JUTAM ಇ quand les cloches de l'amitié sonnent.

Depuis mon retour du Summer Camp, tout s’était enchainé à une vitesse pas possible et pourtant j’avais l’impression de stagner. J’avais repris mes vieilles habitudes, celles de m’enterrer dans mes bouquins et de ne plus sortir de ma chambre avant de reprendre mon niveau et être une nouvelle fois major de ma promo. Cette année avait un souffle de renouveau pour moi, en effet l’année dernière, j’avais franchi pour la première fois les portes d’Havard, du moins c’est ce que je croyais vu que j’étais victime d’amnésie. J’avais passé tout l’été dans un hôpital et j’avais dû revenir en cours comme si de rien n’était sous les regards apeurés ou interrogateur. Mais en un an j’avais évolué et j’avais changé l’image qu’on avait pu avoir de moi, voilà pourquoi cette année j’étais un peu plus confiant en marchant dans les couloirs de cette grande université. C’est une dans ma chambre, comme toujours, que j’attrapais mon portable pour scruter l’écran, un message de Juliett me proposant d’aller manger ensemble. Je répondais par l’affirmative, c’était évident. Et voilà pourquoi à treize heures je me trouvais à l’entrée du McDo à chercher une tête blonde parmi les gens qui mangeaient déjà. Je l’apercevais grâce à son geste de la main et m’approchais d’elle en souriant. « Désolé je suis un peu en retard. » J’étais heureux de la revoir, après tout ce qu’il m’était arrivé entre Paris et le Summer Camp, je n’avais pas eu beaucoup de temps à lui consacrer et je m’en voulais. « On va commander ? » A vrai dire je mourrais de faim et je préférais vite aller commander afin de m’asseoir en sa compagnie et pouvoir parler plus librement.

Je n’étais pas très à l’aise dans ce genre de restaurant, endroit fréquenté par des étudiants qui vous dévisagent dès que vous passez le pas de la porte, cependant je pouvais faire bien des efforts pour voir Juliett, je ne venais pas pour la bouffe, bien au contraire. J’ignorais même ce que servait ce snack, oui je sais je mérite des coups de fouet mais alors ? J’avais toujours vécu dans une cage dorée avant de venir ici et ce n’est pas la première chose que j’aurais pensé faire. Je m’approchais alors de la blonde et la laissais m’embrasser avant de prendre place. « Je ne vois pas de quoi tu parles, on est là pour manger après tout non ? » Je prenais une moue d’innocent avant de me relever et de me diriger vers les comptoirs. Je scrutais un instant les tableaux expliquant les menus, je soupirais alors, il y avait décidément trop de choix. J’avalais ma salive en entendant la commande de la jeune femme et décidais de commander à mon tour. « Hum, pareil. » J’adressais un regard à mon amie et attrapais mon plateau, retournant en sa compagnie à notre place précédente. Je m’asseyais alors et commençais à observer le hamburger sous tous les angles avant de relever d’un coup la tête vers elle. « Quoi t’es sérieuse ? C’est génial, quel cursus tu as pris ? Et t’as pris quelle confrérie ? Attends je sais… les lowells ? J’en reviens pas c’est juste… extra ! » Ma bouche restait entrouverte, je souriais comme un débile mais c’est pas grave, la nouvelle valait largement le coup.

« Mouais. » Je posais mon regard sur mon amie qui n’était visiblement pas dupe. Quoi, qu’est-ce que je pouvais dire pour ma défense, je n’étais pas de ces gens que l’on pouvait appeler des ‘gros sacs’ et pourtant je me faisais passer comme l’un des leurs. Un sourire aux lèvres, j’étais à présent devant mon plateau, scrutant mon hamburger de tous les côtés, me demandant bien comment j’allais le manger sans m’en foutre partout. J’écoutais attentivement la blonde qui semblait plus qu’enthousiaste, je savais que je n’allais pas pouvoir l’arrêter, mais je m’en foutais, j’adorais la voir heureuse, l’entendre parler de tout et de rien. « Moi je t’aimais déjà en tant que vendeuse de fleurs, t’étais la plus charmante du coin ! » Je haussais les épaules avec un sourire discret, son naturel et sa pureté m’attirait presque vers elle, oui je m’étais pris à acheter des fleurs alors qu’au final je n’avais personne à qui les offrir, mais qu’importe, au moins je passais du temps en sa compagnie et ça m’apaisait. Croquant une première bouchée dans mon sandwich, je me mettais à tousser par la suite, manquant de m’étouffer. D’accord j’adorais lorsqu’elle déblatérait mais là c’était un peu trop d’un coup. « Euh… ouais ? Une sœur jumelle carrément, c’est… étrange mais cool, je suppose. » Je mâchais tranquillement en l’écoutant, j’étais plutôt heureux de savoir que ces crises étaient terminées, c’est ce qui lui bouffait la vie, comme la mienne d’ailleurs. Je m’essuyais alors la bouche, parler de moi ? J’ignorais trop quoi dire, je cherchais à broder. « Oh tu sais… la routine depuis la rentrée. Ça fait un an que ‘l’accident’ est arrivé, maintenant on peut dire que je suis rodé. Plus de rumeurs, plus de personnes me tournant autour, quoiqu'en fait si… Après tout j’ai bien reçu l’awards du mec le plus mystérieux cette année. Bref, il y a un mec qui me suit souvent, qui essaye de me parler, comme si… comme s’il voulait renouer des liens tu vois ? Il s’appelle Roméo j’crois, un mathers. » Je faisais alors une moue étrange et secouais la tête, je ne comprenais rien à cette situation à vrai dire. Je continuais alors sur la même voie tout en évitant de parler de l'épisode de Paris. « Sinon à part ça… je crois que ma sœur veut me traîner au Danemark pour voir notre père souffrant… je crois que j’en ai pas vraiment envie en fait. Rien d’autre, je crois. »

