Magie quand tu nous tiens - QUINN -

Des vacances inoubliables, des gens plus ou moins sympathiques, de l’alcool en quantité, un lieu d’exception. C’était sûr et certain, il se rappellerait de ses vacances. Guadeloupe, nouvelle escale pour les Manda Rhum. Chacun sortit du bateau, en fin d’après-midi et se dirigea par petit groupe. Quant à Camille, c’était le moment de s’isoler un petit peu le temps de retrouver ses esprits. La troisième épreuve était terminée et les vainqueurs furent nommés : les Manda Rhum. Il se souvient encore de l’excitation, des doutes, de la fatigue, des cris venus de l’équipe. Ce moment avait été pour lui l’un des rares où « l’union fait la force » pouvait se vérifier. Où chaque individu avait son importance. L’individualité pour le collectif. Ses sens oubliés, il se laissa guider par l’inconnu et atterrit sur un endroit de rêve. Forêt, plage, mer mais surtout, il n’y avait personne. Pas une âme en vie ce qui l’étonna vu la petite superficie de la Guadeloupe. Il prit place sur le sable, enleva son tee-shirt et s’accroupit, ramenant ses jambes devant lui. Lunette de soleil sur le nez, crème solaire à côté, il eut comme l’impression d’être dans une série télé à l’eau de rose et stéréotype où le personnage principal va demander à une jolie fille de passer de la crème sur son corps musclé. A vomir.

J'crois que si y a bien un truc que je pouvais retenir de cet été, c'était l'équipe que j'avais. Des personnes que je ne connaissais absolument pas pour la plupart mais avec qui j'avais nouée des liens qui étrangement était devenu très important en peu de temps. J'sais pas. C'était magique et quelque part, je n'avais aucune envie de retourner à Harvard pour ça. Non, vraiment. J'étais avec des personnes toute plus merveilleuse les unes que les autres et plus le temps passait, plus je trouvais ça dommage de ne pas les avoir connu avant. Bref. Je sortais de ma cabine rejoignant directement le pont. On venait de débarquer en Guadeloupe et tout le monde semblait encore excité de la toute dernière épreuve. En même temps, on l'avait gagné et j'étais plutôt contente de l'esprit d'équipe qu'il y avait eu. Carrément soudée et ça rendait le truc encore plus génial. Second bref. Je finissais par quitter le bateau pour faire un repérage des lieux. Un espèce de rituel depuis le début mais j'trouvais ça chouette de partir en exploration à peine arrivé. Poussant un soupir, je déambulais le long de la mer avant de remarquer quelqu'un. D'ailleurs, c'était la seule personne de présente ce qui rendait le truc assez bizarre mais je l'identifiais bien vite comme étant Camille. Un mec de mon équipe que j'avais embrassée genre totalement narmol. Et automatiquement, j'allais vers lui un petit sourire aux lèvres. « Je t'étalerais bien de la crème mais j'crois qu'un baiser ça suffit. Après tu vas croire que je suis raide dingue de toi. »

En tant que bon Dunster, Camille s’était renseigné sur sa destination avant de débarquer. Basse-Terre et Grande-Terre, chaque partie du pays offrant son lot d’activité hors du commun. La visite de l’île en parapente semblait être la meilleure option. C’était l’occasion de se sentir vivant, existant parmi les mortels. Perdu dans ses songes, il ne s’aperçut qu’à la dernière seconde qu’il n’était plus seul sur cette plage. Une jeune femme prit place à ses côtés, comme si la plage n’était pas assez grande. C’est alors qu’il reconnut sa co-capitaine, celle qui assumait ce rôle à la perfection, qui ne cessait d’hurler pour encourager les membres de son équipe. Bizarrement, elle était attachante malgré ce caractère qu’il n’appréciait en règle générale pas du tout. L’écoutant d’une oreille attentive, il se tourna vers elle le sourire aux lèvres, se souvenant de la scène. En effet, lors de la dernière épreuve, la belle avait fait en sorte que son équipe gagne. Pour motiver le jeune homme, elle lui avait promis un baiser qu’il avait bien sûr gagné même si ses oreilles le faisaient encore parfois souffrir. Tu peux l’avouer Quinn, je ne dirai rien à personne… Sa mâchoire s’agrandit pour laisser place à un sourire en coin. Il prit son tube de crème solaire, et versa un peu du contenue sur ses paumes de mains. Il commença à hydrater ses jambes, ses bras, son visage pour finalement terminer par le torse. Camille se tourna vers elle, le tube en main, son regard perçant le sien. Si j’avoue que tu es une bonne co-capitaine, tu accepteras de protéger ma peau de cet horrible soleil prêt à tout pour me brûler ? Un compliment pouvait faire pencher la balance de son côté.

