Ely Summers ► Eva Green

Il était une fois… C’était une formule de contes de fées, et aucune vie n’en était digne… du moins dans sa totalité. Née d’un père conférencier en psychologie toujours parti aux 4 coins du monde et d’une mère styliste généralement absente, tu grandis plutôt en présence des nounous plutôt que de la présence parentale qui te manquait. Pendant des années, tu l’as requise, sans jamais l’obtenir. Qu’à cela se tienne, tu te construisis sans elle. Ce fut certainement dès cette période, vers tes dix ans, que tu compris que tout ce que tu voulais, tu n’avais pas à l’attendre, mais plutôt à aller le chercher. Ton caractère égoïste et froid se mit doucement en place, associé à la fierté naturelle que tu tirais de la richesse de ta famille, et vous obtenez plus tard une jeune fille digne d’une reine de glace. Aucun coup bas, aucune mesquinerie ne te rebutait, du moment que cela te permettait d’obtenir ce que tu voulais. L’argent ? Tu l’avais par tes parents, qui n’avaient de toute façon que cela à t’offrir. La popularité ? Tu te la forgeas, avec une cour à tes débuts, puis seule à l’adolescence. La gloire ? Tu étais une excellente élève, tu avais un esprit aiguisé et tu travaillais suffisamment pour comprendre les cours sans trop de mal.
Cependant, tu avais un défaut, un gros même : tu ne voulais pas te poser pour mener une petite vie bien tranquille. Non, métro, boulot et dodo, ce n’était pas pour toi. Peut-être conservais-tu ces blessures de tes parents toujours absents de par leurs métiers ? Toujours était-il que tu continuas tes études, longtemps. Très longtemps même. Tu réussis même à décrocher un doctorat de neurosciences, pas surprenant de la part d’une personne qui voulait tout comprendre des humains pour les manipuler. Tu te décidas même à travailler en tant que ingénieur de recherche à New-York, gagnant confortablement ta vie, en plus de l’argent versé comme une rente par tes parents. Après tout, tu ne les avais pas déçus, ne leur faisais pas honte, ils te devaient bien ça, non ?  Mais toi… Tu t’ennuyais. En-dehors du travail, tu ne faisais pas grand-chose, hormis aller à des fêtes ou en boîte de nuit, rencontrer des hommes et les manipuler pour un soir.
Ce ne fut qu’à la mort de tes parents, six mois après ton diplôme, que tu eus le déclic. Tu touchas leur héritage colossal, et tu appris d’ailleurs par la même occasion que tu n’étais pas leur seul enfant. Enfin, plus exactement, que tu avais un frère né d’une liaison extraconjugale de ton père. Par chance, il n’était pas reconnu comme tel donc ne touchas pas le moindre centime, ce qui t’aurait sans doute donné envie de lui faire la peau. Non, en réalité, en plus du fait que cela noircissait l’image de tes parents encore plus à tes yeux, tu étais… curieuse. Envers un autre être humain. Exploit de la vie. Tu voulais le connaître, savoir s’il avait été malheureux au final dans cette situation, savoir s’il était comme toi au niveau caractère… Bref tout savoir. Tu fis faire quelques recherches avec le peu que tu avais (à savoir un nom et un prénom), et finis par apprendre qu’il étudiait à Harvard. Tes rêves d’avant te revenaient, surtout celui de continuer les études, encore et encore, jusqu’à te sentir assez bien dans ta vie pour te poser définitivement avec un boulot, une famille (peut-être) et une bonne réputation. Ta décision ne fut donc pas longue : après avoir postulé et reçu un avis positif, tu dis ton entrée à Harvard. Ce fut presque ironiquement que tu choisis deux matières qui te passionnaient : en majeur, la psychologie. C’était peut-être la spécialité de ton père, mais il semblerait que tu en aies hérité le goût toi aussi, et tu avais longuement hésité entre ça et les neurosciences à l’époque : il était donc temps de compléter tes vœux. Après tout, cela n’était, à tes yeux, qu’une autre manière de mieux comprendre les êtres humains, de manière plus… quotidienne cette fois, pour te perfectionner. Etonnement, tu ne préféras pas prendre de mineur, histoire de ne pas t’éparpiller dans plusieurs domaines à la fois. Mais nul doute que tu allais être occupée déjà, entre les cours, la recherche de ce demi-frère… et les fêtes. Tu réussis plutôt bien ta première année d’ailleurs, finissant major de la promotion, et tu feras tout pour réitérer cela en seconde année. Pour le moment, tu allais profiter de l’été à Cambridge, tu avais pas mal de choses à faire…