C'est le 9 mars 1989 à Toronto, que les membres de la famille Bleeker m'ont accueilli dans leurs bras, ils m'ont prénommé Cody. Je suis un célibataire endurci et fort heureusement, mais si vous voulez tout savoir je suis strictement attiré par tout ce qui a une poitrine, la peau douce, les anglais tous les mois, autrement dit hétérosexuel (même si je ne doute pas que certains hommes peuvent avoir la peau douce et recevoir des Anglais chez eux tous les mois) et j'en suis fier. Je viens d'une classe sociale plutôt pauvre sans pour autant vivre comme un clochard. Sinon, dans la vie de tous les jours je fais des études d'économie depuis un an bien que j'entame ma deuxième première année et travaille en parallèle de mes études en tant que comptable dans la start-up d'Alexia. Et pour terminer, je fais partie des Lowell, mais la Quincy House me faisait de l'oeil au moment de l'inscription.
Cody tout nu
Yeux en face des trous, merci de vous inquiéter docteur ! Et ils sont de couleur noisette. Couleur de cheveux naturel Brun, même s'il était un adorable garçonnet blond quand il était tout jeune. Poids 80 kg de muscles. Ou pas. Taille 178 cm, ce qui fait rager Cody qui aurait aimé atteindre le palier des 180. Et c'est mon dernier mot Jean-Pierre. Style vestimentaire Décontracté, du genre à porter le même t-shirt une semaine entière, du genre à juger si un vêtement est encore portable rien qu'à l'odeur. Très glamour, n'est-ce pas ? Il se vêtit de ce qu'il trouve, en général un jean surmonté d'un pull, d'un t-shirt ou d'une chemise. Il ne se prend pas la tête avec ça, ses fringues ne font pas de lui ce qu'il est (instant philosophique du jour). Piercing Sur la ... Non non non, nulle part. Sinon ça ferait bip au détecteur dans l'aéroport et ce serait bali-balo. Tatouage Non et à vrai dire, il considère plutôt les tatouages comme un tue l'amour. Il ne pourrait jamais sortir avec une fille tatouée sur tout le corps, il aurait trop l'impression de coucher avec une bande dessinée. Cicatrice Pas spécialement, mais le jour où il fera retirer son troisième téton, il aura une toute petite cicatrice sur le torse. Sinon, il lui arrive d'avoir le dos griffé après des nuits torrides. OK, ça ne lui arrive pas souvent mais c'est une possibilité, non ?
Et sinon, dans la tête à Cody ?
► D'après le test MBTI, je suis le Champion (extraversion, intuition, feeling, perception).
JE SUIS PLUTÔT... Plutôt fêtard ou pantouflard ?Pantouflard et fêtard. Bien qu'il soit typiquement le genre de mec à rester vautré dans son canapé toute la nuit, quand il va en soirée, c'est un autre homme qu'on découvre. Il inspire la sympathie et saute sur tout le monde, et surtout sur la bière. Plutôt assidu(e) ou sécheur(se) pro ?Assidu, bien que son redoublement pourrait faire penser le contraire. Plutôt romantique ou réaliste ? Si le romantisme c'est vivre l'instant à fond, alors il est romantique. Il n'écoute pas ce qu'il est possible de faire, il écoute ce qu'il veut faire et qu'importe si ça peut paraître démentiel. Détourner un bateau en plein Summer Camp pour retrouver celle qu'il aime ? Oui, il pourrait. Il ne le fera pas parce qu'il ne sait pas tenir la barre (pas celle du navire, du moins) mais il le ferait. Plutôt sympathique ou déplaisant(e) ? Cody, sa récompense de la meilleure amitié, il ne l'a pas volé. Il est plus sympathique qu'autre chose, toujours le mot pour rire, à l'écoute quand on le lui demande. Malheureusement, à être le meilleur meilleur ami de tous les temps, les filles en oublient qu'il voudrait parfois être plus que leur pote. Plutôt altruiste ou égoïste ? Tout dépend de la situation. Il va vers les autres quand il sait qu'il peut faire quelque chose pour aider. Mais c'est un vrai Gripsou quand on parle d'argent. Là, Super Radin revient à la surface. Donc à la fois altruiste et égoïste. Plutôt extraverti ou introverti ?Extraverti, même s'il ne s'ouvre que très rarement aux autres sur lui-même, ce qu'il ressent ou sur un tas de choses concernant sa vie, il adore faire de nouvelles rencontres. Plutôt pacifiste ou bagarreur ?Pacifiste mais souvent entraîné dans les bagarres et les problèmes bien malgré lui.
JE CROIS... Aux fantômes ?oui, si un piano se met à faire de la musique tout seul au milieu d'un centre commercial parisien, c'est qu'il est possédé, on est d'accord ? À l'apocalypse ?oui, OK, les Mayas avaient tord pour 2012 ... Mais peut-être qu'ils bossent à la SNCF à mi-temps ? La fin du monde a juste un peu de retard. Aux coups de foudre ?non, l'amour, ça se travaille, ça ne te tombe pas dessus comme ça, comme par magie au premier regard. À l'amitié fille/garçon ?oui, même si Cody passe son temps à mater ses amies, à leur faire des avances et compagnie, ce n'est pas pour autant qu'il est intéressé par elles. C'est sa manière de se lier d'amitié avec la gente féminine, en faisant le con et en racontant des conneries. Aux sexfriends ?oui, on peut s'amuser sans avoir besoin d'être en couple avec cette personne. Même si cette issue semble parfois inévitable. À une religion ? le bouddhisme (si on peut le qualifier comme une religion). Cody n'a, certes, aucun Bouddha chez lui, mais il croit en certains principes du Bouddhisme, notamment la réincarnation et le karma. Il n'agit pas sans penser à son karma, se disant qu'on ne récolte que ce que l'on sème. À la magie de Noël ?non, étant papa d'une toute petite fille, il vit Noël comme dans les téléfilms qu'on regarde à la pelle au cours des vacances. À Noël, tout peut arriver. Au destin ?non, il est d'avis qu'on peut toujours modifier le cours du temps. Il est également très fan de la trilogie Retour vers le futur, ça doit être pour ça. Aux fins heureuses ?non, si ses histoires d'amour ont fini de manière catastrophique malgré toutes les parties de lui qu'il a offert à ses petites amies sur un plateau d'argent, alors ça veut dire qu'il n'y a pas de happy ending.
