porte se refermer dans un bruit sourd, j’inspirais autant d’air frai que je le pouvais. Les joues légèrement rouge, mon être reprenait petit à petit conscience. Une lueur spectrale brillait dans mes yeux verts, laissant la faible lueur du coucher de soleil, y laisser son emprunte. Croisant mes bras derrière mon dos pour éviter toutes tâches, je m’appuyais contre le mur de brique. Mon chignon impécable, je n’osais appuyer ma tête comme j’aurais aimé le faire. C’est en m’y empêchant que j’aperçu une silhouette du coin de l’œil. Tournant mon visage dans sa direction, j’apercevais une jeune femme brune. Assise sur le pare-choc d’une voiture, elle avait les mains sur les yeux. L’observant d’un peu plus près, je reconnaissais là une personne du staff. « Vous allez laisser des marques sur vos yeux et ils penseront que vous êtes trop fragile pour ce poste » murmurais-je à la jeune femme. C’était plus un conseil qu’un reproche.

Ce n’était pas mon jour. La reprise des cours, mes problèmes personnels et mon retour dans les actions caritatives m’avaient achevé. Je m’étais accordée une pause, rien de bien méchant. Il ne s’agissait que de quelques minutes pour me donner le courage de survivre jusqu’à la fin de l’après-midi. Appuyée sur le capot de ma voiture, je tentais de faire le vide autour de moi et dans mon esprit. Je me concentrai et remplissais mes poumons d’air frais en retenant mon souffle, une habitude que j’avais prise dès que les choses me semblaient trop difficiles à accomplir. Mais cette fois, j’avais l’impression que ça ne m’était pas d’une grande utilité. J’entendis alors une voix féminine briser le silence qui m’apaisait tant. Je levai les yeux sur la personne en question, ma vue perturbée par de nombreuses tâches aveuglantes, au contact avec la lumière. Lorsque celle-ci s’éclaircie, je discernai la gérante de l’évènement. Mademoiselle Rothschild, si ma mémoire était encore valable. Son nom, surtout connu pour l’investissement de son père dans la vie politique de notre pays, me disait aussi vaguement quelque chose à Harvard. Mais à ce moment précis, ça m’importait peu. Ca devait bien être la première fois que je participais à l’un de ses évènements et quelque chose me disait qu’elle n’en était pas une habituée. M’enfin, j’étais peut-être partie trop longtemps pour le savoir.

Sa robe, d’un prune sobre et classe ainsi que sa paire d’escarpins contrastaient grandement avec mon jean lâche, ma paire de basket et mon tee-shirt blanc. J’avais tout de même fait un effort en ajoutant un blazer noir et quelques colliers en argent, histoire d’habiller l’ensemble mais j’étais pourtant loin d’atteindre la classe de la jeune femme. Ses mots me surprirent et je ne sus pas vraiment comment le prendre. Je n’étais pourtant pas d’humeur à me plier aux exigences du job et, quelque soit sa remarque, je n’avais que faire de ses conseils. Toute fois, je répondis avec tact, prenant sur moi. Je m’interdisais tout relâchement au travail même si je n’étais pas rémunérée pour tout ce que je faisais. « Je vous remercie du conseil. Je vais me reprendre, j’avais juste besoin… D’une pause. C’est agité, là-bas. » Lui dis-je en fourrant une main dans ma poche. « Vos œuvres caritatives sont réussies, vous avez ramené pas mal de monde. » La félicitai-je pour meubler la conversation. Je n’étais pourtant pas sûre qu’elle et moi ressentions l’envie de discuter. Pourtant, je faisais un effort, pour mon travail. « Je suis Amber Wilcox, enchantée Mlle Rothschild. » dis-je avec toute la courtoisie dont j’étais capable. J’étais pourtant loin d’imaginer à qui j’avais affaire et lorsque je l’apprendrais, il en serait peut-être autrement, qui sait.

« Je vous remercie du conseil. Je vais me reprendre, j’avais juste besoin… D’une pause. C’est agité, là-bas. » A l’entendre, je venais de lui faire un reproche. Or, ce n’était pas le cas. Ce n’était que là un conseil pour qu’elle apparaisse de meilleure forme. De plus, ce n’était pas conseillé pour une vente de charité. « Vos œuvres caritatives sont réussies, vous avez ramené pas mal de monde. » Un rire cristallin s’échappait de mes lèvres, alors que j’accueillais son compliment avec le sourire. Rire ne serait-ce que pour une simple phrase me faisait un bien fou. Cela me changeait de la douleur qui avait élue domicile en mon sein. « Merci, je ne suis que l’organisatrice, mais je transmettrais le message aux patrons » Un fin sourire prenait forme sur mon visage, alors que je me redressais. « Je suis Amber Wilcox, enchantée Mlle Rothschild. » Quelques minutes avaient suffi pour qu’elle me dévoile son identité. Une nouvelle pointe de douleur assaillait mon être, alors que mon sourire s’effaçait. Amber. Amber Wilcox, la jeune femme dont m’avait parlé Andrew. Ainsi dont, c’était elle. Curieuse, je l’observais d’un peu plus près. Elle était jolie et simple. Un goût amer s’attardait sur ma langue, alors que je laissais les mots sortirent de ma bouche. « Appelle moi Prue. Tu me donne l’impression d’être trop vieille » Peu à peu, mon visage reprenait son masque. Inutile de me décomposer devant elle. A son égard, je n’éprouvais pas de la haine, mais une certaine méfiance. Comment avait-elle fait pour faire ressentir quelques sentiments à celui que j’aimais. Il avait beau me dire qu’il ne voulait que moi, cela ne me suffisait pas.