Ouais. Bien sûr, je m'étais direct les deux pieds dans le plat. J'étais genre pas capable de faire comme s'il ne s'était rien passé. Puis de toute façon, c'était pas la fin du monde si ? J'avais dis ça pour encourager à la base et comme de par hasard, il avait réussi à remonter le coquillage pile à ce moment là. A croire qu'il en avait vraiment envie puisqu'on galérais depuis un bon moment. Ahem. Bref, de toute façon, c'était qu'un baiser pas un signe d'amour ou quoi que ce soit d'autre. Et je préférais largement en rire plutôt qu'être totalement gênée et chercher à l'éviter. Ok, je m'incline. J'suis dingue de toi depuis le début du summer camp. Mais tu gardes l'info bien au chaud. Si tu balances, j'dirais que t'as tout inventé juste parce que tu rêves de m'épouser. Voilà voilà. J'trouvais ça chouette qu'il en plaisante lui aussi. Au final, je ne le connaissais pas vraiment. J'avais jamais pris le temps de discuter avec lui ou quoi mais, je l'aimais bien. Quoi que vu que j'aimais tout le monde j'étais pas certaine que ça soit prit en compte. Mais bref, il avait vraiment l'air d'être un chouette type. Je pouvais pas m'empêcher de rire à sa question alors qu'il me tendait le tube d'écran solaire. Tube que je prenais avant de me placer derrière lui. T'as pas besoin de mentir pour que je t'évite des journées de longue souffrance. Faisant tomber du produit sur mes mains, je lui en étalais sur le dos avant de reprendre. Mais si tu as envie de clamer à toute l'équipe que je suis la meilleure, ça ne me gêne pas.

Dans ce genre de cas, il y avait deux solutions : se montrer gêné et fuir le plus loin possible ou prendre la situation avec légèreté. Il ne s’était rien passé de mal mais Camille devait avouer qu’il aurait préféré la voir rougir, se languir sur place, attendant l’arrivée soudaine d’une météorite qui exploserait la Terre. Mais non, elle prit ça avec le sourire, avec légèreté. Sa bonne humeur constante l’étonnait de jour en jour. Les vacances se terminaient petit à petit et le jeune homme savait qu’il ne reverrait plus les membres de l’équipe à la rentrée, même la demoiselle en face de lui. C’était qu’une passade, un moment stoppé par le temps. Il éclata d’un rire spontané en entendant sa réponse. Une menace ! Attention à ne pas glisser sur ce terrain inconnu… Il se laissa recouvrir le dos de crème, détendant peu à peu ses muscles dorsaux. Il se retourna vivement, de manière à être plus ou moins face à la jeune femme, ne laissant que quelques centimètres entre eux. Je ne le montre pas assez, je ne suis pas des plus motivés lors des épreuves mais sache, Quinn, que tu es une sacré bonne co-capitaine. Sans toi, on serait toujours en train de ramasser ces cailloux à la con. Retiens bien l’info, j’ne risque pas de te la redire d’aussi tôt. A son tour d’approcher son visage du sien. Il glissa à la dernière seconde vers son oreiller pour murmurer ces derniers mots. L’équipe, c’est toi. T’es une sorte de pillier. Et il se décala, reprenant sa place initiale maintenant qu’elle avait terminé de lui tartine le dos. Son regard dériva vers la plage déserte, la mer aux couleurs féériques. Il se sentait toujours un peu mal à l’aise lorsqu’il complimentait quelqu’un.

