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Oui, tu te retrouvais seule avec toi-même, depuis ce 16 août 2014. Cette sensation que tu détestais tant et qui venait toujours te retrouver avec ce plaisir malsain. Ça s'appelait la solitude. Ou bien le manque d'amour. On ne pourrait pas te qualifier de dépendante affective, puisque ce n'est pas ce que tu es. Mais tu aimais recevoir de l'amour, et en donner, tu tombais facilement amoureuse, sans pour autant l'être de n'importe qui et de tout le monde, non plus. Avec les deux premières expériences amoureuses qui s'étaient transformées rapidement, même trop rapidement en déceptions amoureuses, ça ne rendait la troisième que pire encore, surtout qu'elle avait été plus difficile à bâtir, et si facile à briser. Ça te faisait mal, mais tu ne voulais pas te laisser abattre ; plus maintenant. Être faible, tu ne voulais plus l'être et pourtant, on pourrait te trouver en miettes si l'on regardait bien. Tu ne cherchais pas la pitié ni la sympathie des autres, juste de la solitude. En fait, tu cherchais la solitude, comme tu la fuyais. Elle t'étais si belle et pourtant si laide à la fois. Toi qui te croyais invincible, c'est une faiblesse que tu ne te reconnaissais pas qui s'accaparait à présent de toi. Tu avais repris le dessin, même que tu t'étais enfermée là-dedans : tu traînais ta tablette avec toi partout, à tout moment, sans faute, sans jamais aucune exception. C'est le seul truc qui t'empêchait de sombrer et pourtant, il te semblait avoir perdu ton talent. Mais tu le retrouverais bien vite, oui. Étendue sur l'herbe fraîche du Charles River, ton crayon en main, tes bras étendus le long de ton corps de femme fatale et brisée, ta tablette sur ton ventre, tu regardais avec lassitude le ciel au-dessus de toi. Si tu cherchais le calme, c'est ici que tu le trouvais, toujours et encore. Le Charles River faisait partie de tes endroits favoris et maintenant, tu ne t'en délaisserais plus. Pourtant, dans ce calme et ce silence parfaits, tu crus entendre à un moment, des feuilles mortes et séchées craquer sous les pas de quelqu'un. Aux aguets, surtout depuis ton accident, tu te relevais, prête à prendre tes jambes à ton cou si quelqu'un cherchait à te retrouver pour te faire du mal. Oui, tu avais toujours aussi peur, encore plus depuis ton coma, et tu ne pouvais plus t'en cacher, maintenant...
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