a sky full of stars.

Septembre. Mois du retour véritable en classes pour la grande majorité des étudiants. Fin de l'été, ou plutôt du Summer Camp, qui aura été pour certains une libération totale, une fiesta monumentale, un événement à ne pas oublier. Pour toi, c'était cette dernière option ; un moment de ta vie que tu n'oublierais pas, mais pas dans le sens positif, loin de là. Toi qui t'attaquait, telle une furie, à ta tablette à dessins comme si tu ne savais plus dessiner, comme si tu n'avais jamais su, les souvenirs de cet été te revinrent en tête. Déjà, tu sentais un éloignement avec Charlie, alors que vous veniez tout juste de vous mettre en couple et de vous rapprocher sincèrement. Tu avais découvert que tu avais en fait une soeur. Pas une moitié de soeur, mais une soeur complète, totale et bien vivante en la personne de Remy, une Mather, comme toi. Tu avais revu Dexter, ton ancien meilleur ami, qui t'avais avoué être amoureux de toi par le passé, avant qu'il ne disparaisse, et ne revienne, totalement en colère contre toi. Puis, tu t'étais fait attaquer par ce fou furieux, toujours inconnu, qui ne s'était pas gêné pour te foncer droit dessus en voiture, et c'est dans le coma, quinze jours, que tu étais plongée. Ah! Tu aurais pu mourir comme ton frère, pas vrai? Mais non, il faut croire que la vie avait encore des trucs à te faire subir. Parce que finalement, à ton réveil, c'est un Charlie sans pitié qui t'avait laissée tomber, plaquée comme on plaque n'importe quel truc inutile de sa vie à la poubelle. Ça faisait quelques jours que tu te retrouvais, seule, dans les magnifiques jardins d'Harvard, pour t'enfermer dans cette seule passion et amour qui ne te quittaient pas : le dessin. Chaque fois que tu venais, tu te retrouvais seule face à ta tablette, ton crayon, puis une autre fille qui se tenait plus loin et qui, elle aussi, semblait partager ce même rêve que toi. Vous vous échangiez quelques regards, le tien était vide, et pourtant un sourire sans signification ornait tes lèvres lorsque tu relevait la tête vers elle. Chaque fois, c'était le même numéro, la même routine, et jamais aucune parole ne fut échangée, jusqu'à aujourd'hui. Sa voix te fit sursauter ; tellement concentrée dans les horreurs que tu pouvais mettre sur papier depuis quelques semaines, tu te n'étais pas rendue compte de sa soudaine présence à ses côtés, alors qu'en temps normal, elle se trouvait plutôt face à toi. D'une voix lasse et sanas vie, tu répondis : " Visiblement, oui. Mais faut croire que ça ne donne rien de beau, ces temps-ci. Toi aussi, tu dessines? " Tu n'allais tout de même pas l'envoyer paître dans les champs, hein.

C'est drôle, elle semblait légèrement intimidée par ta personne. Tu n'étais pas très certaine de comprendre pourquoi. Peut-être que ton attitude désespérée te rendait agressive, ou du moins, t'en donnait tout l'air. À moins que ce ne soit qu'une simple forme de timidité provenant de ta nouvelle interlocutrice. Elle te semblait tout de même très gentille, et mignonne et tu ne pouvais pas la faire fuir en lui balançant un tas d'insultes, comme tu aurais pu faire à n'importe qui t'ayant énervé. Non. Là, t'avais opté pour un ton de voix plus calme et saint, pas possédé par le démon. " Je n'y vais plus depuis un moment.. J'préfère m'isoler pour dessiner. " C'est vrai que ça devait bien faire quelques mois que tu n'y étais pas allée. Sans compter le Summer Camp, raison adéquate et potable pour ne pas te présenter sur les lieux, comme n'importe qui d'autre, t'avais préféré t'éloigner pour te concentrer sur toi-même et faire ce que bon te semblait sans être entourée par plein de gens. Lorsqu'elle te demande si elle peut s'asseoir, tu regardes la roche à côté de toi, puis lui fais un signe de tête pour qu'elle y prenne place. Un fin et très mince sourire s'affiche sur tes lèvres, alors que tu refermes ta tablette. " Tu viens ici souvent... Désolée, je ne sais pas ton nom... " Tu baisses la tête, puis la relève afin de regarder droit devant toi, l'horizon, les arbres, tout ce qui formait le paysage, quoi. Pourquoi n'arrivais-tu plus à dessiner comme avant?

" Moi c'est Dixie. ", murmures-tu en laissant le vent faire aller tes cheveux dans tous les sens. Un vent frais, ni trop froid ni trop fort, que t'appréciais bien, car t'adorais la nature. Dans ta tête, tu te demandais bien évidemment pourquoi cette jeune femme était venue te voir, t'aborder, alors qu'elle paraissait si timide. Si timide et fragile, ce qui, tout au fond, te fit sourire, puisque tu étais un peu comme ça, autrefois. Elle ne pouvait être que gentille, cette Sammy. Est-ce que je peux te dessiner ? Immédiatement, ta tête pivote vers elle, fronçant les sourcils, tu l'observes, te questionnant sur le fait que t'avais peut-être mal entendu. Ou pas, car elle répéta implicitement sa question en te demandant si ça te ne dérangeait pas. " Je t'inspire? ", fais-tu pour rigoler, en riant doucement, avant d'hausser les épaules. " Pourquoi pas? J'ai rien de mieux à faire et... ça peut être pas mal. C'est pour un projet? ", demandes-tu, curieuse, préservant ton sourire, afin de la rassurer. " Alors, Sammy? Tu veux que j'me place comment? " Ça pourrait pas te faire de mal. Et la petite, eh bien.. elle t'intriguait, tout d'un coup.