Quitter Leah avait été un déchirement. Je n'avais même pas put la serrer dans mes bras juste avant de partir vu qu'elle dormait et que tout le monde s'était mit d'accord sur le fait que c'était suffisamment rare qu'elle roupille comme ça, on n'allait pas en plus la réveiller. Bref, j'avais gravé dans mon esprit l'image de mon bébé et je l'avais mis dans un coin de ma tête avant de grimper dans l'avion qui me ferait quitter l'Australie pour retrouver Cambridge. Ca allait être un peu chaud, de tout planifier aussi vite et d'être en même temps frais pour la rentrée, mais c'était comme ça, je n'allais pas me plaindre en plus, même si ça n'avait pas franchement été l'été paisible auquel je m'étais préparé. Ca aurait put être si simple, si tranquille. Enfin, je profitais du vol pour dormir. Gamin, j'avais un mal de chien à m'endormir dans les avions, alors que j'étais dans de meilleures conditions, mes parents ne lésinant jamais sur les moyens. Là, j'étais avec tout le monde, avec un bébé qui pleurait deux rangées plus loin et une fille faisant des aller-retour aux toilettes toutes les deux minutes et pourtant, je m'étais endormi comme une masse, avant même que l'appareil décolle. C'est vous dire, si j'étais crevé. Je fus presque déçu de me réveiller en sentant l'avion atterrir. J'avais la gorge sèche et mal aux jambes, mais je n'étais pas impatient de descendre. Au bout d'un moment, il fallut bien le faire cependant. Ma soeur était sensée passer me prendre, c'est du moins ce que j'avais compris du texto qu'elle m'avait envoyé avant que je décolle. Je ne le lui avais pas demandé, mais ça m'avait malgré tout fait plaisir. J'étais à la maison partout ou se trouvait Olympe. La voir, c'était une motivation suffisante pour me bouger les fesses. En quelques minutes, je me retrouvais sur un tapis roulant, à regarder de haut une masse de gens attendant des arrivées. J'essayais d'y trouver ma petite soeur et au bout de quelques secondes ce fut le cas. J'avais un sac de voyage sur les épaules et une valise à récupérer, tandis que je me frayais un chemin jusqu'à Oly. « Hey, toi ! » Lui lançais-je, jovial, le sourire aux lèvres. Sourire qui s'éclipsa lorsque je vis l'expression surprise de ma petite soeur. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Lui demandais-je en fronçant les sourcils.
La rentrée approchait à grands pas, ainsi que les cours qui allaient avec, les nouvelles obligations, et la reprise d'une vie normale. Je savais que pour beaucoup d'étudiants, la rentrée était un moment difficile après deux mois de fêtes et de soirées, mais pour moi qui avait passé un mois à travers le monde pour vérifier que tous les appartements que je louais étaient en bon état et pour motiver mes quelques employés -une petite cinquantaine pour le moment, en comptant les femmes de ménage ! - , c'était plutôt un synonyme de retour à la normal et à ma vie à Cambridge, qui me plaisait plutôt beaucoup. Mais c'était le signe que j'allais revoir César, que je n'avais presque pas vu cet été, à part quand j'étais passée quelques heures en Australie, pour rencontrer sa fille. Monsieur avait en effet laissé une ex enceinte, en Australie, proche de chez nos parents : j'étais carrément énervée à cette idée au début, je l'aais presque engueulé, je l'avais traité d'irresponsable. Mais je n'allais pas le laisser tomber pour autant, et j'avais voulu voir ma nièce : elle était adorable - une vraie Jones ! - mais très peu calme.. elle n'avait fait que pleurer ou rigoler, ça m'avait épuisée en une journée, je n'osais même pas imaginer l'état de mon frère maintenant. Du coup, comme je savais quel avion il prenait, j'avais décidé de venir le chercher, histoire qu'il se sente un peu soutenu, puisque je n'avais pas put le faire avec Leah. Mon iphone visé à l'oreille, j'étais en train de régler un problème de piscine pour une villa à Miami, quand je vis les gens en provenance de Sydney arriver : je raccrochais sans plus de cérémonies, cherchant mon grand frère des yeux. J'pouvais pas le louper de toute façon : il était, comme mon père, immense. Il me vit avant que je n'arrive à l'apercevoir, puisque je me rendis compte qu'il était là une fois qu'il m'avait fait un grand sourire. Je lui rendis son sourire, cherchant des yeux un landau, quelque chose. Quelque chose où Leah était, puisqu'il allait venir reprendre ses études avec elle, quand même. Je la cherchais des yeux, sans répondre à son salut, levant des yeux surpris vers lui un fois qu'il me demanda ce qu'il n'allait pas. " César, où est Leah? " J'étais persuadée qu'il allait la prendre avec lui, ma nièce chérie. Sauf qu'à part un bagage à main, il n'avait rien.