J'AI... Déjà fait un threesomenon, trop fatiguant. Cody n'est l'homme que d'une seule femme. Une voitureoui, la vieille BMW de sa mère. Une moto, sinon. Bois de l'alcool ahah oui. Fumenon, son foie menace de partir en Djihad s'il continue à boire autant, il ne faudrait donc pas que ses poumons aient la même idée. Prend de la droguenon. Veux se marierpas spécialement, il n'a rien contre le mariage mais il ne trouve pas que cette institution soit ce qui représente le mieux l'amour. Veux des enfantsoui, il a déjà une petite fille de trois ans et demi, Jess. Il n'en veut pas d'autres dans l'immédiat mais il adore jouer son rôle de père. C'est sa princesse, sa vie. Une maladie gravenon, mis à part un alcoolisme prépondérant. Un lourd secretoui, il a tué quelqu'un au cours du Summer Camp 2014. Mens souventnon, il est incapable de mentir. Parfois, il se contente d'omettre la vérité mais malheureusement pour lui, ça ne dure jamais bien longtemps. Beaucoup d'expérience au litoui, il n'a peut-être pas fait l'intégralité du Kamasutra mais il a eu quelques expériences. Il faut savoir qu'il ne cherche rarement que le sexe dans une histoire, mais bien souvent, les filles ne veulent lui offrir que ça. Il s'est fait une raison. Beaucoup d'expérience en amouroui, il a vécu deux grandes histoires qui ont réellement comptées. La première avec Maggie, la seconde avec Joan. Il a eu plein de petites amies en dehors de ces deux personnes. Cody est le genre de gars à ne pas hésiter à se mettre en couple. Puis la fille se rend compte que Bleeker n'est pas tout à fait le prince charmant qu'elle rêverait et le quitte. Encore une fois, il s'est fait une raison. Eu beaucoup de déception en amourdeux. Elles s'appellent Joan et Diamantika. Eu beaucoup de déception en amitiénon. De la facilité à me faire des amisoui. Des envies de meurtresnon. Peur du noirnon, y a que dans le noir où il se trouve beau. Peur de la solitudeoui, Cody ne peut pas vivre seul. De bonnes notesnon, et c'est pas faute d'essayer. De bonnes notes oui/non
« la vie est joueuse puisqu'elle sait compter les cartes mais dans ma manche se cache un cinquième as » CAMBRIDGE 2OO9 ♡ Depuis quelques mois, Cody était en couple avec Maggie. Elle était l'amie d'un ami de la sœur de l'amie du pote du cousin de l'ami … Bref, une amie. Comme dans tous les couples, il y avait des hauts, des bas, des hauts débats … Ils se disputaient beaucoup puis finissaient par se rabibocher. Dans un couple, Cody était toujours d'avis que l'homme devait dresser sa donzelle mais là, clairement, Maggie portait la culotte. Elle avait un caractère de tyran, une hargne de requin-marteau et un corps à damner un moine tibétain. Ce n'était même pas imaginable de voir à quel point Cody et elle étaient différents et pourtant, si complémentaires. Dire qu'ils ne partageaient rien serait une erreur. Ils avaient tout de même inventé LE code couleur ; code rose 'je t'aime', code rouge 'j'ai besoin de toi', code bleu 'y a plus de PQ'. Et ça, ça avait sauvé la communication dans leur couple. Mais un jour, lors d'une soirée pantoufle sur le canapé, Maggie lâcha à son homme ; « Je crois que je ne t'aime pas. » Comme ça, relax, take it easy, elle aurait pu dire 'j'ai envie de pisser', ç'aurait été pareil. Puis, à Cody d'enchérir avec la même nonchalance ; « Moi non plus. » Ils ont rompu ce soir-là. Après avoir couché ensemble car on fait TOUJOURS l'amour une dernière fois. CAMBRIDGE 2O1O ♡ Cody s'est réveillé un matin dans les mêmes draps, dans le même lit, a mangé les mêmes céréales, s'est gratté ses fesses de Beyonce au même endroit … Rien ne laissait penser que cette journée serait différente des précédentes. Driiiing, driiiing, driiiing. La sonnette de la porte. Fuck. Il attendra. Cody avait du blé complet plein la bouche et il y avait Pokemon à la télé. Donc dans l'ordre de ses priorités, son petit déjeuner passait AVANT le relou de la porte. Il fit donc le mort quelques secondes, s'empêchant même de mâcher ses céréales pour ne pas éveiller les soupçons. Driiiiing driiiiing, driiiiing boum boum boum. La personne ne démordait pas. Maintenant, elle allait défoncer la porte quoi. Bleeker se sentait comme les Troyens, il savait ce qu'ils avaient vécu, cette dure épreuve que fut le siège de leur ville. Il se voyait déjà vêtu de son costume d'Alexandre le Grand, une cuirasse en métal sur son torse bombé, ses espadrilles en cuir, son glaive au ceinturon, ses cheveux au vent … « CONNARD ! Ouvre cette porte ! Je sais que tu es là ! Y a Pokemon à la télé ! » Maggie ?! Ses Chocapics lui tombèrent de la bouche. Il soupira. Ça faisait un mois qu'ils avaient rompu et non, il ne déprimait pas. Mais ils ne s'étaient pas vraiment reparlés. C'est vrai qu'ils avaient fait une bataille de pokes sur Facebook il y a quelques jours mais pour Cody, ça ne signifiait rien. Alors pourquoi Maggie revenait comme ça ? Peut-être se rendait-elle compte qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui ? Oui, ça devait être ça. Cody Bleeker est inoubliable. Il ouvrit la porte avec un grand sourire et Maggie lui sauta littéralement au cou, l'embrassant chaudement sur le front avant de s'introduire dans la casa Bleeker en furie. Elle ne lui laissa pas une seconde de répit pour digérer son entrée. « Saluuuut Cody ! Hey, tu devineras jamais quoi … Et ben j'suis enceinte ! De toi en plus ! Félicitations papa ! » Et elle l'enlaça de nouveau. On est quel jour ? Le premier avril ? Pas du tout en fait. « Je ne veux pas l'élever seule ... » murmura-t-elle en tenant fermement la tasse de chocolat chaud dans ses mains. Comme face à un miroir, Bleeker faisait la même chose, le dos légèrement recourbé. Il n'en revenait pas de ce qu'il venait d'apprendre. Lui ? Papa ? Non mais vous avez vu le caïd ? Il ne travaillait pas, il passait cinq heures par jour sur sa console ou devant la télé, il avait une collection de vaisseaux Star Wars miniatures dans sa chambre et sur sa housse de couette était dessiné Pikachu. Cody Bleeker était un enfant qui allait avoir un enfant. Il fallait qu'il réalise ce que ça signifiait. Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression qu'il avait la possibilité de faire quelque chose de bien. Il faut grandir un jour, non ? Il ne lui fallu pas beaucoup de temps pour réfléchir. « Je vais t'aider. » affirma-t-il en se mordillant l'intérieur de la joue. Il le ferait, évidemment, il n'abandonnerait pas son amie. Certes, ils étaient sortis ensemble mais il n'y avait jamais vraiment eu d'amour, il la considérait comme son amie. Une amie relou, mais une amie quand même. « Je vais t'aider. » répéta-t-il en posant chaleureusement ses mains sur celles de Maggie, un sourire aux lèvres. « Tu seras jamais une mère parfaite, je serai jamais un père parfait mais à nous deux, on sera les meilleurs parents du monde. Tu verras. On est une équipe. Magdy for the win. » Le lendemain, il vendait sa collection Star Wars et emménageait chez Maggie. CAMBRIDGE 2O13 ♡ CLAC. Encore un vase cassé. Ce n'était que l'énième porcelaine qu'elle brisait au sol. CLAC. Encore un. Ouais, bon, faites preuve d'imagination ; si je vous dis que c'est le bruit d'un vase cassé, alors c'est le bruit d'un vase cassé, ne cherchez pas une porte ou le claquement d'une gifle, bande de perfectionnistes absorbés par la société qui vous incombe. Ce genre de discours, Cody le tenait à l'égard de son ex petite amie. C'était d'ailleurs en partie ce que Maggie lui reprochait, en partie parce qu'en réalité elle lui reprochait des dizaines et des dizaines de choses. « Tu peux t'énerver autant que tu veux, tu peux démolir la moitié de la maison, mais sérieux, ça c'était LE vase à ne pas casser, celui de ma mère ! » La brunasse n'en avait que faire de la valeur sentimentale d'un pot de fleur. D'ailleurs, pourquoi avaient-ils des pots de fleurs dans cette baraque ? Avez-vous déjà vu ne serait-ce qu'une seule fois une fleur dans cette maison autre part que sur le rouleau de papier toilette ? La réponse est non. Elle poussa un soupir qui en disait long avant d'exploser une fois de plus ; « Ta mère, ta mère … Mais putain, retournes-y chez ta mère ! T'es qu'un gamin Bleeker ! Tu joues à ta console, tu bois, tu sors, tu gueules comme un marchand de poisson quand y a un match de foot … Blee t'as presque vingt-quatre ans et tu te conduis comme un gosse. T'as déjà songé à ne plus vivre au crochet de ta mère ? Hein ? Trouves-toi un job putain. Un vrai. Tu crois que tu donnes quel exemple à Jess, à picoler comme un trou sur le canapé ? Y a même la marque de tes fesses dedans et POURTANT les coussins ne sont pas censés être à mémoire de forme. » Jessica, la petite tête brune dans la chambre voisine, était sa fille. Leur fille. La chair de sa chair. Elle était tout pour lui. C'est vrai qu'il se trouvait misérable, c'est vrai qu'il ne faisait rien de sa vie, c'est vrai qu'il n'avait, en fait, aucun but dans la vie. Oui, il