(+Grace) De retour chez nous

« Ouuuh oui, une vilaine et grosse chienne » ricana-t-il enfin, laissant tomber son sérieux tout comme il tombait de nouveau sur le canapé aux côtés de sa dulcinée. N'empêche, il y avait plus matières à être inquiets qu'à en rire. Etre enceinte, c'était pas cool, pas cool du tout, non pas q'Eugene l'ait été, mais on savait bien que l'arrivée d'un gosse signait l'arrêt de mort de la vie sociale de ses parents. Et ça, Eugene ne pourrait pas accepter de voir sa belle Grace enfermée dans une chambre, à donner le sein à un petit avorton. « N'empêche, le gamin n'en reste pas moins bâtard, qu'importe votre pédigré à tous les deux » souligna Eugene, en levant son verre au ventre, qui pourrait bientôt arrondi, de sa camarade. Oui, il fallait boire là, et bien qu'un ami digne de ce nom empêcherait sa pote en cloque de se délecter d'alcool, lui, il s'en fichait. Après c'était pas comme si elle allait le garder. Enfin, c'était ce qu'il pensait avant qu'elle ne lui mette le doute. « Mon dieu, mais ne lui dis-pas et débarrasse-toi de ce truc dégueux qui pousse dans ton ventre comme le cancer » conseilla-t-il, alerté par l'urgence de la situation. C'était presque s'il n'allait pas lui pratiquer un avortement lui-même.

Eugène était comme bouleversé, nerveux de la situation. Limite il était plus nerveux que toi c’était vraiment un bon copain, car c’est lui qui ressentait tout à ta place et pour le coup ça te faisait quelque peu décompresser. Rigolant alors qu’il te comparait à une chienne, tu remettais bien vite tes jambes sur les siennes alors qu’il venait de tomber une nouvelle fois à tes côtés. L’écoutant parlait d’un bâtard, tu fronçais les sourcils, frappant son épaule. « Eh ! C’est un beau bâtard au moins et puis tu sais nous les St-James les bâtards on adore, c’est un peu une passion. Genre St-James passion bâtard ». Tu riais de plus bel alors que tu buvais ton verre avant de t’en servir un nouveau que tu buvais également cul sec. Lorsque cette chose aura bien poussée dans ton ventre, tu prends note de ne jamais compter sur Eugène pour qu’il te fasse arrêter de boire, de fumer ou je ne sais quoi qui pourrait nuire à la santé de ton enfant, parce qu’il était vraiment pourri pour ce genre de chose preuve en est. Tu viens de lui annoncer que tu étais en cloque et lui il te laisse pitancher comme si de rien n’était. Tu l’écoutait à nouveau alors qu’il voulait te pratiquer enfin non que tu pratique un avortement. « Non, non bébé moi le cancer il a poussé dans ma tête, pas dans mon ventre. » Tu riais une nouvelle fois avant de secouer la tête. « Noooon ! Je ne peux pas cacher ça à Emrys, il va m’en vouloir toute sa vie. Non si jamais il veut qu’on le garde, j’assumerais. » Tu lui faisais un clin d’œil avant de venir taquinait sa joue à l’aide d’un de tes doigts. « Mais tu seras trop gaga de cet enfant qui t’appellera tonton Eugène. » Tu riais sachant pertinemment que cette idée le dégouterais.

Ils avaient beau parlé grosses, gamins, pédigré, mais Eugene ne réalisait toujours pas que dans neuf mois, si elle se décide à le garder, qu'il n'aura plus sa Grace pour lui seul. Ça lui avait pris tellement de temps de trouver une âme soeur sur ce campus qu'il avait l'impression de n'avoir encore rien accompli avec elle. Dieu, et il n'avait aucune envie de passer ses après-midis à faire du baby-sitting. Les enfants sont sales, bruyants, à peine mignons et ils détruisent tout. Tapis, sol, vie sociale, vie sexuelle, on ne pouvait plus se permettre d'avoir quelque chose de bien quand ils sont dans les parages ! « Bah pour le moment, je l'aime pas lui » grogna-t-il, prêt à accepter l'idée de voir sa copine grossir. Il porta son verre à sa bouche, en vida son contenu et se passa la langue sur les lèvres. « Je viens de remarquer que je viens d'employer le masculin. J'suis sûr que c'est un mâle qui pousse » confia-t-il, intéressé d'entendre ce que Grace avait  dire à ce sujet.

