Despe&Alek - Ils sont bien, tes regrets, tu devrais en faire une marque de vêtements

Habituellement, j'ai un appartement parfaitement rangé. Du genre, chaque chose à sa place, rien qui dépasse, et ça pour la simple et bonne raison qu'à part y dormir, j'y passe pas le plus clair de mon temps. Mais depuis quelques temps, cet appartement dont le salon comportait une table basse d'habitude totalement vide, semblait avoir changé. Et pour cause, ladite table croulait juste sous les feuilles. Autant par rapport aux cours, que par rapport à tout ce qui touchait à la politique de mon pays natal, et je ne sais quoi encore. Putain. Et dire que j'avais débuté ma seconde année dans l'optique de pouvoir sortir à côté, voilà que ma troisième année, ou plutôt, ma première dans la politique et cette merde qu'était le droit, se retrouvait à m'empêcher tout simplement de ne serait-ce que sortir aller acheter du pain. Ce qui faisait que j'avais légèrement changé de comportement, et que comme je ne supporte que très peu la pression, j'avais fini par en devenir bien plus froide qu'auparavant, et dieu sait que c'est un supplice pour moi d'aller contre ma personnalité de base; bien qu'au final, je m'y étais habituée. Ce jour-là, je m'étais levée tôt histoire de classer un peu tout ce qui trônait fièrement sur ma table en me narguant, mais j'avais finalement renoncé et j'étais plutôt partie pour me préparer, me disant que sortir me ferait du bien, même si je n'avais pas particulièrement de plan. Et alors que j'étais sur le point de partir, mon portable se mit à vibrer. Deux messages en même temps? Le premier était de mon beau-père, ce qui me fît serrer la mâchoire. Du travail en plus, toujours et encore. Le second était.. d'Alek? Cela faisait un moment que je n'avais pas eu de nouvelles de lui, d'ailleurs. Abandonnant la dose de travail qui m'attendait, je préférais largement aller le rejoindre. Cela faisait un moment que j'avais pas revu les rues de Cambridge, à force de faire des allers-retour de l'université à chez moi. Cela dit, je n'en avais pas perdu mes repères pour autant, et j'arrivais rapidement à l'endroit écrit, entrant alors dans l'édifice et cherchant l'ancien vice-président de ma confrérie des yeux. Pas franchement difficile à trouver, en même temps. Je m'asseyais alors en face de lui, esquissant un sourire. « Hey, ça faisait un moment dis-donc. » En fait, je pourrais presque dire ça à toutes les personnes que je connais, parce que depuis la mi-aout, on peut pas dire que j'ai été au top niveau sociabilité. Le doux ange qui offrait son temps libre aux autres, ça devient une image compliquée à porter, désormais.

Parfois je me demande comment je fais pour me mettre dans la merde sans rien faire. Je vais en vacances, je rentre, boum, remariage, changement de cursus, de nom, encore, et encore, et encore plus d'embrouilles, jour après jour. J'avais un don pour passer des rêves aux cauchemars, du paradis à l'enfer, de mes illusions à la réalité. En tout cas, il faut dire que lorsqu'il s'agissait de self-control, je faisais fort. Autant j'étais nulle pour gérer le stress et la pression en solo, autant devant les autres, j'avais ni problème ni embrouille. Du moins, si on me forçait pas à en parler. Mais tant qu'on repère pas de changement chez les autres, on ne s'en préoccupe pas, n'est-ce-pas? Mes cours de psychologie m'avaient bien servis, dommage que je ne puisse plus les suivre, j'avais toujours beaucoup aimé ça même si c'était souvent assez répétitif, voir même très lassant. Je me plains toujours, et lorsque je n'ai plus, j'envie. C'est comme ça que marchent tous les humains, triste vie. "Ouais... C'est vrai, et j'en suis désolé... Comment tu vas toi ?" Bref retour à la réalité. Ca ne durera pas longtemps, me connaissant, je vais repartir dans mes pensées. Aussi vite que j'en étais sortie. « Y'a pas de problèmes. Ca va, c'est la rentrée quoi, c'est pas l'top niveau joie. Et toi? » Non, je ne peux blâmer personne pour ne pas m'avoir appelée, ou donner des nouvelles ces derniers temps, tout simplement parce que j'étais loin d'être mieux, et que donner des leçons aux autres lorsqu'on est pas soi-même un exemple, je ne trouve pas ça correct. Autant dire, pas du tout, d'ailleurs. En tout cas, j'calcule même pas depuis combien de temps je l'ai pas vu, l'ex vice-président quincy. M'semble que j'avais fait un saut rapide à son anniversaire, aucun véritable souvenir. J'crois qu'en plus de devenir dingue, j'vais finir par avoir alzeihmer. MAIS QUELLE DESTINEE, QUELLE DESTINEE. Bref, paraître normale. Un défi de tous les jours.