Pas du tout même. Puis les compliments, s'était toujours bon à prendre. J'allais pas dire le contraire et certainement pas me plaindre si on s'amusait à me faire des éloges. C'était le genre de truc qui me permetrait de me la péter. Du moins un peu et c'était pas si mal que ça. Pas si inconnu que ça. Et puis.. Je gagne toujours. J'arborais un sourire triomphant continuant à lui étaler la crème. Et j'crois que jamais je me serais attendu à entendre un tel truc venant de sa part. Déjà parce qu'il était le genre de personne vachement renfermé, qui semblait même malheureux la plupart du temps. Et ensuite parce que peu importe d'où ça venait, j'étais pas habituée aux avalanches de compliments. Et le plus perturbant, c'était la proximité soudaine. Comme après l'épreuve. Son visage près du mien. Je restais un peu bête pour le coup ne sachant pas vraiment comment réagir et mes yeux se contentait de voguer entre son regard et ses lèvres. Déstabilisant. L’équipe, c’est toi. T’es une sorte de pillier. Boum. Fin de l'instant. Il reprenait sa place et j'essuyais mes mains sur mes cuisses avant de prenre place à côté de lui. Faux. L'équipe c'est nous. On constitue un tout. J'avais jamais aimée avoir tout les mérites et qui plus est, c'était grâce aux personnes présentes chez les manda'rhum qu'on avait pu lier autant de complicité et d'efficacité au cours des épreuves. T'es pourtant quelqu'un de très motivé quand il s'agit de gagner un baiser. Faudrait peut être réitérer l'expérience.

Était-elle le genre de fille à tout faire pour gagner, être la meilleure ? Une compétitrice dans l’âme ? C’était compliqué de se forger un avis sur la jeune femme. Sensible aux compliments – comme toutes les autres – mais humble dans l’ensemble. Mélange intéressant. Pourtant, il y avait des facettes de sa personnalité qu’il n’avait pas encore pu être analysées, des facettes cachées ou du moins peu montrées. Faux. L'équipe c'est nous. On constitue un tout. Mouais. A nouveau, il n’était pas convaincu de ses propos. Pourquoi ne pas simplement accepter le compliment ? Camille n’était pas le genre d’homme à parler dans le vide, à causer de la forme des nuages ou de la température de l’eau. En y réfléchissant un petit peu et en étant honnête avec lui-même, c’était compliqué d’accepter un compliment, même s’il est vrai. Le regard perdu dans le vide de l’océan, l’oreille plus ou moins attentive aux dires de la jeune femme, il se tourna à nouveau vers elle, entendant sa dernière phrase. Réitérer l’expérience ? Bordel, elle allait de nouveau l’obliger à plonger. Accueillant ses paroles d’un sourire, il porta son regard vers les lèvres de Quinn avant de le détourner vers ses yeux. C’était pour l’équipe. Tu sais, un pour tous et tous pour un… Vachement convainquant Camille. Voici le genre de phrase qui l’étouffait de mièvrerie. Un brin joueur – et pas qu’un brin, en fait - Ah oui ? Mets-moi au défi Quinn. En cas de réussite, je gagne un nouveau baiser. En cas d’échec, tu peux choisir la sanction. Ce que tu veux..

Plaisanterie. Ou peut être plus. Je savais pas trop au final. J'avais toujours eu un côté assez joueur. Pour tout et n'importe quoi. Un esprit de compétition assez prononcée même si je n'étais pas pour autant une mauvaise perdante. Au final, peut être que là, c'était plus une simple provocation qu'autre chose. Comme à chaque fois. Je provocais n'importe qui juste pour me divertir, pour rire un peu sans jamais penser à mal pour autant. Une facette de mon caractère parmi tant d'autre encore. Oui, pour l'équipe oui. Un sourire moqueur étirait mes lèvres alors que je ne croyais pas une seule seconde à ses paroles. Non pas que je pensais que l'envie de m'embrasser était forcément présente dans son esprit mais, ça avait quand même était le plus dans sa motivation. Fallait quand même l'avouer non ? Vraiment ? J'aimais ce genre de jeu. Excitant, amusant et énormément divertissant. Prenant soudainement un air réfléchi, je laissais mon regard se posait un peu partout autour de nous avant de finalement reprendre la parole. Très bien. Tu as trois minutes pour me jeter à l'eau et faire en sorte que je sois mouillé de la tête au pied. Chose qui pouvait peut être sembler très facile mais c'était sans compter sur ma résistance.

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