Partie 1 + Au commencement …
Toutes les histoires ont leurs histoires, la mienne commence le 19 février 1990 quand à 14h34 je pointais le bout de mon nez. Après presque neuf mois d’attente, mes parents avaient enfin leur petit garçon, ils avaient espérés ce moment depuis des années, pensant que jamais ça ne serait possible et pourtant oui, avec l’aide de la médecine ils étaient enfin parents. Car oui ma mère à eu beaucoup de problème médicaux l’empêchant de concevoir naturellement un enfant, mais grâce à la fécondation in vitro, tout a changé. Quelques jours après ma naissance c’est le retour à la maison, en plein centre ville de Chicago. J’y passe d’ailleurs toute mon enfance.
Très vite le fait de n’avoir ni frère, ni sœur me pesa, je me sentais seul, alors je sortais dehors pour essayer de m’occuper, et c’est comme ça par hasard que j’ai fis la connaissance de Keyla, ma voisine, elle aussi avait l’habitude de jouer dehors, alors on a fini par jouer ensemble. Très vite une complicité évidente s’est construite entre nous, et il ne fallu pas longtemps pour que Briony rejoigne le trio d’enfer. Une bande de gamin toujours prêt à faire les 400 coups, entrainé par Briony, toujours pleine d’imagination lorsqu’il s’agissait de faire des bêtises. Mais pour être honnête, elle n’a jamais eu besoin d’insister pour que je la rejoigne. C’est donc comme ça que j’ai passé mon enfance, à faire le fou avec deux petites têtes brunes. Avec le temps notre complicité à encore pris de l’ampleur, on se disait tout, on s’était promis de rester amis pour toujours quoi qu’il arrive. Et on le pensait vraiment !
Et puis Keyla a commencé à vraiment s’investir dans le tennis, elle était douée c’était indéniable, j’avais même tenté de m’entrainer un peu avec elle, mais ce n’était définitivement pas mon truc, alors je trouvais ma place dans les gradins, supporter number 1, toujours là pour l’encourager, après tout c’est à ça que servaient les amis !
Arrivé au lycée, je continuais mon petit bonhomme de chemin, j’étais bon élève et je m’intéressais à plein de chose, j’aimais lire, écrire et j’envisageais de me lancer dans la poésie. Mais avant de me décider je voulais profiter de la vie avec mes deux meilleures amies. Mais les choses évoluaient, enfin surtout de mon côté, plus je passais de temps avec Keyla, plus elle me manquait lorsque je ne la voyais pas. Je mis un certains temps à comprendre que mes sentiments pour elle était plus fort que je ne voulais l’avouer, je crois que je m’en suis rendu compte quand l’un des types du lycée à fait un commentaire sur elle alors qu’il lisait un article consacré à son début de carrière prometteur, il avait dit qu’il en ferait bien son quatre heure, ça m’avait mis dans une rage folle, comment pouvait-on parler de Keyla comme d’un vulgaire morceau de pain … J’avais risqué l’expulsion ce jour-là mais je ne regrette rien !
Plus le temps passait, plus Keyla progressait, de compétition en titre, je suivais son parcours de près, n’hésitant pas à la suivre dès que j’en avais l’occasion. Je l’aimais, et j’étais prêt à la suivre au bout du monde.