T'as le malheur dans la tête, dans la peau, dans les veines, ça te poursuit et ça t'entrave, comme des putains de chaines qui te retiendrait jusqu'à t'en couper le souffle. C'était le genre de pensées qu'il ne m'étonnait plus d'avoir en ces belles journées de septembre, de rentrée, de torture, tout simplement. Je n'éprouvais que très peu de regrets lorsqu'il s'agissait de ma vie passée et aujourd'hui pourtant je donnerais tout pour revenir deux mois en arrière, prendre un avion pour la pologne et empêcher le mariage qui a ruiné ma vie. Si on pouvait remonter dans le temps, on passerait notre vie à refaire le monde. De façon différente à chaque fois. Et jamais de la bonne. Alors quand on réalise qu'on doit faire avec ce qu'on a, forcément, c'est déprimant. T'as pas forcément envie de vivre ta vie avec les personnes qui t'entourent dans certains cas, t'as pas forcément envie d'être obligée à aller par ci, par là. Moi j'ai eu la chance de tout choisir pendant deux ans précisément, et j'me retrouvais à me battre simplement pour revoir les personnes que j'appréciais. Merci pour tout, merci pour rien, surtout. Le monde à l'envers, c'est pas vraiment une bonne chose, non. Et au final, lorsqu'on se plonge dedans les yeux fermés, t'es incapable de les rouvrir après, t'avances à tâtons, donc t'es plus qu'une enveloppe de chair qui marche dans un univers inconnu. Et tout ce que tu discernes, ce sont les personnes que tu vas finir par laisser derrière. Lumineuses, et distinguables. "Tu prends quoi toi?" N'ayant pas spécialement envie de réfléchir et en même temps, en en ayant besoin, je ne me fis pas prier pour répondre à sa suite. « La même chose, s'il vous plait. » Bref, ce n'était qu'un long moment de lumière après avoir passé des journées dans le noir. "Pareil on va dire... J'ai finit par croire que j'étais vraiment un Pirate pendant le SC, mais là... Le retour à la réalité est pas mal dur..." Je ne pus m'empêcher de rire, tant l'aveu était quand même assez ridicule, même si cela ne m'étonnait pas tant que ça de sa part. « Ben voyons! Tu m'étonnes que le retour à la réalité soit dur si tu partais du principe que tu vivrais sur un bateau le reste de ta vie. » N'empêche que ce pourrait être drôle. Même si nous étions sur des bateaux absolument pas représentatifs de ceux qu'avaient les pirates d'antan, c'est à dire qu'à mon bon souvenir les pirates ne vivaient pas dans le presque luxe, l'aventure avait été agréablement intéressante et drôle.

Je pense que je suis le genre de personne qui a une vision de la réalité très limitée, du moins dès qu'elle se sent dans l'incapacité de quelque chose. Il suffit de voir à quel point j'ai du mal à m'imaginer dans quelques mois avec mon rythme de vie actuel, autant dire que je ne vais et n'irais pas loin comme ça. J'avais besoin de retrouver celle que j'étais avant, celle qui avait le temps, l'envie et le besoin de se projeter dans le futur, mais avec le sourire aux lèvres, et non pas avec des pensées désespérées. J'étais donc passée d'une motivation sans lacunes au summer camp, à un brutal retour à la réalité en revenant à Cambridge. Rien d'agréable ni de bon, simplement l'envie de s'asseoir par terre et d'attendre que le temps passe. Ne plus rien faire, tout arrêter, ne plus se prendre la tête, point barre. Malheureusement, la terre ne tourne pas selon nos actes, et qu'importe mes décisions, elle ne s'arrêterait jamais de tourner. " Bah ouais, j'étais prêt à me laisser pousser la barbe, à me faire appeler Barbe Blonde, à avoir un perroquet sur l'épaule et à me faire bouffer une jambe par un requin, juste histoire d'être plus crédible..." Très franchement, il y a des personnes dans mon entourage dont j'avais besoin de la présence, sûrement par leur "simplicité" d'esprit, enfin surtout le fait qu'ils ne se prenaient pas forcément la tête, comme Alek. Même si en ce qui le concernait, cela faisait un moment que nous n'avions pas étés ensemble, cela faisait un moment que je n'avais plus forcément eu de nouvelles. Mais cela dit, je n'en eus pas donné plus, alors je ferais mieux de penser autrement. « Tu peux toujours faire ça pour Halloween, parce qu'à la description, on dirait plus un personnage de film d'horreur qu'un dangereux corsaire! » Je détestais les films d'horreur, alors j'en avais vu très peu, mais s'il venait à jouer dans un film un jour, je veux en être informée et pouvoir en rire, s'il vous plait. Parce qu'acteur, je pense qu'il serait juste éperdument drôle. Mais là n'est pas réellement la question, n'est-ce-pas?