J’observais Juliett sans rien dire… en fait si j’en disais bien trop, j’étais en train de me dévoiler devant elle, de lui dire que je dépensais mes pauvres et maigres sous en fleurs, fleurs dont d’ailleurs je n’avais aucune utilité, et tout ça pour quoi ? Parce que j’avais besoin de la voir, parce que j’avais besoin de sentir son regard sur moi et de lui sourire autant qu’elle me sourit car je savais qu’elle me comprenait et tout ça me faisait du bien. « Non bah non, enfin va pas croire que je te… enfin tu sais hein. A vrai dire je n’en faisais pas grand-chose. Des fois je les laissais dans un parc, une fois je les ai offertes à une petite mamie et je crois que le dernier bouquet doit être encore dans ma chambre, il doit être un peu fané j’crois… » Du rouge aurait pu me monter aux joues si je n’avais pas soufflé encore et encore pour calmer mon rythme cardiaque. Et puis après tout qu’est-ce qu’il y avait de mal à ça ? Elle faisait partie de ma vie et je l’aimais comme une meilleure amie, comme une sœur, je n’achetais pas ces fleurs pour la draguer. Je croquais une nouvelle bouchée dans mon sandwich tout en la fixant alors qu’elle parlait de sa sœur. « J'sais ce que c’est d’être fils unique. Quand Salomée a débarqué dans ma vie… j’ai cru que tout s’effondrait. Non mais attend… Bien nous entendre ? Tu veux dire quoi par-là hein ? » J’arquai un sourcil sans pour autant bouger, seule ma mâchoire qui comprimait le sandwich dans ma bouche ne restait pas immobile. Je n’étais pas très doué pour les devinettes de ce genre, et il faut croire que je ne cherchais pas non plus à trouver la finalité de sa phrase. « J’ignorais que j’avais du charme à vrai dire. Oui je crois que c’est ça son nom, enfin en tout cas il a des côtés vraiment flippant et en l’observant de plus près… je vois pas comment on aurait pu être amis, disons qu’on a des occupations… très différentes. Hum… j’verrais bien. » Je me contentais de hausser les épaules tout en faisant une moue, ce n’était pas mon genre de juger et pourtant c’est ce que j’étais en train de faire. Je soufflais longuement en me rendant compte que toute cette histoire était fausse puis j’avalais ma salive en baissant le regard. Au même moment je posais le reste de mon sandwich, l’envie de manger m’avait été coupée par la discussion concernant mon père. « Le problème c’est que moi je ne suis pas sûr de vouloir qu’il se rétablisse. » Je relevais furtivement le regard, ça pouvait paraître cruel sur le coup mais après tout ce que j’avais enduré, j’étais paumé. « Enfin… non ce n’est pas ce que je voulais dire… oublie. »

« Tu… t’es en train de jouer à quoi ? Non parce que c’est pas drôle hein ! Arrête ça tout de suite vilaine gamine ! Je préfère les fleurs de toute façon… J’aurais dû en vendre tien ! » Je devenais rouge alors qu’elle s’approchait de moi tout en me lançant son fameux regard. Mes yeux détaillant son visage, c’est à ce moment-là que je me rendais compte à quel point elle pouvait avoir du charme, pire que ça, elle était plus que ravissante. J’avalais ma salive dans un bruit singulier et détournais mon regard en faisant une moue alors que mon cœur s’était accéléré. Je n’avais vraiment jamais rien ressenti pour elle ni pensé à quoi que ce soit en sa compagnie, elle était juste mon amie, mon soutien, mais ce genre de comportement me mettait mal à l’aise. « Tu vas trop loin toi, attention à ce que tu dis… cupidon aux fleurs ! Qu’est-ce qu’on peut pas entendre… » J’arquai un de mes sourcils, sortir avec sa jumelle, vraiment ? Je n’imaginais pas la scène, même si celle-ci avait un caractère bien différent, j’aurais du mal à m’enlever l’image de Juliett dans la tête, et puis moi être en couple… Je soufflais tout en finissant mon sandwich et me mettais à piocher dans mes frites, l’air de rien. « J’étais quelqu’un d’autre, et c’est ça qui me fait peur. Je n’étais pas fréquentable, j’avais tous les maux du monde, j’étais un monstre… Je ne veux pas découvrir tout ce que j’ai pu faire, j’ai eu assez d’ennuis avec la police pour… enfin tu sais pourquoi. Je ne veux pas que ça recommence. Mais j’y pense… tu as l’air de bien le connaître ce type pour en parler si bien, je me trompe… ? » Je relevais le regard vers elle pour scruter chacune de ces réactions, aussi discrète qu’elles soient. Puis le sujet revenait automatiquement mon père et je sentais chacun de mes muscles se contracter sous l’effet de l’angoisse. « C’est juste que… ma vie est un château de cartes, j’ai beau essayer de le reconstruire, j’en apprends toujours plus sur lui. Il y a d’abord eu Salomée, puis mes deux autres sœurs et le fait qu’il fasse partie de la famille royale du Danemark et puis même il… Il n’a jamais été là pour moi, il n’a fait que me… » Je ramenais automatiquement une manche sur ma main, tic que j’avais chopé à force de vouloir cacher les nombreuses cicatrices que mon paternel m’avait infligées dans le plus grand des secrets. « Parlons d’autre chose, tu veux bien ? »



HJ ; Désolé du retard, problème de PC