n'était rien, si ce n'est qu'un père aimant. C'est vrai qu'il n'était pas bien en ce moment. Joan venait de le larguer comme une merde, il ne savait même pas pourquoi. Il se sentait dévasté de l'intérieur, sa consommation d'alcool avait peut-être légèrement augmenté ces dernières semaines mais ce n'était pas alarmant, si ? Puis on s'en fout. Il n'avait rien trouvé de mieux pour lui donner ne serait-ce que l'illusion d'être heureux. Heureux, il ne l'était pas. La femme de sa vie s'était barrée sans raison, son ex le saoulait, seule sa fille lui amenait un peu de joie dans cette vie de merde. « Jess va bien, tout va bien. Y a que toi qui t'énerve ! » Non mais c'est vrai quoi, puis l'excuse des ragnagnas ne marchait plus ; si chaque fois qu'elle se foutait en boule elle mettait en cause son cycle menstruel, alors ce n'était plus la mer rouge mais carrément un tsunami. Berk. Rien que de penser à ça filait des nausées à Cody, lui qui voyait toujours les nanas comme des princesses toutes propres, incapable même d'émettre le moindre gaz. C'était un truc de mec ça, pas de femme. Ils avaient le monopole de la saleté et de la mauvaise tenue, un point c'est tout. Bref, cela ne suffit pas à calmer Maggie qui s'acharna de plus belle et cette fois-ci, sur le deuxième bébé de Cody ; sa PS3. Elle l'arracha, fils, cordons et prises y passèrent, avant de l'envoyer valser au travers de la pièce. Le sang de Bleeker ne fit qu'un tour avant qu'il hausse le ton de sa voix, pour ne pas dire qu'il parle à Maggie comme s'il parlait à son chien ; « Mais t'as fait quoi là ? T'as fait quoi là ? Tu vois ce que t'as fait là ? » Vous pensez que les ch'tis à Petaouchnok-les-Oies sont bourrés de clichés ? Bah tiens. Regardez Cody ; torse bombé, les bras en arrière comme un piaf qui prend son envol, les phrases répétées, la voix de loubard qui accompagne bien l'ensemble … Cody était un ch'tis au fond de lui. Triste prise de conscience. « Ce sont MES affaires, tu comprends ? MES affaires. » Sur la défensive, elle répliqua ; « Oui mais c'est MON salon. MA maison. D'ailleurs c'est MA fille. T'es rien pour elle. Ouais, t'as planté la graine, mais l'arbre il a poussé tout seul, il n'a pas eu besoin du jardinier pour prendre racine. J'pensais qu'avec l'âge tu avais changé … Mais nan. Ça fait trois ans qu'on vit comme ça, ensemble mais sans l'être et moi j'en peux plus. Barre-toi. Prends tes affaires. Casse-toi. » Pourtant pas un grand sensible, les larmes de Bleeker lui montèrent aux yeux. Par fierté, il prit la peine de récupérer sa console de jeu avant de partir avec sous le bras. Mais il n'abandonnait pas. Non, jamais. Ce petit vent frappait sa peau, accompagné de cette brume légère qui dissimulait les gratte-ciels sous un voile flou. Les embruns de la mer parsemait le visage d'un Cody pensif, assis sur ce muret de pierres. Il n'avait pas dormi de la nuit. Lui qui fuyait sans arrêt le conflit s'en était pris un en plein dans la figure la veille et au fond, il priait pour que ce soit fini. Le conflit hein, pas son 'amitié' avec Maggie. Même si, soyons honnête, la seule motivation qui le poussait à garder contact avec elle était Jess, juste Jess. Ayant passé la nuit dehors, il avait toujours sa PS3 en miettes à côté de lui, en guise de fardeau. Plus jamais elle ne lirait GTA V, en plus elle était trempée, elle devait avoir froid, bref totalement inutile. Mais bon. Il ne réfléchissait plus, tout convergeait vers sa fille que Maggie menaçait d'envoyer loin, très loin de lui. Il devait parler à Maggie. Enfin, elle arriva. Il ne put passer à côté de sa démarche visiblement déterminée. Perchée sur ses hauts talons, les cheveux ramassés, tirée à quatre épingles, on sentait le rendez-vous d'affaire … Ou le départ. Qu'allait-elle lui dire ? En fait, le suspense ne dura pas. « Tu ne reverras plus Jess. C'est fini. Je veux ce qu'il y a de mieux pour elle et tu n'es pas bien pour elle. J'ai déjà assez avec un gosse, si j'dois en supporter un deuxième alors là c'est le bout du rouleau. Adieu Cody Bleeker. Considère ça comme la dernière fois qu'on se parle. » Aussi claire que Claire Chazal dans son JT. Et le pire, c'est que Bleeker ne parvint même pas à ouvrir sa bouche. Ou si. Mais aucun son ne sortit donc techniquement, ça revenait au même. Les jours passèrent, il réfléchit. Grosso-merdo, elle lui reprochait quoi, hein ? Pas ses jeux, pas son chômage … Si, un melting pot de plein de choses. Il était peut-être temps qu'il termine sa croissance. CAMBRIDGE 2O14 ♡ Bourse en poche, inscription à Harvard terminée (merci Maman pour ton aide !), Cody entra à l'université en septembre 2013. En parallèle, il trouva un job dans l'entreprise de Jasper, le président Dunster de l'époque. Malgré ses bons rapports avec lui, il s'était tourné vers la Lowell House, bien plus conviviale à son goût et qui correspondait le mieux à ses attentes ; une deuxième famille. Pendant le premier semestre, Cody s'était tué à la tâche. Il ne savait même plus ce qui l'avait attiré dans le cursus d'économie de Harvard tant il croulait sous les théories foireuses. Qu'est-ce qu'il foutait làààà … Ah oui, il voulait prouver à Maggie qu'il était responsable, qu'il était prêt à grandir, à devenir un homme, à faire quelque chose de sa vie ! Il avait étudié 114h d'affilée avant de passer les SATs, il avait les yeux explosés, le cerveau en compote, il mélangeait même Game Of Thrones avec l'histoire d'Angleterre mais ses efforts avaient payé et, aujourd'hui, il était officiellement un étudiant de Harvard. En réalité, il s'en foutait pas mal des cours, de son job, de ses perspectives d'avenirs. Il voulait juste que Maggie ouvre ses putains d'yeux, qu'elle voit ce qu'un homme est capable de faire pour son enfant. Son objectif, c'était revoir Jess. Il avait une âme romantique. Certes, il aurait pu engager les meilleurs avocats du pays – s'il en avait eu les moyens, au pire il se serait débrouillé pour les trouver – mais il vivait sa vie comme un film et pour lui, seule son arrivée à maturité lui offrirait les portes de la prison dorée dans laquelle Maggie enfermait leur fille. Il y parviendrait. Un SMS en panique. Maggie suppliait Cody de le retrouver à l'hôpital. Déjà qu'il tremblait chaque fois qu'il recevait un message de son ex, là, son cœur fit un bon de deux cent cinquante mètres, un tour de Grand 8 et une dizaine d'Adrenalyn à la suite. Il était arrivé quelque chose à Jess. « Putain, Maggie ! Qu'est-ce que t'as foutu ? » s'écria Cody en débarquant à l'hosto, après avoir trouvé son ex en mode clocharde dans le couloir, près de la chambre de leur fille. « Je ne sais pas, je suis désolée. » souffla-t-elle à bout de force. Ce n'était pas une réponse. Jess était en danger et tout ce qu'elle trouvait à dire était 'je ne sais pas' ? Il n'en revenait pas. Et on appelait ça une mère ? La seule consolation que Cody avait en se rappelant chaque jour que ce monstre l'avait privé de sa fille était de se dire qu'au moins, elle était en sécurité. Personne ne pouvait mieux veiller sur elle que Clayton. Sauf qu'aujourd'hui, il apprenait que ses jours étaient comptés car Maggie avait été imprudente. Elle souffrait d'une malformation génétique mettant à mal ses capacités à respirer correctement. La maman était effondrée. « Tu ne comprends pas que je l’élève seule, Jess, et ça depuis pratiquement 3 ans ? Alors oui je sais tu vas me sortir le couplet que j’empêche sa fille de voir son père et blablabla mais tu es irresponsable Cody. Enfin au final peut être pas plus que moi ... » De mémoire, la dernière fois qu'il l'avait vue comme ça, c'était … Et bien, quand il apprenait qu'elle était enceinte de lui. Ça foutait un coup. Ça faisait presque quatre. Quatre ans putain. Il se les prenait dans la gueule. S'il avait su un jour que ça se passerait comme ça … Il ne sait pas ce qu'il aurait fait. « Moi, je n'ai pas la garde de Jess, t'as refusé que je m'en occupe donc assume. » Au bout d'un moment, il fallait qu'elle ouvre ses grands yeux de shootée pour se rendre compte qu'elle faisait n'importe quoi de sa vie, et surtout de celle de Jess. Priver un gosse de cet âge de son père … N'importe quoi. « Arrête de faire ta meuf, j'm'en occupais très bien avec toi avant que tu m'interdises de la voir il y a quelques mois. T'es irresponsable. Je dis pas que tu l'es plus que moi mais joue pas à la mère parfaite. » s'énerva-t-il à son tour. Il pouvait se renvoyer la balle comme ça encore loooongtemps. Cody ne fatiguerait pas ! Et finalement, Maggie déclara forfait. « Je pense que tu devrais avoir la garde de Jess. » Il récupérait sa fille, Maggie sombrait. À croire qu'ils vivaient tous les deux sur la même balance mais pas sur le même plateau. Aujourd'hui, Bleeker a deux personnes sur qui veiller ; Jess, pour qu'elle grandisse bien et Maggie, pour éviter qu'elle ne se détruise. Un enfant a besoin d'un père et d'une mère, on n'a pas le droit de l'amputer de l'un des deux.
