Take a break with me ৩ SILVER

La nuit avait été courte pour moi, pas forcément plus que d’habitude, mais disons que pour une fois, j’avais le cœur soulagé, j’avais des pensées positives, je savais où mon esprit désirait aller. Voilà quelques jours que j’avais tant bien que mal pris le bateau pour faire le tour des îles afin de profiter du summer camp, et pour une fois, je dois avouer que je me détendais, j’en décrocherais presque un sourire sur mes fines lèvres. Après la période de l’Afrique où j’avais fait un certain malaise, j’avais décidé de me retirer de toute cette merde, de prendre du temps pour moi afin de respirer. C’est d’un bond que je m’étais levé de bonne heure afin de tout préparer, mais préparer quoi au juste ? Une surprise, oui moi l’Irlandais j’allais préparer une surprise… J’envoyais rapidement un texto à la personne concernée et allais chercher ce dont j’allais avoir besoin afin d’échafauder mon plan. C’est quelques heures plus tard que je me retrouvais sur une plage de sable fin, près des cocotiers. J’avais installé une nappe, préparé un panier avec à l’intérieur à manger et à boire. Cliché ? Oui et alors ? J’attendais alors patiemment que Silver vienne me rejoindre en me posant dans le sable. Alors que je la voyais s’approcher, j’entrouvrais mes bras en posant mon regard sur le sien visiblement attiré par une certaine curiosité. « Tadam. On n'a pas eu l’occasion de faire notre diner alors je me suis dit… » Je rabaissais alors mes bras et me contentais de hocher les épaules avec un sourire en coin.

Ces temps-ci je déconnais, ça ne me ressemblait pas seulement je perdais chaque jour un petit peu plus les pédales sans pouvoir contrôler quoi que ce soit. Depuis mon voyage en Afrique avec Kary où elle avait dû m’aider avec une espèce de bad trip, j’essayais de me reprendre pour ne pas la décevoir une nouvelle fois, et chaque jour le luttais encore plus pour ne pas céder au manque et retomber dans les limbes avec mes démons toujours prêts à m’accueillir bras grands ouverts. J’attendais avec impatience la demoiselle en détresse qui était désormais devenue mon amie au fil du temps. Finissant les derniers préparatifs, je me prenais parfois à m’arrêter et à observer la plage qui était calme et silencieuse, si je pouvais être aussi paisible qu’elle… mon feu intérieur s’éteindrait et je serai certainement en meilleure forme. Je m’attardais un instant sur mes mains un peu tremblantes alors que je sentais une goutte de sueur perler sur mon front. J’entendais alors la douce voix de Silver et relevais la tête comme si de rien n’était avec un large sourire. « Il faut bien une première fois à tout. Je suis content que ça te plaise. » Je me contentais de hausser les épaules et de sourire alors qu’elle venait déposer un baiser sur ma joue. J’observais un instant mon travail pour être sûr que rien ne manquait. « Eh bien écoute, je me laisse vivre, tout simplement. J’avoue ne pas trop prendre part aux activités d’équipes et ce genre de chose mais… j’essaye tout simplement d’en profiter. » Je me baissais pour attraper deux gobelets en plastique que je remplissais d’un cocktail très fruité et plutôt frais vu la température extérieure. Je lui tendais alors un gobelet « A ta santé ! » et portais le mien à mes lèvres. Le liquide froid s’emparait alors de ma gorge et de mon corps quelques instants plus tard. Un léger coup de fouet pour me remettre dans le droit chemin.

Passer un moment avec Silver était une réelle bouffée d’air frais. J’essayais de combattre mes vieux démons et j’avais besoin d’une compagnie agréable, d’une personne qui savait me soutenir sans prononcer quoi que ce soit, c’était en la qualité de Silver que je trouvais cette épaule sur qui m’accroché en cas de chute. « Je ne sais pas comment on doit prendre ça en tant qu’homme… » Je faisais une légère moue en me mettant à rire. La voir papillonner n’était pas désagréable, il faut dire que c’était une magnifique fille, je n’allais pas le cacher. Je me mettais alors à rire au sujet de sa réflexion, profité de la vie… J’en profitais mais à ma manière à vrai dire, non tout bien réfléchis, je me bouffais la vie, je ne pouvais pas non plus le nier. « Beau et sexy c’est vite dit, pour moi je parle. Je fais au moins le double de mon âge et je suis déjà un vieil aigri, je crois que je ne suis pas récupérable. » Je me mettais doucement à rire et servais les verres, une échappatoire pour mon regard qui n’avait pas le courage d’affronter le sien, faut dire que c’était dur d’admettre ce genre de chose pour moi. « Non ce n'est pas vrai… encore ? Tu as eu quoi cette fois ? Un dauphin a traversé ta route sans prévenir c’est ça ? Tu n’étais pas seule au moins ? » Je la regardais, totalement incrédule, j’attendais sa version des faits et je ne voulais pas en louper une miette.

« Si on part du principe que l’on ressent la même chose. » Je me contentais de hausser les épaules, les femmes venaient bien de Vénus pendant que les hommes venaient de Mars non ? Nous étions donc différents, nous ne ressentions pas les mêmes choses, du moins pas exactement. Je lui adressais un léger sourire et commençais à me dénigrer, il faut dire que je n’étais pas fier de moi, si Joanne me voyait… Avant j’étais le genre de mec à inviter les voisins pour un barbecue du style familial, toujours le sourire aux lèvres et c’est comme ça que je voyais mon avenir, avec des enfants qui me courraient autour. J’avais toujours été plus mature, un peu trop en avance sur mon âge, mais là je le ressentais d’autant plus. « Pompier ne veut rien dire… tant que je n’ai pas le vertige pour aller chercher le chat de ces dames je suis toujours valable, théoriquement. Mais disons que j’ai l’impression de prendre rapidement de la bouteille… » En même temps mes vices ne m’aidaient pas. L’alcool et la cigarette n’étaient pas là pour arranger ma peau et mes cernes déjà bien creusés par le manque de sommeil. Mais j’essayais petit à petit de m’en remettre, à mon rythme, bien qu’il soit un peu trop long à mon goût. Je relevais la tête vers la blonde qui m’offrait un de ces magnifiques sourires, puis je l’écoutais, réussissant à esquisser moi aussi un léger sourire. « Mère Thérésa des dauphins ! Je vois, plus de peur que de mal alors… tant mieux. » Je me mettais à rire en même temps qu’elle, tout de même j’aurais payé cher pour voir cette scène, quoique je me serai bien trop inquiété à son sujet encore une fois. « Il va vraiment falloir que tu fasses attention, que tu arrêtes ça, mon cœur de vieux ne va pas le supporter longtemps sinon. »