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Il faisait doux ce matin. Je ne m'étais toujours pas habituée à ce changement de climat. Le Summer Camp avait été, pour moi, une expérience hors du commun. Jamais je n'avais passé de vacances aussi intenses et à la fois reposantes que celles-ci. Et le fait de revenir à Harvard me faisait bizarre. J'allais enfin redescendre sur terre et être confrontée à la véritable vie sur le campus. La rentrée n'allait pas tarder et je n'avais aucune envie de prendre déjà du retard. Le simple fait de ne rien comprendre aux cours en anglais m'angoissait. C'est pour cela que depuis mon retour à Cambridge je ne cessais de me rendre à la bibliothèque. Mon thé dans une main, et mon sac sur l'épaule, je marchais tranquillement à travers les allées pour me rendre à la Widener Library. A ce moment précis, je n'avais strictement rien en tête. Mon esprit était totalement vide et n'attendait que d'être rempli par les lectures que j'allais faire. Je me sentais bien, apaisée et calme. Et à peine avais-je posé un pied sur la première marche menant à la bibliothèque que j'aperçus un visage que je reconnu directement. Ce visage, je n'ai jamais pu l'oublier depuis le premier jour où je l'ai vu. Il était assis, quelques marches au-dessus, fumant une cigarette. Instinctivement, je pris littéralement la fuite. Oui, je fis bêtement demi-tour. Je priais pour qu'il ne m'ait pas vu, pas entendu. Après tout, je ne préférais pas m'aventurer sur des terres dangereuses. J'avais déjà pris soin de ne pas le croiser pendant le Summer Camp afin de ne pas alimenter les tensions avec sa soeur, ça n'allait pas être aujourd'hui que j'allais craquer.
Je sais que je m'écrase un peu en ce début d'année. J'ai pas envie de tout foirer dès le début. D'habitude je suis plus du genre à m'imposer, ou du moins imposer mes principes et ma vision des choses. Mais ici, j'ai bien l'impression qu'il y a des fortes têtes, des personnes qui connaissent Harvard et ses étudiants comme leur poche et qui ne veulent pas être déstabilisés. C'est pourquoi je préfère me faire discrète pour le moment. Moins je me montre, mieux je me porte. J'ai déjà mon groupe d'amis et il est mieux pour moi que je ne cherche d'ennuis à personne. Alors je fuis. Je fuis le jeune homme en face de moi. Je l'ai déjà fais au Summer Camp, je le fais maintenant, et je continuerai à le faire s'il le faut. Alors je lui tourne le dos et je m'en vais. Et à peine ai-je tourné les talons que je l'entends descendre les escaliers. Ca me fait sourire, discrètement. Il arrive à ma hauteur et me lance d'un ton dédaigneux On t'a pas appris les bonnes manières ?. Mais ça ne me fait pas flipper, ça ne me met même pas mal à l'aise. Je ne bouge plus et je ne peux pas m'empêcher de sourire - à nouveau. Je crois bien que ce n'est pas mon fort avec toi. faisant allusion à votre bousculade. En buvant une gorgée de thé, je le regarde, j'attend de voir ce qu'il me veut. S'il ne dit rien, je pourrais m'en aller. Le laisser.