« j'ai encore le goût de nos nuits blanches sur mes lèvres » CAMBRIDGE 2O12 ♡ TI-MING. Timing. Un mot pour certains, un cauchemar pour d'autres. Les autres s'appellent Joan et Cody. Ou Joady. Dans cette histoire, ils étaient deux. Elle, la future astrophysicienne, étudiante modèle à Harvard, toujours bien peignée, la tête dans les étoiles. Lui, le père célibataire dont le profil Facebook affichait une situation amoureuse compliquée, des rêves plein le crâne et de l'amour à donner à la pelle. Cambridge. Qu'elle était petite, cette ville, pour que ces deux personnes finissent par se tomber dessus. Cody ne se rappelait plus très bien de la rencontre, rien de plus banal qu'un café renversé sur une terrasse, certainement. En revanche, il se souvenait de chaque regard posé sur lui, de ses lèvres pulpeuses contre lesquelles il aurait bien pu crever, de ses yeux rieurs remplis de petits bulles qui pétillaient de bonheur comme un Perrier, de sa peau si douce constellée de centaines de grains de beauté, de ce corps qu'il connaissait des seins aux chevilles, en passant par sa frange de poney. Il était amoureux d'elle, ils étaient amoureux. Ils se connaissaient par cœur. Elle était parfaite. Il se demandait encore comment une fille aussi normalement constituée qu'elle avait pu craquer pour lui et également accepter sa situation. Sortir avec un mec qui a un enfant, passe encore, mais sortir avec un mec qui a un enfant et qui vit chez son ex ? Qui aurait pu ? Ils sortaient ensemble depuis un an et Cody Bleeker se voyait déjà finir ses jours avec Joan Lindley. Elle avait un patronyme à coucher dehors mais si c'était pour coucher dehors avec elle pour l'éternité, alors oui, Cody l'acceptait. Elle était la femme de sa vie. Il ne voyait qu'elle. Il n'y avait qu'elle. Joady, pour le meilleur et pour le pire. CAMBRIDGE 2O13 ♡ « Je m'en vais Cody. » annonça-t-elle, les lèvres tremblantes. Son homme était en face d'elle, avachi dans le canapé de son ex. Son ex. Ah, si seulement elle était restée son ex. Il haussa un sourcil et leva le nez vers elle, un sourire aux lèvres ; « Tu vas où ? » Pas que ça l'intéressait, mais il faisait comme si. Il avait compris comment fonctionnaient les femmes et Joan en particulier ; elle adooooorait parler d'elle. Mais elle parlait en messages codés, c'était rarement parfaitement clair en réalité. Mais il y a longtemps que Bleeker avait réussi à dompter ses mots. Il faut dire qu'ils étaient plutôt de bons partenaires dans ce tour de passe-passe. Mais ce jour-là, elle n'aurait jamais pu être plus claire. « Je te quitte. C'est fini entre nous, peut-être que ça n'aurait pas dû commencer, c'est ... » Ses doigts tremblaient, ses bras tremblaient, ses épaules tremblaient, ses yeux s'irritaient … Elle allait pleurer. Départ imminent de la navette Gros Chagrin d'amour, dans trois, deux, un ... Bouuuum. Elle se retourna alors qu'il se leva pour se rapprocher d'elle, baigné dans l'incompréhension. « Joan, je … Non … Non, tu ne peux pas me quitter, tu ne … Tu m'entends, tu ne peux pas ... » Il tenta de lui attraper le bras pour l'attirer à lui, déverser toute sa chaleur sur Lindley mais en vain, elle fit plusieurs pas en avant avant de se précipiter carrément vers la sortie. Bleeker piqua un sprint. Il se souviendrait toujours de cet après-midi ; il pleuvait des cordes. La frange de Joan frisa instantanément et le t-shirt blanc de Cody se transforma en une fine pellicule le protégeant nullement des intempéries. « Lindley ! Je t'en prie ! Reviens ! » s'écria-t-il. Il parvint à choper le pan de sa robe, l'obligeant à lui faire face. Il attrapa ses poignets. Merde, il pleurait à son tour. Les garçons ne pleurent pas, ils n'ont pas le droit, les garçons sont censés être forts et essuyer les larmes de la fille qu'ils aiment. Non, le vrai garçon ne fait même pas pleurer la fille qu'il aime. Cody échouait lamentablement. Il n'était peut-être pas un vrai garçon. Alors il pleura. « Tu peux pas t'casser Joan, tu peux pas, tu peux pas m'laisser, j'fais comment sans toi ? Je t'aime Joan. Putain. Tu vois comme je t'aime ? Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce q... » Comme un enfant désemparé, il tenta de la prendre dans ses bras. Vainement. Elle lui cracha au travers de la figure, elle cracha littéralement en fait. Il pleuvait donc les gouttes d'eau additionnées à ses larmes avaient un effet essuies-glaces sur tout ce que pouvaient lui lancer Joan. « Tu me dégoûtes, Bleeker. » Et elle partit. Il ne pigeait pas. Il était paralysé, tétanisé, triste, dégoûté, détruit. Il se sentait comme un soldat de plomb, incapable de bouger et trempé jusqu'aux os, tandis qu'il était contraint à regarder le spectacle de la silhouette de sa petite amie qui disparaissait dans la longue ruelle face à lui. Il avait le cœur à vif, il souffrait, il aurait aimé qu'un loup-garou sorte de nulle part pour le lui arracher avec les crocs tant ça douillait. Son seul réconfort ; l'alcool. Bourré, c'était le seul moment où il ne pensait pas à Joan. Elle hantait ses pensées. Elle les hante toujours. CAMBRIDGE 2O14 ♡ Depuis son entrée chez les Lowell à Harvard, Cody s'était lié d'amitié avec le président de l'époque, Aidan Norrington. Ce dernier, préoccupé par le célibat récalcitrant de son colocataire de chambre, décida qu'il était temps qu'il sorte, qu'il rencontre des gens, des filles, bref, qu'il amène son Cody Junior au cirque avant qu'il en oublie ce que c'était de voir le loup. Il organisa un rencard … Dans un bar gay. Merci Aidan. Bleeker ne s'en rendit compte qu'au cours de la soirée. Toujours est-il qu'il se prépara minutieusement pour rencontrer la demoiselle que le président n'avait pas arrêté de lui vanter. Belle, drôle, intelligente … Le jeune homme s'y voyait déjà. Vélo, bus, taxi, Cody arriva à son rendez-vous avec un léger retard. Comme d'habitude, quoi. Il s'était fâché avec la ponctualité il y a quelques temps de ça. De l'autre côté de la rue, elle était là. Son visage était dissimulé derrière sa chevelure brune tandis qu'elle semblait chercher quelque chose dans son sac. Cody fit un pas, deux pas, trois pas, traversa la rue, quatre pas … Le pas de trop. Elle leva les yeux vers lui. « Hum il semblerait que je sois ton... rencard de ce soir. » Les voilà au comptoir. Le hasard avait un putain de sens de l'humour. Cody se mordillait tout ce qu'il était humainement possible de se mordiller dans la bouche. Il enchaînait grimace sur grimace, soupir sur soupir. Il se trouvait face à Joan, après un an d'absence. Youhou, voilà un an qu'elle l'avait largué sans qu'il ne sache pour quoi et depuis cet instant, plus rien n'allait dans la vie de Bleeker. Son ex l'avait jeté dehors, il ne voyait plus sa fille, il était retourné vivre chez sa mère … Mais quel anniversaire ! Où sont les bougies ? À défaut d'avoir le gâteau, le Lowell se rattrapait sur les verres qu'il enchaînait comme du petit lait. « Tous les deux... On allait bien finir par se recroiser. » finit-elle par dire pour briser le silence. Il l'observait du coin de l'oeil. Elle était encore plus belle aujourd'hui qu'elle ne l'était à leur rencontre. Et elle était vraiment, vraiment, vraiment très belle à leur rencontre. Il se battait avec lui-même pour rester digne même s'il avait juste envie de l'insulter. Puis de chialer. Puis de la prendre dans ses bras. Puis, pourquoi pas, de lui faire l'amour dans ce