Maxym ಇ je ne t'ai jamais oublié

Je hais les téléphones qui ne sonnent pas le matin, je hais ce professeur de droit .. L'exposé c'est pas un problème, devoir le faire avec Maxym, si. Depuis notre séparation qui date à présent de quelques années, on ne s'adresse plus la parole, parfois je m'en veux, je ne sais même pas si ses parents lui ont dit pourquoi j'ai rompu du jour au lendemain avec elle, mais je m'en veux, car je l'ai aimé, comme un fou. Elle est mon premier amour, un premier amour ça ne s'oublie jamais. Bref, aujourd'hui nous allons donc devoir nous adresser la parole, travailler ensemble et ce n'était pas chose facile. Je m'avançai vers la bibliothèque, ouvrant la porte pour l'apercevoir déjà assise à une table. Je me sentais mal, mais je prenais mon courage à deux mains. Une fois à la même table qu'elle, je tentais d'ignorer son regard, posant mon sac à dos au sol pour m'asseoir en face d'elle. Un long silence planait d'un seul coup, je n'osais même pas ouvrir la discussion, malgré ça, un petit .. « Salut. » s'échappa de ma gorge. Ok comme phrase d'accroche on fait mieux, malheureusement face à mon premier amour, je perds mes moyens. Je restais alors assis sur ma chaise, fixant bêtement la table.

Maxym était venue quasi une heure en avance à la bibliothèque, pour éviter d'avoir à s'avancer vers lui. C'est complètement con et indigne d'elle. L'effet Damon. Punition disproportionnée avec sa faute. T'arrives en retard, et on t'inflige une réouverture en règle de tes cicatrices. Elle le voit, pas loin. En face d'elle maintenant. Il a pas vraiment changé, et ça arrange pas les choses. « .. ouais. » Qu'elle lâche, avec dédain. Retour au calme plat. Puis : « Tu sais quoi, on va.. » Elle se pince les lèvres, inspire, expire, cherche un truc du regard, n'importe quoi. Un truc qui l'empêche de poser ses yeux sur l'homme qu'il est devenu. « ..on va juste faire chacun une partie. Ou chacun un exposé, je m'en fous. On a même pas besoin de se parler. » C'est tout ce qu'ils veulent non ? Ce qu'ils font depuis des années, à  s'éviter. Maxym a même du mal à le savoir près d'elle. Elle appuie sur son stylo de façon acharnée, rythmant le silence de « clics » insupportables. Vla qu'elle se transforme en gamine cinglée. « T'es doué pour ça, t'façon. » Se taire. Se casser. Lui tourner le dos comme un lâche qu'il est. Lui briser le cœur. La transformer en ce qu'elle est. Ouais tout ça. C'est glissé entre ses dents serrées, à peine perceptible. Ses billes furieuses remontent furtivement vers lui, mais se ravisent tout aussi vite. Non, hors de question qu'il voit que rien n'est pardonné, c'est lui accorder trop d'importance.

Sa réaction est prévisible et dans un sens ça me blessait un peu. On n'a jamais pu s'expliquer, j'ai jamais pu lui avouer que tout cela, c'est à cause de ses parents, mais que jamais ô grand jamais je n'ai voulu lui briser le cœur, j'étais amoureux d'elle, je l'ai aimé comme rarement j'ai aimé une femme malgré nos deux mondes opposés. Tu sais quoi, on va..on va juste faire chacun une partie. Ou chacun un exposé, je m'en fous. On a même pas besoin de se parler. Je soupirai, ça commençait vraiment mal. Mais de toute façon, à quoi est-ce que je m'attendais en passant les portes de la bibliothèque ? Qu'elle me lance son plus beau sourire ? Non, sa réaction est logique, je ne pouvais pas blâmer Maxym. T'es doué pour ça, t'façon. Me lançait-elle en pleine figure. « Toi non plus t'es jamais venu me reparler. » Rétorquais-je toujours en évitant son regard. Car ouais, voir ses yeux, plonger mes iris dans les siennes me ferait resurgir trop de moments passés, j'en étais fou .. De ses yeux. J'aurais pu les regarder pendant des soirées entières à l'époque, malheureusement ses parents et leurs argents ont eu raison de notre amour. Je me levais doucement de ma chaise, attrapant l'ordinateur portable à notre disposition pour venir m'asseoir sur la chaise à ses côtés. Je sentais son odeur enivrer mes narines, mais rapidement je reprenais mes esprits, ouvrant l'ordinateur pour commencer nos recherches, hors de question qu'on fasse ça chacun de notre côté, le prof a été très clair. « Une idée de thème que t'aurais envie de traiter ? » Lui demandais-je simplement en regardant l'écran de l'ordinateur.

C'est la panique là-dedans, derrière le visage glacé de Maxym. Elle fait de son mieux, joue son meilleur rôle, fait la fille qui s'en fout. Parce qu'elle sait qu'en face, y a quelqu'un qui la connaît. Vraiment. Pas comme ceux d'ici, qui se laissent bercer par ses chaussures digne d'un smic, ou par le rythme que battent ses bijoux au fil de ses pas. Celui qui sait qu'elle n'est pas que la demoiselle aux mœurs légères, qu'elle est aussi capable d'être celle amoureuse. De lui. Juste de lui. Mais ca avait été déjà trop. Regardez ce que ça donne l'amour et McAllister. Pathétique. « La première humiliation m'a suffit. » Là, elle ne l'évite plus son regard, non, elle le confronte. Pas longtemps. Juste assez pour qu'il n'ose plus jamais lui reprocher de ne pas avoir été vers lui. Quel culot ! C'est pas lui qui a vu son petit monde s'effondrer, sans même avoir l'honneur d'une raison. Comme si elle, eux, n'en étaient pas dignes. « J'en avais pas envie, de toute façon. » N'importe quoi. Elle ment mal en plus. Ses efforts s'amenuisent à force qu'il se rapproche. L'actrice a du mal avec son jeu, elle s'énerve sur son stylo, jusqu'à le plaquer avec bruit sur le bureau. D'habitude elle gère tout, mais là c'est rien. Énervée, bouleversée, sonnée, secouée. Ko, presque. Et lui il s'installe à côté d'elle, ne provoquant qu'un léger décalage de la chaise de l'Eliot. On s'en branle de ton thème. Se terrant au fond de la chaise, elle croise ses bras contre son ventre, ses billes vissées sur l'écran. La proximité la dérange. « L'application de la loi pénale dans le temps. Avec la prescription, tout ça.. » Oh, elle ne s'attend pas à ce qu'il comprenne l'allusion au fait qu'entre eux, il n'y a guère de prescription qui tienne. Un cœur brisé, c'est imprescriptible. Condamnable jusqu'au bout. « Enfin peu importe, fait ce que tu veux. J'ai juste envie qu'on en finisse rapidement, c'est mieux pour tout le monde. » Et surtout pour sa confiance. Elle s'est tellement répétée que c'était loin derrière, qu'elle ne veut pas prendre le risque d'une quelconque remise en question. Il est bien mieux conjugué au passé.