DÉGAGE DE MA VIE (ft. dixie)

J’en avais marre de voir du sable, de l’eau, de fondre en sueur sous les rayons violents du soleil exotiques. Venir avait été une grave erreur. En plus de ce mal de mer insistant il y avait la solitude. Rien de plus amer que le deuil en solo. Je devais diriger la perte de mon âme soeur en silence, comme si tel miracle était plausible. Bref, je marchais et je m’épuisais dans l’espoir de trouver le sommeil bientôt. Le soleil entamait sa descente, aveuglant tout le monde qui voulait simplement regarder l’horizon. Une silhouette s’y formait d’ailleurs, élancée et proportionnelle, si sublime que j’aurais dû m’en tenir à l’hypothèse du mirage. Lentement, ou rapidement, je ne sais plus, mon coeur s’emballa de la voir me rejoindre. Sans connaître son visage, je fantasmais sur l’idée. Plus elle s’approchais et moins je la voyais, il lui fallut atteindre le mètre de distance pour qu’enfin le déclic ce fasse. Je cru pouvoir vomir juste là, en la reconnaissant, en réfléchissant à mes illusions salaces précédentes. Belle? Non elle était affreuse cette femme. Il était où son chien de poche ce fameux tombeur irrécupérable qu’elle suivant tout le temps? «Tu sais que c’est bizarre de te voir sans l’autre? Sans ta tendre moitié?» J’allais véritablement être malade, je sais même pas pourquoi me m’adressais à elle, elle était la raison même qui expliquait le développement de mon trouble, tout le monde m’avait toujours laissé derrière, j’avais cru en elle et naïvement et elle m’avait déçu. «Bref, dégage de mon chemin.» Soufflais-je en lui passant littéralement sur le corps, mon épaules bouscula la sienne vers l’arrière et c’est tout son frêle gabarit qui fit un pas de recul. Oh comme je pouvais la détester celle-là. Je serrai la mâchoire et m’enfuit, à la course.

Il ne suffisait que d'une simple journée de repos pour remettre sur pied une jolie demoiselle. Sa gueule de bois l'avait retenue prisonnière du matin au soir, la veille et c'est en s'armant de ses lunettes de soleil en cette journée un peu trop ensoleillée que la demoiselle décida de prendre un peu d'air frais et ainsi, obliger son corps à revenir à la normale après une méchante cuite. Mauvaise journée pour se sortir d'un lendemain de veille. Ou plutôt, d'un surlendemain de veille. La Mather ne s'était pas manquée, lors de cette soirée salsa. Elle avait fait la connaissance d'une demoiselle fantastique et qui lui ressemblait étrangement sur plusieurs points. Elles s'étaient tout de suite entendues à merveille, débutant ainsi une parfaite et durable amitié, ça c'est certain. Malgré les lunettes de soleil, les rayons passaient au travers de celles-ci et dérangeaient non seulement sa vision, mais augmentaient la puissance de son mal de crâne déjà horrible. Espérant y changer quelque chose sans trop de volonté pourtant, elle respirait et inspirant afin que ça passe, mais rien à y faire. Elle devrait vivre quelques heures avec ça encore et souffrir le martyr. Ça lui apprendra à boire jusqu'à en être ivre morte. Dixie marchait sans trop faire attention à où elle mettait les pieds ni aux gens qui se trouvaient autour, sur la plage. «Tu sais que c’est bizarre de te voir sans l’autre? Sans ta tendre moitié?» Ses pas se figèrent, l'empêchant de faire un mouvement de plus. Elle reconnaissait cette voix... Cette voix masculine. Elle l'avait entendue si souvent, par le passé, lorsque ses yeux lui manquaient encore. Un étranger lui sauvant la vie, un héros qui l'aimait et qu'elle aimait en retour, un ami parfait... Qu'elle aurait aimé avoir la chance de voir de ses propres yeux plus d'une voix. Dexter. Son ton était ironique. Où était-il passé, ces derniers mois? Il la fuyait toujours, comme pour le voyage des Winthrop? Son ton était méprisant et plein de haine, et cela avait le don de glacer le sang de la blondinette. '' Charlie n'est pas derrière moi, ni à côté, comme tu peux le voir. Et ne t'attends pas à le voir de si tôt traînant derrière moi. '' Dixie était toujours en couple avec Charlie, bien sûr. Mais de un, elle avait entendu dire par certaines rumeurs qu'il draguait ouvertement d'autres filles. Et de deux, elle ne viendrait jamais se jeter dans la gueule du loup avec lui. Le loup, c'était Dexter. Qui la détestait. Ce qu'elle comprit tout de suite, alors qu'il la poussait pour continuer son chemin, ce qui lui serra douloureusement le coeur. «Bref, dégage de mon chemin.» Malgré son mal de tête horrible qui lui donnait des nausées et qui lui donnait cette envie de vouloir tout casser et frapper, elle tenta de garder son calme. En voyant que Dexter allait la fuir de nouveau, elle se retourna et attrapa doucement, mais fermement son bras musclé. '' Dex, ne t'en vas pas encore, s'il te plaît... '' Le ton de la jeune femme se faisait doux, calme, gentil. '' Ne me dis pas que tu as oublié notre duo... Dix et Dex... J'te croirais pas. '', soufflai-je, douloureusement. J'voulais pas qu'il me déteste jusqu'à la fin de nos jours, merde.

