EZRA « Secte, religion ; foi, superstition, juste un probleme de définition. »

Quand on est jeune, on pense bêtement que la vie ça se fait progressivement, on pense, crédule, que petit à petit on va grandir, que l'on va voir les choses se dessiner devant nous et que notre avenir deviendra de plus en plus net. Papa, tu te demandes surement pourquoi je suis partie, tu te demandes surement pourquoi c'est aujourd'hui la première fois que je te donne des nouvelles depuis près de trois mois. Je sais que tu as dû pleurer, je sais que je t'ai déchiré le coeur alors voici mon explication... L'écriture, tu le sais mieux que quiconque, m'a toujours permis d'exprimer ce que j'intériorisais et pourtant maintenant je me trouve simplement lâche. Lâche de ne pas pouvoir te dire tout cela en face, lâche d'être partie sans une explication, sans un mot, sans rien. Mais finalement la lâcheté est peut-être mieux que le vide ?
Ce n'est pas toi que j'ai voulu quitté, mon papa, tu as toujours été et reste encore mon pilier, ce qui me permet d'avancer. Ce que j'ai quitté c'est Paris. Cette oppressante ville lumière où j'avais vécu tant de choses. Tu me vois encore comme cette petite fille modèle aux bons résultats et pourtant je ne le suis pas. Voilà ce que je me dois de te dire. Papa, la mort de maman - il y a un an - fut le début de tellement d'épreuves dont tu n'as jamais eut vent. Je ne pouvais t'en parler, je ne pouvais pleurer, parce que je me devais d'être là pour toi quand tu en as eut besoin. Tout le monde me regardait de travers parce que je ne pleurais pas, parce qu'aucune larme n'a coulé le jour de son enterrement et pourtant ... Pourtant c'est ta douleur que je voulais effacé par ma froideur extérieure. Et puis ... Et puis est venu ces hommes dont tu n'as jamais entendu parlé. Cet homme qui m'a harcelé pendant près de six mois. Au bas de cet hôtel particulier qui faisait notre demeure tu ne l'as jamais remarqué et pourtant il était là, toujours. Toute la journée et toutes les nuits il était là, guettant ma fenêtre et mes moindres pas. Il était "amoureux" de moi à ce qu'il disait. Il m'a fait tellement peur et pourtant personne n'en a entendu parlé et puis il a arrêté de venir, emmené en hôpital psychiatrique pour violence aggravé. Et puis il y a eut cet autre. Cet autre qui seulement deux mois après m'a volé le peu d'estime de moi même que j'avais, m'a volé mon intimité, m'a volé mon être. Quand il m'a sali et volé de cette manière je n'ai plus pu tenir. Je devais changé d'air et j'espère que tu pourras me comprendre papa. Je l'espère tellement. Je reviendrai un jour, je te jure que je reviendrais ... (...)

Cette lettre, Ezra l'a envoyée il y a bientôt deux ans, solitaire et indépendante elle maintient les contacts avec son père qui lui transfère des sommes d'argents colossales et avec qui le contact se renoue peu à peu, après que ce dernier est accepté le départ de sa fille. Après tout, elle était dans une école prestigieuse et elle avait l'air bien là-bas. Pourtant elle n'a pas vraiment oublié, elle n'est pas vraiment passé au dessus, mais peu importe puisqu'ici, personne ne sait et c'est bien mieux comme cela.