bar. Mais il y avait trop d'hommes dans ce bar, à croire que cet endroit était exclusivement réservé aux humains armés d'un zboub. Difficilement mais sûrement, il parvint à formuler sa question. Il approchait de la vérité. « Si tu savais qu'on se recroiserait un jour, pourquoi t'es partie comme ça ? » Il ne savait plus s'il voulait connaître la réponse … Quoique si, il la voulait vraiment. Pire que l'absence ; le silence, l'ignorance, l'attente, l'anéantissement de toute confiance en lui. Voilà ce qu'avait causé cette rupture sur le plan psychologique, un plan parmi tant d'autres. La réponse semblait avoir du mal à sortir, Joan balbutiait, butait sur chaque mot. « Je... Je ne pouvais pas rester même si... pas si vous... couchiez encore ensemble. » Hein ? « Je couchais avec qui ? Tu penses que je te trompais ? » s'exclama Bleeker en tapant du poing sur la table. Aieeeee, il s'était fait mal, ce con. Paye ton effet théâtral. Il massa douloureusement sa paume. « Oui ! Enfin oui, oui je pense que tu m'as trompée. Enfin, je crois, je sais pas. Mais ça avait l'air tellement vrai dans sa bouche, c'était la mère de ta fille, tu peux comprendre que j'y ai cru hein ? » AHAHAH. Cody sombra dans un éclat de rire qu'il ne parvenait pas à retenir. Mais c'était nerveux. En réalité, il ne voulait pas rire, il voulait chialer. Joan Lindley était la seule meuf au monde à croire Maggie. Pire que ça, à croire Maggie quand elle disait qu'elle couchait avec Cody. Non mais oh, elle les avait vu ensemble, elle les avait vu se faire la guerre, s'envoyer bouler, se critiquer sans cesse, elle avait vu que la seule raison qui poussait Bleeker à encore lui parler était Jess ? Joan était naïve. Vraiment. « Elle me disait avec un tel aplomb que tu … enfin vous... tous les deux... et moi je t'aimais. » Menteuse. Elle ne pouvait pas dire ça. Pas après lui avoir brisé le cœur comme elle l'a fait, pas après l'avoir piétiné, pas après son long silence. OK Cody n'avait jamais cherché à la contacter mais en même temps, sa disparition ne lui avait pas laissé penser qu'il avait encore une chance avec elle. Ils pouvaient se renvoyer la balle encore longtemps comme ça. Et il le fit. Tout le long du rencard. Jusqu'à ce que Cody commette l'irréparable. « Tu sais très bien que je t'aimais, tu n'as pas le droit de dire l'inverse ! » s'écria Joan, les nerfs en pelote. « Et toi tu n'avais pas le droit de me quitter, tu n'avais pas le droit de m'abandonner comme ça. Tu ne laisses pas un chiot sans surveillance au bord de l'autoroute, tu ne laisses pas non plus un Bleeker sauter à l'élastique sans élastique, sans trampoline, sans tapis de gym, sans rien. À quoi ça sert d'inventer des règles du jeu maintenant alors tu n'as pas été foutue de les respecter il y a un an ? T'es partie, mais c'est moi qui ai perdu. C'est moi qui suis retourné à la case départ, seul, sans même toucher la paie comme au Monopoly. T'as triché Joan, t'avais pas le droit de faire Game Over avant la fin. » Leurs visages étaient si proches, Cody jurait pouvoir sentir son souffle contre sa peau, il jurait qu'il partageait cet air chaud entre leurs deux corps. Il respirait de nouveau Joan, il vivait Joan. Ça faisait peur mais putain, qu'est-ce que ça faisait du bien. Elle parlait, parlait, parlait. Il buvait, buvait, buvait. « Soit on arrête ça, on se dit au revoir, et on se revoit dans un an, au risque de recommencer et de reposer la même question. Soit on arrête ça, on se revoit, demain, la semaine prochaine, ou pour ton anniversaire. En amis, enfin un truc comme ça quoi. Soit on ne se revoit plus jamais, je te cherche pas, tu me cherches pas, et on coupe définitivement les ponts, soit on continue, au risque de s'embrasser et de replonger. » Du Joan. Du vrai, du pur. « Bordel, tais-toi, tu me saoules. » Son visage entre ses doigts, il l'embrassa, il l'embrassa comme il aurait aimé l'embrasser il y a un an sous cette averse qui l'avait transformé en eau. Joan recevait un an de baiser dans une seule étreinte. Ses bras s'aventurèrent dans son dos, scellant leurs corps pour quelques secondes durant. Sa frange chatouillait son front et il jurait sentir sa respiration se saccader au fur et à mesure que Bleeker pressait ses lèves contre les siennes. Du Cody. Du vrai, du pur. Il lâchait prise. Il lâcha Joan. « J'ai un rendez-vous. » Il se cassa. Elle cria son nom, il ne se retourna pas. Connard de baiser. Connard de sentiment. Il l'aimait toujours, sa Lindley. Rien qu'un baiser. Ce n'était rien qu'un baiser. À présent, il fallait le justifier. Joan s'en chargea en invitant Cody trois semaines après dans le parc de Harvard. Grand moment de stress. Ça s'engueula rapidement, ça se provoqua, Lindley alla même embrasser un inconnu qui avait bouffé de la réglisse – alors qu'elle détestait la réglisse – juste pour faire chier Bleeker qui prétendait que ce n'était qu'un baiser. Alors la question tomba. « Qu'attends-tu de moi ? » Il était paralysé face à ses grands yeux qui le fixaient sans sourciller, elle ne démordait pas. Qu'attendait-il d'elle ? Elle l'avait brisé. Elle l'avait brisé il y a un an et plus rien n'allait, plus rien du tout. « T'avais pas confiance en moi Joan. Tu es partie. Maggie est partie. Donc Jess est partie. T'as été la première à t'écrouler, le premier domino d'une longue fresque de domino, la première carte d'un château de cartes géant, le premier étage ballant d'un Tower Block, un super bonbon dans Candy Crush. Sauf qu'au lieu de me faire gagner la partie, le super bonbon quand il a explosé, il a tout emporté sur son passage. T'as tout emporté sur ton passage et tu vois, c'est ça le problème Joan ; tu peux m'emmener tellement loin, à des niveaux que je ne pensais jamais atteindre de moi-même. Mais malheureusement, tu es aussi capable de me mettre plus bas que terre en un claquement de doigt, à m'étouffer sous d'énormes carrés de chocolat et depuis, j'avance plus. Je piétine, j'suis en plein Cotton Eye Joe dans ma tête. J'avance pas, tout se répète, tout se suit et se ressemble. J'peux pas te lancer la première pierre mais il n'empêche que dans ce conte de fée, tu as été l'élément perturbateur. Et l'histoire se termine ainsi ; Bleeker perdit sa copine, sa fille, retourna chez sa mère et n'eut jamais de beaux enfants car personne ne veut d'un crétin. » lâcha-t-il en une seule traite. Le souffle coupé, il ajouta tout de même. « Donc à la question 'qu'est-ce que j'attends de toi', désolé mais je ne peux pas répondre. Voilà le topo ; c'est Jess mon Eldorado, c'est elle que j'attends. » Sa fille. Sa princesse. Il ferait tout pour la récupérer. « Même si je conçois assez difficilement tirer un trait sur toi. » Peut-être était-ce la phrase de trop, mais il ne concevait tout bonnement pas de la garder pour lui. Ils décidèrent ensemble qu'ils ne se mettraient pas ensemble. Qu'ils se verraient, mais qu'ils ne parleraient pas de relation. C'était le mieux à faire. Question de timing. Cody récupérait Jess et il récupérerait Joan par la suite. Ça devait fonctionner comme ça. Ça aurait dû fonctionner comme ça. SPRING BREAK 2O14 ♡ Il ne savait pas trop comment cela se fit, comment cela fut possible, mais il percuta Joan. Parmi toutes les personnes présentes ici, au Spring Break, et malgré son exode du feu de camp à une fête improvisée, la seule qu'il percuta fut son ex. Son ex avait qui les contacts restaient froid depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus, sinon c'est pas drôle. Dans la collision, elle tomba à terre et Cody se baissa sur le champ et arracha son chapeau de sa tête pour le mettre au sommet du crâne de Joan. « Pardon, pardon, pardon ! Tiens mon chapeau, j'espère que tu me pardonneras ! C'est mon anniversaire ! » Bonne excuse, en effet. L'alcool se mélangeait avec ses sentiments, entraînant un besoin inconsidéré de la prendre dans ses bras. Il l'enlaça, il mettait ça sur le compte de sa cuite de toute façon. Pendant quelques minutes, ils rirent, ils déconnèrent, leur discussion était aussi cohérente qu'un Kamoulox. Du Joady. Comme au bon vieux temps. Pourquoi avaient-ils besoin de l'alcool pour se sentir juste bien ensemble ? Telle est la question. Sauf que ça dérapa. « Oh, et j'ai réglé le problème Jess. J'ai un pote qui a réussi à me faire entrer chez Maggie et j'ai pu la kidnapper. » Cody, élu meilleur papa du monde. Le mec, il kidnappe sa propre fille. Pour gagner un peu de crédit, il s'empressa d'ajouter ; « Juste une heure, j'suis pas un ouf. Et du coup, j'ai eu une idée de plan d'action contre Maggie. Tu pourrais m'aider, tu peux même demander de l'aide à tes amis spéciaux car plus il y a de bénévoles, mieux c'est. » Franchement, il ne pensait pas à mal. Il parlait, parlait, parlait, un flot de paroles totalement incontrôlable se déversait hors de sa bouche et habituellement, ça le rendait plutôt mignon. Mais Joan le prit mal, mais vraiment très mal. « Oui je leur proposerai et tu n'auras qu'à dire à ta petite amie de venir. » Elle savait pour Jezobel. Merde, comment elle le savait ? Qui avait vendu la mèche ? Techniquement, elle n'était pas sa petite amie. Il ne savait pas ce qu'ils étaient, ça s'était fait tout seul … ça se faisait. Il tenta de rattraper le poisson mais en vain. Le verdict tomba. « Tu sais que depuis le début tu la cases partout dans la conversation alors qu'il y a un mois, deux semaines je sais plus, tu m'as dit que tu n'avais pas de temps à me consacrer parce que tu étais trop préoccupé par ta fille ? Apparemment puisque tu l'as revu tu as assez de temps pour les autres. Enfin pour elle. Jezobel. Joli prénom, vraiment. D'ailleurs je pense que c'est la plus apte à t'aider sur ta mission Jess là. Si tu veux parler d'elle, parles-en avec elle. Je pensais que tu aurais un chouilla plus de tact. Tu vois comme on était ensemble avant. » Cody, jugé coupable d'être un gros con. Bad timing, really bad timing. Surtout qu'au final, Cody, Jezobel … Elle disparut dans la nature au moment où Bleeker s'attachait à elle. Soit, ça commençait à devenir une habitude. BAL DE PROMO 2O14 ♡ « Quand, quand on a commencé à se voir, je me disais que ça ne durerait pas, pas mon genre et tu n'avais rien de mes anciens copains, en fait j'étais à côté de la plaque, c'était parfaitement toi qu'il me fallait. Je crois que mon genre de mecs c'est Cody Bleeker. » Ne dis pas ça Joan, s'il te plaît, pas maintenant, pas après tout ça, pas maintenant ... Cody suppliait intérieurement Joan de se taire. Il ne pourrait jamais être plus amoureux d'elle qu'il ne l'était à ce moment-là. Il l'aimait putain, il l'aimait. Ce soir, bal de promo, Cody avait non seulement pour cavalière une sirène qui avait troqué sa queue de poisson pour des jambes de dix mètres de long (qu'il avait invité pour emmerder Joan, justement), mais il était reconnu par ses pairs grâce à ses récompenses de meilleur Lowell et de la meilleure amitié avec Jackie. Cette soirée était parfaite. Maintenant, Joan s'offrait à lui. « J'estime qu'on a une seule autre chance, la seule que je puisse supporter et je pense que tu seras d'accord … ok non, pour moi j'pense que je serai assez conne pour y revenir une troisième fois. Dans tous les cas, si j'arrive et que t'es pas là, ce sera une chance de moins. Je le vivrais comme une rupture, vraiment. » Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Quelques jours auparavant, ils s'étaient mis d'accord ; tant qu'elle sortait avec Pluton, il n'y aurait rien entre eux. Puis, quand ce sera fini, elle viendrait se ranger dans l'orbite de Cody Bleeker. Ils étaient d'accord. Elle n'avait pas le droit de bouleverser la nature des choses, elle, la scientifique, celle qui dénichait toujours une théorie foireuse pour justifier le fonctionnement des choses. Là, elle venait de commettre le plus gros désastre écologique de la planète Bleeker, le réchauffement climatique dans son cœur, les plaques tectoniques s'entrechoquaient, le tremblement de terre était imminent. Parez-vous citoyens, l'apocalypse est pour maintenant ! À présent, le siphon des toilettes tournera dans le sens inverse de l'aiguille d'une montre ! « Et moi je pense que si on est fait pour être ensemble, alors on finira ensemble. » souffla-t-il. Il le pensait réellement. Ils avaient un mauvais timing, c'est tout. Forcément, à ne pas vivre sur la même planète, il fallait s'attendre à un décalage horaire. « Tu sais, tu as peut-être raison. Ça sert à rien de se précipiter, on va se prendre les pieds dans le paillasson. Je suis sure de vouloir être avec toi, mais j'ai aussi l'impression qu'il faut que tu dois voir ailleurs, que je dois voir ailleurs. C'est que quand on aura vu ailleurs qu'on saura si on veut vraiment être ensemble, non ? Et … moi je pense que comme on est fait pour être ensemble, alors on finira ensemble. » Elle se propulsa – littéralement – sur lui pour un dernier baiser. Avant longtemps. Parce qu'il y en aura d'autres, c'est promis. Leurs lèvres toujours jointes, Cody profita d'un mince filet d'air pour murmurer après elle ; « On finira ensemble. » Ils finiront ensemble. Mais quelques jours après le bal, Cody décida qu'il ne supportait plus avoir Joan près d'elle sans pouvoir la toucher, s'obligeant à penser qu'elle n'était pas à lui. C'était trop dur. Son étoile était dans l'orbite de Pluton et Cody était un astéroïde qui voguait en évitant copieusement d'être pris dans un champ de gravité. Ils coupèrent les ponts pour le bien de tous. Il fallait que Bleeker guérisse de Lindley, il le devait. Et seul quelqu'un d'autre le guérirait. SUMMER CAMP 2O14 ♡ blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla blablabla
« j'ai eu la vie facile mais je n'servais à rien puis j'ai partagé sa peine et, aujourd'hui, je suis quelqu'un » CAMBRIDGE 2O14 ♡ Un enfant, après une mauvaise chute à vélo, pourra généralement compter sur son papa pour se relever. Un alpiniste dont un caillou s'effondre sous le pied sera sécurisé par la corde de rappel. Un lionceau, dont les pattes encore frêles ne parviennent pas à soutenir son poids, se tournera vers sa mère pour le promener par la peau du cou. Batman, qu'importe les efforts, qu'importe les Joker ou les Poison Ivy qu'il devra combattre, sera toujours supporter par Robin. Cody Bleeker ? Il a Danae Olsson. Soirée arrosée ? Cody bourré ! Il est temps de rentrer … C'est dingue comme une sur-consommation d'alcool pouvait abrutir les gens, jusqu'à leur faire oublier des réflexes simples comme regarder à gauche et à droite avant de traverser. Le père célibataire commit l'erreur de trop, le pas fatal. Trois mètres, deux mètres, un mètre … Collision. Il s'était laissé aveugler par une paire de phares et assourdir par un crissement de pneu sur la chaussée. Plus de peur que de mal. Il rouvrit les yeux, il était entier. Un peu assommé mais l'alcool