Sa simple vision suffisait à me mettre en colère, je n’avais plus la moindre tolérance pour ceux qui m’avait sentir comme un déchet par le passé. J’étais autant humain que les autres, mais définitivement plus sensible à l’abandon, ça elle aurait dû le savoir. Je lui crachai un visage ce que j’avais pu trouver de plus agaçant à lui faire entendre. Je n’étais pas dupe, je savais depuis longtemps que son homme ne lui serait ni fidèle ni dévoué, mais elle n’avais rien retenu de mes mises en garde. Ça me brisait l’âme même à ce jour, qu’on ait choisi cet homme à mon amitié sincère. Dixie me confirma qu’elle ne passait plus l’entièreté de son temps avec Charlie, ça me fit presque rire. «Ah. Il t’as enfin largué, dommage.» Je lui fis un clin d’oeil, d’une cruauté qu’elle ne m’avait absolument jamais connue. Je décidai de m’enfuir tout de suite après, la heurtant d’épaule à épaule pour être certain qu’elle retienne le message, celui dictant à quel point je la détestais en cet instant. Avant que je ne puisse faire deux pas elle me tira sur le bras pour m’arrêter. Je me dégageai de son emprise prestement. '' Ne me dis pas que tu as oublié notre duo... Dix et Dex... J'te croirais pas. ''J’écarquillai les yeux, complètement bafoué parce ce qu’elle avait osé me dire. «Tu manques pas du culot. La seule qui a oubliée quoi que se soit c’est toi, t’es vraiment pathétique et toi et Charlie vous vous méritez. J’espère qu’il te rend heureuse Dix, parce que t’as perdu ton Dex et ça c’est une véritable promesse d’éternité.» Contrairement à ta triste représentation de l’amour et du couple, aurais-je souhaité rajouter. «Maintenant lâche moi et laisse tomber, t’as tout gâché.»

