Je suis le benjamin d'une respectable, bourgeoise mais surtout royale famille espagnole dont la renommée n'est plus à faire, ma famille est d'ailleurs celle qui dirige l'Espagne depuis des siècles, je suis née à Marbella, dis Marbeya en espagnol, un jour de quatorze septembre, faisant le bonheur de mes parents et autres membres de la famille, qui ne lésinaient pas sur les cadeaux, transformant la chambre d'hôpital en salle de jouets, de peluches et de fleurs. Un joli bijou que j'était, avec mon teint assez halé, qui virait vers le doré, et mes yeux tournés vers le plafond, comme si je cherchait déjà à comprendre le monde qui l'entourait. J'ai eu une enfance des plus heureuses. Un immense domaine qui nous servait de maison, dans laquelle j'avais droit à une aile entière. Une véritable chambre de prince, des gouvernantes à mon service, une salle de jeu qui ferait rêver des tas de petits garçons, toutes les choses que je souhaitais, il me suffisait de le prononcer. C'était Noël tous les jours de l'année. Une parole, et tac, je l'obtenais. Sauf mes parents. Mais il fallait comprendre, ils étaient bien trop occupés avec leur travail, mon père était le fils du roi d'Espagne et ma mère se contentait d'être la femme du prince, elle aussi descendante d'une famille royale, celle de Grèce, la princesse en quelque sorte, comprenant ainsi tous les voyages, tous les meetings, soirées mondaines et j'en passe. Alors je devais me montrer sage, mon frère et moi, il nous était impossible par exemple de nous disputer comme deux petits garçons normalement constitués en public c'était à bannir. On m'a enseigné très tôt les bonnes manières, les façons de se comporter à table, on m'a appris à prier, on m'a baptisé. Ah ça, oui. Les Borbon, famille croyante, ils se devaient de baptiser le deuxième fils qu'ils avaient. Lors des soirées mondaines, j'était toujours un peu perdue dans mon costume, un peu trop "adulte", Oscar de la Renta, parmi tous ces adultes, sans cependant en perdre mon sourire, parce que comme maman répétait " les photographes seront là, il ne faut pas faire la tête, sinon tu ne seras pas joli sur les clichés et puis arrange moi cette mèche rebelle. " Je me contentait alors de suivre mes parents, sans oser lever la voix, ni me plaindre, toujours pressée malgré tout, de rentrer à la maison. Pourtant, je m'ennuyais souvent chez moi, seul uniquement avec mon frère dans un immense palais, regrettant alors de ne pas avoir de soeur que nous pourrions embêter à longueur de journée. Dans ces cas, parfois, Antigone ma gouvernante attitrée venait s'amuser avec nous durant quelques heures, et il n'y avait pas d'autre moment où j'étais réellement heureux.
La fortune des Borbon n'est plus à refaire. Et pour être conforme à l'image renvoyée par sa famille, j'ai toujours apporté mon soutien aux plus pauvres. Mais pas parce qu'on me l'imposait, non, mais parce que je le voulais. Un bon cœur qu'il a, le petit des Borbon, comme disaient les gens, faisant la fierté de mes parents. J'ai toujours été un brillant élève, je résolvais des problèmes de mathématique sans difficulté, connaissais l'histoire et la science, et avait une grande facilité à retenir ce qu'on m'enseignait. Un petit garçon comme en désiraient les parents du milieu social aisé. Ils ne cessaient de me complimenter lorsqu'ils m'apercevaient dans des dîners, des bals, des grandes cérémonies.