y était pour plus que le pare-choc de la voiture. La conductrice sortit, il ne la connaissait que trop bien ; « Cody ! Mais ça va pas ! Tu pouvais pas regarder avant de traverser ? Qu'est-ce qu'il t'a pris ? » Elle l'aida à se relever tant bien que mal. « Tu pues l'alcool Cody, t'es pas sérieux. » Elle agrippa son bras et Cody, prenant appui sur le capot, parvint à se remettre sur pied. C'est avec sa mine de déterré qu'il lui avoua ; « Merci. Toi tu sens très bon en revanche. » Sourire crispé. « Merci. » Elle était au bout du rouleau avec lui, elle ne comprenait pas sa fâcheuse tendance à se foutre aussi mal, comme s'il y prenait plaisir, comme si c'était un jeu, comme s'il ne se rendait pas compte que l'alcool le boufferait, comme s'il ne se rendait pas compte qu'il se piégeait lui-même dans un trou béant qui l'ensevelirait avant même qu'il ne comprenne ce qui lui arrive. Danae se voulait prévenante, avenante et même face à une épave comme Cody Bleeker, elle ne baisserait pas les bras. Elle décida de le ramener chez elle, juste le temps qu'il décuve. Bien sûr, ce fut sans compter sur le principal intéressé. « Et où tu veux m'amener, bébé ? » Elle se pinça la lèvre, ignorant les petits mots qu'il pouvait éventuellement glisser. « On va chez moi. » ça ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. « Oh, c'est une proposition ? Tu fais ça parce que tu sais très bien que je ne pourrais pas résister à tes yeux de chouette. » Elle n'eut que pour réponse ; « Attache ta ceinture, s'il te plait. » Imperturbable, la Quincy. S'en suivit une répartie Bleekerienne légendaire ; « Attache-la moi. » Vous êtes encore dans la vie de Cody Bleeker, vous n'avez pas dévier dans l'adaptation de Fifty shades of Grey, don't be worried about that. Toute personne normalement constituée l'aurait gentiment envoyé bouler. Mais pas Danae. Au lieu de ça, elle lui grimpa littéralement dessus, à califourchon, elle lui foutait carrément sa poitrine sous le nez mais à part ça touuuut va bien. Ce n'était pas pour déplaire à Cody. Elle l'attacha, ils partirent. Il passa le trajet à lui faire des avances. Heureusement, Danae était maîtresse dans la discipline de prendre sur elle. Puis, ce n'était que Cody. Il n'était pas bien méchant. Lourd, mais pas méchant. Elle ne risquait rien. « J'ressemble à une épave, j'fais pitié, mais toi t'es encore là à jouer l'infirmière avec moi. J'comprends pas. » Prise de conscience nocturne. Assis sur le canapé de Danae, un verre d'eau à la main, il commençait à dégriser. Ça faisait mal. Qu'est-ce qu'il foutait là, déjà ? Bonne question. Il leva ses yeux noisettes vers Danae et esquissa un sourire empreint de reconnaissance. Il ne le disait pas, mais il la remerciait. Il la remerciait de prendre soin de lui quand personne d'autre ne s'en préoccupait. À ce moment-là, il prit conscience Ô combien il avait besoin d'elle. Le lendemain matin, au réveil, il se rendit compte de sa gaffe. Pas de la gaffe de la nuit dernière, d'ailleurs, il ne se rappelait de pas grand-chose, si ce n'est qu'avoir failli mourir sous les roues de Danae. Non. Il y a quelques semaines, il s'était permis un écart de conduite, pourtant pas habitué aux histoires d'un soir. Pourquoi fallait-il que la seule femme avec qui il ait couché depuis des mois et des mois soit la sœur de Danae ? Et pourquoi culpabilisait-il d'ailleurs ? Ce n'est pas comme si Danae et lui … Merde. « Salut Cody, moi c'est Jessie. » fit-elle avec un grand sourire. La mouise dans toute sa splendeur. BAL DE PROMO 2O14 ♡ « Ce message s’auto-détruira dans ta tête dans 10 secondes, mais je crois que Cody t’aime bien » Dorian Florès, terroriste à ses heures perdues, venant de lancer une bombe sur la planète Danae Olsson, en public, en plein bal de promotion. Il n'avait pas peur le Florès, il ne craignait pas les représailles. « M’enfin personne ne t’a rien dit, je n’ai rien dit, je ne te connais pas, on ne se connaît pas » OK, il les craignait quand même un petit peu. On ne pouvait pas lui en tenir rigueur, il revenait tout juste du parking. Pourquoi je tiens à préciser ça ? Ah, parce qu'il venait de coucher pour la première avec sa copine. Il avait toujours rêvé d'un truc hyper romantique, parce que Dorian, il ne couche que par amour, il faut que ça compte, pas que ce soit juste la friction de deux corps brûlants l'un contre l'autre. Il rêvait de paillettes, d'arc-en-ciel de toutes les couleurs, de son prénom gémi au creux de son oreilles, de souffles qui se saccadent dans une harmonie enivrante … C'est donc tout naturellement qu'ils avaient fait leur première fois dans la voiture du jeune homme, dans un parking, en plein bal de promo et oh ! Sans capote. Sinon c'est pas drôle, vous pensez bien. Bref, là n'était pas le sujet. Après un épisode comme celui-ci, monsieur pensait sûrement tout connaître de l'amour. Au point d'en retourner le cerveau de son amie. « Comment ça, il m’aime bien ? Non mais comment tu veux que je fasse semblant de rien après ce que tu viens de me balancer ? » Il but une gorgée de son punch et répondit ; « Ben ... Il t’aime bien, enfin, je vais pas te faire un dessin » Il ajouta, s'inquiétant soudainement de sa boulette ; « Mais il suffit d’oublier c’est pas si grave ? Par contre, faut que tu fasses comme si de rien était avec lui. Il me tuerait s'il apprenait ça. Je n'veux pas de malaise entre vous, tu comptes pour lui. » Démerde-toi avec ça, Olsson. Plus tard dans la soirée, elle retrouva notre ami Bleeker, fraîchement récompensé de deux awards. Pourtant, sa victoire, il la fêtait seul. Il n'avait aucune idée de là où se trouvait sa cavalière et il rentrait tout juste d'une dure discussion avec Joan. Enfin, pas si dure. Il avait de l'espoir plein la tête, un sourire tatoué sur ses lèvres, sa soirée était parfaite. Il ne manquait rien. Une pièce montée parfaitement construite, digne du Meilleur Pâtissier. Il ne manquait rien … Si, une dispute avec Danae. Pourquoi, en plein bal, se sentaient-ils obligés de s'engueuler pour trois fois rien ? Il ne savait même pas comme ça avait commencé. Juste que Danae partit après lui avoir souhaité une bonne soirée. Une bonne soirée ? Non, elle ne pouvait pas s'en aller. Pas maintenant. Cody avait un tas de choses à dire, il ne savait pas quoi mais il fallait qu'il les lui dise. Vous connaissez ce sentiment ? Sans comprendre pourquoi, avoir juste envie de s'attarder éternellement avec une personne ? Normal, elle était son amie, avec ses amis on ressent toujours ça. Non ? Il lui attrapa le bras, la forçant à se retourner. « Danae, je... » bafouilla-t-il, la lèvre supérieure mobile sous la nervosité ambiante. « Quoi ? Je t'écoute. » Dernière chance, Cody. C'est le moment de décider dans quelle catégorie tu te classes : les courageux, ou les lâches. « Je ... » Puisqu'il avait beugué sa phrase sur ça, autant reprendre là où ils avaient terminé. « … N'ai pas envie qu'on se fâche. Pas pour des broutilles. Parce que si tu pars fâchée, tu reviendras plus me parler, et moi je ne ferais pas le premier pas car j'aurais l'impression de te déranger. Du coup ce sera terminé entre nous alors que ça a même pas commencé. » Voilà pourquoi, des fois, il préférait fermer sa gueule. « J'veux dire … Ahah, on ne se connaît pas depuis longtemps, ce serait con quoi, imagine qu'on loupe une occasion de devenir meilleurs amis. » ça va, il s'était bien rattrapé à sa liane ? N'est pas non plus Tarzan qui veut. « C'est pas parce qu'on se fâche une fois que ça veut dire que c'est fini entre nous. » Amicalement parlant, bien entendu. « Même si ça a pas encore commencé, comme tu dis. » Sortez les violons là. « On est mal partis pour être meilleurs amis en tout cas. » Elle pouffa de rire. Cody fit de même. « De toute manière, la distribution du rôle de la BFF est déjà faite. » Craignant que Danae lui lance son regard WTF qu'il n'aimait pas, il s'expliqua ; « Ouais, dans ma tête, ma vie est un film. Il y a un casting, des rôles, des intrigues … Et des rôles sont déjà pris, d'autres non. Là tu vois, le bal est tellement ennuyant qu'il faudra couper la scène au montage. » À part ça, tout va bien. Mais ça suscitait la curiosité de Danae et rien que pour ça, Bleeker était content d'avoir évoqué le bordel de sa tête. Au moins, ils ne se disputaient pas, Cody se surprit à s'amuser. Ouais, Danae Olsson était amusante des fois, qui l'eut cru ? « Et moi, j'ai quel rôle alors ? Tu m'as casté pour quoi ? » Question piège ? Totalement. « Je n'ai ... pas encore défini ton rôle. » Il finirait bien par trouver, il s'y attellerait dès le lendemain, quand l'effet du punch et du Martini ce sera dissipé parce que là, il racontait vraiment de la merde. Mais il y prenait goût. À raconter de la merde, hein, pas … Berk, que les scatos présents dans la salle sortent sur le champ ou se taisent à jamais. « Et sinon, c'est quel genre de film alors ? Comédie, drame, action, à l'eau de rose ? » - « … Porno. » répliqua-t-il du tac-au-tac, l'air amusé. « J'déconne. Une comédie, c'est parfait. » Toute la vie de Cody Bleeker était construite sur le modèle d'une comédie. Mais il n'avait pas encore très bien trouvé le fil conducteur, si ce n'est l'enchaînement de ses conneries, mises bout à bout ça pouvait donner le film le plus long du monde. « Tu penses qu'un jour, quelqu'un fera une vraie adaptation au cinéma ? Un peu dans le genre du Journal de Bridget Jones, sauf que là ce sera La Fabuleuse Vie de Cody. Ou un truc comme ça. J'espère que tu notes bien toutes tes péripéties dans un carnet, au cas où. On sait jamais. » Elle était à fond, la Danae. Peut-être voulait-elle prendre part à ce projet de toute une vie ? On dirait bien. « J'verrais plus, par exemple, une adaptation sur toi, sur tes exploits en Afrique pour aider des orphelins. Et moi je serais un second rôle, le gars en arrière-plan qui a beau être drôle, être le plus gentil du monde, ce sera jamais lui qui aura la fille. Tu vois où je veux en venir ? » L'histoire de sa vie ; être tout le temps reconduit en arrière-plan. Déjà, au primaire, dans les pièces de théâtre, il avait toujours le rôle de l'arbre. Le truc le plus pourri du monde. OK, tu chantes, tu danses, t'as un costume canon … Mais c'est pas toi qui embrasses la fille. Non, c'est le playboy de l'école. Et Danae se révolta. Enfin façon de parler. Elle avait l'air de ne pas trouver normal qu'il tienne ce rôle. Le rigolo, pourquoi ce serait lui qui tiendrait ce rôle ? Franchement ? « Pourquoi ce serait pas toi qui aurait la fille ? » interrogeait-elle, sourcils froncés. « Je trouve que justement, ce serait mieux. Parce que tout le monde s'attend à ce qu'elle finisse avec le beau gosse, gentil, avec les abdos en béton. Parce que c'est ce qui se passe dans tous les films à l'eau de rose. Mais là, si c'était toi, ce serait inattendu. » Elle l'a conquis. Danae César a conquis la terre de Codygetorix en deux phrases. Un record. Il la fixait, ne sachant pas s'il devait rire ou pleurer, demeurer immobile ou l'embrasser, écouter sa raison ou son cœur. Son cœur. Il avait envie d'agir. Cette conversation marqua un tournant dans leur vie. Ils avaient pris une route sans GPS et parfois, ne pas savoir où l'on va, juste lâcher prise, c'est génial. Fin de soirée, en mode clochards sur le trottoir, une bouteille de Whisky entre les pattes, Danae et Cody discutaient. Il avait relâché le nœud papillon qui ornait son cou, il pendouillait le long de son col comme les lacets prolongeant sa veste. Il avait fait un effort de coiffure, mis du gel pour se donner une contenance mais à cette heure tardive ; il ne restait plus grand-chose. C'était la bataille de Verdun sur sa tête. Maintenant, regardez Danae. Sa robe noire scintillait de mille feux, ses cheveux s'alignaient le long de sa nuque comme un prolongement de son corps. Au début de la soirée, Cody crut qu'il avait la plus belle cavalière qu'on pouvait avoir. Maxym. Oui, Maxym était magnifique, une sirène qui aurait emprunté le bracelet d'Ariel pour retrouver ses jambes. Une perle rare. Mais la beauté dépend des yeux avec lesquels on regarde. Danae n'avait rien de Maxym. Elle avait tellement plus. « Il faut quoi pour que tu te détendes, toi ? » demanda machinalement Cody, repensant à toutes les fois où ils s'étaient frictionnés ce soir. Histoire qu'il sache comment la calmer s'il faut qu'ils s'engueulent encore et encore. Et encore. Et encore. « La pluie. J'aime bien le bruit de la pluie sur les carreaux, ça détend. Faire mon jogging tous les matins. Les journées au spa, à se faire masser avec des bruits de la nature en fond. Ecouter du Lana Del Rey. Enfin bon, je vais pas continuer pendant cent ans. Qu'est-ce qui te détend, toi ? » Du Lana Del Rey ? Bien un truc de fille. La fourbe, elle lui renvoya la question. Cody s'esclaffa et baissa la tête avant de prendre une bonne rasade de Whisky. « Crois-moi, tu n'aimerais pas que je te le dise. » Ah, l'alcool. Forcément. Danae roula des yeux et bien qu'elle savait pertinemment ce qu'il répondrait, marmonna ; « Pourquoi pas ? Essaye toujours. » Essaye ? Elle voulait qu'elle essaye ? Sérieusement ? « D'accord. » Il frotta machinalement ses mains moites sur le lin de son pantalon et abandonna la bouteille entre ses jambes. Un claquement sourd agressa son tympan, bonjour la délicatesse du geste. Puis il remonta ses manches, style hého hého on rentre du boulot et il était à deux doigts de crier prêt feu partez. Il lui épargna ce couplet, histoire de garder un peu de dignité (for a while). Enfin, il se pencha vers Danae, plaquant lascivement sa main contre sa joue, sans se soucier de l'éventuel tarte qu'il pourrait se prendre dans la gueule en retour. Non, elle lui avait donné son feu vert, ça passait easy alors, comme une lettre à la poste, comme papa dans maman. Et vous savez quoi ? Une vague de chaleur le parcourut, de son cerveau au fin fond de ses entrailles, lui prouvant qu'au fond de lui, il attendait ce moment depuis longtemps. Alors il n'hésita plus et pressa ses lèvres contre les siennes, sans réfléchir. Seulement quelques secondes s'étaient écoulées entre le moment où il posa la bouteille au sol et celui où il fit le grand saut à l'élastique … Sans l'élastique. Le retour à la réalité ferait mal. Elle prolongea, oui, elle prolongea ce baiser improvisé by Cody Bleeker. Elle se surprit elle-même. Puis ses grands yeux de chouette s'ouvrirent, prenant conscience de ce qu'elle faisait. Elle embrassait son ami. Son pote. 'fin, merde, c'était Cody quoi. Elle se détacha brusquement de lui puis se leva, sa pochette sous le bras. « Je-Je vais retourner à l'intérieur, faut que je retrouve mes amis. » Et elle le laissa seul, comme un con, sur son trottoir. Moi, Danae Olsson, j'étais troublée par Cody Bleeker. 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