PALABRA MI AMOR ! - Pv Rhys -

La musique qui lui déglinguent les tympans et cette odeur de sexe à chaque pas qu'il fait dans cet endroit rempli d'hormones et d'alcool lui torture la libido. Un soir pour oublier, un soir pour se lâcher, un soir pour arrêter de penser, un soir où les règles ne sont que celles qu'on s'impose sans chercher plus loin. Pour Enzo, c'est temps de chasse, tant de trouver un cheptel agréable à regarder, car son œil aime les belles choses - tant de trouver de quoi caresser, car ses mains sont affamées - tant d'ouvrir ses rétines de rapaces pour chopper au vol la plus jolie perdrix du coin, du moins celle qui a les bas les plus raffinés et le décolleté qui lui fait diablement de l’œil. Un chien de combat dans la fosse des baiseurs, un démon dans les entrailles des milles désirs, et les musiques n'aident pas, certaines incitant les filles à se rapprocher, et pas que les filles. Trop de monde. Il se faufile entre les corps, certaines mains l'effleurant , mais il s'en fout , il a l'habitude. Sans compter qu'il crève de chaud.  Chemise noire ouverte, jean, la pudeur n'est pas dans ses mœurs et ses tatouages ne sont plus un secret. Chacun parle d'un morceau de ce qu'il est. Un jour, il dépassera tous ces visages qu'il porte. Un jour, il sera au dessus jusqu'à toucher les dieux, mais pour l'heure, il a besoin de pisser. Une fille s'accroche à son cou, et il lui sourit. Celle la, il a dansé avec tout à l'heure, et pas vraiment un truc chaste, mais elle est pire que dérouillée là. Il n'y foutra pas son matos, c'est mort. Il tient suffisamment l'alcool pour ne pas paraitre complètement clochard, pas comme elle. Il la laisse se vautrer sur une banquette et un de ses potes vient la ramasser.

En parlant de pote, il est venu seul. Pourquoi? Parce que. Quoi , c'est mal de sortir seul? Il n'est obligé de ramener personne, peut suivre qui il veut , peut finir la nuit dans la voiture, et il n'a pas de copines, qui tiennent pas l'alcool, mais veulent jouer aux grandes, collées à ses bask et qui demandent à leur "super-pote-du-soir-parce-que demain-elles-détesteront-de-nouveau" de les porter et de les ramener chez elles, avec le risque que leur père lui tire un coup de fusil à pompe dans le cul. Donc oui, il sort seul ce soir, il n'a pas la patience pour paraitre bien élevé et sociable. Sa dernière despé à la main, il passe le long d'une allée blindée de couple qui se glutent et se tripotent aussi bien que des ados en chaleur. Son regard ne vire même pas dessus. Il passe et n'en a rien à foutre. Pour lui, ces scènes sont sans intérêt et d'un vulgaire tellement ordinaire. Quitte à s'envoyer en l'air, autant le faire bien , et loin de tous ces cons. Et que ça ne dure pas dix minutes. Clope au bec, il pousse la porte des chiottes pour mecs et se prend de la flotte dans la gueule. Ah merde, c'est les nana ici. Il se regarde une seconde, u peu trempé, s'assurant que ce soit bien de l'eau, et une fille éclate de rire, en venant foutre ses mains mouillées sur lui. Étonné, il la regarde avec un sourire en coin et sa copine se ramène aussi. Pas mal du tout... Il ne se fait pas prier pour ôter sa clope et recevoir un baiser. Ok... Les deux? Ouh... Le gros lot. Il parle à l'oreille de l'une, qui affiche un grand sourire et fait oui de la tête. Il bifurque vers la bonne porte des chiottes à reculons en se mordant la lèvre, les yeux brillants. Jolie perspective... Il leur a laissé sa bouteille avant de refermer la porte et de se diriger vers la zone de vidange en chantant très juste quelques paroles du groupe Shaka Ponk , se foutant à coté d'un autre type, ne percutant pas qu'il l'a déjà vu à plusieurs reprises dans les fêtes de Harvard , organisé par les Mathers. Tout ça , clope aux lèvres, se tenant la queue sans aucune manière, un peu soul, dans un grognement de soulagement proche du bison âgé... Nom de dieu, il a bien cru qu'il allait exploser.