Violet × Moment inconfortable.

Voilà maintenant presque une semaine que Violet avait intégré la Lowell House. Le Summer Camp avait fini par être une bonne expérience et aventure qui lui avait permis de rencontrer de nouvelles personnes, ce qui n'était jamais de refus. Il y avait aussi ce truc bizarre qu'il s'était passé avec Leo mais, au moins, maintenant, ils se parlaient à nouveau. Elle s'était aussi dénichée deux nouvelles colocataires avec qui il y avait de grandes chances qu'elles s'entendent. Tout ça était terriblement excitant et c'est peu de le dire, la blonde était presque impatiente à l'idée de recevoir ses premiers défis en tant que bizu Lowell, la maison des arts. Ça lui faisait du bien de se sentir à sa place, sans avoir à endosser le passé et ses étiquettes. Violet se sentait tellement à la maison que, ce jour-là, elle alla ouvrir la porte principal lorsqu'on y sonna. Celle qui cherchait à se renouveler tomba nez à nez avec l'Histoire, ou plutôt un personnage qui en faisant partie. Un garçon qu'elle espérait être loin, très loin, de l'autre côté de l'Atlantique. Pendant un moment, elle se demanda si c'était vraiment Charlie qu'elle avait face à elle où s'il s'agissait d'une hallucination causée par toute cette excitation. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Elle tenta de se recomposer, d'agir comme si tout était normal, comme s'il était un simple inconnu et qu'elle le croisait pour la première fois. Vio n'arriva pas à empêcher sa voix de sonner froide et distante, à l'antipode de la fille timide et sensible qu'elle était d'habitude. Avec un peu de chance, il ne la reconnaîtrait pas. A vrai dire, ça ne l'étonnerait pas. Au fond, il devait bien s'en taper des filles, et ça au sens propre comme figuré. « Je peux t'aider? »

En entendant son prénom sortir de la bouche de Charlie, l'expression impassible de Violet se transforma pour une expression un peu triste. Heureusement que ses cheveux avaient suivi lorsqu'elle avait baissé la tête légèrement pour cacher son visage. Elle se reprenait tout ce qu'elle avait ressenti quelques années auparavant en pleine face, quand elle avait compris qu'il s'était foutu d'elle. Ou plutôt qu'elle avait été naïve. Après tout, ça n'était à l'époque qu'une pauvre gamine toujours trop innocente pour même penser qu'un gars aurait pu se montrer aussi gentil avec elle juste pour... ça. Certes, elle ne lui avait jamais dit que c'était cette fois-là était aussi sa première fois. Elle n'avait pas jugé ça nécessaire. Elle n'aurait pas pensé que ça aurait importé. Et pourtant, elle avait finit par mal le prendre. Aujourd'hui, elle était toujours aussi innocente, mais elle avait appris de cette expérience et ce après beaucoup de crises de larmes qu'il fallait éviter les garçons. Vio releva la tête qu'elle se sentit assez courageuse pour soutenir son regard. « Ouais, c'est mon prénom. Bien joué pour la mémoire. » Les gens n'oublient jamais ce qu'ils devraient oublier, c'est con. Quand une fille décide de couper les ponts avec vous, tiens. Le mieux, ce serait d'oublier qu'elle existe sur la surface terrestre, histoire d'éviter ce genre de rencontre. Ça faisait longtemps, effectivement. Elle se laissa l'observer un peu. C'était pas juste, il était toujours aussi mignon. Voire plus. C'était peut-être vrai qu'on s'embellit en vieillissant. Au moins, s'il s'était amoché, elle aurait pu en rire. Mais non. Elle haussa les épaules. Ca ne faisait décidément pas assez longtemps à ses yeux. « Longtemps, oui, c'est le mot. C'est... une surprise. » Oh, et s'il-te-plaît, abrège mes souffrances, ne me demande pas ce que je fous là, ce que je deviens, dis-moi juste qui tu veux voir et laisse-moi aller me terrer dans mon lit pour le restant de mes jours., pensa-t-elle.