Malgré tout j’étais incapable de lui avouer mes sentiments, je ne voulais pas la perdre, je n’aurais jamais supporté l’idée de ne plus la voir, de ne plus la prendre dans mes bras, de ne plus lui parler, de ne plus rien partager avec elle. Alors je décidais de me taire, je continuais de faire comme si de rien n’était, passant de bons moments avec mes deux brunes préférées. Je crois que j’aurais pu continuer comme ça pendant des années, mais tout fut bouleversé un soir sans prévenir alors que j’avais 19 ans …
Keyla était à une compet’ à une centaine de kilomètres, avec les cours je n’avais pas pu la suivre alors avec Briony on avait décidé de regarder son match à la télé chez elle. Une soirée en somme plutôt banale, sauf qu’une fois le match terminé, en rentrant chez moi je décidais de prendre un raccourcis par le parc, lorsque j’entendis des bruits, il était tard et j’allais continuer ma route sans y faire attention lorsque j’entendis quelqu’un pleurer et supplier. Par curiosité, j’allais voir caché derrière un buisson, je crois que j’aurais mieux fait de me casser une jambe ce jour-là parce que ce que je voyais allait changer ma vie, une femme était à genoux par terre, et un homme se tenait debout devant elle une arme à la main, ensuite tout s’est enchainé très vite, un bruit sourd, et les cris de la jeune femme s’arrêtèrent net, je mis quelques secondes à réaliser ce qui venait de ce passer. Mes yeux étaient fixé sur le corps gisant à terre … Puis je relevais la tête pour voir l’homme, je ne pourrais jamais oublier son visage, plusieurs gouttes d’eaux étaient tatoués au coin de son œil gauche, et des tatouages de gang recouvraient ces bras. Ni une, ni deux, je me mis à courir aussi vite que possible, et j’atteignis ma maison quelques minutes plus tard. Pris de panique je n’arrivais même pas à aligner deux mots, mon père tenta de me faire parler en vain, il me fallu un long moment avant de pouvoir enfin exprimer des paroles cohérentes. Très vite mes parents appelèrent la police qui vint à la maison, s’en suivis alors témoignages, descriptions … J’y passais la nuit, je fus accompagné au commissariat, et l’inspecteur en charge de l’enquête, m’indiqua que ce n’était pas le premier meurtre de la sorte, mais que cette fois grâce à moi et à mon témoignage il pourrait enfin arrêter le coupable. Soudain je réalisais ce que ça signifiait, je devrais témoigner, devant un jury dans un tribunal, à visage découvert … Comprenant le risque que j’encourais, je refusais, signalant que je ne dirais plus rien, que je ne me souvenais plus de rien, que c’était une erreur. Ce mec faisait partie d’un gang, c’était pas un rigolo, il me ferait la peau et je n’avais aucune envie de mourir. Alors l’inspecteur me donna une autre une autre porte de sortie, le programme de protection des témoins du FBI. J’ai bien pensé à refuser, à simplement abandonner et ne pas témoigner, mais je revoyais le corps de cette femme à terre, et songeais qu’elle avait surement une famille, peut-être même des enfants, elle méritait que justice soit rendu alors j’acceptais à contre cœur … Je n’avais qu’une journée pour faire mes affaires, après quoi un avion me conduirais dans un endroit où je ne voulais pas être. On m’expliqua que pour que le gang m’oublie, je ne devais pas seulement partir, je devais simuler ma mort. Je n’aurais jamais imaginé en arriver là un jour, je devais quitter ma vie, mes amis et pour ça je devais leur mentir, j’avais l’impression que j’allais les trahir … Mais je ne pouvais pas partir comme un voleur, et si je n’avais pas le droit à de vrais au revoir, je devais au moins revoir Keyla une dernière fois. Je pris la voiture et parcouru la centaine de kilomètres pour me rendre à son hôtel, je n’avais aucune idée de ce que j’allais lui dire mais je devais la voir, la serrer dans mes bras une dernière fois. Lorsqu’elle ouvrit la porte, mon cœur s’arrêta, je prenais conscience de tout ce que j’allais perdre, pas seulement ma vie, mais mon âme sœur aussi, la femme de ma vie. Je pris alors mon courage à deux mains et je lui dis simplement les deux mots que j’avais en tête depuis des années « je t’aime » instinctivement je déposais un doux baiser sur ces lèvres avant de quitter la pièce sans un regard en arrière. J’avais le cœur lourd, et sur le chemin du retour, des larmes coulèrent sur mes joues … Lorsque la police vint me chercher en voiture banalisée, je ne savais pas encore quelle serait ma destination, en passant devant la maison de Briony j’eus un énorme pincement au cœur. Je ne lui avais pas dit au revoir, je ne lui avais pas dit à quel point elle comptait pour moi. Certes on se chamaillait souvent, on était comme chien et chat mais au fond elle était comme ma petite sœur, celle que je voulais protéger, celle sur qui j’étais censé veiller chaque jour… Sauf que ça n’arriverait jamais …
Partie 2 + Un nouveau départ …
Montréal, Canada
J’étais désormais Craig Salton, jeune canadien fraichement débarqué de Vancouver. Je n’avais plus le droit de penser à mon ancienne vie, je n’avais plus le droit de parler des Etats-Unis, ni de Chicago, ni rien en rapport avec tout ça.