Tout paraissait parfait dans le meilleur des mondes, enfin jusqu'à ce qu'une nouvelle tombe il y a quelques annèes. Tranquillement allongée sur l'un des transats situés autour de la piscine du domaine accompagné de mon frère, lunette de soleil sur mon visage, je prenais un bain de soleil, ayant terminée mon cursus scolaire, j'étais en première année de droit à l'université la plus prestigieuse du pays. Alors que je pris une gorgée du cocktail placé sur la petite table non loin du transat, je vis mes parents bras dessus bras dessous s'approchais de l'endroit où nous étions, chose assez étrange étant donné qu'ils étaient rarement présents et à part lors des dîners, ils ne s'intéressaient jamais à ce que nous faisions ou ce que nous avions fait dans la journée ou tout autre chose. « Andres on a une excellente nouvelle pour toi ! » dis ma mère un grand sourire aux lèvres. « Raconte ! » lui répondit-il en se redressant pressée de savoir qu'elle était la bonne nouvelle. « Tu vas te fiancer avec Heaven. » lui répondit mon père extrêmement excité. Mon sourire retomba de suite, comment ça mon frère allait se fiancer avec ma meilleure amie ?! Bon il était vrai que nos familles étaient très proches mais bon pas au point de marier Heaven à mon frère, il y avait un tas d'autres princesses pourquoi elle ?! Je manquais alors de m'étouffer avec mon cocktail, mes parents me lancèrent un regard étrange. « Désolé j'ai... J'ai... J'ai avalé mon cocktail de travers ! » leur dis-je pour ma défense, je ne pouvais pas leur montrer que j'étais hors de moi par rapport à cette nouvelle, ils n'auraient pas plutôt pu me choisir moi pour me marier avec elle ?! Et puis mon frère avait l'air tout excité à l'idée de l'épouser mon dieu on aurait dit un puceau qui savait d'avance qu'il allait pouvoir baiser une belle fille facilement, je levais les yeux au ciel. « Parfait alors ! On a déjà donné notre oui aux parents de la magnifique Heaven, vous allez former un magnifique couple. » « Vous trouvez pas que c'est un peu précipité ? Enfin je ne sais pas il ne connaît même pas Heaven, enfin si mais pas autant que je la connais et j'en suis sûre qu'elle n'acceptera pas le fait d'être mariée de for... enfin d'être mariée comme ça quoi ! » « Julian tu garderas tes pensées modernistes pour toi la prochaine fois ! Me suis-je bien fait comprendre ? » Je regardais alors mon père sentant la colère monter en moi, je jetais alors le verre de cocktail par terre ce dernier se brisant en mille morceau avant d'aller chercher les clés de ma voiture afin d'aller faire un tour sinon je le savais très bien j'aurais été capable de mettre en poussière le domaine entier.
Accoudé au cadre de la fenêtre de ma chambre, je soupirais légèrement, cela faisait maintenant un bon moment qu'Heaven et mon frère Andres étaient fiancés, et malgré le temps c'était toujours aussi dur d'essayer de faire comme ci ce soit disant couple parfait était très accepté chez nos familles respectives... « Julian on t'attends tous en bas. » Heaven était à côté de la porte. « J'arrive, juste deux secondes. » dis-je en soupirant légèrement, je jetais alors ma cigarette par la fenêtre tout en refermant les volets de cette dernière, nos familles devaient sûrement nous attendre pour le déjeuner, je me plaçais devant le miroir en prenant une grosse bouffée d'air, aller je pouvais le faire. Je mis dirigeais finalement vers la porte de ma chambre pour rejoindre la belle blonde. « Prêt à jouer le beau frère parfait ? » dis-elle d'un ton ironique, elle savait que je n'étais pas enchanté par rapport à ce qu'il se passait. « Mais oui mais totalement voyons. » Je lui pris alors le bras afin d'aller rejoindre ceux qui nous attendaient avec impatiente à vrai dire vu que nous n'étions pas souvent avec eux lorsqu'il y avait une occasion de se retrouver ils adoraient passer la plupart du temps avec nous. « Ah enfin ! Notre magnifique belle fille et mon adorable fils ! » dis mon père tout sourire, même si je ne partageais pas sa joie ni celle de ma famille, je leur adressais un léger sourire en m'installant aux côtés d'Heaven, cette dernière s'étant installé juste à côté de mon frère Andres jouant alors le couple parfait, je pris directement mon verre de vin et bu une gorgée. Les employés de maison commencèrent alors à poser le repas devant chacun de nous, alors que je commençais à savourer mon entrée plus que savoureuse j'entendis ma mère ainsi que celle d'Heaven parler des préparatifs, étant donné que notre mariage était un mariage royale, il fallait prévoir d'avance tout ce qu'il fallait faire, le programme, enfin bon nous avions encore un peu de temps mais nos mères étaient tellement impatientes, j'avais tout d'un coup envie de recracher le peu de nourriture que j'avais avalé. « Heaven, j'avais pensé que tu pourrais commencer ton initiation aux traditions de la famille royale espagnole, histoire que tu sois prête pour le grand événement. » dit ma mère pleine d'enthousiasme, elle retourna alors son regard en sa direction un léger sourire aux lèvres. « Ce serait avec joie. » dit-elle à son tour avant de prendre son verre de vin en main. « La prochaine fois ramène moi un revolver que je puisse me tirer une balle. » me rajouta-elle très discrètement gardant mon sourire aux lèvres pour finalement reprendre une gorgée de vin. « Tu demanderas à ton très cher futur époux Andres de te le ramener non ? » dis-je en riant légèrement histoire de la taquiner tout en lui pointant Andres de la main.