Je n'avais rien fais pour revoir Jeno. Et pourtant, il m'avait marqué. Oui, contrairement à ce que je pensais, notre rencontre ne m'avait pas laissée indifférente. Il s'était passé un truc que je ne saurais décrire. Je n'avais rien fais pour le revoir, laissant le hasard nous réunir. En vain, et c'est sur sa soeur que je tombai. Ou plutôt qu'elle me tomba dessus. J'avais pris au sérieux tout ce qu'elle m'avait dis. Ne voulant pas que je me rapproches de son frère, j'avais obéi à sa mise en garde. Et il fallait dire que je m'étais appliquée à ne pas chercher à le recontacter. Je m'en étais plutôt bien sorti. Et après tout, qu'est-ce qu'il était censé avoir plus qu'un autre mec alpha ? ... Et alors même que je tenais ma promesse à Alexys, voilà que nous nous retombions dessus. Je dirais qu'il n'a pas changé. Il paraît toujours aussi calme, posé. Il n'y a que sa voix qui diffère. A l'entendre, on dirait qu'il me menace. Et à vrai dire, ça me fait sourire de plus belle. Il faut savoir que ce n'est pas de cette façon qu'on peut m'intimider. Je l'écoute, j'hoche la tête et lui réponds C'est pas moi qui te cours après tu sais. Je t'ai rien demandé, tu aurais pu rester sur tes marches... Et à présent, tout ce dont je rêve c'est de partir d'ici. Certes, une partie de moi est intrigué par lui ; mais l'autre me supplie de m'en aller. Je n'ai aucune idée de ce qu'il me veut, et je n'aime pas le ton qui prend avec moi. Alors je continue de le regarder. J'attend de voir ce qu'il va bien pouvoir me dire.
Et puis qu'est-ce qu'il me veut après tout. Il y avait eu cette étincelle à notre rencontre. Une sorte de chose inexplicable qui m'avait bouffée ensuite. Je pensais qu'on allait se revoir, qu'il allait chercher à me revoir. Mais l'été est passé et les choses sont devenues compliqués. Jamais j'aurais pu penser qu'on me mettrait en garde de cette façon. J'avais laissé tombée, je m'étais avoué vaincue. Et voilà qu'au moment où je baissais les bras il me retrouvait. J'étais tiraillée entre deux logiques : celle de le fuir et de ne plus penser à lui, et celle de rester et d'être confrontée à lui. Et puis, le voilà qu'il me dit qu'il ne me connait pas. Qu'il n'a aucune idée de qui je suis. Moi j'ai passé ce stade. J'avais très vite entendu parler de lui à Harvard. Il était pas nouveau, lui. Et puis sa soeur qui était venu me voir. Je savais bien qui il était au final. Et lui non. Et puis il me demanda mon nom. Il n'avait donc vraiment aucune idée de qui j'étais. Il n'avait donc jamais cherché à me retrouver. Ca faisait bizarre, j'aurais pas imaginé ça. Et puis je le vois sourire. Il est beau quand il sourit. Il semble apaisé, plus calme qu'au début. Alors ça me fait sourire à mon tour. Et le "étrangère", ça me fait rire. Moi c'est Houna. Et toi Jeno. Oui, je lui montrais que je savais qui il était. Puis je continuais de le regarder. Je souriais, c'était presque niais.
Dans quoi mettais-je embarquée, pensais-je alors. Cela se voyait clairement que je n'avais rien à faire avec Jeno. On ne se ressemblait pas du tout, et je commençais à me dire que je m'étais trompée sur toute la ligne... Certes on ne s'était pas vu depuis mai, mais notre rencontre m'avait plutôt touchée. Par contre, ça ne semblait pas du tout être le cas pour lui... Alors je soupirais intérieurement. Oui, j'avais presque envie de prendre la fuite. De faire demi-tour et de ne plus me retourner... Mais il était tout de même drôle. Il avait de la répartie, et ça, ça me plaisait. Je n'avais aucune idée de comment répondre à sa question. Est-ce que je comptais lui parler de sa soeur ? Je lui souris alors Oh tu sais, je pense que ta réputation n'est plus à faire à Harvard. j'avais donc choisi l'option B : ne pas parler de sa soeur. Et puis c'est toi qui m'est rentré dedans je te rappelle. . A l'entendre parler, on aurait dit que je l'avais traqué tout l'été pour avoir des informations sur lui. Le portrait qu'il devait s'être fait de moi dans sa tête, me faisait presque peur... Mais bon, rassure toi, mise à part ton nom, j'ai pas cherché à en savoir plus sur toi.