Ma soeur ne m'avait pas franchement soutenu dès le début, dès que je lui avais annoncé que Charlotte était enceinte de moi. Elle ne me pensait pas capable de gérer et je ne lui reprochais rien à ce sujet, pour la bonne raison que je n'étais pas sûr de le penser non plus à l'époque et encore aujourd'hui. Toujours était-il que je l'avais gardé et Oly était déjà venu nous voir, en Australie. C'était quand même sa petite nièce. Une mini Jones. Je crois qu'elle avait eut un coup de coeur pour elle, en même temps, on ne pouvait pas craquer pour Leah. Elle était belle comme un coeur. Bruyante, fatigante, mais magnifique. La digne fille de son papa. (je plaisante) Ma soeur resta là, avec son air stupéfait, à me dévisager. Je devais avoir une sale tête soit, mais bon... Sa question me laissa bouche-bé quelques instants. Elle s'attendait à ce que je l'embarque dès la rentrée ? Et là elle hallucinait, se demandant si je pouvais être assez stupide pour l'avoir oubliée dans l'avion ? Histoire de calmer ma soeur, je rouvris la bouche pour lui donner des explications. « Elle est en Australie, avec Charlotte et ses parents. J'allais pas l'embarquer, loin de Charlotte et surtout ne sachant même pas ou je vais dormir ce soir. J'avais un plan, mais je ne peux pas juste me ramener avec mon bébé. » Expliquais-je à ma soeur tout en commençant à me diriger vers les tapis roulants pour prendre ma valise. « Je veux dire, tu as rencontré Leah, elle est minuscule, mais elle sait donner de la voix... » Au point que depuis sa naissance, je n'avais pas fait une nuit complète, sans interruption. Je ne pouvais pas imposer ce rythme à des gens. Je me malaxa la nuque avec une main tout en me postant contre le tapis, attendant avec les autres passagers fatigués par le vol que les bagages commencent à sortir. « Je la prendrais ici en semaine quand les conditions seront adéquates pour, en attendant je ferais des aller-retour. » Terminais-je. J'avais peur de la réaction de ma soeur. Est-ce qu'elle allait me voir comme je me voyais, lorsque ma mauvaise conscience prenait le pas sur moi : comme un égoïste ? Un père déjà indigne, laissant son bébé. J'étais raide dingue de Leah, mais je n'avais pas les moyens, il fallait que je finisse mes études, que je bosse, que je m'entretienne, vu que je ne pouvais pas compter sur mes parents. Je ne voulais pas entendre de critiques sur mon comportement. Je ne voulais pas que ma petite soeur me fasse la morale. Alors, dans une tentative désespérée, je changeais de sujet. « Et toi alors, quoi de neuf dans la vie d'Oly ? » Lançais-je en lui demandant du regard de ne pas me pousser dans mes retranchements.