Ravie de le revoir de ses propres yeux une deuxième fois, elle ne s’attendait pas à se sentir détestée de la sorte. Certes, ça lui ferait une leçon à apprendre, mais les accusations et les commentaires déplaisants que Dexter portait envers la jeune femme étaient désagréables et surtout, très injustes. Il crachait son venin en pleine figure de la demoiselle qui ne faisait que tout se prendre et bien qu’elle essayait de ne rien laisser paraître, ça lui faisait terriblement mal. ‘’ Comme tu as l’air sincère... ‘’ Non, Charlie n’avait pas largué la blondinette, mais elle avait l’impression de ne pas lui suffire et ça c’était tout autant douloureux que de se faire larguer. C’était comme si elle attendait qu’il le fasse, sans vouloir qu’il le fasse. Parce qu’elle était vraiment amoureuse de Charlie, depuis le début, mais sa naïveté était souvent plus grande que sa raison. L’Amour rendait aveugle, disait-on... Mais elle y croyait à leur relation, et elle aimait Charlie. Et elle voulait qu’il l’aime. Elle savait qu’il l’aimait... Dexter était cru, et méchant. Il venait de la pousser et pourtant, elle ne lâchait pas l’affaire, puisqu’elle retint son ancien meilleur ami, qu’elle considérait toujours comme un ami et qu’elle ne voulait pourtant pas abandonner, quoiqu’il en coûte comme épreuve. ‘’ Tu n’as pas le droit de dire ça. Si je t’ai perdu, crois-moi que je vais réconquérir ton amitié, peu importe le temps qu’il faudra. Je t’ai jamais oublié. J’ai paniqué à l’idée de te voir disparaître, lorsque tu ne montrais plus le bout de ton nez sur le campus. Je te surveillais toujours, espérant que tu me remarques et que tu viennes me parler, mais chaque fois que je t’approchais, tu te sauvais. Mon bonheur ne serait que plus grand si tu revenais dans ma vie, Dex... ‘’, souffla-t-elle, sincère. Dixie espérait qu’il sente sa sincérité dans sa voix, car elle ne faisait pas semblant. ‘’ J’ai tout gâché? Vraiment? Et en quoi j’ai tout gâché? Tu as bien le droit d’être amoureux. En plus, tu as eu deux filles dans ta vie. Moi, pourquoi n’aie-je tout simplement pas le droit de trouver le bonheur dans les bras d’un garçon? ‘’ Oui, elle y allait directement, mais elle restait tout de même moins insultante que Dexter n’avait plus l’être précédemment, dans ses paroles.

Je n’avais pas prévu cet affrontement aujourd’hui, je me jetais tout droit dans la gueule du loup, lui permettant d’ouvrir des blessures depuis longtemps enfouis. Ce qu’elle m’avait fait, elle ne me le referait pas deux fois, ça non. Elle avait l’affront en plus de croire qu’elle pourrait me ravoir si elle le voulait, trop de naïveté. «Très touchant témoignage Dixie, mais perd pas ta salive, je ne redeviendrait pas ton ami, pas en cent ans.» Si je la fuyais c’était pour une raison bien simple, elle me faisait mal et j’avais déjà assez donné dans le domaine. Elle s’étonna encore d’entendre que c’était de sa faute, il fallait vraiment être égocentrique pour ne pas se rendre compte du mal qu’on faisait autour de nous. «Ha! Ha! Ça prend pas un PhD pour savoir que j’étais amoureux de toi Dixie.» Cette affirmation m’avait échappé trop rapidement pour la rattraper. Oh et puis tant pis, qu’est-ce que ça foutait après tout? Je ne ressentais plus rien pour elle, pas même l’ombre d’une courtoisie alors autant qu’elle sache. «C’est pas le problème de toutes manières, c’est que tu m’as abandonné, complètement, tu m’as laissé derrière pour poursuivre ton précieux Charlie et c’était comme si j’existais plus, je mérite mieux.» Il me restait au moins ça de dignité pour le reconnaître et en être convaincu.