Mes parents se faisaient bien mieux que moi à cette nouvelle vie, je dépérissais chaque jour un peu plus, j’avais l’image de Keyla devant mes yeux en permanence, repensant au baiser, à ces adieux camouflés, c’était un cauchemar … Il me fallu deux semaines pour sortir de chez moi, en fait il me fallu la rentrée universitaire, j’étais inscrit à McGill l’une des plus prestigieuses écoles du Canada et même d’Amérique du Nord, je suivais un cursus en littérature appliqué et histoire des civilisations. Bien que les cours étaient intéressant je n’arrivais pas à me plonger dedans. Je devais aussi voir un psy deux fois par semaine, il connaissait toute l’histoire, c’était la seule personne avec qui j’avais le droit de parler de mon ancienne vie. C’est d’ailleurs lui qui me conseilla de mettre par écrit ce que je ressentais. Après tout écrire m’avait toujours fais du bien et en rentrant chez moi je débutais mon tout premier journal. Pendant plusieurs heures chaque soir, je remplissais les lignes de mon cahier, les pages se succédaient et ne traitaient que d’un sujet, Keyla, toujours Keyla.
Petit à petit, je commençais à me faire à cette vie, je n’avais pas vraiment le choix de toute manière, je finis par me faire quelques amis, à qui je mentais en permanence, prétendant être un Canadien passionné de Hockey … J’ai même fini par prendre un abonnement pour les matchs des Canadiens de Montréal, je n’y connaissais rien au Hockey mais ça me permettait de penser à autre chose, de me vider la tête. Au file des semaines, je commençais à sortir la tête de l’eau, et mon journal pris une autre tournure. J’avais décidé de ne plus me morfondre sur ce que je n’avais plus et je commençais à m’imaginer la vie qu’on aurait mené Keyla et moi si je n’étais pas partie. Chaque jour j’écrivais les chapitres de notre histoire d’amour rythmer par ces matchs, mes cours, nos délires avec Briony … Ca me faisait un bien fou, je n’avais pas l’intention de montrer ces textes à qui que se soit, c’était juste pour moi, ma thérapie personnelle.
Plus le temps passait, plus les pages se remplissaient et à côté de ça ma vie suivait son cours. Je restais bon élève, je me construisis un groupe d’ami avec qui je m’amusais. Plus les mois passaient et moins je suivais le tennis à la télé, ça me faisait plus mal à cœur qu’autre chose, je devais tourner la page. Mais il me restait mon journal, mon dernier lien avec Keyla …
Après plus d’un an à Montréal, je finis par accepter un rendez-vous avec une fille. Mes potes m’avaient poussé à enfin sortir de mon célibat, Stacy, la fille en question était sympa, plutôt jolie blonde, grande et fine elle était la fille presque parfaite. Je finis par me laisser convaincre et je succombais à ces charmes. Tout ce passait bien pour moi, j’avais repris le dessus, j’avais d’excellentes notes, certaines de mes nouvelles avaient même été publiées dans la gazette de l’université, je menais une vie de mensonge parfaite. J’avais presque totalement oublié mon ancienne vie, aujourd’hui le roman que j’écrivais semblait traiter de personnages fictifs que je ne connaissais pas, un certain Caleb et une certaine Keyla, ils semblaient bien loin de celui que j’étais. En tout cas je m’en persuadais …
Malgré mes efforts, il m’arrivait encore de penser à mon passé, je savais que ça ne servait à rien de me torturer puisque tous les gens que j’avais connus me croyait mort, je n’avais donc aucune raison de penser à eux, je ne pourrais jamais les revoir …
Stacy fini par me quitter après un an, me trouvant trop distant à son goût, pas prêt à m’engager … Je décidais alors que les relations de couples n’étaient pas pour moi et je profitais un max de mes 22 ans, soirées étudiantes, voyages, un peu trop d’alcool rythmaient ma vie. J’avais tournée la page sur mon passé !