Eugène est un être catégorique. S’il dit que c’est blanc n’importe qui pourra faire n’importe quoi ça restera blanc. Ton meilleur ami était un être exceptionnel tout de même. A cet instant même, il te blâmait de garder ce bébé mais en même temps il te montrait qu’il était là pour toi et qu’il restera toujours là pour toi. Réfléchissant un instant tu venais reprendre un verre de vodka que tu buvais cul sec. Puis tu te tournais vers ton meilleur ami. « Lui il va t’adorait et puis Eugène je suis Grace wow, je ne vais pas devenir la mère sainte-nitouche genre Nevada, je resterais moi bébé ! » Tu lui souriais en venant déposer un bisou sur sa joue. « Un mâle ? J’espère que ça sera un garçon moi je ne veux pas d’une pisseusse qui chiale pour un oui ou pour un non ! » Tu croisais tes bras sur ta poitrine avant de reprendre un nouveau verre.

Ses inquiétudes apparaissaient aussi vite qu'elles ne disparaissaient ! Eugene était un mec difficile, qui ne pensait qu'à lui en général, et un peu aux autres sous le coup de l'impulsion. Autant vous avouer que si ce genre de conversations se serait tenue sur téléphone, il en serait certes beaucoup plus choqué mais ça ne l'aurait pas arrêté à envoyer des sextos à différents mecs sur Grindr. « J'aime entendre ça » finit-il par déclarer, en levant son verre comme s'ils scellaient un pacte. Bébé, pas bébé, rien ne les séparerait au final. Ils seraient dans la même galère ensemble, même si ça serait moins contraignant pour Eugene. Beaucoup se pose la question de savoir s'il ferait bon père .. La réponse est assez simple: il sera meilleur oncle qu'il ne sera père. Un gosse, par chez lui, était élevé par la gouvernante et on le félicitait dès qu'il se retrouvait au top de sa classe. Pas plus. Puis on lui offrait ce qu'il voulait. Et le bébé de Grace ne manquera de rien, il en était certain. Et son amie mit un point d'honneur à se jurer de ne pas se transformer en Nevada ! Quel soulagement, car l'ancienne Dictatrice de la Quinchy, comme il aimait l'appeler, était du genre maman poule quand même. « Je m'appelle Nevada et j'ai conçu un bébé avec un clochard » s'amusa-t-il à l'imiter tout en terminant son verre d'alcool, qu'il se pressa à remplir de nouveau ! Enfin, au moins la Quincy pouvait se targuer d'avoir été seule à ce moment, et de n'avoir fait partie d'aucun phénomène babyboom. Etre mauvaise langue, une activité qu'il affectionnait particulièrement et qu'il adorait partager avec Grace !

Les inquiétudes d’Eugène étaient volages mais les tiennes étaient bien présentent. Mais ce n’est pas tant le bébé qui t’inquiéter, c’est l’après. Non mais comment voulais-tu qu’un homme te touche alors que tu avais un gosse ? C’était impossible. Il prendrait ses jambes à son cou pour se barrer et ne plus jamais te recroiser dans la rue. Scellant ton pacte avec ton meilleur ami, tu bu ton verre cul sec avant de blanchir peu à peu. « Tu crois qu’un mec ne voudra plus jamais me toucher après ça ? » Tu avais le regard perdu dans le vide, tu déposais ton verre sur la table avant de sourire doucement à Eugène qui parlait de Nevada. Nevada était la fille que tu pouvais le moins sentir dans cette ville et peut-être même bien sur cette planète mais ça tu ne pouvais pas encore le savoir, car tu n’avais pas encore fait le tour de la planète complète mais un jour peut être que ça viendra. « C’est même pas le fait d’avoir un gosse avec Alek c’est juste le fait que je ne veux pas devenir une connasse enfin ça paraît logique non ? » Tu lui souriais en reprenant un autre verre. « C’est qui qui va vomir ce soir ? C’est moi ! » Tu riais de plus bel, l’alcool te tournait déjà le crâne.