J'étais très contente de voir mon grand frère descendre de l'escalator, après un long voyage en avion, mais j'étais surtout très surprise de ne pas voir Leah à proximité, et de ne pas l'entendre crier ou pleurer. Parce que quand on voyage avec une petite fille c'est loin d'être discret, et en une seconde j'avais déjà imaginé tous les pires scénarios dans ma tête : il l'avait oublié dans l'avion, ou la douane avait refusé de la laisser passé, ou alors elle était tombé malade et avait été amenée directement à l'hôpital. Je commençais à paniquer toute seule, les mains tremblantes, avant que César ne reprenne la parole, me rassurant tout de suite. Abasourdie de comprendre que je n'allais pas revoir Leah tout de suite, et surtout que j'avais pensé qu'il allait lui faire prendre l'avion ce qui de base était idiot, je le suivis pour nous diriger vers les tapis roulants des valises. Je me mordis la lèvre, m'accrochant à son bras pour marcher, hochant la tête. En effet, elle avait de la voix, c'était stupéfiant qu'un si petit corps puisse sortir autant de décibel. " Oui, j'suis bête, j'ai cru que tu allais l’emmener, j'en étais persuadée.. c'est pour ce que je voulais venir t'aider à l’aéroport. " Puis il enchaina en me disant ce qu'il comptait faire pour voir sa fille. Je trouvais ça un peu léger, et avant que je ne puisse entamer ma phrase en lui disant qu'il aurait largement put prendre une année sabbatique pour s'occuper de Leah, il enchaina, avec un air désespéré, me demandant ce que j'avais fait de nouveau. Je fronçais les sourcils, cherchant à le regarder dans les yeux. Okay.. je sentais bien que quelque chose clochait. Et je sentais bien que c'est parce que j'avais parlé de Leah immédiatement : connaissant son soucis de toujours vouloir bien faire, je le stoppais près des tapis, et le forçais à me regarder. " César? Leah a de la chance de t'avoir comme père. Vraiment. elle sera fière de toi, je pense, d'avoir le courage de reprendre tes études, même avec un bébé à la charge. " Il ne me la fera pas à moi, son sourire et son changement de sujet. C'est mon grand frère, mon protecteur, mais maintenant j'ai grandit moi aussi.. Pour éviter de rester dans ce registre sérieux, j'enchainais : " Et sinon moi j'ai bossé tout l'été, j'ai franchit le seuil des 50 employés à plein temps pour moi, à travers le monde, et je pense que je vais ouvrir un bureau quelque part dans le coin, New York c'est trop loin, et toute façon, il va nous falloir plus de place; Cet été, mes 31 appartements -j'en ai acheté dix de plus- avait affiché complet quasiment tout le temps. "
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Quitter Leah avait été un déchirement. Je n'avais même pas put la serrer dans mes bras juste avant de partir vu qu'elle dormait et que tout le monde s'était mit d'accord sur le fait que c'était suffisamment rare qu'elle roupille comme ça, on n'allait pas en plus la réveiller. Bref, j'avais gravé dans mon esprit l'image de mon bébé et je l'avais mis dans un coin de ma tête avant de grimper dans l'avion qui me ferait quitter l'Australie pour retrouver Cambridge. Ca allait être un peu chaud, de tout planifier aussi vite et d'être en même temps frais pour la rentrée, mais c'était comme ça, je n'allais pas me plaindre en plus, même si ça n'avait pas franchement été l'été paisible auquel je m'étais préparé. Ca aurait put être si simple, si tranquille. Enfin, je profitais du vol pour dormir. Gamin, j'avais un mal de chien à m'endormir dans les avions, alors que j'étais dans de meilleures conditions, mes parents ne lésinant jamais sur les moyens. Là, j'étais avec tout le monde, avec un bébé qui pleurait deux rangées plus loin et une fille faisant des aller-retour aux toilettes toutes les deux minutes et pourtant, je m'étais endormi comme une masse, avant même que l'appareil décolle. C'est vous dire, si j'étais crevé. Je fus presque déçu de me réveiller en sentant l'avion atterrir. J'avais la gorge sèche et mal aux jambes, mais je n'étais pas impatient de descendre. Au bout d'un moment, il fallut bien le faire cependant. Ma soeur était sensée passer me prendre, c'est du moins ce que j'avais compris du texto qu'elle m'avait envoyé avant que je décolle. Je ne le lui avais pas demandé, mais ça m'avait malgré tout fait plaisir. J'étais à la maison partout ou se trouvait Olympe. La voir, c'était une motivation suffisante pour me bouger les fesses. En quelques minutes, je me retrouvais sur un tapis roulant, à regarder de haut une masse de gens attendant des arrivées. J'essayais d'y trouver ma petite soeur et au bout de quelques secondes ce fut le cas. J'avais un sac de voyage sur les épaules et une valise à récupérer, tandis que je me frayais un chemin jusqu'à Oly. « Hey, toi ! » Lui lançais-je, jovial, le sourire aux lèvres. Sourire qui s'éclipsa lorsque je vis l'expression surprise de ma petite soeur. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Lui demandais-je en fronçant les sourcils.
(c) darkdreams/marine