Partie 3 + La fin du mensonge
4 ans et demi, c’est le temps qu’il fallu à la police de Chicago, aider du FBI pour démanteler le gang responsable de mon exil. Je ne pensais même pas ça possible et pourtant, je reçu une visite officielle m’annonçant que je ne risquais plus rien.
Malgré tout, je décidais de rester à Montréal, j’étais Craig Salton maintenant … Après avoir raconter tellement de mensonge, j’avais fini par m’en convaincre, mais mes parents étaient là pour me rappeler qui j’étais Caleb DeRiver, le mec marrant et studieux de Chicago … Ma mère fini même par me ramener à Chicago pour me faire réaliser que tout était bien fini … Et en repassant devant notre ancienne maison, tout me revint au visage, le garçon que j’étais à ce moment-là, les après-midi dans le jardin avec la voisine … La voisine … Keyla, elle n’étais pas qu’un personnage de roman, elle était bien réelle et je fus pris d’une envie folle de la revoir. Comme j’étais supposé être mort c’est ma mère qui alla frapper à la porte en premier, elle comptait prendre le temps d’expliquer la situation. Elle revint ensuite me voir en m’indiquant que Keyla n’était plus à Chicago, qu’elle avait mis sa carrière de côté pour faire ces études à Harvard … Mes espoirs volaient en fumé … Et puis ma mère continua de me pousser à reprendre mon ancienne vie et c’est elle qui lança l’idée folle que je demande mon transfert à Harvard.
Je décidais de finir ma quatrième année à McGill et de prendre le temps de la réflexion, et je finis par me jeter à l’eau en contactant le doyen d’Harvard. Ce ne fut pas facile d’expliquer ma situation, et surtout d’expliquer pourquoi je souhaitais transférer le dossier de Craig Salton pour l’inscrire à Harvard sous le nom de Caleb DeRiver … Mais après des semaines de discussion, je finis par obtenir l’accord pour le transfert. J’entamerais donc ma cinquième année à Harvard à la rentrée 2014 …
Une fois mes bagages finis, après avoir dit au revoir à ma bande de pote complètement perdus face à mon histoire, je parcourus plusieurs centaines de kilomètres pour atterrir à Cambridge. La plupart des étudiants étaient encore en vacance, j’avais entendu parler d’un Summer Camp organisé par l’université en partenariat avec la ville. De ce fait c’était encore plutôt vide.
Je fis le tour du campus, tentant de me familiariser avec les lieux. Et puis je me mis à réfléchir, j’avais repris mon ancienne vie pour Keyla, mais je ne savais pas comment elle réagirait à mon retour, je voulais lui expliquer pourquoi j’étais partie comme ça, lui dire que je n’avais jamais voulu l’abandonner, mais je commençais à me demander si elle accepterait juste de m’écouter … Au détour d’un panneau d’affichage, j’aperçus une affiche avec une photo d’un couple, apparemment élu couple le plus bizarre au bal de fin d’année dernière. Je me mis à sourire à l’idée d’une élection pour les couples farfelus, puis en y regardant de plus prêt je remarquais le prénom de la jeune femme Briony, je bloquais alors devant la photo et je réalisais qu’il s’agissait bien de la Briony que j’avais connu, la terreur des bacs à sable, ma petite sœur de cœur. Je n’en revenais pas … Elle aussi étudiait ici, elles étaient donc resté ensemble, elles avaient respectées la promesse que j’avais brisé, celle de rester amis pour la vie, elles n’avaient pas rompus ce pacte … Intérieurement j’étais plus que ravi de pouvoir retrouver les deux filles les plus importantes à mes yeux, mais je ne savais pas comment les aborder. Comment faire oublier ces 5 années passées, comment me faire pardonner d’avoir simulé ma propre mort. Me pardonneraient-elles ? Rien n’était moins sur. Et si elles finissaient par me détester ? Il n’y avait qu’une façon de le savoir, attendre la rentrée et aller les affronter.