" On t'avait jamais dit que je savais affronter l'impossible? " Un fin sourire se dessine sur tes lèvres et pourtant, tu sais que l'expression de marbre de Dexter restera la même tout le temps où tu te trouveras devant lui. Tu ne comprenais pas pourquoi il t'en voulait autant. Oui, tu étais tombée amoureuse de Charlie, oui tu avais commencé à le fréquenter, et à sortir avec lui. Mais avais-tu vraiment abandonné Dexter, ou exagérait-il les choses un peu? Un peu, beaucoup même? Tu soupiras. Soudain, ta salive passa de travers dans ta gorge, tu crus t'étouffer. Ses paroles... tu étais à peu près certaine d'avoir mal entendu. Amoureux de toi? Ça s'peut pas. Ça s'pouvait pas. " Amoureux de moi? Dexter, tu fréquentais Valentine, et puis tu étais en couple avec Orlane, après. Comment voulais-tu que je pense une seconde que tu pouvais être amoureux de moi? Que c'était une possibilité? J'suis peut-être en couple et pourtant, la preuve que je suis nulle dans ce domaine : y'a rien qui fonctionne comme je l'espérais. Il me fuit comme la peste, Charlie. Alors comment penses-tu une seconde que j'aie pu remarquer que tu étais amoureuse de moi, hein? " Ça avait été doucement, d'une voix bien calme, et pourtant, cet aveu me tira une larme, que je camouflai immédiatement. " J't'ai pas laissé derrière... Un jour, j'ai fait l'une de mes plus belles rencontres à vie, alors que j'étais aveugle. Je parle de toi, pas de lui, au cas où tu avais l'intention de penser à Charlie. L'autre jour, quand je retrouvais mes yeux, eh bien tu as disparu. Et c'est toi qui me fuyais comme la peste. Et un jour plus tard encore, aujourd'hui, tu m'engueules, alors que je n'ai jamais eu la chance de m'expliquer clairement. Tu te fermes à moi, complètement. Tu ne me laisses même pas une chance. Allez, Dex... ", soufflas-tu en te rapprochant doucement de lui pour poser une main sur son bras. Rien de méchant, rien de naïf, juste... tu étais du genre très tactile, et tu cherchais à ce qu'il sente ta sincérité au travers de ce contact.

Elle m’énervait à un tel point que ce n’en devrait pas être permis. Elle avait trop d’audace pour une si petite créature. Mes intentions étaient fermes comme le marbre, je n’en dérogerais sous aucun prétexte, ceci, cette conversation, avait tout d’un adieu. Elle me sourit en déclarant la chose la plus absurde, elle mériterait d’être giflé mais je ne la toucherais jamais ainsi... Évidemment c’est l’intention qui compte. Elle ne méritait pas de l’entendre, mais je savais que ma confession l’agacerait plus que la charmerait, alors je l’ai dit. Je lui ai déclaré ma flamme, me trouvant moi-même stupide d’avoir pu succomber pour une femme comme Dixie Hawson. Pathétique. Je ne serai jamais un Charlie Wilcox, parfait pour lui plaire, et dieu merci! «Je sais que tu l’ignorais, tu étais trop occupée à baver sur Charlie pour t’intéresser au reste du monde, mais c’est fini maintenant, et je ne t’aimerai plus jamais. » Je l’ai aimé de la seconde où elle avait posé ces yeux aveugles sur moi, ça aurait pu être une belle et charmante histoire, mais le destin en avait voulu autrement et aujourd’hui je n’avais ni amour, ni prétendante dans ma vie. Halleluah. Elle tenta de cacher ses larmes, mais peine perdu elle était à découvert... j’avoue que ça, ça pince un peu au niveau du coeur, mais rien de suffisant pour ébranler ma conviction de fer. «Maintenant tu sais pourquoi je fuyais, te voir avec lui c’était insupportablement douloureux, je pouvais plus être ton meilleur ami alors que la jalousie me tuait un peu plus tous les jours. Je pouvais plus l’ignorer, plus faire semblant. Même si je ne ressent plus les mêmes aujourd’hui... je ne peux quand même pas être dans ta vie, désolé. Imagine toi devoir être amie avec Charlie alors qu’il serait en couple avec une autre... impossible non? » Je me dégageai doucement de la main qu’elle venait de poser sur mon bras, j’étais plus doux et j'espérais qu’au moins cette fois elle comprendrait le message. Son contact n’avait rien de réconfortant pour moi, ça faisait mal.